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Citations de Pier Paolo Pasolini (363)


Bien que l'Inde soit un enfer de misère, il est merveilleux d'y vivre, parce qu'elle est presque absolument dépourvue de vulgarité.
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A moi

Dans ce monde coupable, qui se contente d'acheter et de mépriser,
le plus coupable, c'est moi, desséché par l'amertume.

(p.76)
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La Julia

I

Nous Lui demandions la pitié. Et Lui nous donnait la mort.

Pas à nous. Non.

Pas à ce village,

Et nous, au lieu

De Le blasphémer, nous Le prions encore et regardons vers lui, enluminé dans le Ciel, entouré de ses nouveaux jeunes,

Nus, blessés, transis de froid.

Notre salut ne nous donne pas le droit d'oublier ces morts, mais bien de les pleurer toujours et d'en vouloir à la vie qui est en nous parce qu'elle n'est plus en Eux.

Oui, il nous faut pleurer parce que nous avons leur gaieté.

Parce que nous respirons leur air.

Parce que nous voyons leur maison.

Parce que nous nous lavons dans leur ruisseau.

Parce que nous nous chauffons à leur soleil.

extrait de la Partie Poèmes oubliés page 22 du livre
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Avant de paraître en Italie et d’entrer avec éclat dans l’actualité littéraire - comme nous espérons que cela va se produire ces jours-ci - le livre de Joyce a connu une très longue période d’incubation au sein de la littérature aristocratique. Lorsque j’étais adolescent, Joyce faisait déjà figure de modèle et de mythe, le plus grand peut-être après Proust, au point de surpasser certainement de très loin non seulement Mann mais aussi les grands auteurs américains qu’on découvrit, du moins en Italie, pendant l’entre-deux-guerre.

De l’objectivité d’Ulysse (Joyce et Proust), p. 34-35
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Pier Paolo Pasolini
Les antiques saveurs



extrait 1

Avec effroi, j’ai posé une guirlande
de fleurs fraîches et funèbres
sur les cheveux presque allemands
de ma jeunesse :
chaudes soirées
et midis dans un cimetière
saturé du soleil
de ma mère et des enfants nés
en des pays à jamais perdus pour moi.

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Pier Paolo Pasolini
Je vois maintenant un enfant



Je vois maintenant un enfant qui revient de la fontaine
avec deux brocs d’eau pleins :
il marche dans l’air clair du pays,
qui est pour moi un pays inconnu.

Pourtant, lui, l’enfant, est pour moi un visage familier,
avec le ciel qui pâlit dans une funèbre douceur
et les maisons qui s’abandonnent peu à peu à l’ombre
tandis que sur la placette tout est écrasé
par un son de trompette accablant.

C’est le déclin du jour,
et je me souviens du nombre infini de jours
que j’ai vu mourir ainsi…
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Pier Paolo Pasolini
[Pamphlet à l’adresse des étudiants italiens qui se sont battus contre des policiers en mai 68]

Lorsque hier, à Valle Giulia, vous vous êtes battus avec les policiers, moi, je sympathisais avec les policiers. Car les policiers sont fils de pauvres. Ils viennent de sub-utopies, paysannes ou urbaines. Quant à moi, je connais assez bien leur façon d’avoir été enfants et garçons, les précieuses mille lires, le père resté garçon lui aussi, à cause de la misère, qui ne donne pas d’autorité. La mère endurcie comme un portefaix, ou attendrie par quelque maladie, comme un oisillon ; la fratrie nombreuse ; le taudis au milieu des potagers de sauge rouge (sur des terrains privés, squattés) ; les bassi sur les égouts ; ou les appartements des grands ensembles d’habitations populaires, etc. etc.

