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Citations de Philippe Curval (111)


Si elle avait choisi une vie d'ermite en tricotant telle une moderne Pénélope qui n'attendrait rien de ses contemporains, Rosépine appréciait la compagnie des hommes. A chacune de ses rencontres amoureuses, avec une précision d'entomologiste elle étudiait leurs corps, classifiait leurs sexes selon une cote personnelle qui ne privilégiait pas leur longueur ou leur épaisseur, mais la qualité de leur peau, l'arrondi du gland, le poids des testicules. Excluant la comparaison entre la taille du pouce et celle du pénis qui réservait des déceptions, son estimation avant consommation se référait à certains détails du visage, tels l'intensité du regard, la forme du nez, le dessin de la bouche.

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- Dans les prochaines années, plus personne en Europe ne devra parler, écrire dans sa langue d'origine.
- Ha! On devra se taire? Ou se servir de l'espéranto?
- Pas loin du compte. Un groupe international d'experts linguistes et de grammairiens vient de mettre au point l'eurotexo, qui sera généralisé bientôt dans l'enseignement pour tous les membres de l'union.
- Et pour quelle raison?
- Parce que dans tous les pays, les langues dégénèrent sous l'effet de la simplification textuelle qui sévit partout sur le réseau. Même le globish en a pris un coup. Sans compter les indépendantistes, les zadistes de tout poil qui se parlent entre eux dans un langage à plusieurs niveaux. Et ton roblog que tu dictes en méprisant la syntaxe d'une manière totalement arbitraire constitue un exemple si probant qu'il semble dangereux pour les autorités du Bruxbourg.
Je ricane:
- Si ta réforme voit le jour, la version 2.0 de l'histoire des langues européennes effacera pour toujours la légende de la tour de Babel. D'ailleurs, comment comptent-ils s'y prendre? En neutralisant le cerveau de millions d'Européens?
- Non, ce sera par leur éducation, progressivement depuis l'enfance. En une génération, même les vieillards devront s'y mettre! Panurge est un modèle qui a fait ses preuves.
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-Tu sais, jusqu'à la fin du vingtième, les artistes créaient quelque chose à partir de rien, depuis le début du troisième millénaire, la plupart d'entre eux ne créent rien à partir de ce qu'y trouvent sous la main.
- Qu'est ce que tu entends par là?
- Cet hippo par exemple, quand il était entier vivant, c'était quelque chose. Maintenant qu'un plasticien l'expose en détail, il n'a même plus la valeur d'un cours d'anatomie. Sauf qu'il coûte plusieurs millions de dollars. Pour vendre du rien, suffit qu'il passe de main en main entre les grandes fortunes et les spéculateurs.
- Tu exagères! je réplique, Quand Duchamp exposait son urinoir y'a plus de cent ans, c'était du même tabac.
- Absolument pas, qu'elle m'oppose, à partir de l'urinoir qui n'était qu'un objet de consommation courante il a créé un nouveau mode de perception du réel. Ses suiveurs déclinent son gestes à travers de multiples solutions, sans apporter d’innovation par rapport à l'original. Ils reproduisent son coup d'éclat sans aucune inspiration! Avec leurs œuvres on entre dans la sphère de l'imitation, du plagiat réformé, de la répétition. Pour moi, la seule condition pour qu'un jour l'art aborde une période innovante, proviendrait d'un subtil détournement de la technologie. Or, tout ce qui a rapport à la science éloigne les beaux esprits.
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"Nous sommes tous faits pour créer, mais nous sommes bien vite amené à renoncer devant les problèmes que cela comporte. En développant l'idée de réaliser cette fresque, j'avais déjà entamé un bout de chemin. En vous suivant à Paris, j'ai ressenti de nouvelles vibrations. La perspective de conquérir l'Amérique m'apporte un vent de liberté. Même si cela se termine par un fiasco, j'aurais goûté la plus belle expérience de ma vie."
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Vivre sans internet, de nos jours, est aussi éprouvant que d'entamer une grève de la faim.
