Après avoir lu les aventures du jeune Espa dans Le règne de l’Empereur (tome 1 et tome 2), j’étais impatiente de découvrir le nouveau roman – premier tome de la série Fate – publié chez Marathon Éditions. Passionnée des littératures de l’imaginaire, j’ai été happée par la singularité de l’univers, le mélange des genres et la plume de l’auteur.
Un univers captivant
Tout commence par quelques pages énigmatiques – Notes sur la crique – qui posent le cadre de l’intrigue, lui-même décor de sombres histoires. Elles retracent en effet, d’une façon journalistique qui a de quoi surprendre, l’histoire de ce lieu hors du commun situé sur les rives du Mississipi, aussi mystérieux que terrifiant, tout en faisant référence à d’autres fiches numérotées (dont l’auteur nous est inconnu à ce stade de la lecture) et aux Confessions filmées d’un certain Benjamin Oaksley.
En octobre 2034, Fate, jeune femme déterminée et prête à tout pour recouvrer la mémoire, se rend, malgré la menace qui plane, malgré la présence des nombreux RepGuard, dans cette crique difficilement accessible. Guidée par le jeune Adam – que fait donc un enfant dans cette histoire ? -, elle a un unique objectif en tête : comprendre ce qui lui est arrivé et en faire payer le prix fort au responsable.
Tantôt déjanté, tantôt rationnel, l’univers de Fate est très surprenant. Empreint d’une inventivité foisonnante, il s’inscrit également dans le mythe créé et recréé par nombre d’écrivains et de cinéastes autour du fleuve Mississipi. Il est en particulier ce film assez récent auquel j’ai pensé … Mais bon, je ne vais pas tout vous dire, hein ?
L’intrigue, d’une grande richesse, ne nous est pas offerte sur un plateau doré (oui oui, je préfère le plateau doré au plateau d’argent, mais ceci ne doit pas entraver votre lecture…). Elle emprunte des chemins sinueux. Les enjeux liés aux actions des personnages nous sont dévoilés au fil des pages et nous font douter, jusqu’à la fin. Il nous faut saisir les intentions, lire entre les lignes, imaginer le passé de ces personnages cabossés par la vie, à fleur de peau, prêts à dégainer leurs armes à tout instant (et croyez-moi, il n’y a pas que des armes blanches !). C’est ce qui fait à la fois la force du roman et le plaisir du lecteur. Fate et Adam – personnages complexes, touchants, à la fois décontractés et concentrés, que l’on aime d’emblée (ou presque…) – sont extrêmement bien campés. L’étrangeté, l’intensité et la beauté des situations naît en particulier de ce duo étonnant et détonant !
Le mélange des genres
Dans L’arène du Mississipi, nous sommes à la croisée de la science-fiction, du roman policier et du thriller. Il y a de l’action, des personnages hauts en couleur, d’étranges créatures (Avez-vous repéré le crocodile sur la magnifique couverture ?), des dialogues absolument savoureux, des scènes de combat très réussies que l’on a l’impression de voir se dérouler sous nos yeux.
L’auteur s’empare des codes pour mieux les détourner. Il ne manque plus que la musique !
Une écriture, un style et un humour décapants
J’ai adoré la plume de Philippe Lécuyer et l’humour grinçant, décalé. Le récit principal, les flash-backs, les pensées de Fate, les Notes et les Confessions – plusieurs polices d’écriture ont d’ailleurs été judicieusement choisies pour différencier ces moments – offrent un rythme des plus soutenus, nous tiennent en haleine du début à la fin. Les minutes de répit sont rares pour les personnages comme pour nous, lecteurs…
La fin de ce premier tome ouvre sur de surprenantes révélations, de nouvelles pistes et interrogations.
Aussi impeccable qu’implacable, ce roman est une vraie réussite !
L’objet-livre, de très grande qualité, offre un véritable écrin au texte de Philippe Lécuyer.
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