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Critiques de Philippe Erlanger (23)
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Le duc de Buckingham (1592-1628)

À découvrir.



Buckingham doit sa notoriété et sa réputation en France à Alexandre Dumas et aux péripéties des Trois Mousquetaires qui en firent l'amant de la reine de France, Anne d'Autriche.

Gentilhomme sans fortune, Georges Villiers illustre l'ascension d'une nouvelle élite dans une Europe déchirée au XVIIe siècle.

Favori et conseil des rois Jacques 1er et Charles 1er, il devient diplomate et agent de la monarchie anglaise.

Une biographie forte, enlevée et au ton acerbe.



Pour mieux cerner le XVIIe siècle.



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Rodolphe II de Habsbourg : 1552-1612

Philippe Erlanger le précise dans une des dernières pages : « L’histoire, retenant surtout ses bizarreries, a dédaigné ce rêveur mélancolique ainsi que lui-même dédaignait les choses de la terre et singulièrement la politique. Hors de son pays son souvenir s’est effacé au point qu’à l’exception des spécialistes, un Français, un Anglais, un Italien ignore généralement son existence. »

Cette remarque s’adressait également à moi ; hormis son portrait par Giuseppe Arcimboldo, je ne connaissais rien de lui alors que ses ancêtres et contemporains me sont relativement familiers : Charles-Quint, son grand-père, Philippe II d’Espagne, son oncle, et même son frère Albert, pourtant simple Archiduc…



C’est donc avec beaucoup d’intérêt et de plaisir que j’ai lu cette biographie qui dresse le portrait d’un homme qui ne se sentait ni la force ni même le désir d’être un grand empereur, la politique ne l’intéressait que peu, les affrontements religieux de l’époque lui faisaient horreur, il hésitait longuement devant toute décision à prendre au point de ne pas se prononcer…



Par contre, il fut un collectionneur d’art, un mécène qui sut attirer à lui et meubler son cabinet des arts et des merveilles d’œuvres du Titien, de Cranach, Brueghel de Velours, Dürer. À ces œuvres, s’ajoutent des objets de tout genre, la baguette de Moïse, des clous de l’arche de Noé, des bézouards…



Tout le passionne, la philosophie, la botanique, la zoologie, la mécanique, l’orfèvrerie, l’alchimie et surtout l’astrologie et l’astronomie, étroitement imbriqués l’une à l’autre à l’époque.



L’auteur souligne son rôle crucial pour la science moderne : il fit venir à Prague deux des plus grands astronomes de son temps :le Danois Tycho Brahe et surtout Johannes Kepler.



J ’ai aimé le portrait de cet homme, sous son règne Prague connut un âge d’or, son indécision à trancher permit d’éviter bien des guerres.

J’ai aimé son attitude devant les luttes que se livraient l’église réformée et la contre-réforme, sa religion était loin de tout fanatisme, il alla jusqu’à mourir sans s’être confessé, abomination à l’époque.



Sa vie fut triste, il se vit lentement dépouillé de tout pouvoir, il fut sujet à des crises de dépression, à la limite parfois de la folie.



Peu après sa mort, l’Europe sera déchirée par la guerre de Trente ans, il sût éviter qu’elle ne se déclenche plus tôt.



Ce livre m’a passionné, les quelques phrases écrites ci-dessus ne suffisent hélas pas à contenir tout ce qu’il m’appris.
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Charles VII et son mystère

Philippe Erlanger a écrit ce livre pour démontrer que l'homme sous influence que fut Charles VII (1403-1461), commotionné par l'atmosphère sanguinaire qui entourait la longue querelle des Armagnacs et des Bourguignons, utilisé par les premiers, sauvé à grand- peine quand les pro-Bourguignons reprirent Paris et tuèrent Bernard d'Armagnac, se laissa d'abord dominer et tromper par des favoris comme le Camus de Beaulieu ou comme Pierre de Giac, bientôt remplacé par Georges de la Trémoïlle, à qui il laissa plus ou moins pendant un temps les rênes du pouvoir. Sa mère, Isabeau de Bavière, qui vivait à présent sous la protection du duc de Bourgogne, consentit à Troyes, en 1420, cinq ans après la défaite des Français à Azincourt devant le roi d'Angleterre Henry V, à donner sa fille en mariage à ce dernier, de sorte que la couronne de France devait revenir, à la mort de son époux, Charles VI, à Henry V ou à l'enfant que ce dernier devait avoir avec Catherine, la fille de Charles VI et d'Isabeau justement, et ce fut Henry VI. En conséquence, Isabeau déshérita le Dauphin Charles en lui contestant ses droits à régner un jour sur le royaume de France.



Le propos de Philippe Erlanger fut de démontrer qu'il ne savait pas se diriger lui-même et qu'il subit l'ascendant de certains conseillers et celui de quelques femmes : Jeanne d'Arc, qui vint le secouer, en 1429, écarter la menace anglaise sur le royaume de Bourges et les bords de Loire, où il vivait, et qui le conduisit jusqu'à Reims pour qu'il y fût oint et couronné ; la belle- mère de Charles et sa protectrice, Yolande d'Aragon, duchesse d'Anjou qui aurait fait venir, avec la complicité de son fils René, duc de Bar, la Pucelle à la cour et qui aurait aidé par la suite à la réconciliation du connétable Arthur de Richemont avec le roi, pour mettre fin à une brouille préjudiciable que ce dernier avait avec La Trémoïlle qui devait entrer en disgrâce ; enfin Agnès Sorel, une jeune femme qui aurait séduit le roi et lui aurait soufflé les recettes pour obtenir de bons résultats dans tout ce qu'il entreprendrait et qui aurait placé à ses côtés une kyrielle de bons conseillers, dont Pierre de Brézé.

