Grabinoulor jaillit brusquement de l’imagination de Pierre Albert-Birot à Royan, un beau matin de juin 1918. Et PAB passa le reste de sa vie - cinquante années d’inlassable écriture, révisions et corrections - avec son héros qui appartient à la lignée des Pantagruel, Don Quichotte, Jacques le fataliste mâtiné de Neveu de Rameau, Tristram Shandy, Ingénu doublé de Zadig ou de Candide, ou encore de Stephen Dedalus, et qui, pendant la durée de son livre ne vieillit pas plus que Mickey Mouse, Tarzan, Tintin ou Monsieur Songe. Héros heureux, solaire, sorte de démiurge auquel tout, exactement tout, est possible, Grabinoulor n’est freiné ni par l’espace, ni par les contraintes, ni par la morale, ni par la foi. Pas un surhomme, mais un être absolu, à la curiosité illimitée, il veut tout voir, tout savoir, rencontrer tout ce qui existe, n’existe pas, existera peut-être. Véritable journal de la vie imaginaire, Grabinoulor se veut une vaste et joyeuse encyclopédie, balayant l’histoire de tous les peuples, y compris ceux des mythologies, des origines à après nos jours.
Un livre où règne l’imaginaire - “tout ce qui est imaginé est vrai”, affirme l’auteur - aussi bien que le plus dérisoire quotidien.
Mais d’abord et surtout, le déferlement épique du Verbe triomphant. En effet, le souffle de l’écriture balaie la ponctuation, la rend inutile : la syntaxe en tient lieu. Mille pages conçues comme un seul jet, sans ponctuation aucune. Ni virgule ni point, seul un découpage en Livres et chapitres. Et un point final qui ne fait que suspendre une aventure éternelle.
Arlette Albert-Birot
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Quatre poèmes, entre 1919 et 1939, de l'auteur de "Grabinoulor".
Recueil assemblé par Poésie Gallimard regroupant quatre œuvres, écrites entre 1919 et 1939, de l'atypique poète Pierre Albert-Birot, proche d'Apollinaire, encensé par les dadaïstes mais largement à l'écart des surréalistes, malgré les apparences et malgré l'admiration témoignée par Max Jacob.
Surtout connu pour l'énorme épopée "Les six chants de Grabinoulor", le poète apparaît sous des jours contrastés dans ces quatre poèmes, dans lesquels "Ma morte" (1931), poignant hommage à sa femme décédée, tient une place particulière, tandis que "La joie des sept couleurs" (1919) est peut-être le plus emblématique de cette "joie de vivre désespérée" qui pourrait être sa marque de fabrique...
"Poèmes à l'autre moi" (1927) est certainement le plus fort des quatre présentés ici, présentant plusieurs fulgurances réellement saisissantes, tandis que "La panthère noire" (1939), "poème en cinquante anneaux et cinquante chaînons", témoigne d'un talent à l'écriture sous contraintes qui annonce déjà, paradoxalement, certains travaux oulipiens...
Une belle introduction à un poète décidément inclassable, incarnant peut-être un étrange avatar d'un Apollinaire qui ne serait pas mort prématurément...
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Une exception dans le paysage éditorial des éditions Møtus puisque ce titre n’est pas un inédit. Ce sont des poèmes choisis de Pierre Albert-Birot (1876-1967). Cet auteur, ami d’Appolinaire, a exploré différentes formes de poésie : la visuelle avec des poèmes affiches ou pancartes dont on trouve ici quelques exemples ; la sonore avec des poèmes à crier et à danser ; enfin l’audiovisuelle avec des ciné-textes poétiques.
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Publié en 1934 chez Denoël et Steele, ce livre a été réédité en 1986 aux éditions de l'Allée. C'est cette édition que vous pourrez lire facilement au format ePub, édition diffusée par la société FeniXX en vertu d'une licence confiée par la Sofia - Société Française des Intérêts des Auteurs de l'Ecrit.
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