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"_On a longuement parlé ensemble après que vous l'avez quitté. Il se trouvait au bord de la dépression. Certes, c'est un tempérament rugueux, mais si vous aviez eu le temps de le connaître vous auriez pu vous rendre compte qu'il n'existe pas beaucoup d'hommes dont le cœur est plus généreux.
_Ah ! c'est bien la province, les gens parlent entre eux de ce qui ne les concerne pas.
_Si jamais vous y pensez, c'est bien parce qu'on noue des relations avec nos voisins qu'il nous arrive de leur apporter secours. Tandis qu'à la ville, personne ne se connaît plus."
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"Rosépine se pencha vers le gros sac en cuir qu'elle ouvrit, stupéfaite à la vue des liasses de billets de cinq cents francs qu'il contenait.
_L'argent ne fait pas le moine, dit-elle en souriant, mais il peut me changer la vie."
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"_La musique aussi donne l'impression de vivre dans un nuage, commenta-t-il. En l'entendant, personne ne se plaint jamais de se promener dans le ciel, même par temps d'orage."
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"Elle devait franchir cette épreuve pour savoir vraiment qui elle était, même au péril de blesser durement Balthazar. Il est des cicatrices dont on guérit sans trop de mal."
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— Tu sais, jusqu’à la fin du vingtième, les artistes créaient quelque chose à partir de rien, depuis le début du troisième millénaire, la plupart d’entre eux ne créent rien à partir de ce qu’y trouvent sous la main.
— Qu’est-ce que t’entends par là ?
— Cet hippo, par exemple, quand il était entier, vivant, c’était quelque chose. Maintenant qu’un plasticien l’expose en détail, il n’a même plus la valeur d’un cours d’anatomie. Sauf qu’il coûte plusieurs millions de dollars. Pour vendre du rien, suffit qu’il passe de main en main entre les grands fortunes et les spéculateurs.
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Un autre jour, il déchiffrait une obscure publication botanique d’un dénommé Alexandre Vialatte, amoureusement préservée par les soins des Txalqs avant la destruction d’une ville :
« La mauvaise herbe croît toujours. Attachez-vous à extirper – en dehors des heures de bureau – les achillées, l’aigremoine, l’alchémille, le brucrane, les choins, la cigüe, les consoudes, les chénopodes, la cuscute, les épilotes, l’euphraise, la gaude, les marubes, la nummulaire, l’œnanthe, les potentilles, la sanicle et les serratules. N’oubliez pas, au passage, les tormentilles et les ornopodes acanthins : vous les reconnaîtrez aisément… »
Alors que ce texte l’aurait autrefois plongé dans l’hébétude, Gilles découvrit en le retranscrivant sous la dictée du Txalq les images d’une germination sauvage, de la croissance et de l’efflorescence, terres sèches entre les pavés disjoints, murs en ruines, plates-bandes négligées, gazons abandonnés, terrains vagues, toutes les herbes et les plantes sauvages des climats tempérés de l’hémisphère nord germaient sous ses yeux et se développaient à travers les mots qu’un poète botanique, vieil humoriste au champ, avait conçus un jour, simplement en jouant avec les onomatopées qu’ils suggéraient.
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Pour que la révolution s’instaure, il faut que le peuple en ait le désir ; ce n’est pas lorsqu’une poignée de privilégiés la provoque qu’elle peut aboutir artificiellement.
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Je pénètre la sculpture vivante,je m'enfonce tout entier dans sa chair souple et chaude et je m'y fonds enfin,délaissant les oripaux de mon corps terrestre à tout jamais flétris .
J'aime...!
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"Branchée sur une prise électrique, Rosépine sentait que le courant passait entre la ville et elle. Sans doute parce que durant son séjour aux Etats-Unis, elle en avait tellement rêvé qu'elle s'en était créé une image iconique. Et voilà que celle-ci correspondait à la réalité, chaque rue, chaque mur l'imprégnait de son odeur."
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"Chacun sait qu'il suffit de quitter son village natal pendant une dizaine d'années afin de travailler à la ville pour être exclu de la qualité de natif. A plus forte raison lorsqu'on provient d'une localité située à quelques kilomètres."
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"_Je ne sais pas comment te dire, mais tu as vraiment l'intention de présenter ces ensembles à des boutiques de mode ?