Erlanger eut sans doute raison de dépoussiérer l'Histoire, mais ce faisant il toucha un peu au mythe de Jeanne d'Arc en disant qu'elle n'avait été pendant un moment que la créature de Yolande d'Aragon, ce qui attira à l'historien les foudres de Régine Pernoud, qui voulait maintenir la légende d'une jeune fille qui ne devait rien à personne, sauf à Dieu et aux voix qu'elle entendait.

On nuancerait tout cela aujourd'hui, car Jeanne fut bien, de toute façon, une prophétesse en action, mais elle perdit son pouvoir quand le roi, ses conseillers et Yolande s'entendirent pour que l'on passât des accords avec Phlippe le Bon, duc de Bourgogne, au grand dam de la Pucelle qui voulait obtenir la soumission de ce dernier au roi après qu'elle l'aurait vaincu.

On sait que le roi fut bien secondé et "bien servi" par la suite. Il put reconquérir son royaume, réformer l'armée, repenser les impôts. Mais il dut affronter des frondes seigneuriales, avec Jean d Alençon, le "gentil duc" de Jeanne, et avec le

Dauphin Louis, le futur Louis XI, qui devait trouver le règne de son père beaucoup trop long.

Erlanger a fait de la bonne histoire (une faiblesse : trop peu de chronologie). Son livre est cependant un peu dépassé. Les travaux de Philippe Bully et de Georges Minois ont depuis fait avancer le débat autour de la question : Charles VII fut-il le roi falot décrit dans beaucoup d'ouvrages antérieurs ?

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)





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Philippe V d'Espagne

1683 Naissance de Philippe ,duc d'Anjou ,Petit fils de Louis XIV entre dans une vie qui s'achèvera 63 ans plus tard. Etrange destin commencé dans l'orbite du roi-soleil à son déclin , mis à la tête d'un royaume ,l'Espagne, aussi vaste que moribond et qui s'achève dans la folie et la déréliction. Etrange époque où ce souverain accablé des tares de son lignage consanguin , obsédé sexuel et religieux , dominé par ses reines successives voire même par les favoris et favorites de celles-ci se trouve au centre d'un tourbillon d'intrigues géopolitiques qui aboutissent à des guerres incessantes faisant des milliers de morts dans toute l'Europe.Erlanger conte avec talent ce règne entre farce ,tragédie et film d'horreur en s'appuyant sur d'abondantes citations de chroniqueurs de ce temps (dont le vipérin et talentueux Saint Simon).Riche et agréable à lire.
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Charles Quint

Cet ouvrage m'a été doublement intéressant. D'une part l'histoire de ce Charles Quint qui régna de l’Amérique du Sud à la Hollande, personnage complexe, passionné et passionnant. A découvrir!

Et aussi le style de l'auteur, que je ne connaissais pas. Sa fluidité, ses anecdotes, ses hypothèses clairement exposées comme hypothèse et non vérité m'ont sincèrement plu.

Encore une personne que j'aurais aimé avoir comme professeur d'histoire, sachant conté et capté l'attention, cette petite luciole qui volette devant nos yeux!
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Louis XIV, tome 2

Il m’arrive – rarement – de résister à la tentation d’acheter de nouveaux livres d’histoire et de me tourner vers mon stock. En l’occurrence cette fois, la bibliothèque léguée par mon père qui partageait cette même passion avec moi. Il n’avait pas eu le temps de tous les lire, je ne sais pas si je l’aurai aussi … Et puis l’histoire qui s’écrit répond à des modes, et elle évolue selon les archives que l’on découvre jour après jour. Cependant, ce qui frappe dans les ouvrages des historiens récents, c’est souvent leur style aussi barbelé qu’incompréhensible (sauf Max Gallo, par exemple, mais il est accusé de « faire du fric » alors qu’il écrit de façon fluide et élégante) et l’horripilant foisonnement des notules et des références.



Rien de tout cela dans la suite d’ouvrages que Philippe Erlanger a consacrée aux grandes heures de la monarchie française, d’Henri IV au Régent, en passant par le Grand Cardinal. J’ai choisi de commencer la collection par la biographie de Louis XIV, sans doute parce que cette époque de triomphe du classicisme français m’est depuis le lycée tout à fait sortie de la tête …. Ce n'est certainement pas l'ouvrage le plus récent sur le sujet, qui inspire beaucoup d'historiens, mais c'est peut-être justement pour cette raison, le recul, que j'ai eu envie de le lire. Et je l'ai lu avec un grand plaisir, bien des choses me sont revenues en mémoire ...



Car nous avions des repères solides lorsqu’on nous enseignait, entre le Lagarde et Michard pour la littérature et le Mallet-Isaac pour l’histoire, chaque année ce qui se passait en un siècle. Il paraît qu’aujourd’hui, nos jeunes collégiens apprennent ( ?) les événements historiques dans le plus parfait désordre.



Bref : un livre puisé aux sources et mémoires des contemporains et servi par un style d’une élégance toute « louisquatorzienne ». L’ouvrage couvre un très vaste spectre puisque le règne du Roi Soleil fut le plus long qu’ait jamais enregistré l’histoire de l’Europe : 72 années de 1643 à 1715 !



Philippe Erlanger s’attache à décrire les ressorts intimes de l’âme de cet enfant-roi mal aimé, ballotté dès ses plus jeunes années, menacé, humilié par les grands seigneurs frondeurs, tiraillé entre les factions et les factieux. Et c’est le comportement des hommes éminents de son temps qui m’a le plus intéressée : le parallèle entre les querelles de nos politiques d’aujourd’hui – de tous bords – est frappant.



La Fronde (entre 1648 et 1649, puis à nouveau entre 1650 et 1653) fut l’épreuve qui détermina son mode de pensée, son caractère impénétrable et son comportement futur. Cette révolution lui enseigna le malheur et la pauvreté, elle lui montra que le trône des capétiens avait des bases singulièrement fragiles. Les horreurs du désordre sont donc à l’origine du système de Louis XIV. Ainsi, les prémisses d’une monarchie constitutionnelle furent enterrés avec les prétentions politiques des Parlements, et les excès commis au nom d’une pseudo démocratie devaient fatalement amener les abus de l’absolutisme royal.



