C’est ceux qui aiment qui ont raison.
Il joue « Besame mucho » comme personne ne l’a jamais joué et tant mieux si Jo et les autres restent silencieux dans son dos : c’est son histoire à lui, il n’a besoin de personne pour l’aider à la raconter, lorsqu’il a joué sa dernière note on n’entend même plus les glaçons tinter dans les verres.
D’habitude je ne fais pas ce genre de différence, mais je peux te dire que je n’ai jamais entendu aucun blanc jouer comme ça
Il jouait de tout son cœur et c’étaient des bagarres sans fin entre Wayne et lui et quand l’un d’eux touchait la note bleue le public devenait fou, c’est dommage que personne n’ai enregistré ça.
Barney avait vingt ans et sa musique était celle d’un homme qui a vécu dix vies. Peut-être bien que le public s’en rendit compte aussi, après tout, car lorsqu’il avait terminé un chorus et restait debout sur la scène, les bras croisés et les yeux clos, les gens l’applaudissaient d’une autre manière, presque respectueusement.
Les questions de la femme continuent de rebondir contre les murs.
L'amitié est le cliché vrai de l'amour.
L’odyssée tragique d’un Noir et d’une ancienne prostituée dans le Paris du début du XXe siècle.
Pour la première fois dans l’histoire de l’édition, il est possible de lire un livre – celui-ci- tout en écoutant sa « bande sonore ». Le grand saxophoniste de jazz Barney Wilen a en effet composé et enregistré la B.O. de « Barney et la note bleue » -sous le même titre et la même couverture- sur Ida Records (IDA 010, distribution OMD).
"Try A Little Tenderness", joyau baroque de toute son œuvre, c'est comme le titre l'indique la période tendre, la voix sauvage se fait douce, voilée, émouvante, pour distiller une mélancolie retenue pendant que l'accompagnement se fait moins sommaire, moins mécanique. La fin du morceau, retour au feu, montre bien que cette période n'est que transitoire et que le cœur d'Otis balance encore entre ce qu'il a déjà fait et ce qu'il voudrait faire. Et pourtant, l'équilibre était parfait entre la tendresse et la violence, le compositeur et l'interprète avaient atteint là un sommet qu'ils ne retrouveront plus par la suite.
Il s'approcha de la femme et effleura le bord de son chapeau.
- On y va ?
- Je suis pas une putain.
Elle pivota sur son tabouret pour le dévisager. Ses yeux n'exprimaient rien. Les racines de ses cheveux étaient noires et un pli maussade tirait sa bouche vers le bas. Il haussa les épaules et sortit son porte-feuille pour régler les cigarettes et la fine qu'il n'avait pas terminée.
- Hé !
Dans le taxi, la femme s'assit loin de lui. L'air qui entrait par la vitre entrouverte faisait palpiter ses cheveux.