Geluck étant donc dans une forme resplendissante avec cette BD ( publiée le 9 octobre dernier, pour une fois, je ne suis pas en retard dans mes chroniques), il a certainement voulu surfer sur cette vague de réussite en tentant ce coup ci un essai littéraire qui pose la fameuse question que chaque émission de "talk show" doit poser dès qu'il y a une atteinte à la liberté d'expression (un procès contre un comique, une menace terroriste contre un hebdo satirique, ect)....Et une question qu'il a du forcément se poser en s'attaquant à un livre sacré...
Cette question, c'est donc : "Peut on rire de tout" ? On ne peut pas vraiment reprocher à Geluck de ne pas répondre frontalement à cette interrogation, puisqu'il le fait dès le début de son livre, et la réponse est exclusivement et définitivement positive (connaissant le bonhomme, le contraire aurait été étonnant). L'auteur ne respecte aucun dogme et aucune institution quelconque, donc pour lui, tout mérite d'être combattue par l'humour (thèse plutôt séduisante avec laquelle je serais a priori d'accord). Ce n'est donc pas la thèse et l'idée de l'essai qui m'a déçu, mais bien la façon dont Geluck la traite.
Car arrivons de suite au gros problème de l'ouvrage : le livre a beau nous parler d'humour et des limites de l'humour, paradoxalement, il le fait sans vraiment d'humour ou alors un humour un peu réchauffé et du coup,jamais vraiment drôle. Le livre aborde des sujets terriblement graves, en divisant - comme il est indiqué sur le bandeau promotionnel- sa problématique de départ en plusieurs chapitres (peut on rire des handicapés, des pauvres, des vieux, ect....?) mais l'ensemble donne vraiment une impression de bâclé.
On ne demandait certes pas à Geluck de partir dans une longue thèse théorique et philosophique sur le sujet, ce n'est évidemment pas son rôle , mais qu'il ne se contente pas d'empiler les simples exemples sans aucune réflexion derrière et aussi et surtout qu'il sorte des stéréotypes et des clichés (sur les extrêmistes religieux, les jeunes, les homosexuels) dans lesquels il se fourvoie pas mal durant une bonne partie de son ouvrage.
Geluck lui-même semble à plusieurs reprises être conscient des limites de son livre, car plusieurs fois, il nous affirme qu'il ne pourra répondre que de manière suscite à sa question. L'auteur belge ne semble donc pas avoir-complètement- perdu de sa lucidité, gageons qu'elle lui permettra d'abandonner ce genre d'expériences littéraires et de continuer à nous faire rire avec son crayon, ses bulles et... son fameux et si enthousiasmant félidé!!!
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