AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pierre Barrault (27)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Tardigrade

Mon fils regarde la série documentaire Cosmos sur Netflix présentée par Neil deGrasse Tyson. Dans un épisode il a découvert les tardigrades. Il m'a donc demandé de lui trouver un livre sur le sujet. J'ai trouvé celui-ci et franchement… nous sommes très déçus.



« Le tardigrade vous intrigue, le tardigrade vous étonne, le tardigrade vous tarabuste, le tardigrade vous démange. Ce livre s'adresse tout particulièrement à vous. » (4ème page de couverture).



Il n'y pas de quoi remplir une page pour en apprendre plus sur ce panarthropode.



Je n'ai rien compris à cette histoire absurde. Je serai bien incapable de dire de quoi il est question ?



«Suis-je ou non une patate ? Suis-je une marmite ? »



Pour info le livre Herrn Karl Bonnets Abhandlungen aus der Insektologie de 1773 est peut-être épuisé chez l'éditeur mais il est disponible en ligne sur Biodiversity Heritage Library :

https://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/47534#/summary



Challenge petits plaisirs 2018 (7)





Commenter  J’apprécie          230
Clonck et ses dysfonctionnements

Qui sait où se trouve Clonck ? C'est une ville, à x km au sud, au nord, à l'est et à l'ouest. de quoi ? Euh...estce si important ? C'est Clonck et ses Clonckois (ou Cloncquiens ou...je ne sais pas!). Voilà tout.



Et dans Clonck, il y a un office où les supérieurs donnent des tâches à faire à Aughrim et Podostrog, parmi lesquelles trouver Perstorp. Comment cela vous trouvez que les noms sont bizarres ? C'est loin d'être fini ! Je pourrais vous en citer des dizaines comme cela !



Et nous voilà embarqués pour un voyage en absurdie. Une petite erreur espace-temps, et c'est un rendez-vous manqué. Une association pour dépister les dysfonctionnements (on imagine ça dans nos bons services publics...) qu'on finance avec des dons payés en guppys (pas le poisson, c'est une monnaie). Un énigmatique Logstor, à qui il faut répondre de tout et qui peut tout solutionner. Et qui assène au pauvre Aughrim : « Le système de Clonck est complexe et votre présence est un problème de plus, que vous le vouliez ou non. Partez. » « Vous générez del'entropie. Nous avons suffisamment de travail. Partez. » Délicieuse société...



Un regard qui cisèle les scènes de rue et les restitue dans leur absurdité. Un regard acéré qui critique, mais avec bonne humeur, les stupidités de notre monde actuel. Il y a quelque chose de Desproges, de Devos , de Magritte dans ce regard que les dessins de Claire Morel viennent illustrer.



Et on cherche toujours Perstorp... ! En suivant une femme au hasard, en sonnant aux portes. Mais à la fin, c'est qui Perstorp ? Euh...



Une petite bouffée de folie salutaire dans un été surchauffé, entre coupe du monde (On a Gâââgné!) et ressassage politique médiocre....





Commenter  J’apprécie          90
Catastrophes

Catastrophe ultraviolette, erreurs holographiques, disjonctions quantiques, altérations et répétitions dans les trouées de l'espace-temps ; autant d'autres façons d'organiser un récit. Catastrophes est une suite de fragments, de situations absurdes et oniriques qui se répondent et se superposent. Dans un éclat de rire, dans une inquiétude attentiste aussi, Pierre Barrault illustre la trouble irréalité de nos vies.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          60
Protag

Duplicata à l’absurde, par un photocopieur détraqué, des rocambolesques aventures d’un espion nommé Protag. Jeu malin sur les variantes du récit, sur tout ce que le roman d’espionnage peut avoir d’emprunté, de redites de situations caricaturales, d’invraisemblances sans doute aussi. Protag propose un insidieux basculement dans l’absurde, dans son comique mais surtout dans une interrogation sur l’identification à un personnage qui jamais n’est autre chose qu’un duplicata. Pierre Barrault pastiche admirablement le roman d’espionnage, en de très courts fragments qui le réduise à l’essentiel (dissimulation et à de rocambolesques pirouettes physiques) dans une poursuite effrénée de scientifiques hongrois, de micro-film et d’une dangereuse caméra thermique.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          50
Catastrophes

De secrets fragments quantiques pour prétendre, en beauté, évoquer l’absurde et ce faisant, en poésie, dévoiler le réel.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/12/16/note-de-lecture-catastrophes-pierre-barrault/