Philippe Erlanger tient la balance égale entre les souffrances des peuples pendant les trop longues guerres du règne et les acquisitions territoriales qui ont permis à la France de consolider son « Pré carré », et surtout la créativité, la vitalité, l’explosion culturelle et le rayonnement mondial de la France du Roi Soleil. Au vrai, selon l’estimation que donne l’historien, la totalité des frais de Versailles serait à comparer avec le coût d’un porte-avions moderne.



Et ce qui frappe, ce sont les querelles inexpiables entre les clans, les factions religieuses et les Grands : Colbert contre Fouquet puis contre Louvois, Condé contre Turenne, jansénistes contre jésuites : Louis XIV entretient la discorde entre ses ministres, ses évêques, sa famille, ses maîtresses. Son orgueil, son égoïsme, son goût de dominer, d’éblouir et de recevoir des louanges demeurent, jusqu’à la fin de sa vie, intacts.



Sa faute politique majeure, colossale dit l’auteur, reste naturellement la Révocation de l’Edit de Nantes : après une politique outrancière de conversions forcées, l’Edit de Fontainebleau du 22 octobre 1685 interdit le Protestantisme. Une décision qui entraîne l'exil de 300000 personnes dont une bonne partie de financiers influents, d’artisans habiles et de soldats de valeur qui viendront enrichir l’Europe entière, la guerre des Camisards. C’est l’une des grandes catastrophes de l’histoire de France, et pourtant, cet acte fut le plus populaire de son règne. S’il y avait eu un référendum, il eut reçu une très large majorité d’approbation dans le pays… Comme quoi, la démocratie …..



Comme pour Napoléon, la guerre de Succession d’Espagne sera fatale à Louis XIV. Le Grand Roi stoïque jusqu’au bout, mort quasiment debout sans avoir rien abdiqué de ses pouvoirs, n’a pas vu venir les temps modernes : la querelle des Anciens et des Modernes fait rage, le culte de l’Antiquité est dénoncé, la raison prônée par Descartes se déchaîne. Sic transit ….



Il aura du moins eu la sagesse en son testament et malgré l’aversion qu’il nourrissait à son encontre du fait de son comportement libertin, de désigner son neveu Philippe d’Orléans comme Régent de son arrière-petit-fils Louis XV.
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Cinq Mars et la passion ou la fatalité

ISBN : 978262013691



Extraits



Les rois - et pas seulement les rois de France - ont toujours eu des favorites. Les reines, des favoris - Cf. la Grande Catherine, par exemple. Mais il arrive que, de temps en temps, l'Historien se retrouve, plutôt perplexe, face à un phénomène pour le moins délicat à traiter : celui des monarques ayant eu un ou plusieurs favoris, avec tout ce que cela implique de relations sexuelles.



Dans cette galerie où l'on se rappellera notamment le très controversé Edward II (époux d'Elisabeth de France, elle-même fille de Philippe IV le Bel) qui mourut, le 21 septembre 1327, dans des circonstances douteuses, sinon atroces, au château de Berkeley, mais dont l'homosexualité était notoire, notre Louis XIII national se définit une fois de plus comme une énigme vivante car, s'il semble n'avoir jamais trompé physiquement son épouse, Anne d'Autriche, avec une femme, il eut cependant à la fois des favorites (Melle de Hautefort, marquise de Schomberg, et Melle de La Fayette, qui prit le voile) et de multiples favoris, dont le premier fut Charles, marquis d'Albert, puis duc de Luynes, qui finit d'ailleurs pair de France et Connétable du Royaume.



S'il semble bien que Louis ait recherché auprès de certains hommes avant tout le reflet d'un père trop tôt disparu et s'il n'est pas question de mettre en doute l'intégrité de l'"esclavage" qui l'unit par exemple au cardinal-duc de Richelieu, on n'a pas fini, par contre, de passer et repasser à la loupe la relation qu'il entretint avec le jeune, beau et élégant Henri Coiffier de Ruzé d'Effiat, mieux connu sous son titre et son nom de marquis de Cinq-Mars.



Ce fut Richelieu, lequel était un ami proche de son père, qui plaça le jeune Henri - il avait alors dix-neuf ans - auprès de Louis XIII. A cette époque, le Cardinal souhaitait éradiquer l'influence de Marie de Hautefort auprès du monarque et pensait - pour quelles raisons, il semble avoir dédaigné de nous les indiquer dans ses mémoires - que la présence constante du séduisant jeune homme parmi les familiers du souverain constituait un bon moyen de parvenir à ses fins. De fait, si le souverain ne le remarqua pas immédiatement (ses disputes avec Melle de Hautefort, qu'il surnommait dans ses lettres "la créature", le distrayaient tristement peut-être mais énormément), Henri se vit bientôt nommé Grand-Maître de la Garde-Robe. (Quand il fut exécuté, le 12 septembre 1642, il était parvenu au titre de Grand Ecuyer, ce qui explique pourquoi on le nomme si souvent "Monsieur le Grand" autant dans les textes de l'époque que de nos jours.)



