De Descartes et sa fameuse cire, aux théories des prédicats du linguiste Gottlob Frege en passant par l'Abécédaire de Deleuze, la bédéaste Catherine Meurisse ballade ses crayons en terres philosophiques.
Né d'une collaboration avec Philosophie Magazine depuis 2017, ce recueil de planches est publié sous le titre "Humaine trop humaine" (Dragaud 2022). Contes philosophiques, bien au-delà de l'illustration d'obscures concepts, Catherine Meurisse explore avec finesse et humour les grandeurs et petitesses du panthéon des philosophes.
#BD #philosophie #bandedessinee
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Will Self à déclaré : 'Les gens ne savent plus où ils sont. À notre époque post-industrielle... n'importe qui peut partir rendre visite aux pigmées de l'Ituri, mais combien de personnes ont fait à pied le chemin qui va de l'aéroport à leur maison ?'
La postérité a fait de lui une horloge. Un casanier réglé comme un coucou suisse. Vie amoureuse atone, pas de voyages, l'archétype du pur cerveau dont les rouages cliquettent au rythme de sa marche quotidienne par les sept ponts de Königsberg.
Comment devient-on de droite (quand on ne l’était pas auparavant) ? Au fond, j’ai une hésitation, un vrai doute à ce sujet : est-ce qu’on passe à droite quand on adopte un comportement et des valeurs plus individualistes ? Ou quand on adhère à une certaine vision des enjeux collectifs ? Les deux arguments sont défendables.
Quand j’habitais à la campagne, je me souviens de discussions avec un paysan à la retraite, Marcel, qui avait travaillé dans les années 1980 comme routier, puis comme conducteur d’engins sur les chantiers. Il m’expliquait que lorsqu’il avait débuté dans le métier, n’importe quel chauffeur qui en voyait un autre en rade, sur le bas-côté de la route, se garait pour l’aider à recharger sa batterie ou à changer son pneu. Mais le progrès du management, l’optimisation des temps de voyage ont rendu cette solidarité concrètement impossible, et les coups de main spontanés ont disparu, disait-il, au cours des années 1990. C’était bien avant la géolocalisation et la possibilité pour les entreprises de transport de tracer leurs véhicules en temps réel et de comparer les performances de leurs salariés sur des trajets identiques. Cet exemple me revient souvent à l’esprit, car je pense que les conditions de vie actuelles, l’état de notre civilisation sont tels que nous sommes tous, très souvent, ce chauffeur qui ne s’arrête pas : nous avons à produire (et à consommer) sur un rythme si précis, si soutenu, que l’entraide ou même l’écoute de l’autre seraient une perte de temps. Autrement dit, la solidarité est une victime collatérale de l’accélération ; et l’on deviendrait de droite à travers les multiples conduites qui témoignent qu’on a été gagné par l’individualisme libéral.
Dans un siècle,
Le 14 Mai 2120,
Mon cher enfant,
Ton message m'a blessé, j'ai surtout mal pris que tu me qualifie de "sectaire" ; aussi voulais-je te rappeler d'où nous venons, quelle est notre tradition et d'où proviennent les valeurs que j'aimerais te voir, à ton tour, adopter.
C'était il y a presque un siècle, en 2020, que se produisit le grand Schisme. D'abord dans l'hémisphère nord puis dans l'hémisphère sud, l'humanité se sépara en deux voies. A cette époque, une maladie infectieuse apparue en Chine s'était propagée, et, faute de vaccins ou de traitement, les Etats n'eurent d'autre recours que d'imposer un confinement.
Les frontières furent fermées et la circulation des personnes interdite. Mais quand le pic de l'épidémie fut franchi et que la nécessité de cette mesure cessa, naquit un nouveau mouvement éthique spontané que personne n'avait vu venir.