Sous le signe mystérieux d’une catastrophe ultraviolette (qu’un inspecteur aux allures de Derrick ou un commissaire de chez Falco confirmera bien en UV-Katastrophe – le moment venu, ce sera au tour du narrateur de trouver un assassin), évoquant des marins ivres dans un port qui n’est pourtant pas celui d’Amsterdam, identifiant le pouvoir des clichés grâce à des choucroutes et à des tartes flambées, oscillant par moments dans d’ineffables décors de dessin animé, croisant régulièrement Patrick McGoohan dans son personnage du « Prisonnier » (Est-ce que « Le parfum du jour est fraise » ?) et devant se méfier bien plus souvent des sosies de François Berléand, dont on sait depuis un certain épisode de « Dix pour cent », et même sans canard géant, à quel point, paradoxalement, les piscines ici presque inaccessibles et les baignoires ici presque omniprésentes peuvent les attirer, résolvant comme on le peut le problème des miroirs (qui ne se limitent pas à la création de sourires terrifiants), repérant d’étranges boucles temporelles lorsque, par exemple, une scène se répète, et observant trop souvent des bugs dans la matrice (pardon, des dysfonctionnements holographiques), « Catastrophes » évolue dans un continuum espace-temps à part entière, adjacent par moments à ceux de Philippe Annocque (« Mémoires des failles ») ou de Frédéric Fiolof (« La magie dans les villes »), un lieu mobile et métamorphe où évoluent à l’occasion des animaux-bogue (comme en témoigne la superbe illustration de couverture conçue par Hugues Vollant), des éléphants mécaniques empruntés aux Machines de l’Île, ou une très borgésienne preuve par les passagers du bus Ejecutivo 033 de l’existence de Dieu. Et c’est bien en compagnie des physiciens théoriques Paul Ehrenfest et Bernard d’Espagnat (dont certains fragments de philosophie de la mécanique quantique surgissent en rappel à la dernière page de l’ouvrage) que Pierre Barrault apporte ici son précieux atome de sagesse paradoxale, dissimulé dans de lumineux protocoles fantômes, à la recherche d’un réel diablement voilé.
Commenter  J’apprécie          50
L'aide à l'emploi

Caustique, absurde, jubilatoire, « L’aide à l’emploi » de Pierre Barrault est un miroir sociétal absolument satirique, déformé et caricatural.

Le carnaval de Diogène est quelque sorte.

Il faut un sacré côté libre pour écrire un tel livre qui tressaute dans nos mains.

Il prononce les travers de l’humain dans une plongée en eaux troubles.

« Artalbur » est un homme angoissé. Hypocondriaque, son intestin parle en son nom. Ce dernier est trop long !

Il habite une ville où tout est étrange, au paroxysme d’une folie douce. Cette ville est contrôlée par une intelligence artificielle nommée : « Cron ».

Nous sommes dans les arcades politiques, osées, et Pierre Barrault subtilement, pointe du doigt la bureaucratie, les hiérarchies et les donneurs de leçon. « Artalbur » cherche/pas, du travail.

Les fragments sont des séquences au ralenti. Nous sommes dans les mouvances d’un presque nihilisme.

On ressent un bien-être dans cette lecture. Pierre Barrault nous offre un livre porte-bonheur. Le garant des rires. Il vaut mieux se moquer de soi-même et du monde, afin de surfer au mieux sur la vague des arrogances gouvernementales et sociétales.

Ne pas boire la tasse. Tel est l’adage de ce livre pétri de signes et de paraboles, de nuances et de prouesses verbales. L’emploi tourné en dérision et ce livre est un contre-pouvoir.

Loufoque et dans un même tempo, sous l’écorce de ce récit atypique, « L’aide à l’emploi » est démystifiée. Les tabous tombent, tels des as de pique. On comprend la porte ouverte sur le vide et les sidérations sociologiques. Croquant et craquant, frénétique, « L’aide à l’emploi » est un pas de côté précieux et déjanté.

Pierre Barrault ose la marginalité littéraire et c’est tant mieux. Un livre d’averses et d’éclaircies. Dans une collection poche « Les Nomades » au doux prix de 7,80 €. Publié par les Éditions Quidam éditeur.
Commenter  J’apprécie          40
Catastrophes

« Catastrophes » est un remède contre la morosité actuelle. Plus de Covid, plus de confinement ! Lisez ces échappées, ces morceaux d'architecture et vous verrez que tout peut changer au vent de la vie. Il fait un bien fou. Ose le pas de côté. Le style original, avant-gardiste est une réussite hors norme, tant Pierre Barrault semble « le Diogène » d'une littérature décalée, cubiste. Une mise en abîme d'un champ littéraire époustouflant, curieux et captivant. Doué, Pierre Barrault affûte ses mots, à la limite d'une chronique qui flirte entre la dérision, la satire, le libre-arbitre. On devine un auteur empreint d'humour. Les signaux sont vifs, clins d'oeil au conventionnel, qui, ici n'a pas sa place. « Je dois pour je ne sais quelle raison me rendre à Beaupréau, au sud-ouest du Maine-et-Loire. » Rappelez-vous ce nom d'une petite ville charmante que je connais… Elle est le point fixe de ces fragments, pavlovienne et réelle. « Pour avoir une chance de gagner Beaupréau je me suis offert les services d'un guide. Il ressemble à Frédéric Lopez. » « Catastrophes » est un patchwork de couleurs, de séquences, d'une subtilité rare. Des séquences qui sont des odes de surprises, des éclats de rire. Des tiroirs que l'on ouvre à fantaisie. Un pied de nez face à l'adversité, au pragmatisme. « Catastrophes » sous ses airs de détente, de folie douce, est la preuve des détournements d'un réel que l'on croyait inéluctable. On peut choisir Sa logique, l'image vue comme certifiée ou pas. « Notre toute petite fille a trouvé sur la terrasse un animal très étonnant. Il ressemble à une bogue de châtaigne sans châtaigne à l'intérieur. Il parle beaucoup… » On est en assise dans un livre qui rassure et pourvoit au doute. « Catastrophes » est un saut dans la flaque des aprioris qui sont les fléaux de notre contemporanéité. Il est bannière. Une traversée dans une littérature d'ouverture et de réenchantement de tous les possibles. Il est aussi un modèle d'écriture et de construction à analyser pour tous les étudiants en littérature. Original et crucial pour notre monde. Publié par les Editions Quidam éditeur.
Commenter  J’apprécie          40
Tardigrade

