Les gens ne se rendaient pas compte... Il fallait posséder un sacré mental pour passer une vie entière à buller ! L'argent n'évitait pas l'ennui, on pouvait même dire qu'il le favorisait. Que restait il une fois que vous aviez effectué le tour du monde 5 fois d'affilée, parcouru les greens les plus réputés, que vous vous étiez empiffré des mets les plus raffinés, aviez bu les crus les plus onéreux et aviez sauté toute une colonie de mannequins rachitiques ? En général, un sentiment de grande lassitude commençait à poindre, jusqu'au moment où il gangrenait votre cerveau, vous plongeant dans un état de catatonie absolu dont il était difficile de sortir autrement que par la drogue ou l'abus de boisson.
Il s'en voulait de s'être une fois de plus laissé emporter par ses pulsions violentes. Mais il ne pouvait pas tolérer de voir des racailles traîner à deux pas de son club et générer un tel sentiment d'insécurité.
« Mattis était persuadé que Rémi n’était pas réel, et qu’il était plutôt le résultat d’une expérimentation des services secrets en vue d’humaniser les personnels de police. Car Rémi était toujours d’humeur égale, il buvait peu, ne fumait plus, rentrait chez lui dès la fin de son travail. Il ne tabassait personne, n’en croquait pas…Bref, il paraissait impossible que Rémi soit un être humain, encore moins un flic. »
J’adore regarder mes mains. Je les trouve fines, élégantes, racées, sensuelles. Les mecs, eux, ne les remarquent jamais, préférant plutôt s’attacher à mater mes jambes, mes seins ou mes fesses. Pauvres petites queues en pilotage automatique qui ne connaissent rien à rien. Je ne vais pas me plaindre, la nature m’a bien gâtée. Mon corps c’est mon outil de travail, mon gagne-pain, mon passe-partout. Grâce à lui, je suis libre, j’avance, je taille ma route.
Il se concentra , certains mots lui semblaient familiers . De l'arabe ! Ils parlaient en arabe ! Sa mére avait donc raison .Allah existait et il venait de dépêcher des émissaires à sa rencontre .Kader espérait juste qu'il se montrerait magnanime . Car vu toutes les conneries qu'il venait d'accumuler durant sa courte vie , Allah pouvait très bien décider de l'envoyer moisir quelques centaines d'année au fin fond d'une loingtaine galaxie...
Une fois libre de ses mouvements, il se propulsa derrière le canapé en effectuant une cabriole approximative le mettant à bonne distance du jeune excité. Il se retourna, se remit d'aplomb et sans trembler, fit jouer la culasse d'un coup sec, tandis que José tentait un plaquage désespéré.
C'était l'un des dix commandements de flic : toujours s'attendre au pire quand on pénètre dans un lieu inconnu sans y avoir été invité. Il actionna l'interrupteur du salon et constata avec soulagement qu'aucun diable n'était sorti de sa boîte.
Epaulé par ses deux gardes du corps , le candidat à la prochaine élection munucipale descendit de voiture . Distancé dans les sondages il avait dû se résoudre à venir prospecter au-delà des quartiers pavillonnaires .
Il se présenta , à la cool , en bras de chemise , cheveux lissés , sourire éclatant , avec le teint légèrement orangé de ceux qui abusent de la lampe à U.V. , arborant une grosse horloge dorée au poignet . On aurait pu le confondre avec un mac , ou un banquier.
Et les années passent , l'enfant grandit , sevré de tout, la tête vide de culture , d'éducation, d'hygiène et d'estime de soi- même. Mais pas le choix , faut avancer , enfin , façon de dire , car à bien y regarder , on parlerait plutôt de piétinement ou d'enlisement. Un avenir mort-né, une vie pour rien , une pierre jetée au fond d'un lac , plouf , c'est fini , au suivant.
Il en était là de ses considérations quand une Porsche 718 Cayman S bleu Miami le doubla en trombe. Mattis soupira. Encore ce petit bourge de Rayan Martel qui s’amusait à se faire peur. Tout le monde dans le coin connaissait sa voiture et le lieutenant l’avait déjà intercepté à maintes reprises pour divers manquements au Code de la route, mais il fallait croire que les amendes et les multiples retraits de points sur son permis ne suffisaient pas à dissuader ce barjot. Il hésita néanmoins quelques secondes avant de décider s’il voulait jouer à Starsky sans Hutch… Sa conscience professionnelle prit le dessus. Il plaqua son gyro sur le toit de sa Clio et enclencha la sirène deux tons. Mattis poussa ensuite les rapports au maximum pour tenter de regagner du terrain tout en sachant qu’il n’avait aucune chance de rattraper une cylindrée aussi puissante. Il n’eut pas besoin de faire sortir les tripes de son moteur, le bolide décèlera puis se gara sagement sur le bas-côté.