Académie Royale de Belgique
La poésie est un passe-partout qui ouvre, par le verbe, images et sons, provoquant le sensible, délivrant les idées, pour connaître le monde dans les ombres du soir, sous la lumière des Midis.
"Un porte manteau chargé de vêtements disparates est une invitation au rêve". - Commentaire sur le 'Porte-manteau de Louis Thévenet."
Si l'on regarde, aujourd'hui, certaines oeuvres de Knopff, on peut songer, devant Memories, aux femmes de Paul Delvaux. Si les unes sont habillées et les autres souvent dévêtues, le film du vêtement ne change rien à nos désirs, ni aux leurs; elles nous interpellent dans une égale absence d'elles-mêmes, les yeux au loin, sans signe de vie pour les identifier, sans lien aucun pour les rendre complices; secrètes, répétitives, elles appellent peut-être, elles évoquent sans doute, elles ne communiquent point.
Et la femme chez Khnopff ? Elle est aussi présente, non point plurielle comme chez Klimt, mais en quelque sorte récurrente et souvent fractionnée. Il y a des femmes chez l'un, un type féminin chez l'autre.
Bruegel est là, lui aussi, avec son lot d'images créées à une époque lointaines et pourtant proche, par le questionnement de l'humanisme, la curiosité du passé et l'ouverture au monde, par les luttes idéologiques, les absolutismes et le goût de l'argent.
L'oeuvre d'art joue souvent le rôle du test de Rorschach et révèle davantage le spectateur analyste que l'artiste créateur; la richesse de l'image s'accroît d'autant plus, à cette époque et en ce lieu, que Sigmund Freud y bâtit son empire.
Un critique viennois, Ludwig Hevesi, devant un marbre polychrome ou un dessin, Les lèvres rouges, trouve, quant à lui, que la "sensualité khnoppféenne a quelque chose de vampirique"...
L'inventeur du baroque nordique (Pierre-Paul Rubens) était non seulement l'ami de Jean Brueghel de Velours, mais aussi l'admirateur de Bruegel l'Ancien dont il possédait des œuvres.
En simplifiant, pourrait-on dire que le réel sollicite Klimt, alors que le rêvé hypnotise Khnoppf ?