Avez-vous déjà entendu parler du ‘Tardigrade’ ? Non ? Vous feriez bien de vous renseigner, car ce tout petit animal aux propriétés étonnantes pourrait bien survivre à l’humanité dans une hypothèse apocalyptique ! Dans « Tardigrade », de Pierre Barrault, le narrateur s’empare du sujet, enfin…tente de s’en emparer, mais le tardigrade demeure insaisissable ! Donc vous n’apprendrez pas grand chose sur la minuscule bébête, en revanche, je vous promets des fous-rires en cascade, ce dont le tardigrade, notez-le bien, est certainement incapable : le rire n’est-il pas ‘le propre de l’homme’ ?!

Le narrateur nous raconte des fragments de son existence, interrompu de temps en temps par une tierce personne, qui le ramène au sujet principal : ‘- Certainement, mais qu’en est-il du tardigrade?’ En invariablement, le narrateur repart dans la description des mutations de son corps, de ses relations avec sa compagne, ses voisins…

J’espère juste que ce livre vous fera rire autant que moi ! Il est composé d’une suite de petites saynètes, n’ayant en apparence pas de lien narratif, encore que…il m’a bien semblé que progressivement le narrateur se transforme lui-même en tardigrade; la photo de couverture représente d’ailleurs cette ‘Métamorphose’ en cours (à ce stade, l’hybride n’a que 6 mains, alors que le tardigrade, le vrai, s’enorgueillit de huit petites pattes crochues). Le lecteur navigue dans un univers cubiste où le corps se transforme façon Picasso, mais on sent aussi une influence surréaliste, l’absurde fusionne avec la poésie. Les animaux étranges, les meubles récalcitrants, les personnages ridicules (Mme Cluche, Mme Chapouf, mon ami Desruines et le mystérieux Sustre) nous entraînent dans une ronde loufoque et hilarante. Si vous vous perdez en chemin, n’oubliez pas de contacter l’assistance technique. Pour la suite, cliquez sur le lien !
Lien : https://bit.ly/2I4kjGU
Commenter  J’apprécie          40
Tardigrade

Un livre d'une grande finesse, mêlant poésie et humour avec justesse. Pierre Barrault nous transporte dans son univers fascinant, et nous laisse rencontrer son tardigrade, un personnage curieux et attachant.
Commenter  J’apprécie          40
Tardigrade

Pierre Barrault est libraire à Paris. Certes, cette allitération est diablement réductrice et j’en conviens. Mais appeler le tardigrade « ourson d’eau », c’est à mon avis autrement plus maladroit, car il s’agit en ce qui concerne celui-ci d’une contrevérité (cf. la définition du dictionnaire). Pourquoi ? Simplement parce que le tardigrade de Pierre Barrault est en réalité un magnifique McGuffin, fruit des amours de son père pour le cinéma. Est-il pour autant hitchkockien ? Non plus. Ou plutôt, si : le tardigrade est inquiétant par certains aspects et peut selon la sensibilité du lecteur déclencher des crises d’angoisse. Et l’un des meilleurs remèdes à l’angoisse, c’est évidement l’humour, que Pierre Barrault maîtrise avec un talent sans pareil.



Je disais donc que le tardigrade est un élément moteur, un prétexte à s’immerger dans l’esprit biscornu d’un personnage principal, présenté à la première personne du singulier — donc en caméra subjective, à travers des instantanés au ton faussement didactique.



Dans ces courts chapitres dont l’enchaînement constitue une sorte de journal intime, Pierre Barrault relate le quotidien d’un personnage qui doit se colleter avec tout ce qui peut entrer en interaction avec ses sens. Le pauvre est affligé d’une lorgnette qui déforme à peu près tout ce qui pour nous est d’une évidence pléonastique, et c’est ainsi que l’humour de l’auteur va se déployer avec une intelligence qui défie notre sens commun.



