Philippe Tretiack

Peut-on encore, aux heures graves et dangereuses d'aujourd'hui, alors que la Russie soviétique a disparu, s'amuser de ce livre ?

Au début des années 80, la rumeur évaluait à quelques heures le temps nécessaire aux chars russes pour arriver jusqu'à Brest.

La légende du sous-marin soviétique, les attendant posé au fond de la baie de Roscanvel, était tenace.

Un aviso de la Marine française, de Cherbourg ou de Brest, affecté à la surveillance du rail, descendait et remontait sans cesse la mer de la Manche et le nord de l'Atlantique.

Il traquait les pétroliers indélicats, pollueurs et tenait à distance les "chalutiers soviétiques" dont les membres d'équipage avaient tous moins de 35 ans, avaient la tête rasée, étaient habillés en kaki et faisaient leur gymnastique, sur le pont, en rang serrés, dès 5 heures du matin.

La solidarité maritime étant plus forte que l'animosité nationaliste, on se permettait parfois un petit signe discret d'un côté ou de l'autre lorsque les bâtiments se trouvaient presque bord à bord....

"Bienvenue à l'armée rouge", à sa parution en 1984, a fait sensation dans les coursives du "SM Lebihan" où j'étais embarqué.

Il s'agit du 1er guide pratique du collabo !

C'est un livre drôle bien sûr mais surtout très utile.

Comment dire en russe ?

- Je ne connais pas cet homme, mais je sais où il habite.

- Finalement monsieur l'officier, c'est vous qui aviez raison.

- Pour vous c'est gratuit

- Il a pris la petite rue

Ce petit guide indispensable vous explique pourquoi il est nécessaire de rompre certaines relations, d'épurer votre carnet d'adresses, de résilier certains abonnements, de modifier l'aspect de votre appartement et de stocker...

Quels sont les objets à jeter, à enterrer ? Quels sont ceux à acquérir ?

Ces 19 chapitres auraient pu assurer notre survie, l'invasion a été remise à plus tard.

Redécouvrons en attendant ce petit ouvrage insolent et provocateur, rédigé par Pierre Antilogus et Philippe Trétiack.

Tout droit venu des années 80, il en porte l'esprit et en adopte le ton.

Il est, je crois, très réussi.

Et si il s'avérait que vous n'ayez plus le temps de le lire, apprenez, au moins page 111 le geste qui sauve....et "Otpoustitié miénya, pojalouïsta*" !



* lâchez-moi !

J'ai beau être une femme, moi non plus je ne manquais pas d'admirer les vitrines de la boutique Arnys lorsque je passais rue de Sèvres. Hors de prix, des habits réservés à ceux qui avaient les moyens ou bien investissaient dans ces pièces uniques plutôt que dans des œuvres d'art.

Le journaliste Philippe Trétiack fait de la marque une héroïne de récit - cela aurait pu être un roman. Récit d'une époque, d'une certaine vision de l'élégance et du style, mais également récit d'une famille, presque une dynastie, d'émigrés juifs venus de Pologne dont 3 générations habilleront le "tout Paris". Il retrace cette histoire, depuis l'implantation dans ce quartier improbable dans les années 30 alors uniquement garni de boutiques dédiées à la religion. Mais surtout, il interroge le succès visionnaire des membres de la famille Grimberg (ex Grünberg) à l'aune du parcours de sa propre famille, aux origines semblables mais au destin moins glorieux avec une incursion beaucoup plus discrète dans l'habillement de la part de sa mère à la tête d'une modeste boutique de vêtements féminins vers le Faubourg Saint-Antoine.

Son récit est bourré d'anecdotes et de mise en lumière du rapport que certains hommes bien connus entretenaient avec l'art vestimentaire et il nous offre un éclairage salutaire - lui qui officia longtemps comme reporter à ELLE - sur la façon d'avoir du style au masculin.

Bien plus qu'une boutique, Arnys était une sorte de club dont la fermeture il y a quelques années a rendu orphelins et inconsolables quelques aficionados.

Une lecture très plaisante.

Lu à la bibliothèque de mon quartier dans la sélection découverte du mois dans la catégorie arts et culture.

Livre un peu désuet mais qui nous fait découvrir les plus grandes créations de cette maison de haute joaillerie.

Peu de textes mais des représentations photographiques.

En 1984, pouvait-on rire de la peur de l'invasion du communisme russe ? Résumé par ce slogan très en vogue à l'époque "La peur des rouges". Eh bien ce livre, édité chez JC Lattès répond à la question : oui". Déjà, chez nous Georges Marchais nous faisait beaucoup rire.

C'est en faisant du vide que j'ai déniché ce bijou qui m'a longtemps fait hurler de rire. Il promet de nous faire devenir un parfait collaborateur lorsqu'ils seraient installés chez nous. Un peu comme les occupants Allemands en 40. Mais souvenez-vous : Pour vous éviter le goulag "le Russe n'est pas une espèce d'Allemand".

Ils sont là et vous n'avez plus le temps de lire ce livre, apprenez trois gestes simples qui vous sauveront du goulag TO VA RICH.



Trouve-t-on encore ce livre dans le commerce ? Si oui, jetez-vous dessus.

Au terme de ces passionnants monologues, imaginaires mais si incarnés, les doutes de l'auteur trouvent à s'ancrer dans sa propre biographie.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..

Le choc des mots..



On aurait pu reprendre le slogan, le choc est là et on se projette parfaitement dans les situations, nul besoin de voir.

C'est fort, intense, et raconter comme tel.

Philippe Trétiack nous livre son quotidien, sans faire d'impasses, comme si l'on devait se contenter d'un cliché et d'associer image-mots.

On plonge avec lui dans le danger, le chaos, l'horreur, l'angoisse et l'attente...

On imagine les situations dangereuses, les enquêtes, les négociations, les rencontres aussi...toutes ces personnes aux mœurs discutables mais qu'il faut interviewer pour nous livrer ces informations,

c'est du vrai journalisme, de l'action et du terrain,

c'est à lire...

Cet essai pamphlet, bien informé et rédigé d'une plume alerte, a aussi une valeur pédagogique. Mais, comme il le souligne dans sa conclusion, ce «petit» ouvrage ne pèsera pas lourd «comparé au poids du béton et de la ferraille».
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..