Je l'ai aimée de tout mon corps et de toute mon âme. Avec décence et indécence. La vie est courte et l'on ne consacre jamais assez de temps, au coeur de ceux qui font route avec vous.
L'amour n'est pas aveugle mais visionnaire. Il permet de voir le "vrai moi" au sein même de la fragilité. C'est un sentiment intense, profond, exaltant, plus vrai que toutes les vérités.
J'abandonne progressivement toute idée de sauvagerie, de consécration égoïste. Il faut être humble pour aimer, perdre tout sentiment d'appartenance et apprécier le simple fait d'être vivant et sincère.
A 30 ans, on aime avec idéologie.
A 40 ans, pour soi-même mais en se cachant à travers l'autre.
A 50 ans, on aime, totalement.
A 60 ans, avec mansuétude et tendresse. (Ne prends pas froid, ce soir - "Avec le temps"- Léo Ferré).
A l'adolescence, l'amour est un formidable ressort pour se sentir exister. A la fin de sa vie, le mourant pose toujours cette question :
"Ai-je réussi ma vie, ai-je aimé ?
Ai-je transmis l'intensité que j'avais ?"
Elle se laisse aimer ainsi, féminine, comblée de mes efforts pour elle. Après, elle oubliera tout, instantanément, renouvelant sa demande quelques heures plus tard. Inexorablement, ce qui a précédé n'a jamais existé.
Malgré tous mes efforts. Malgré toutes mes pensées dirigées constamment vers cette famille moribonde, j'avais oublié l'essentiel : moi-même.
Vouloir aimer, c'est avoir le courage de s'exposer aux inconvénients, c'est aussi vouloir tenter le hasard et accepter de jouer avec les formes les plus vives de la vie.