Les amoureux de Topor (qui ont lu notamment « Portrait en pied de Suzanne), de Mr Bean, des Monty Python mais avant tout de la langue française vont adorer ce texte d’une drôlerie à la fois poétique et féroce.



Pierre Barrault a un carquois bien rempli et décoche à feu nourri l’hyperbole, l’hypothèse, l’aphorisme, la tautologie, le non-sens, le paradoxe, les superlatifs, le sens des contraires et ses oxymores pour faire mouche à chaque phrase.



Le corps, les objets et les lieux d’habitation sont des accessoires amovibles comme des jouets d’enfant qui donnent vie à des Golem qui eux-mêmes vont accoucher de nouveaux paradigmes et de paradoxes.



« J’ai tué tous mes ennemis, ensuite j’ai récupéré la matière dont ils étaient constitués, puis j’en ai fait des portes pour ma maison. Je sais qu’ils m’observent à travers les trous de leurs serrures. Mais ils auront beau chercher du matin au soir, ils ne relèveront rien de passionnant dans ma journée. Ma vie, je m’efforce de la rendre aussi terne que possible. Car je n’en ai pas encore fini avec eux. Loin de là. Je les ai tués une fois, c’est un début, à présent je tiens à les faire mourir d’ennui. »



Le narrateur emprunte ensuite au tardigrade ses capacités de résistance étonnantes, survit plusieurs fois à la mort, subit des métamorphoses kafkaïennes et porte sur la société et ses semblables et en toute circonstance un regard déformé par un monocle étrange, ramassé sans nul doute dans une des malles du grenier de Lewis Caroll.



« Si j’osais, je tuerais celui qui vit chez moi. C’est un gros monsieur qui dévore mes provisions, grossit encore et occupera bientôt tout l’espace de mon intérieur déjà très exigu, qui tantôt bavarde et tantôt n’y tient pas, me chasse du salon, qui dort dans mon lit puis au matin le couvre d’ordures, qui ronfle, qui tire à lui les draps, qui vend à bas prix mes hauts-reliefs, qui corne mes livres et piétine mes récoltes, qui déplace mes cachettes, qui mange les miettes de pain que j’ai semées, qui perd constamment mes clefs, qui souille, qui ment, qui triche, qui sale mon sucre et sucre mon sel ; pour rire, dit-il. Ah, si j’osais ! Seulement il ne faut pas. Car le visage de ce gros monsieur est pourvu d’une moustache et les moustaches sont si rares de nos jours que nous devons, au contraire, tout faire afin de les préserver : on l’exige. »



Est-ce encore son goût pour le cinéma qui a inspiré à Pierre Barrault la notule suivante qui illustre le célèbre aphorisme de Chris Marker, je cite : « l’humour est la politesse du désespoir » ? Avec Pierre Barrault, on a envie d’ajouter en le lisant : « et la poésie aussi ».



« Ma compagne et moi, nous chantons sous la douche. C’est ainsi depuis qu’ils nous ont coupé l’eau. Sans doute pensez-vous que nous sommes heureux comme ça. Au contraire. Laissez-moi vous dire que cette situation ne nous réjouit pas du tout. Nous chantons, mais détrompez-vous ; nous chantons des chansons tristes, d’une tristesse à pleurer, car il faut bien se rincer tout de même. »



Comment, en lisant cela, ne pas se rappeler que les SDF ne sont pas les seuls à mourir d’hypothermie : c’est également le cas de locataires que l’on prive de chauffage pour défaut de paiement. Car Pierre Barrault ne se contente pas de nous raconter une sorte de fable drôle, pragmatique, absurde et cruelle ; il sait également montrer sans dénoncer les défauts ordinaires, y compris des âmes caritatives dont on soupçonne parfois qu’elles servent autrui davantage pour se donner un but que pour dispenser du bien-être autour d’elles.



« Vous me demandez à quoi j’occupe ma vie. Je distribue des yeux à ceux qui n’en ont pas, des bouches, des poumons et des cœurs à ceux qui n’en ont pas. Je leur donne des jambes, des mains, des pieds s’ils en sont dépourvus. Ces organes, j’essaie de les distribuer équitablement, puis je les dispose de façon aléatoire. Car il s’agit d’aller à l’essentiel. Le nez se pose où il se pose, l’oreille se greffe où elle trouve une bonne place ; sur l’épaule, la plupart du temps, aussi étrange que cela puisse paraître. Il arrive que l’on se plaigne de mes services. Un bras qui s’agite au sommet du crâne et l’autre au milieu du dos, c’est un peu ridicule et ce n’est pas très pratique. J’entends bien. Ce sont des détails qui, je ne le nie pas, ont leur importance et dont je m’embarrasserais volontiers si j’en avais le temps. Mais il y a tant à faire encore, tant de besogne à abattre que je préfère laisser à d’autres le soin de peaufiner tout cela. »



Comment ne pas y voir également un clin d’œil à la médecine moderne ?



