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Citations de Philippe Pujol (73)


"On est dans une société ou tout passe par le classement. Or, ces jeunes-là sont derniers partout. Quand ils passent à l'acte, ils ont l'impression d'être dans une trajectoire de réussite" (...) L'émancipation par la délinquance.
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Les enfants ne se parlaient plus, ne se regardaient plus. Pas plus avec des adultes. Ils ne regardaient plus passer les nuages, n'observaient plus le lit d'une rivière, n'écoutaient plus le cri des animaux. Ils rechignaient à aider, s'ennuyaient même entre eux si aucun livre n'avait été apporté. Les montagnes étaient vidées de leurs gosses, ces garnements qui jadis apprenaient en arpentant les quelques saisons de leur enfance tout ce qui leur servirait pour le restant de leur vie. On déléguait ça aux livres, on en confisquait la transmission aux parents. On figeait les histoires sur du papier blanc et l'Histoire ne serait plus contestable. Ou plutôt, elle ne serait plus adaptable. La tyrannie de l'Histoire, pour Orso, s'installait par les livres. La contestation passerait par ces petites évolutions qu'espéraient réussir les bandites. Faire de sa langue l'outil du peuple pour infléchir un destin entravé dans des coutumes désuètes juste en le faisant passer sous la terrible et tranchante lame du progrès. Orso aimait à raconter le livre qu'il apprenait par cœur. L'oralité a cela de précis par rapport à l'écrit qu'elle s'adapte plus facilement à l'auditoire, pensait-il. Il décida de dire son livre à Salvo. L'enfant, en un instant, lui démontra qu'il s'était trompé.
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Clientelisme, corruption... délinquance ! ça se passe à Marseille mais sans aucun doute partout ailleurs... les mécanismes politiques sont démontés, décortiqués dans ce livre. L'élection d'un maire doit être assurée par un petit nombre d'électeurs relativement faciles à convaincre. L'abstention du plus grand nombre découragés par le système fait le reste. Dégâts collatéraux : les bandes s'etrippent autant pour des rivalités politiques que pour des histoires de trafics en tout genre.
Merci monsieur Pujol de ce livre clair, agréable à lire et pleins d'anecdotes.
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Dans ces quartiers, dès 10 ans, on sait faire la distinction entre les différentes versions de Flash-Ball. On évalue l'usure des tonfas, les bâtons de combat des flics, et on connaît la marque des flingues policiers. Et quand on entend le mot《BAC》, franchement, on ne pense pas au diplôme.
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Un rat! La gamine essaye de caresser les rats! Bien gras, le poil bien dressé, la queue bien longue et l'oeil bien noir... A grandir parmi les rats, on s'en fait des compagnons. C'est loin d'être un cas isolé (...). Et j'ai beau, dans mon boulot, être régulièrement confronté à des scènes de crimes pas beaux à voir, ce sera cette petite fille et ses rats qui m'auront le plus chamboulé.
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La rumeur reste la chose la plus sûre qui puisse nous venir aux oreilles. Même inexacte elle est toujours révélatrice, la rumeur. Au moins d'une ambiance, d'une peur.
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Prendre de l’ampleur, c’est accepter les risques, la prison ou une balle dans la tête, mais aussi accepter de faire du mal aux autres, à des types qui ont grandi avec toi, ça, je ne peux pas.
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Au dehors, on se berce d’illusions et, en prison, on s’endort comme on peut. On fume du shit, beaucoup, pour trouver le sommeil. La prison possède ses dealers, et c’est bien plus cher qu’à l’extérieur. On y consomme aussi des anabolisants, pour prendre un peu de muscle et réveiller son organisme. On en sort encore plus chimique qu’on y est entré. La prison te distille un concentré de délinquance pure.
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Le mythe est le carburant de l'ambition. Et I'ambition, le moteur de toute délinquance. L’émancipation par le crime reste la seule voix pour ceux qui ne croient pas aux diplômes, n'ont pas le sens de la chose publique ou du commerce. Études, réseaux politiques et créativité pernetent de tendre de toutes ses forces vers une vie meilleure, mais ceux qui n'y ont pas accès s’imaginent s’élever par des chemins souterrains, sans vraiment réaliser qu’ils s’y enfoncent.
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Mais dans le même temps l’intégration par le racisme s’est installée. Pas partout, pas massivement, mais par exemple dans les XIIIe et XIVe arrondissements, un maire Front national a été élu en 2014 par des Marseillais, donc par tous ces descendants d’immigrés. Le dernier arrivé ferme la porte. « L’immigré après moi n’est pas bon. » C’est une réécriture même de sa propre histoire migratoire quand on constate que parmi les électeurs de l’extrême droite se côtoient des Italiens dont les grands-parents ont fui Mussolini, des Arméniens dont les aïeux échappaient à un génocide, des Espagnols fuyant le franquisme… Un Alzheimer identitaire. Des quartiers populaires communistes sont devenus des quartiers populistes Front national.
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La franc-maçonnerie est le plus célèbre des réseaux secrets et le plus accessible. C’est devenu là sa faiblesse. La confrérie marseillaise la subit de plein fouet depuis ces vingt dernières années.

