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Une vie chinoise, tome 1 de Philippe Otié
Voilà. Nous étions parvenus à faire de la Chine une terre stérile, sans arbres, sans insectes, sans rongeurs, sans oiseaux. Les être humains aussi se firent beaucoup moins nombreux : pendants 3 ans, de 1959 à 1961, la Chine subit une des pires famines de son histoire, pourtant longue. Dans ma proche famille, un oncle mourut d'un coup de corne que lui donna une vache à laquelle il disputait son fourrage. Un autre oncle tenta de se nourrir en ingurgitant de la terre. Constipé à en mourir, il ne dut son salut qu'à mon arrière-grand-mère, qui passa des jours et des jours à lui curer les fesses avec son doigt. Elle gratta, cura jusqu'à sauver son petit-fils. Épuisée et affamée, c'est finalement elle qui s'éteignit peu de temps après. Combien de millions de personnes périrent ainsi ? Aujourd'hui encore, les historiens ne parviennent pas à s'accorder sur un chiffre : 5, 8, 10 millions de morts ? Ou bien plus encore ? Ils ne savent pas non plus comment définitivement désigner cette période noire : « L'étranglement suite au retrait de l'aide soviétique » ? « Les 3 années de catastrophes naturelles » ? ou plus prosaïquement « L'époque du grand bond en avant de 58 » ? La seule chose sûre est qu'en 1962, un terme fut mis au grand bond en avant. Du même coup, les « catastrophes naturelles » cessèrent. + Lire la suite |