Toutes les formes d’humour ou presque sont utilisées dans le Tardigrade de Pierre Barrault, du comique de répétition à l’humour noir, et servent des thèmes dont on continue, au 21ème siècle, à rire effrontément : les expressions populaires, le complexe d’œdipe, la détestation de l’autre, l’angoisse de la mort, la peur de devenir fou, la pauvreté, les interactions sociales, l’empathie ou son absence, le bon sens, la psychologie du couple, la topographie des lieux d’habitation et de circulation, la dysmorphophobie, la morale et ses manières, la paranoïa, l’identité, etc.



La littérature nous a donné L’arrache-coeur et L’écume des jours par la plume de Boris Vian, elle nous donne aujourd’hui le Tardigrade et j’espère que Pierre Barrault continuera longtemps à la servir.
Lien : https://annadesandre.com/
Commenter  J’apprécie          40
Protag

Entrechoquant les motifs authentiques et les clichés déjantés du film d’espionnage, un petit monument hilarant de subversion et de ruse du langage, à savourer en parfum fraise, naturellement.





Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/09/04/note-de-lecture-protag-pierre-barrault/



Avec « Clonck et ses dysfonctionnements » (2018), « L’aide à l’emploi » (2019) et « Catastrophes » (2020) – on concèdera que son premier roman, « Tardigrade » (2016), est d’une nature différente, et explore autre chose -, Pierre Barrault démonte depuis plusieurs années ce qui sépare les motifs et les clichés, en les entrechoquant et en les confrontant au comique de répétition, à l’absurde et à ce que l’on pourrait appeler un comique de dislocation, et démonte ainsi également ce que cette distance entre les deux peut impliquer pour nos vies. Prenant pour cible de ses enquêtes toujours riches en rebondissements certaines formations (comme il y a des formations rocheuses au-dessus de plaques tectoniques) structurantes de nos vies et de nos imaginaires, telles que l’environnement informatico-administratif (et le substrat fort du codage numérique) dans lequel baignent nos cités (« Clock et ses dysfonctionnements »), le nuage d’assistance et de contrôle obsessionnel qui régit notre rapport social au travail (« L’aide à l’emploi »), ou encore de la lecture pré-apocalyptique des événements et coïncidences qui attaque désormais les noyaux familiaux les plus fondamentalement innocents (« Catastrophes »), il démontre à chaque occurrence à quel point, y compris dans des domaines souvent d’abord insoupçonnés, le langage informe nos pensées et nos pratiques, pour le meilleur et pour le pire.



En s’interrogeant, avec ce « Protag », publié en juillet 2022 chez Louise Bottu, sur les constructions et reconstructions qui habitent l’imaginaire invasif du film d’espionnage contemporain, et de la paranoïa obligatoire qu’il introduit subrepticement partout – y compris dans la dérision et le ixième degré -, il nous propose son texte sans doute le plus décisif – et néanmoins le plus foncièrement drôle – à ce jour.



Agent d’un service secret, doté d’un supérieur, de collègues, d’ennemis, de traîtres, de comparses et de sbires, mais aussi de gadgets électroniques, de préférences consuméristes, de tracas bureaucratiques éventuels et de réflexes affûtés par un mode automatique total lorsque nécessaire, Protag doit évidemment beaucoup, dans ses fondations de protagoniste, aux origines littéraires du phénomène. Sans remonter nécessairement à Eric Ambler ou à Graham Greene (et moins encore à Erskine Childers) – on ne saurait trop d’ailleurs conseiller la lecture du fabuleux travail sociologique de Luc Boltanski, « Énigmes et complots : une enquête à propos d’enquêtes » (2012), qui magnifie avec tant de talent, sur ce sujet, l’expérience plus générale de l’historien Carlo Ginzburg -, Jean et Josette Bruce, Ian Fleming, Len Deighton et John Le Carré sont là, et bien là. Mais pour exploiter au mieux une logique sous-jacente de labyrinthique mise en cliché, c’est bien entendu du côté des adaptations cinématographiques ou télévisuelles que « Protag » lorgne avec le plus d’insistance, des plus sérieuses – Rupert Davies dans « L’espion qui venait du froid » de Martin Ritt (1965), Alec Guinness dans « La taupe » de John Irvin (1979), Gary Oldman dans celle de Tomas Alfredson (2011), Ian Holm dans le « Game, set and match » de Ken Grieve (1988) ou Matthieu Kassovitz dans le « Bureau des Légendes » d’Éric Rochant (2015-2020) – aux plus excessives – Kerwin Mathews dans les « OSS 117 » d’André Hunnebelle (1963-1968), ou bien sûr Sean Connery, Roger Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et Daniel Craig dans les innombrables « James Bond » produits entre 1962 et 2021 -, en passant naturellement par les plus franchement parodiques – Jean-Paul Belmondo dans « Le Magnifique » de Philippe de Broca (1973), Jean Dujardin dans les deux OSS 117 de Michel Hazanivicius, « Le Caire nid d’espions » (2006) et « Rio ne répond plus » (2009), ou même Pierre Richard dans « Le grand blond avec une chaussure noire » de Yves Robert (1972). Et c’est bien dans la juxtaposition, dans la superposition et dans l’intrication de ces figures désormais tutélaires et de leurs tribulations que se joue leur impact sur nos imaginaires à mettre en boucle.