Mais entre s'occuper des habits du Roi et être son amant, il y a tout de même un gouffre, ne manquera-t-on pas de remarquer. C'est tout-à-fait exact et si, longtemps, les avis sur la question furent partagés, Tallemant des Réaux, dans ses "Historiettes" que l'on prend aujourd'hui beaucoup plus au sérieux, rapporte entre autres une scène où Louis attendait Henri ... dans son lit. (Et il est clair qu'Erlanger, réhabilitant la mémoire de Tallemant, abonde dans le sens de celui que l'on considéra si longtemps comme une simple "concierge", malveillante qui plus est.) De fait, Louis XIII (dont l'"impuissance" tient du fantasme puisque, outre le futur Louis XIV et son frère, Philippe, futur duc d'Orléans, il trouva tout de même l'occasion de faire à son épouse trois enfants, lesquels, malheureusement, perdirent leur vie déjà si fragile dans des fausses-couches) ne pouvait littéralement plus se passer de celui qu'il fallait bien nommer désormais son "favori." La Cour ne s'y trompait pas, d'ailleurs. N'était-ce pas là "le" signe par excellence de la Faveur ?



Le problème, c'est que Cinq-Mars, jeune et en bonne santé, avait de son côté des maîtresses à la ville, dont la célèbre Marion Delorme, et que, gai, joyeux compagnon et aimant un peu trop faire la fête, il finit assez vite par se lasser de la passion de Louis XIII. Physiquement, peut-être - qui peut l'affirmer avec certitude ? Mais mentalement et moralement, la chose ne fait aucun doute. Le Roi était bien entendu plus âgé que d'Effiat mais, surtout, c'était une nature mélancolique et affaiblie par la maladie, dont les lettres à Richelieu regorgent non seulement de raisonnements hautement politiques mais aussi de lamentations et de regrets sur les "éloignements" et les "crises" que connaissaient ses amours - avec les dames comme avec Cinq-Mars. On ne saurait compter le nombre de réponses du Cardinal pour arrondir les angles et encore moins le nombre de "pactes", écrits également, mais signés tant par Louis que par Henri et rédigés par le Cardinal, tous destinés à ramener la "bonne entente" entre les deux amants (platoniques ou pas).



Cela alla ainsi quelque temps, cahin-caha. D'autant que Cinq-Mars était ambitieux. On passera sur divers aléas, diverses chipoteries entre les deux hommes, avec le Cardinal (fortement impatienté mais jouant de sa diplomatie innée) au milieu. Philippe Erlanger les décrit avec réalisme mais aussi avec humour et fait réapparaître à nos yeux, au gré de son récit, l'une des constantes qui marquèrent le règne de Louis XIII : les complots fomentés contre lui par sa mère, par son frère, par son épouse et par divers autres qui préfiguraient les Frondeurs de la Minorité de Louis XIV.



Vint, malheureusement pour Cinq-Mars, le jour où lui aussi se crut fin prêt pour, avec la complicité de deux amis et sous la supervision de Gaston d'Orléans (qui, rappelons-le, avait une propension, étonnante pour le fils d'Henri IV, à trahir tous ceux qu'il avait mis dans le bain pour son service personnel) et d'Anne d'Autriche, mettre un point final à l'étincelante carrière du Cardinal. Lettres dangereuses, promesses encore plus périlleuses furent échangées de part et d'autre. Gaston fit serment de ne pas trahir le secret du complot et, de fait, il n'eut pas le besoin de le faire car, selon Erlanger, il semble bien que ce fût la Reine qui, maintenant pourvue de deux fils et comprenant enfin le danger qu'elle courait en cas de régence, livra tout ce beau petit monde à Richelieu.



Or, conspirer contre Richelieu, c'était conspirer contre le Roi - contre la France.



La suite appartient à l'Histoire : les têtes du fidèle De Thou, ami proche de Cinq-Mars, et de Cinq-Mars lui-mêmes, tombèrent sur le billot. Ajoutons que le bourreau se montra d'une telle maladresse qu'il faillit être mis en pièces par la foule, laquelle, venue assister à deux exécutions, eut droit à une boucherie en deux temps. Je vous épargne les détails mais l'on notera que les deux hommes moururent avec panache et dignité. En ce temps-là, on savait vivre ... mais aussi mourir. Surtout quand noblesse obligeait.



Cette fiche ne saurait rendre avec la justesse nécessaire la profondeur et l'habileté de l'ouvrage que Philippe Erlanger a consacré à Henri d'Effiat, marquis de Cinq-Mars. Si l'image qu'ont donnée les Romantiques de ce personnage qui vécut si follement, complota sans grande dignité mais sut mourir en gentilhomme, ne vous satisfait pas ; si vous n'avez jamais entendu parler de lui ou si vous ne voyez en lui qu'un simple ambitieux, qui se fit homosexuel pour mieux servir ses intérêts personnels, alors, n'hésitez pas et lisez "Cinq-Mars et La Passion ou La Fatalité, de Philippe Erlanger, grand historien et aussi historien à contre-courant à son époque qui tenta plus d'une fois d'éclaircir la personnalité de figures historiques, plus ou moins malmenées par la légende que, souvent d'ailleurs sans se rendre compte qu'elle nuirait à leur mémoire plus qu'elle ne la servirait, elles se créèrent de leur vivant. ;o)
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Charles VII et son mystère

Comment Yolande de Castille a redressé la France et permis à son gendre de gagner la guerre de cent ans.... ou

Comment une belle mère a pu réparer en partie les "destructurations psyyhologiques" causées par Isabelle de Bavière,une mère destructrice.
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Diane de Poitiers

Philippe Erlanger est un specialiste de la biographie historique et ce livrewnous replonge a l'epoque des complots de la creation de la France moderne.Les événements de l'epoque sont fidèlement retranscrit et l'aiteur arrive a retranscrire la fievre de l'epoque.Un livre interressant sur une des plus célèbre reine de France.
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Charles Quint

J’ai toujours été impressionné par le personnage, déjà son nom est grandiloquent, ensuite, j’ai souvenir de la carte de l’Europe à l’époque, le royaume de François 1er étant pris en étau par l'Empire de Charles Quint.

Je me demandais comment la France n’avait pas été écrasée par ce souverain, maitre de l’Empire espagnol, des Pays Bas, de la Franche-Comté, du royaume de Naples et du Saint Empire Germanique

Cet ouvrage est instructif sur les forces et faiblesses de cet empire, et sur la personnalité singulière de ce souverain.