_Oui, pourquoi, ma petite souris d'amour ?
_C'est bien trop extravagant !
_Ah ! voilà, je m'y attendais. Mets-toi dans la tête que ce qui est nouveau déplaît à première vue. Il suffit d'un minuscule déclic, de quelques articles dans les journaux de mode, et ce qu'on trouvait affreux devient suprêmement in."
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«  Bientôt, ils débouchèrent sur une vaste étendue, inclinée en pente douce vers le sommet du mont Lozère .
Sans doute taillée à ras par les troupeaux, l’herbe y déroulait une immense moquette .
Ça et là quelques rochers, des bosquets d’ajoncs d’un jaune éclatant ponctuaient le paysage .
Rosépine, qui respirait calmement, au rythme de l’ascension , éprouvait une euphorie de plus en plus intense à mesure qu’ils approchaient du sommet. Muette devant le merveilleux spectacle de la nature qui se déployait , chacun de ses pas lui offrait l’occasion de découvrir un nouveau détail qu8 l’enchantait » .
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« J'ai néanmoins la certitude d'occuper une place singulière et tout à fait à part dans l'échelle des êtres, et d'y jouer un rôle essentiel. Tant pis si les autres n'en veulent pas ! Mon pouce a été le premier a m'initier à cette réalité indiscutable. D'axe statique entouré de segments mobiles, il m'a transformé en spirale ; j'explore l'infini depuis l'instant où il s'est emparé de ma bouche. Je n'étais qu'un simple organe d'absorption, il m'a changé en missile de reconnaissance de l'univers, soumis à ses euphories digestives et à ses coliques. Il a fait de moi la tête chercheuse du plaisir. Il m'a appris à devenir moi. Pourquoi la mère s'est-elle refusée à m'aider ? Pourquoi n'a-t-elle opposé qu'une morne indifférence à ma folle volonté d'être ? J'avais besoin d'une aide pour surmonter ma débilité originelle, mais j'avais aussi besoin d'un soutien pour réaliser mes désirs. Elle ne m'a offert aucun appui, sans même m'opposer sa volonté. Je n'étais à ses yeux qu'un tas de chair molle. Que se serait-il passé si j'avais rencontré la sympathie, l'affection qui m'étaient nécessaires au moment où j'ai découvert mon identité ? Désormais, pour m'opposer à cette indifférence, à cette absence, pour protester contre cette interprétation toute biologique de l'existence, pour lutter contre l'incohérence de l'univers et prouver mon individualité face à la masse grouillante de l'humanité, je vais mourir. En vivant vingt fois plus vite, en chiant vingt fois plus qu'il ne le faut, j'userai mon organisme jusqu'à ce qu'il cède. Je brûlerai mon corps jusqu'à la dernière molécule. Enfin, je mordrai mon pouce jusqu'au sang afin qu'il meure avec moi dans une orgie de sympathie avec ma bouche. Je démontrerai au monde que je peux le nier. Ce qu'en revanche, il ne peut pas faire à mon égard. (12e Stock) »
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Lorsque j'ai posé la première fois le pied sur Görem, j'ai compris que j'avais commis une erreur ; Cliss, mon hôte, n'avait pourtant commis aucun impair.
Il était venu m'accueillir à l'astroport à l'heure exacte, car il savait que la compagnie de navigation mixte ne plaisantait pas avec les horaires des vols interplanétaires, surtout quand les escales concernaient des bleds comme celui-là. Il m'attendait dans un véhicule léger, découvert en raison de la saison sèche, et je le remerciai de sa précision.
J'avais trop l'habitude des reportages pour m'étonner de sa silhouette extra-terrestre comme de sa nudité. Il avait la peau d'un bleu profond, des yeux de lémurien, humides, vastes, étonnés, et se déplaçait avec une extrême lenteur.
- Bon voyage, monsieur Dalart ?....
(extrait de "Le tyran suspendu")
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Vivre ailleurs, avec son consentement ou non, même si l'illusion s'est installée dans sa propre tête, c'est subir en permanence l'intrusion d'univers parallèles qui sapent les apparences.
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