À l'occasion de la parution d'une nouvelle traduction par Olivier le Lay, le Book Club invite les auteurs Philippe Lançon et Georgina Tacou pour redécouvrir l'unique oeuvre de Fritz Zorn, "Mars", essai autobiographique, critique acerbe de la bourgeoisie et ultime cri de douleur d'un auteur condamné par le cancer.
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Écrire, c'était naturellement l'explorer et l'approfondir, c'était voyager vers le secret ; c'était aussi découvrir que je ne l'atteindrais pas. C'était échouer aux portes du secret. Le 7 janvier, les morts l'ont emporté dans leurs tombes et les survivants, dans leurs vies. La justice doit passer, mais elle ne peut les suivre là où ils sont.
CHARLIE Hebdo n° 1469 du 16 septembre 2020.
Le 13 avril, un poète de 90 ans est mort. Il s'appelait Bernard Noël. Pour moi, il était sans âge, c'est-à-dire qu'il les avait tous. Il avait l'âge de Georges Bataille, qui l'a orienté, de l'action contre la guerre d'Algérie, qu'il a menée, du corps en lutte et en fusion perpétuelles avec le langage. Il avait l'âge de l'enfant qui chaque jour découvre ce langage, et l'âge du vieillard qui chaque jour le perd. Il avait l'âge de la révolution et de la frustration permanentes produites par le fait d'écrire comme on vit et de vivre comme on écrit. C'est comme ça, avec les poètes: ils ont l'âge qu'on croit avoir, ou qu'on sent, tandis qu'on les lit...
CHARLIE Hebdo n°1501 du 28 avril 2021 (Dans le jacuzzi des ondes).
Maigre consolation : il y a belle lurette que le consensus autour de Charlie a fondu ; c'est sans doute qu'il n'a jamais existé. Notre journal, qui n'est pas aimé à droite, l'est de moins en moins à gauche. Cet isolement a des raisons politiques, mais l'essentiel, à mon avis, est affaire de ton. Charlie continue de vouloir rire ou sourire de tout dans un monde où plein de gens, surtout à gauche, ne veulent plus rire de rien, et surtout pas d'eux-mêmes.
CHARLIE Hebdo n°1467 du 2 septembre 2020 (Dans les jacuzzi des ondes).
... les idées d’un adulte sont rarement à la hauteur des visions — de l’effroi — d’un enfant.
Il y a quatre semaines, j'écrivais dans Charlie que les symboles attirent les cons. Je pensais d'abord à l'usage politique qu'on en fait. Il brille rarement par la finesse, la culture et l'ouverture d'esprit. En art, c'est parfois différent. Pas souvent, car les symboles, en projetant leurs ombres sur les sensations, ont tendance à les écraser. Ils contrôlent et limitent le double accès à l'imagination et à la réalité. Et ils vieillissent vite, plus vite encore que les hommes. Ils vieillissent comme les leçons de morale, comme les idées. Ils vieillissent comme des cons.
CHARLIE Hebdo n° 1476 du 4 novembre 2020 (Charlie Culture : Expo, les planètes de Giorgio De Chirico).
C'est un bizarrerie de notre société : elle a tellement peu d'avenir qu'elle ne sait plus quoi faire ni de ses jeunes ni de ses vieux.
CHARLIE Hebdo n° 1430 du 18 décembre 2019. (Dans le jacuzzi des ondes)
Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins
(Baudelaire)
Machiavélique et puritain, les deux font la paire : qui veut punir les hommes de leurs plaisirs et de leurs sentiments au nom du bien qu’il croit porter, au nom d’un dieu, se croit autorisé à faire tout le mal possible pour y parvenir.
Les soignants avaient ce privilège : ils répondaient à la destruction par des gestes précis, destinés à réparer... Ces gestes remplaçaient les larmes, le bavardage, la compassion inutile, la pitié dangereuse.
Je ne sais plus qui a dit : ce n'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut se taire. Pour l'écrivain, ça va plus loin : c'est parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut écrire. La réalité est si forte, si dure, qu'elle envahit l'homme ; le terrasse. Face à ça, le premier réflexe est l'accablement, le silence. L'écrivain dépasse cet accablement, peuple ce silence par l'écriture. Elle s'impose en terrain occupé, détruit, rasé. C'est dans le vide que l'écrivain, ligne à ligne, fait le plein.
Dans le jacuzzi des ondes. CHARLIE Hebdo n°1429 du 11 décembre 2019.