Un bon ouvrage
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Richelieu - Intégrale Perrin

J'ai voulu lire cette biographie afin de mieux connaître l'anti-héros de Dumas. Si j'ai pu bien je renseigner sur l'homme, son ambition et son caractère, j'ai été bien agacée par les prises de position peu subtiles de l'auteur, par exemple, sur Marie de Médicis qu'il qualifie de "stupide balourde". J'ai également été exaspérée par les nombreuses erreurs et coquilles qui parsèment trop souvent le texte. Ainsi par exemple, on nous donne à lire "Louix XIII", plusieurs phrases sont entrecoupées d'un point de ponctuation en plein milieu...

Je trouve très décevant qu'un maison d'édition comme Perrin qui se veut une référence universitaire et qui a un public cible érudit, ait mis autant peu de soin à la révision et la correction du texte.

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Richelieu - Intégrale Perrin

Philippe Erlanger narre la stupéfiante ascension d'Armand du Plessis, son emprise sur le royaume de Louis XIII, l'Europe et jusqu'à la Papauté, dans un ordre chronologique peu enrichissant et avec un souci du détail qui prend le risque d'épuiser le lecteur non adepte du genre people.



Il n'omet pourtant pas les prises de recul ponctuelles, aptes à montrer les mouvements de fond vers la monarchie (absolue en France, parlementaire en Angleterre) et l’État nation conquérant avec son corolaire, le sacrifice du bien-être des populations.

L'histoire de France enseignée a bien transmis la réalité dictatoriale attachée à Richelieu; un peu moins, me semble-t-il -ou alors j'ai oublié- son caractère révolutionnaire au sens de la remise en cause sans concession des ordres établis -les Grands, les religions, l'hégémonie du Saint-Empire romain- mais aussi de l'introduction de nouveaux paradigmes comme l'impérieuse nécessité du développement économique ou encore la maîtrise maritime et les entreprises outremer.



Le personnage minutieusement décrit est incroyablement attachant-révoltant: loque physique, esprit d'exception, caractère visionnaire et pragmatique, ange et démon surtout démon.



Par défaut de modestie ou parce que ce n'était pas encore un must dans les années 1970, l'auteur nous prive d'une bibliographie organisée sans pourtant nous épargner de nombreuses et quelquefois trop longues citations au fil du texte.

Dans l'ensemble, aurait pu mieux faire mais ne parvient pas à gâcher l'immensité de son sujet.
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Henri III

Également roi d'Irlande et prétendant au trône de France, Henri VIII se rattachait aux Capétiens par son arrière-grand-mère Catherine de France, fille de Charles VI de France, veuve du roi Henri V d'Angleterre et remariée en deuxième noce à Owen Tudor, et descendait des Plantagenêt par sa mère Élisabeth d'York, dernière descendante de la maison d'York, et qui avait mis un terme à la guerre des Deux-Roses en épousant Henry Tudor, vainqueur de Richard III d'Angleterre.



Henri VIII naît au palais de Placentia à Greenwich le 28 juin 1491. Il est le troisième enfant d'Henri VII et d'Élisabeth d'York et deuxième sur la liste de succession au trône, derrière son frère ainé Arthur.



Le 14 novembre 1501, Henri VII, qui souhaite une alliance avec la puissante Espagne, marie Arthur (âgé de 15 ans) à Catherine d'Aragon (âgée de 16 ans). Ils partent au château de Ludlow (résidence traditionnelle du prince de Galles), où Arthur tombe malade (suette, diabète ou tuberculose ?) et meurt le 2 avril 1502.



Henri, déjà duc d'York ne devient duc de Cornouailles et 8e prince de Galles qu'une fois certain que Catherine ne porte pas d'enfant d'Arthur.



L'Angleterre et l'Espagne trouvant toujours intérêt à une alliance entre les familles royales, on cherche à marier Catherine et Henri. Pour que cela soit possible, il faut que la non-consommation du premier mariage soit vérifiée, sauf accord papal valant dispense Catherine affirme que le mariage n'a pas été consommé, ce que confirme son chaperon, Dona Elvira Manuel.



Néanmoins, les deux familles estiment qu'une dispense papale permettrait d'ôter tous les doutes concernant la légitimité du mariage. Sous la pression de la mère de Catherine, Isabelle de Castille, le pape, mis en place par les Habsbourg, accorde en urgence la dispense de constat de virginité de Catherine, qui peut donc être fiancée à Henri 14 mois après la mort de son premier mari.



Le père de celle-ci, le roi Ferdinand II d'Aragon désirait contrôler l'Angleterre et appuya par conséquent son remariage avec le nouveau roi. Henri épousa Catherine le 11 juin 1509, neuf semaines après son accession au trône, en dépit des inquiétudes du pape Jules II et de William Warham, l'archevêque de Cantorbéry, qui doutaient de la validité de cette union.



Ils furent ensuite couronnés à l'abbaye de Westminster le 24 juin de la même année. Il semble alors que le jeune roi est amoureux de son épouse, plus âgée que lui.



La première grossesse de la reine finit par une fausse couche en 1510, mais le 1er janvier 1511, elle donna naissance à un garçon qui ne vécut que jusqu'au 22 février.





Les six épouses d'Henri VIII :



Catherine d'Aragon :

veuve du frère aîné d'Henry VIII, le Prince de Galles Arthur Tudor. Henry VIII put l'épouser le 11 juin 1509 après avoir fait reconnaître la non consommation du précédent mariage avec son frère. Plus tard, Henry VIII demanda l'annulation de son propre mariage avec Catherine en 1527, car elle ne lui avait pas donné d'héritier mâle vivant. Cette annulation lui est d'abord refusée par l'Église. Henry VIII parvient finalement à la faire prononcer en 1533 par Thomas Cranmer.