Comme le souligne très justement Adrien Meignan dans son beau billet pour le webzine Un dernier livre avant la fin du monde (à lire ici), c’est bien dans la technique cachée derrière le décor que s’élabore le sens ultime de cette course en boucles et en options, de cette guerre des reboots (on songera certainement aussi au « La ville fond » de Quentin Leclerc), même si cette technique, loin des instruments ultra-sophistiqués perpétuellement évoqués dans les sources, prend la forme humble mais vitale du photocopieur en panne – ou plus subtilement encore, du photocopieur détraqué. Voué à la production du même pour méticuleusement domestiquer et in fine décourager les tentatives d’échappées imaginaires, c’est lorsqu’il bugge, que les copies deviennent délicatement imparfaites – ou qu’un pixel clignote là où il ne le devrait pas – que le décor se voit renvoyer à son origine, que l’imagination se dessille et que Potemkine devra peut-être laisser la place à Lénine.



Profondément hilarante, « Protag » n’en est pas moins une entreprise résolument subversive, pour peu que l’on suive attentivement ces aventures qui se prennent, volontairement et involontairement, mais toujours somptueusement, les pieds dans les stéréotypes malicieusement accumulés au fil du temps et de la mise en sommeil spectaculaire marchand.


Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          30
L'aide à l'emploi

Vingt recettes pour constituer le roman alerte et fou, faussement absurde et joliment cruel, de la course à l’employabilité.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/10/28/note-de-lecture-laide-a-lemploi-pierre-barrault/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          30
Clonck et ses dysfonctionnements

Texte insolite, dérangeant, toujours surprenant, alternant vignettes au présent et récit (quoi ? parodie d'enquête policière ?) au passé, CLONCK ET SES DYSFONCTIONNEMENTS invente un univers parallèle : au-delà du non-euclidien, il y a le clonckien.



Si vous aimez Michaux, Lewis Carroll, Ionesco, Beckett ou Chevillard, ce CLONCK est pour vous.
Commenter  J’apprécie          30
Clonck et ses dysfonctionnements

Le triomphe ambigu de la ligne de code métaphorique. Somptueusement retors.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/05/30/note-de-lecture-clonck-et-ses-dysfonctionnements-pierre-barrault/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          30
Tardigrade

Monsieur Barrault,



j'ai eu l'occasion de lire votre livre et grand bien m'en a pris.



Lisez la suite sur mon blog :
Lien : http://touchezmonblog.blogsp..
Commenter  J’apprécie          30
Catastrophes

Ce petit livre de 120 pages est bien plus complexe qu’il pourrait paraître. 63 séquences, qui vont d’une demie à quelques pages, se succédant sans répit. Dans ces séquences, des actions vécues par le narrateur, souvent au côté de Claire (qui va pourtant disparaître puis réapparaître, à Strasbourg, bref). Enfin, vécues, rien n’est moins sûr, une partie pouvant se présenter sous forme de rêves ou de pressentiments, voire de manière moins rationnelle.







Des textes à première vue absurdes voire improbables ou surréalistes, seulement identifiables après une trop forte consommation de psychotropes, à l’image de la couverture, le fameux animal-bogue.







Il est question de portes qui s’ouvrent, se referment, de transports en commun ou non, de corps démembrés, de baignoires qui se remplissent toutes seules sans ensuite pouvoir se vider, des situations impossibles mais burlesques. Car Pierre BARRAULT n’a pas oublié de se munir d’une bonne boîte à humour. Les dialogues entre le narrateur et Claire sont très drôles et vifs. La « toute petite fille » qui les accompagne reste quant à elle muette.







Certains éléments présents dans une séquence réapparaissent dans d’autres, ce qui est vrai aussi pour quelques personnages ou leurs vêtements. Des personnages qui ne se trouvent jamais où ils devraient être, dans des situations impossibles, des détails sans queue ni tête, sans explication, pour des postures parfois beckettiennes. « Je suis dans la rue et ma jambe droite remonte la rue sur le trottoir de droite tandis que ma jambe gauche la descend sur le trottoir de gauche. À mi-chemin entre ma jambe droite et ma jambe gauche, donc au milieu de la chaussée, mes bras font de grands moulinets, mes poings gigantesques défoncent les parebrises et écrasent les automobilistes à l’intérieur de leurs véhicules ».