(...) Ils ont vingt ans, le même âge que vous, chers et chères. Evidemment, nous sommes d’accord contre l’institution de la police. Mais prenez-vous-en à la Magistrature, et vous verrez ! Les garçons policiers que vous, par pur vandalisme (attitude dignement héritée du Risorgimento), de fils à papa, avez tabassés, appartiennent à l’autre classe sociale. À Valle Giulia, hier, il y a eu ainsi un fragment de lutte de classe : et vous, très chers (bien que du côté de la raison) vous étiez les riches, tandis que les policiers (qui étaient du côté du tort) étaient les pauvres. Belle victoire, donc, que la vôtre ! Dans ces cas-là, c’est aux policiers qu’on donne des fleurs, très chers.
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Rien n'oblige autant à regarder les choses que de faire un film. Le regard d'un écrivain sur un paysage champêtre ou urbain peut exclure une infinité de choses, en découpant de leur ensemble uniquement celles qui émeuvent ou qui sont utiles. Le regard d'un metteur en scène sur le même paysage, ne peut pas, à l'inverse, ne pas prendre conscience, en dressant quasiment une liste, de toutes les choses qui s'y trouvent.
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Un des thèmes les plus mystérieux du théâtre tragique grec est celui de la prédestination des fils à payer les fautes des pères.
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Et les vaches sur les routes qui se mêlaient à la foule, qui s’affalaient parmi les affalés, flânaient parmi les flâneurs, s’immobilisaient parmi les immobiles : pauvres vaches au pelage maculé de boue, maigres à en devenir obscènes, certaines aussi malingres que des chiens, dévorées par le jeûne, le regard éternellement attiré par des objets voués à une éternelle déception.
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C'est lundi, maman, c'est lundi,
un lundi qui n'en finira jamais plus.
Mon temps se tient à la lumière
à jamais vivante d'un jour
mort, d'une fête vide,
d'une terre libérée dans le ciel,
revivant la soif
des premiers printemps,
angoissés sous les premières étoiles.
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Il portait un béret tiré jusque sur les narines, ancien, vieux, et si poisseux que si on l'avait tordu il en serait sorti du saindoux.
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[...] je me suis trouvé là, physiquement, d'un côté les journaliers tous ensemble liés par leurs drapeaux, leur foulard rouge autour du cou ; de l'autre côté, les patrons. Et voyez-vous, sans la moindre lecture marxiste, tout naturellement, je me suis rangé du côté des journaliers frioulans. C'est là qu'a commencé, concrètement, dirais-je, poétiquement, physiquement, mon marxisme.
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Pasolini, a écrit Moravia, son habituel compagnon de voyage, pressent l'Afrique avec la même approche poétique et singulière que celle avec laquelle, en son temps, il a su deviner les banlieues et le sous-prolétariat romain.
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Tout le cosmos était là, dans ce pré, sous ce ciel, dans ces horizons urbains à peine visibles et dans cette enivrante odeur estivale.
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Il pleut sur les confins 


Petit garçon, le Ciel pleut
sur les foyers de ton pays,
sur ton visage de rose et de miel
le mois naît pluvieux. 

Le soleil noir de fumée,
sous les branches des mûriers
te brûle, et, aux confins, 

toi seul chantes les morts. 


 
Petit garçon, le Ciel rit 

sur les balcons de ton pays ; 

sur ton visage de sang et de fiel, 

le mois meurt rasséréné.
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Cher Alberto,

je t'envoie ce manuscrit pour que tu me donnes un conseil. C'est un roman, mais il n'est as écrit comme sont écrits les romans [véritables] : sa langue est celle qu'on adopte pour le essai, pour certains articles journalistiques, pour les critiques littéraires, pour les lettres personnelles ou même pour les poèmes : rares sont les passages que l'on peut qualifier de [nettement] narratifs et dans ce cas, ce sont des passages narrativement tellement découverts ("mais maintenant arrivons-en aux faits", "Carlo marchait") (...) qui rappellent plutôt la langue des synopsis ou des scénarios que celles des romans classiques : autrement dit, il s'agit de 'passages narratifs à proprement parler' fait 'exprès' pour suggérer le roman.

Dans le roman d'habitude, le narrateur disparaît, pour laisser la place à une figure conventionnelle qui est la seule qui puisse avoir un véritable rapport avec le lecteur. Véritable, justement parce que conventionnel. C'est si vrai qu'en dehors du monde de l'écriture - ou, si tu préfères, de la page et de sa structure telle qu'elle se présente à quelqu'un du métier - le vrai protagoniste de la lecture d'un roman est précisément le lecteur.