Anne Boleyn :

Henry VIII l'épouse secrétement fin 1532 puis ouvertement le 25 janvier 1533 et la fait couronner. Anne Boleyn ne lui ayant donné qu'une seule fille (la future reine Elisabeth Ire d'Angleterre) et non le fils et héritier tant convoité, il la fait exécuter par décapitation le 19 mai 1536.



Jeanne Seymour :

le roi l'épouse le 30 mai 1536. Elle est déclarée reine le 4 juin 1536. Son premier fils, Édouard VI, vient au monde en 1537 et succédera à Henry VIII en 1547. Jeanne Seymour décède en couches le 24 octobre 1537.



Anne de Clèves :

le roi l'épouse le 6 janvier 1540, dans le cadre d'une alliance avec les protestants allemands. Henry VIII la répudie six mois plus tard en juillet 1540, ayant rompu l'alliance avec les protestants.



Catherine Howard :

le roi l'épouse le 28 juillet 1540. Elle était la cousine d'Anne Boleyn. Henri la surnomme "la rose sans épine". Elle est exécutée par décapitation le 13 février 1542.



Catherine Parr :

le roi l'épouse en 1543. Elle décède en couches le 5 septembre 1548, un an après le décès du roi, et après une troisième union avec Thomas Seymour.





Les maîtresses d'Henri VIII :



Les historiens n'ont la certitude du nom que de deux de ses maîtresses :



Elizabeth Blount,

qui a donné naissance au fils illégitime d'Henri, Henry FitzRoy. Le jeune garçon a été fait duc de Richmond en juin 1525, mais n'a jamais accédé au trône. En 1533, il a épousé Mary Howard de la famille Howard de Norfolk. Henry est mort trois ans plus tard sans héritier. Depuis peu, on peut d'ailleurs retrouver les lettres écrites à Mary Boleyn numérisées .



Mary Boleyn, sœur d'Anne Boleyn.





Le roi a eu d'autres maîtresses, telles que :



Jeanne Popicourt (1510),

une Française à la cour et une maîtresse du duc de Longueville enlevé(??) ;



Anne Stafford (1514),

sœur du duc de Buckingham et épouse de seigneur Hastings ;



Margaret Shelton, (1534-1535),

cousine d'Anne et Mary Boleyn.



Il y a également des références à une dame qu'il a logée dans un manoir (année inconnue), « à une dame inconnue » en 1534, et à une dame de Tournai, dans ses excursions en France en 1513.


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Richelieu - Intégrale Perrin

Je ne ferai pas la critique d’un pavé de plus de 850 pages, mais seulement pour dire que je n’ai absolument pas apprécié les très nombreuses coquilles présentes dans le texte (point au milieu d’une phrase, « s » ou « e » en trop). Leur présence est trop récurrente pour laisser passer cela et les « tolérer ».



En dehors de cela, j’encouragerais toute personne désireuse de s’aventurer dans la France d’un Grand Siècle qui s’amorçait à se préparer à de nombreuses recherches annexes à propos de personnages, de titres et de lieux. Les citations sont également très nombreuses et peuvent nuire un peu à l’avancée de la lecture.



Concernant l’écriture, on passe d’un riche français aux manières détournées (à l’image du « Va, je ne te hais point » de Corneille) avec de nombreuses citations, à un français plus contemporain de l'auteur bien qu'un peu pompeux.



Les prises de positions du biographe sont nombreuses, Marie de Médicis est une « balourde », idiote qui a besoin d’être entourée pour penser. De son côté, Richelieu présente plusieurs facettes. Tantôt au début de sa carrière il doit séduire, flatter, notamment la Médicis, pour espérer monter. Puis, l'aigle déploie ses ailes et il devient le Dictateur, le vrai dirigeant de la France.



On notera cependant qu’Erlanger accorde beaucoup plus de crédit à Louis XIII que ce que les autres historiens ont fait (selon l’auteur). Le roi n’est pas un soumis qui suit sans réfléchir les volontés de son Principal Ministre, néanmoins on comprend qu’il n’est que l’ombre de ce que sera son fils.



On comprend que cette période est charnière et que l’homme Richelieu a été le préparateur de la monarchie absolue et des absolutismes dans toute l’Europe. Il est celui qui abattit la France médiévale où les Grands du royaume pouvaient combattre le roi et remettre son autorité en question. Il est également celui qui défend l'idée de la France face à une Europe chrétienne désirée par les Habsbourg et la Papauté. L'indépendance de la France face à une union qui la réduirait à un état de vassalité.



Avec Richelieu c’est également une relative paix entre les confessions protestantes et catholiques qui s’amorce (après le siège de La Rochelle). Les difficultés d’une France engluée dans ses conflits internes avec les conflits religieux du siècle passé, les Grands qui défendent mordicus leurs privilèges, les partis étrangers qui tentent d’exciter les guerres civiles pour continuer d’affaiblir ce géant – la France est alors le pays le plus peuplé d’Europe – montrent l’étendue des défis que Richelieu a dû dépasser.



Mais son ministériat fut également le retour de la France sur la scène européenne en combattant le gigantesque empire Habsbourgeois allant de l’Espagne au Saint Empire Romain Germanique (traité de Monçon). Malgré sa tenue pourpre et son allégeance au Pape, en théorie, Erlanger nous montre un homme souhaitant la grandeur de son roi et donc de la France. On sera étonné en découvrant que des histoires de fesses royales ont pu provoquer des guerres, raison qui semble très anachronique en ce 17e siècle.



Je vous laisse le soin de découvrir toute l’aventure que fut la vie d’Armand du Plessis, évêque de Luçon, Cardinal-Ministre de Richelieu auquel succéda le Cardinal Mazarin. Son caractère dictatorial ne peut être retiré, mais on se rend compte que l’aigle, faible physiquement, n’aura eu de cesse que de vouloir la grandeur de la France et utilisera son esprit pour plier la réalité à ses désirs.