En fait seule la version officielle ne peut se permettre d’envisager une explication quelconque. Celle de l’auteur tient de la physique quantique en mode gaz hilarants, de trous noirs farceurs, d’espaces-temps libres. Et là tout devient possible. Si l’on ne se trouve pas à un endroit au moment où l’on croit, mais plus tôt, ou plus tard, ou sous une autre forme, alors tout peut être réécrit. C’est ce s’amuse à faire Pierre BARRAULT dans un récit vitaminé et haletant, qui déconstruit les codes du genre. C’est grâce à ce subterfuge qu’il lui est notamment possible de dialoguer avec Patrick Mc GOOHAN dans la plus kafkaïenne des séries : « Le prisonnier ». Ceci jusqu’à la « Catastrophe ultraviolette ».







« Claire me montre les photos qu’elle a prises lors de la visite de notre futur appartement, puis elle déclare que nous mettrons le canapé là, ou plutôt ici, et la bibliothèque ici, contre le mur du fond. Je l’arrête immédiatement : on ne peut pas mettre la bibliothèque contre le mur du fond puisqu’il y a déjà l’agent immobilier. Mais Claire lève les yeux d’un air agacé et me répond qu’il va dégager. Alors c’est jouable… ».







Livre inclassable et maudit puisque ajourné en mars dernier pour cause de confinement, et peinant à sortir aujourd’hui pour cause de reconfinement, jamais une « Catastrophe » n’aura aussi bien porté son nom, à moins que là aussi, la physique quantique ait agi d’une manière discrète mais efficace. Ce texte est cependant disponible chez Quidam éditeur qui vient de le faire paraître.



https://deslivresrances.blogspot.fr/


Lien : https://deslivresrances.blog..
Commenter  J’apprécie          20
Clonck et ses dysfonctionnements

Clonck dysfonctionne de manière si harmonieuse qu'on pourrait se demander si ce n'est pas notre logique à nous qui ne tourne pas rond. Allez savoir, cette déconcertante forme d’esprit, cette logique singulière et cet humour atypique pourraient même avoir raison de notre quotidien ordinaire ou bêtement rationnel.

L'article complet sur mon blog.
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
Commenter  J’apprécie          20
Protag

Protag est... il est... heu... quoi donc ? Un agent ? Un duplicata ? Un prisonnier ? Un numéro ? Ou tout cela à la fois ?

Un agent, cela ne fait aucun doute, si on en juge aux armes à feu, aux hommes grenouilles, aux courses poursuites, aux microfilms et aux appareils photo camouflés.

Un duplicata, cela ne fait aucun doute, si on en juge aux nombreuses variantes de lui-même et à la photocopieuse capricieuse dans laquelle il est bloqué.

Un prisonnier, cela ne fait aucun doute, si on en juge à sa veste, aux voiturettes de golf et à l'étrangeté surannée des cabines téléphoniques.

Un numéro, cela ne fait aucun doute, si on en juge à sa veste, aux voiturettes de golf et à l'étrangeté surannée des cabines téléphoniques. Tiens, j'ai déjà dit ça. J'ai déjà dit ça. Serais-je à mon tour enfermé dans les variantes d'une intrigue aussi cyclique que détraquée, enfermé dans les variantes d'une intrigue aussi cyclique que détraquée ?



Protag est... il est... heu... quoi donc ? Un personnage de nouvelle ? De roman ? Ou les deux à la fois ?

De nouvelle, cela ne fait aucun doute, si on en juge à celle tirée du premier numéro de L'autoroute de sable.

De roman, cela ne fait aucun doute, si on en juge à celui dont il porte le nom et qui propose une version réécrite et développée de la première.



Protag est... il est... heu... quoi donc ? Le produit d'un obsessionnel du non-sens ? D'un graphomane en pleine expérimentation ? D'un passionné de culture populaire et de films de genre ? D'un auteur fasciné par le montage et par les boucles cosmiques ? Ou tout cela à la fois ?

Le produit d'un obsessionnel du non-sens, cela ne fait aucun doute, si on en juge à l'incongruité assumée du roman dans lequel il évolue et à l'absurdité, entre humour et sérieux, qui dicte son comportement.

D'un graphomane en pleine expérimentation, cela ne fait aucun doute, si on en juge à la structure et de et ponctuation qui oui et

D'un passionné de culture populaire et de films de genre, cela ne fait aucun doute, si on en juge aux références et aux allusions qui égaient ce pastiche.

D'un monteur fasciné par le montage et par les boucles cosmiques, cela ne fait aucun doute, si on en juge aux nombreuses variantes de lui-même et à la photocopieuse capricieuse dans laquelle il est bloqué. Tiens, j'ai déjà dit ça. J'ai déjà dit ça. Serais-je à mon tour enfermé dans les variantes d'une intrigue aussi cyclique que détraquée, enfermé dans les variantes d'une intrigue aussi cyclique que cyclique que cyclique que cyclique que détraquée ?



Protag est... il est... heu... quoi donc ? Un personnage sorti de l'esprit fécond d'un écrivain original et doué, affranchi de toute contrainte et motivé par sa seule liberté ? Cela ne fait aucun doute. Aucun !