Or dans ces pages je me suis adressé au lecteur directement et non pas de façon conventionnelle. Cela veut dire que je n'ai pas fait de mon roman un 'objet', une 'forme', en obéissant donc aux lois d'un langage qui en assurerait la nécessaire distance par rapport à moi (...) presque, carrément en m'abolissant, ou à travers quoi je me nierais généreusement moi-même, en jouant humblement le rôle d'un narrateur pareil à tous les autres narrateurs. Non : j'ai parlé au lecteur en tant que moi-même, en chair et en os comme je t'écris cette lettre, ou comme souvent j'ai écrit mes poèmes en italien. J'ai rendu le roman objet non seulement pour le lecteur mais aussi pour moi : j'ai mis cet objet entre le lecteur et moi, et j'en ai discuté en même temps ( comme on peut le faire tout seul, en écrivant).
Maintenant, au point où j'en suis arrivé (voilà la raison de cette lettre), je pourrais récrire complètement ce roman à partir du début, en l'objectivant : c'est-à-dire en disparaissant en tant qu'auteur réel, et en jouant le rôle du narrateur conventionnel (qui, (...), est beaucoup plus réel que le narrateur réel) : je pourrais le faire je le répète. Mais si je le faisais, j'aurais devant moi une seule route : celle de l'évocation du roman. Autrement, je ne pourrais pas faire autre chose qu'aller au bout d'une route sur laquelle naturellement je me suis mis en marche. Tout ce qui, dans ce roman, est romanesque, l'est en tant qu'évocation du roman. Si je donnais corps à ce qui n'est que potentiel, à savoir si j'inventais l'écriture nécessaire pour faire de cette histoire un objet, une machine narrative qui fonctionne toute seule dan l'imagination du lecteur, je devrais forcément accepter ce caractère conventionnel qui est, au fond, un jeu. Je n'ai plus envie de jouer (vraiment, jusqu'au bout, c'est-à-dire en m'appliquant avec le sérieux le plus total); c'est pourquoi je me suis contenté de raconter comme j'ai raconté. Voici le conseil que je te demande : ce que j'ai écrit suffit-il à dire dignement, poétiquement ce que je voulais dire ? Ou bien serait-il nécessaire que je récrive tout sur un autre registre, en créant l'illusion de la vie vécue et demeurée intacte derrière moi, révélant comme de vraies réalités ces choses qui semblaient simplement naturelles ?
Je voudrais que tu tiennes compte, dans tes conseilles, du fait que le protagoniste de ce roman est ce qu'il est, à part les analogies de son histoire avec la mienne, ou avec la nôtre - analogies de milieux ou de psychologie, qui sont des pures enveloppes existentielles, utiles pour donner un aspect concret à ce qui arrive à l'intérieur d'elles-mêmes -, répugnant pour moi : j'ai passé une longue période de ma vie en sa compagnie, et il me serait très pénible de recommencer à zéro pour une période qui serait probablement encore plus longue.
Bien sûr, je le ferais, mais ça devrait alors être absolument nécessaire. Ce roman ne sert plus à grand-chose dans ma vie (comme les romans ou les poèmes que l'on écrit dans sa jeunesse), ce n'est pas une proclamation, hé, hommes ! j'existe, mais le préambule d'un testament, le témoignage de ce peu de savoir que quelqu'un a accumulé, et qui est complètement différent de ce à quoi il s'attendait /ce qu'il imaginait/!
ton
Pier Paolo
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Note 37
Quelque chose d'écrit

A la fin de mon "Argonautique", je sens que je dois quelques explication au lecteur, en me référant à tout ce que je disais dans la Note22i à propos de la stylistique 'bizarre' dans un roman qui s'est proposé d'être austèrement normal. Il s'agissait alors de l'insertion d'un 'graphique', il s'agit ici de la longue insertion d'un texte grec ou néo-grec (ou plus précisément du néo-grec littéraire utilisé par Cavafy). Eh bien, ces pages imprimées mais illisibles veulent proclamer d'une façon extrême - mais qui se pose comme symbolique, également pour le reste du livre - ma décision : qui n'est pas d'écrire une histoire mais de construire une forme (...) consistant simplement en 'quelque chose d'écrit'. Je ne nie pas que certainement la chose la meilleure aurait été d'inventer carrément un alphabet, si possible de caractère idéogrammique (...) mais ma formation culturelle et mon caractère m'ont empêché de construire ma 'forme' à travers de semblables méthodes, extrêmes, oui, mais extrêmement ennuyeuses. Voilà pourquoi j'ai choisi d'adopter, pour ma construction autosuffisante et inutile, des matériaux apparemment significatifs.
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Autour des bûchers, nous voyons beaucoup d'Indiens, recroquevillés, avec leurs inévitables guenilles. Aucun ne pleure, aucun n'est triste, aucun ne se préoccupe d'attiser le feu : tout le monde semble simplement attendre que le bûcher s'éteigne, sans impatience, sans le moindre sentiment de douleur, ou de peine, ou de curiosité. Nous marchons entre eux qui, toujours aussi tranquilles, gentils et indifférents, nous laissent passer, jusque tout près du bûcher. On ne distingue rien, simplement du bois bien arrangé et attaché, au milieu duquel le mort est serré : mais tout se consume et les membres sont indiscernables des bûches. Il n' y a aucune odeur, sinon, l'odeur délicate du feu.
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Vues de loin, les foules indiennes restent gravées dans la mémoire, avec ce geste d'assentiment, et le sourire enfantin et radieux dans le regard, l'accompagnant toujours. Leur religion tient dans ce geste.
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