Bien sûr la majorité du vulgum pecus s'empressa de recouvrer sa liberté. Mais un petit nombre d'humains choisirent de rester confiné. Certains purent négocier avec leur employeur de continuer à travailler à distance ; d'autres étaient free lance ou le devinrent.
Si le commerce mondialisé et les rivalités économiques reprirent leur cours, si les mégalopoles se remirent à trépider, quelques esprits indociles résolurent ainsi d'emprunter une autre trajectoire historique. On les compara aux moines renonçant en Europe, aux Mormons en Amérique du Nord, aux otakus au Japon. Ils prirent l'habitude d'assurer eux-mêmes l'éducation de leurs enfants et se tournèrent vers des activités intellectuelles - la lecture, l'écriture, la recherche scientifique, la composition musicale. Je ne crois pas exagérer de dire qu'ils devinrent la conscience du monde. Du reste, ils souhaitaient qu'on les appelle plus les "confinés"; c'est pourquoi nous nous désignons nous-mêmes comme "les citoyens du confins".
Nous sommes fiers de la manière dont s'organise les mariages dans notre communauté. S'il y eut de simples unions de voisinages lors des premières générations, il apparût assez vite que celles-ci n'étaient pas souhaitables. C'est pourquoi des sites spéciaux furent créés , afin que les jeunes citoyens et citoyennes des confins fassent connaissance, chastement et à distance. On ironise parfois ; il parait téméraire de promettre à un être qu'on a jamais tenu dans ses bras l'unité de lieu jusqu'à ce que la mort nous sépare. Cependant, nulle part ne se rencontre un sentiment de tendresse amoureuse et des liens de filiation aussi puissants qu'entre citoyens du confins, j'en suis sûr.
Maintenant tu as dépassé l'âge de la maturité immunitaire, mon cher enfant, tu es bien sûr libre de tes choix. Tu m'expliques que tu es sorti de chez toi, que tu t'es rendu dans un bar, que tu y as rencontré une belle habitante du siècle et que tu es tombé amoureux. Je suis content que tu mènes cette expérience. Mais j'espère que tu comprendra, la nature faible et passagères des satisfactions que te procurera le Dehors (sans compter que ton espérance de vie, si tu rejoins le Siècle, sera beaucoup plus brève), et que tu reviendra trouver ta place parmi nous.
Je serais toujours là pour t'accueillir.
Tendrement,
Ton Père
Les souvenirs du passé nous appesantissent, les conceptions utopiques ou dystopiques du futur nous égarent ; seul l’événement présent nous rend libres.
Leibniz m'a fait comprendre que le mal est le problème le plus important.
Marqué par les conflits qui hantent nos mémoires, l'écrivain philosophe Jérôme Ferrari interroge dans ses romans la question du mal. Cette obsession est nourrie par la lecture de Leibniz qu'il considère comme le premier penseur à y avoir réfléchi.
Cliquer ou résister ? Les stratégies des classiques
Vous acceptez d’être surveillé parce que cela vous arrange ou vous indiffère ? Vous cherchez à combattre la manipulation dont vous faites l’objet ? Quatre philosophes peuvent vous aider à vous repérer.
'Je ne vois qu'un moyen de savoir jusqu'où l'on peut aller : c'est de se mettre en route et de marcher' Henri Bergson, 'La conscience et la vie', conférence du 29 mai 1911, in L'énergie sprirituelle. Essais et conférence, p. 8.
"Dans la vie, tu fais face à une alternative angoissante ; ou bien tu jouis de l'instant, au risque de te perdre dans un plaisir d'esthète un peu vain ; ou bien tu fais un choix plus éthique, mais aussi plus pesant, en assumant toutes tes responsabilités"
(Grand résumé de "Ou bien ou bien ..." (1843) de Soren Kierkegaard par Philosophie Magazine 139, page 83).
Un Européen dans la jungle, c'est encombrant, c'est trop grand, ça ne sait pas bouger, ça ne sait rien faire, donc, c'est dangereux.