« Le niveau s’est effondré dans toutes les loges », se désespèrent plusieurs anciens qui ont pris du recul, devant toute cette médiocrité. Fini cette la connaissance du moi et l’ambition d’éclairer le monde, « on a vu arriver tous les débiles de FO, du Cercle des nageurs et autres syndicats patronaux ».
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Des journalistes d'investigation ont, dès 2028, dénoncé les manquements de nombreuses sociétés privées, des multinationales, parfois couvertes par des parlementaires... Dans le même temps, d'autres médias exhibaient, en continu, de façon malsaine, le spectacle des conséquences du F.LA.S.H. : des morts, des familles décimées, le système médical qu'on montrait débordé, sans jamais parler des efforts immenses qui étaient faits. Forcément, les gens étaient perdus. Les informations contradictoires sortaient de toute part, s'embrasaient sur les réseaux sociaux, attisés par tous les groupuscules extrêmes disséminés dans le monde. L'opinion publique mettait tout dans le même sac. La "grande opacité" était aussi alimentée par les journalistes, puisqu'on ne savait plus ce qui était vrai ou faux, ce qui se passait réellement, à force de tout mélanger. Voilà ce que pensaient les gens, voilà ce que répétaient les partis politiques qui voulaient en tirer des bénéfices. Tout le monde s'est mis à manœuvrer." p. 134-135
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Quand Starbucks Coffee est venu s'installer rue de la République, on a eu l'impression, à entendre Gaudin, que la ville venait de remporter l'organisation des Jeux olympiques. Une telle locomotive mondiale allait enfin lancer l'opération qui reste comme l'un des plus formidables échecs de sa mandature (il n'en manque pourtant pas), la réhabilitation de la maudite rue de la République. Il la voulait bourgeoise et luxueuse, elle est désormais vide mais toujours populeuse. L'une des seules avenues haussmanniennes de la ville offre des boutiques majoritairement fermées et des appartements inoccupés.
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Après quelques onomatopées fatalistes, le vieux bougonna du bout de ses gencives sans dents : « Chì campa spirendu mori caghendu », celui qui vit d'espérance meurt en chiant. (page 56)
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Racisme de classe
La cité du Vieux-Moulin s'est dégradée tranquillement dans la zone urbaine sensible (ZUS) de Saint-Barthélemy. Le Canet. Delorme Paternelle, des quartiers du 14e arrondissement de Marseille. Une ZUS, comptant plus de 40000 habitants parmi les plus nécessiteux de la ville, répartis dans les cités, mais pas seulement. Il subsiste des noyaux villageois anciens qui abritent souvent les habitants des immigrations précédentes, ces Espagnols, Arméniens,
Italiens et premiers Maghrébins qui ont eu un travail et n'ont jamais bénéficié de soixante-dix ans de clientélisme, quand un élu trouve à une famille, à un clan, des logements dans des quartiers plus flatteurs en échange des voix de tous à chaque élection. Ceux-là nourrissent un sentiment de frustration et de peur du déclassement qui justifie un racisme tout marseillais. Non pas un racisme de race, mais un racisme de classe. Les derniers arrivés ne pouvant s'installer que dans les endroits les plus pourris, la xénophobie englobe rapidement l'origine ethnique et la position sociale. (p. 66)
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La tentation
Et puis comme pour tous les habitants de ces quartiers depuis des années, elle s'est immiscée là petit à petit au fil des ans, d'abord avec l'arrivée des centres commerciaux et des crédits à la consommation qui se tapissent dedans, et en même temps à la télé entre deux dessins animés ou juste avant la météo, puis sur les panneaux géants le long des quatre-voies du quartier, jusqu'aux pieds d'un voisin fanfaron, ou sur les épaules d'un «fils de » fier de lui, et dans les grosses cylindrées ronflantes devant le collège, partout, elle était là. Comme une plante invasive courant sur leur misère en friche. Elle était là, la tentation. Longtemps, Kader a rêvé, par compensation. Puis il a décidé de prendre, par vengeance. (p.62)
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Le FN récupère le désespoir des soumis et avive la soif des conquérants.
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Les immigrés tout frais sont toujours accueillants, pas encore pervertis par l'aigreur des stigmatisations à venir et remplis de l'espoir de connaître une vie meilleure que celle qu'ils ont fuie. On ne quitte pas son pays. C'est la faim ou la violence qui vous en jette.
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A force de brimades et d'humiliations, les faiblards du départ s'effondrent ou se rebiffent pour devenir les pires.

A la sortie, on les voit partir à la conquête de leur cité comme s'ils revenaient des enfers...

Seuls ceux qui les connaissaient auparavant peuvent les rencontrer sans crainte.

Le passé, uniquement, mérite leur confiance.
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On cache les monstres que l'on crée... Je suis une arme politique et on m'a fabriquée pour exploser au bon moment.
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