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Critiques de Philippe Vérole (2)
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Voyage au bout de l'ennui

Chanteur des Cadavres, groupe de Punk-Rock créé à la fin des années 70, Philippe Vérole a tenu des chroniques de fin 1992 à fin 1995. En 2016, elles sont éditées…



Mais de quoi parlent ces chroniques ? Eh bien un peu de tout en fait. Sur la route des concerts des cadavres, dans la camionnette, ou parfois dans le train, Vérole observe et note. Il écrit ce qu’il lui passe par la tête à chaque instant. Parfois ce sont des pensées liées au concert à venir, à ceux passées, à l’état du monde, de l’humain, des relations dans le groupe. Avec une plume parfois poétique, parfois philosophique, et un humour souvent mordant, le chanteur laisse transparaitre un certain ennui des trajets, des autoroutes, ou même des concerts eux mêmes. Un état d’esprit probablement présent à l’époque mais que lui même remet en question à la fin du livre, remarquant que le groupe s’et reformé plusieurs fois et prend du plaisir à jouer, et qu’il aime retrouver l’adrénaline de ces moments. On notera d’ailleurs que chaque chronique se termine par une évaluation du concert, de la nourriture et de l’hébergement !



Illustré de photos et de dessins issues d’affiches ou de pochettes d’albums, le livre se lit assez rapidement et avec plaisir. On sourit et on se nourrit de certaine réflexion de Vérole. Dont il n’est guére étonnant que les pensées soient aujourd’hui plus actuelles que jamais (la montée du FN, la société de consommation, l’état de la planéte etc…). Les 142 pages de l’ensemble se suivent, et la répétitivité de la structure ne faire que renforcer le sentiment d’ennui du bonhomme qui traverse la France pour chanter, boire, et essayer de faire bouger un public pas toujours réceptif. Le lecteur de ce livre sera, lui, bien plus attentif !
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La morsure du quotidien

Cette fois, Philippe Vérole s’associe à Lyssa L. pour écrire. Finie les road-chroniques. Ce sont ici 26 textes aussi joyeux que l’est l’état de notre monde qu’ils nous proposent…



Et si le duo ne s’est pas fixé de contrainte, c’est pour notre plus grand plaisir. Epinglant, au fil des poémes ou des textes libres, la société de consommation, le progrés, l’ennui du monde, une planéte qui se meurt, la futilité des actions, la prédominance de l’économie (« L’argent est la putain commune à tous les hommes. Pour sa survie, le monde peut attendre »), c’est au final toute l’absurdité de ce monde qui est étalé au fil des phrases. C’est frontal, sans fard, mais parfois c’est bizarrement beau, et surtout parfois férocement drôle. Car quand on va au bout de ses idées, on peut les tourner comme on veut, le résultat sera forcément impactant.



Mais en plus de ça, ce livre est sacrément beau. De la police d’écritures aux quelques illustrations, sans parler de la couverture, on en vient à regretter que tout ça ne soit pas relié autrement qu’en papier. Difficile cependant de l’en accuser tant la forme colle au fond. Jusqu’à l’écriture à 4 mains que l’on aurait même pas soupçonné sans le savoir, tant le tout semble cohérent. On sort de la lecture un rien défait, mais forcé d’admettre que… on n’est pas sorti de l’auberge. On n’en sortira pas.
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