Pour le traité de Monçon : https://aviscontraires.wordpress.com/2024/01/26/traite-de-monzon-1626/
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Louis XIV, tome 2

Critique des tomes 1 et 2

La vie de Louis XV de sa toute petite enfance à sa mort,deux livres très documentés qui re situent les actions du roi dans son temps et dans la chaîne des évènements qui ont conduit aux désastres du 20 ème s. On y voit aussi les incessantes intrigues y compris dans son cercle intime,qui ont fini par faire chanceler la très fine intelligence du roi à la fin de sa vie. C'est passionnant foisonnant et très didactique.
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Le Régent

C’est une biographie comme je les préfère : l’auteur passionné par son personnage, qui le juge mais aussi le défend en justifiant ses décisions par des raisonnements logiques et sa façons d’être en essayant de dresser peu à peu son portrait psychologique. La moitié de l’ouvrage couvre la période s’étendant de la jeunesse du personnage jusqu’à sa prise de pouvoir en 1715 à 41 ans, la seconde porte sur les 7 années de la régence. La première partie est consacrée aux intrigues de la famille royale et de la Cour et montre comment le futur régent a été assigné à un rôle insignifiant qui l’a meurtri. Dans la seconde partie c’est la politique étrangère qui domine. L’ouvrage est ponctué de citations, de mots d’esprit, d’anecdotes. J’ignore ce qu’il en est dans cette édition mais celle de Gallimard de 1948 contient un tableau généalogique de la famille royale (enfants légitimes et légitimés) outre un appendice qui fournit des explications complémentaires et une table des personnages cités
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Louis XIII

Librairie Académique Perrin : Edition 1972



ISBN : inconnu



Le 27 septembre 1601, après pratiquement cinquante-huit ans durant lesquels les fils de Henri II de Valois et de Catherine de Médicis n'étaient jamais parvenus à contrecarrer la décadence de leur famille par la naissance d'un héritier, Henri de Navarre, devenu, par la grâce de Dieu et en partie aussi par la volonté politique de son beau-frère, Henri III, qui le nomma son successeur alors qu'il se mourait des suites de la blessure que lui avait infligée le moine Jacques Clément, le roi Henri IV de France, le Béarnais, si longtemps en cavale et perpétuellement en danger de mort, offrait enfin un Dauphin à la France, par l'intermédiaire de sa seconde épouse, Marie de Médicis. Baptisé Louis, cet enfant deviendrait Louis XIII, l'un des rois les plus grands mais aussi les plus méconnus de notre pays. Surnommé "Louis le Juste" dans les listes de nos souverains, Erlanger affirme ici qu'il le fut pratiquement dès son berceau car il était né sous le signe, avide d'équilibre et de sécurité, de la Balance.



Quelques années plus tard, Louis devait se voir adjoindre un frère légitime, Gaston, futur père, quant à lui, de la fameuse Grande Mademoiselle , Gaston qui eut toujours, à vrai dire, la préférence de sa mère. En effet, si Louis aima et même adora Marie de Médicis, celle-ci ne le lui rendit jamais. On peut d'ailleurs s'étonner de cette froideur quand, en comparant les portraits, on constate que, dans sa jeunesse, l'enfant, comme l'adolescent, tenait plus au physique des Médicis que des Bourbon.



On me trouvera peut-être obsédée par l'enfance des uns et des autres ,o) mais il faut avouer que celle du Dauphin ne fut guère banale. Dans un étrange souci égalitaire (on n'ose écrire par sadisme ou tout simplement pour faire enrager sa femme qui voyait la chose d'un très mauvais œil, ce en quoi, pour une fois, nous ne pouvons que lui donner raison), qui ruinait pourtant les bases mêmes de ce trône qu'il avait mis tant d'années à conquérir, Henri IV eut l'idée baroque de faire élever ses enfants légitimes avec ses bâtards. On imaginera sans difficultés les scènes que cela engendra . En outre, le petit Dauphin, comprenant très jeune que son droit d'aîné légitime le rendait tout à fait différent, s'en offusqua assez vite, et ce bien qu'il vouât à son père toute l'affection et l'admiration qu'il lui devait. Sur le plan de l'éducation personnelle, il fut élevé très sévèrement, avec châtiments corporels quasi quotidiens, par sa gouvernante, Mme de Montglat, et ce sur les instructions de ses parents, pour une fois d'accord sur la question. Ajoutons, pour en achever avec ces curieuses prémices, qu'il s'entendit par contre toujours fort bien avec la première épouse de son père, la célèbre Reine Margot.



S'il est difficile de connaître avec exactitude quels sentiments le Dauphin enfant portait aux favoris italiens de sa mère, les Concini, et surtout au mari de Leonora Galigai, fait très vite maréchal d'Ancre, on n'a plus aucun doute quant auxdits sentiments à compter de l'assassinat de son père, en 1610. On chuchotait que la Régente avait un faible accentué pour Concino Concini et, à la Cour, comme chacun sait, aucun secret ne pouvait se garder. Pour ce qui est du peuple, lui aussi était au courant ... On savait aussi que Marie de Médicis faisait tout pour infantiliser le Dauphin, qu'elle ne l'admettait pas au Conseil alors même que Concini, lui, y avait accès et que le favori voyait les courtisans affluer autour de lui alors que le jeune prince se promenait pratiquement en solitaire.



Aussi arriva-t-il ce qu'il devait arriver. L'homme en qui le Dauphin voyait peut-être un second père, le premier en tous cas pour lequel il éprouva sans doute un sentiment équivoque, le connétable de Luynes, lui souffla l'idée que, avec une poignée de fidèles, il se faisait fort de le débarrasser du favori aussi haï qu'il se montrait arrogant. L'attentat réussit et ce fut à cet instant que Louis s'écria, ne retenant plus sa joie : "Enfin, je suis roi !"



Il l'était en effet, bel et bien, et allait le rester jusqu'à sa mort, le 14 mai 1643. L'on est même tenté d'écrire que, ce jour-là, il s'unit à son royaume pour le meilleur et pour le pire.



Le meilleur, c'est sans conteste, au bout des horreurs de la Guerre de Trente Ans, le triomphe final de la France sur la monarchie habsbourgeoise : de concert avec le ministre qu'il ne renia jamais, quoi qu'il lui en coûtât parfois, le cardinal-duc de Richelieu, Louis XIII fit sauter l'étau qui, entre l'Espagne et l'Empire, tentait, depuis des années, de se refermer sur la France. Et plus jamais il ne pourrait se reformer.



Le pire réside surtout, à notre humble avis, dans les complots innombrables que dut affronter Louis XIII. Y trempaient presque toujours sa propre mère, qu'il dut exiler et qui mourut d'ailleurs en exil, son frère Gaston, qui se voyait très bien en "Gaston Ier" mais ne cessa jamais de trahir ses complices lorsqu'il comprenait que la cause était perdue, et enfin son épouse, Anne d'Autriche, qu'il avait peut-être un peu aimée au début de leur union mais qui dut attendre près de vingt ans avant de lui donner enfin, après trois fausses-couches que certains historiens cancaniers, partisans de l'impuissance du souverain, ont tendance à occulter, le Dauphin si espéré qu'on le nomma Louis-Dieudonné avant de le surnommer plus tard "le Roi-Soleil" ou encore "Louis le Grand."



Véritablement passionné par l'énigme vivante que fut Louis XIII autant que par son époque, Philippe Erlanger étudie tout, ou presque, à la loupe, mais dans un style clair et soigné. Il a le mérite d'insister sur l'enfance et l'adolescence chaotiques du jeune roi, sur les causes d'une ambiguïté sexuelle que, contrairement à nombre de ses confrères, il ne réfute pas, loin de là et remettant à l'honneur Tallemant des Réaux qui, dans ses "Historiettes", parle sans fard des amours secrètes et homosexuelles de Louis XIII avec Cinq-Mars, sur l'influence de la maladie (la tuberculose osseuse mais aussi intestinale) sur le physique mais aussi le caractère du souverain et sur les multiples et cruels pièges politiques tendus sur sa route, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur des frontières de son royaume.



En un mot, Philippe Erlanger nous restitue un Louis XIII humain, ce qui est loin de signifier "parfait", mais aussi un roi valeureux au combat, comme le fut son père, un roi mécontent d'infliger des souffrances à son peuple comme au petit peuple des autres nations qui s'opposèrent dans la Guerre de Trente Ans, mais qui les lui infligea pour restaurer une paix valable et surtout durable dans toute l'Europe, un roi mélancolique, mal à l'aise en société, un roi mal-aimé, avant tout par sa mère (ce qui crée un gouffre dans la vie d'un adulte), un roi assez conscient et respectueux de la dignité dont il était investi pour se sacrifier à elle.



Notre souhait le plus sincère est que, après avoir lu cette biographie d'Erlanger, vous donniez à Louis XIII la place qu'il mérite dans la longue ligne des Capétiens, directs et indirects : celle d'un très grand souverain, peut-être plus grand encore que ne le fut son somptueux fils et successeur, Louis XIV. D'ailleurs, posez-vous cette question : sans tous les sacrifices consentis par son père, Louis XIV aurait-il pu devenir "le Roi-Soleil" ? ;o)
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Gabrielle d'Estrées

Une figure très attachante et un livre bien documenté et bien écrit.
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Henri VIII

Les histoires de monstres fascinent toujours, réels ou fictifs, humains ou pas, ils suscitent, presque malgré nous, une curiosité malsaine. Henri VIII, monstre bien réel, n’échappe pas à la règle. Pièces de théâtre, contes, biographies, romans, films, séries : depuis plus de quatre siècles, il revient régulièrement sur le devant de la scène.



Une fois n’est pas coutume, nous commencerons par la fin et Philippe Erlanger ne se trompe pas quand il écrit dans cette bibliographie publiée (de nouveau) chez Perrin, « le 28 janvier 1547, à une heure du matin, Henri VIII n’est plus. Un grand règne vient de s’achever, même si l’Angleterre n’a pas perdu un grand roi ».

Et pourtant, Henri VIII avait tout pour être un grand roi. La fortune, d’abord, amassée par son avare de père, Henri VII ; un physique imposant (1,94 m), athlétique jeune, obèse avec l’âge, mais que l’on n’oublie pas ; érudit, curieux, intelligent… À quoi tient que l’on soit perçu comme un grand roi ou comme un despote sanguinaire ? Car ne nous y trompons pas, tous les monarques ont peu ou prou du sang sur les mains.



Henri VIII est proclamé roi d’Angleterre à dix-sept ans, le 22 avril 1509, le lendemain de la mort de son père. L’Angleterre respire et se réjouit de la mort du roi « aux doigts crochus », son fils déborde de vie et redonne espoir en des jours meilleurs. Il en est généralement ainsi de la fin d’un règne ou encore d’une présidence, systématiquement l’espoir renaît et systématiquement il est déçu… Passons… pour le moment le roi est mort, vive le roi !



La suite sur : www.actualitte.com
Lien : https://www.actualitte.com/a..
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Le crépuscule des rois

Ouvrage intéressant et distrayant malgré les conséquences des comportements de ces personnages d'un autre monde.

Plutôt bien écrit sauf le dernier chapitre qui emmêle une quantité de rois, de ministres, d'ambassadeurs, ... parmi les quels on se perd aisément.

Pas étonnant que ce monde se soit perdu alors.
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