Touchez mon blog, Monseigneur...
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
Commenter  J’apprécie          10
Catastrophes

J'aime bien les oeuvres farfelues.

Dans La nébuleuse du crabe, d'Eric Chevillard, Crab est tour à tour orphelin, fils unique, fils d'une famille nombreuse (ou à peu près). Il est des choses incompatibles les unes avec les autres.

Ici aussi. La différence c'est que Chevillard développe, et Barrault non. Tout ici est invalidé au bout de 2 ou 3 phrases. On n'a au final rien.

De mes souvenirs de spectacles d'impro, pour qu'on progresse, il faut qu'une proposition soit acceptée pour qu'une construction soit possible. Multiplier les négations, vous faites du sur-place. Rares exceptions, Detour, le film d'Ulmer, et le début de Radio Libre Albemuth de Philip K. Dick.

Là, on n'a que ça, des hypothèses invalidées deux lignes plus bas.

Les dialogues sont courts et nombreux, n'exprimant rien.

Si malgré tout le livre vous a plu, et si vous ne connaissez pas, tentez Flann O'Brien, le troisième policier. C'est farfelu mais ça retombe sur ses pattes et ça laisse des souvenirs.

Commenter  J’apprécie          10
Catastrophes

Au choix : dada ou lipo



Le rédacteur de ce billet, dans un rare et très court accès de lucidité, tient à présenter toutes ses excuses à ses (rares mais pas forcément très courts) lecteurs avant qu’ils n’entament cette (rare et très courte) chronique car elle n’a ni (rare ni très courte) queue ni (rare ni très courte) tête et 2/ à en rejeter la faute sur l'auteur.



Le personnage de ce livre n’est autre que Pierre Barrault. Or le personnage de ce livre (et tout ce qui lui arrive) est totalement fictif. Donc Pierre Barrault n’existe pas.



C’est pourtant le très tangible auteur de cette beaucoup moins tangible fiction… sans parler de Claire sa femme.



Comment voulez-vous donc parler avec des mots concrets d’un tel livre, basé uniquement sur l’absurde, le décalé, l’abstrait, l’improbable. Alors que tout ce qui relève de ces créations de l’esprit fantasque de l’auteur est bel et bien réel, alors que tout ce qui paraît improbable n’a rien d’impossible, puisque tout cela est écrit…



Dans un voyage en absurdie

Que je fais lorsque je le lis,

Pierre imagina sans complexe

Quand le lisant je s’rait perplexe



Pierre Barrault prend l’absurde comme règle d’écriture, un peu comme s’il participait à un projet oulipien, l’étrange comme norme.



« Et pour cause : c’est pinailler sans doute, mais enfin, ne pourrait-on faire un jour le nécessaire pour que soient ajoutés systématiquement nos reflets aux miroirs ? Je pose la question. » Ainsi, nous n’aurions plus besoin de réfléchir, notre réflexion serait déjà présente dans les miroirs avant que l’on passe devant. Mais si on ne réfléchit plus, on ne pourra plus savourer à sa juste valeur toute la saveur des récits de Pierre Barrault.



« Comme tu as faim, tu vends tes dents, tes chaussures, tes cheveux. Plus tard, tu rencontres trois agents de police. Tu prends peur, donc tu te jettes à leurs pieds et te mets à les supplier. Tu expliques : tu as vendu tes dents, tes chaussures, tes cheveux, comme ça, sans trop réfléchir, parce que tu avais faim, tu sais qu’il est interdit d’avoir faim. Alors l’un des agents de police éclatait de rire et tu reconnais tes dents à l’intérieur de sa bouche. Tu es allongé sur le trottoir et le deuxième agent de police piétine ton visage en plaisantant. Tu réalises que les chaussures qu’il porte sont les tiennes. Contre toute attente, le troisième agent ne porte pas tes cheveux. » Et là encore, il n’a pas réfléchi. Du coup, peut-être que le lâcher prise est en fait la vraie et seule méthode pour apprécier toute la valeur des récits de Pierre Barrault. Allez savoir… avec lui c’est impossible de savoir de toute façon. Et c’est tant mieux.



Catastrophes ? C’est en fait tout le contraire.

Kata-strophes ? Elles sont vivantes de langue, d’écriture, de style.

Qu’a ta strophe ? Elle a du rythme, elle possède un phrasé, elle pulse de poésie dadaïste et oulipienne.



L’auteur assume, peut-être parce qu’il se cache derrière ce costume, le démiurge qu’est l’écrivain, celui qui fait ce qu’il veut, comme il veut, quand il veut et à qui il veut, surtout à ses personnages quitte à les transformer en chat qu’ils le détestent ou critiquent son livre.



Vous comprendrez donc que je ne me risquerai certainement pas à émettre la moindre critique négative sur ce livre. Elle serait de toute manière totalement déplacée, complètement fausse, outrageusement empreinte de jalousie parce que, sauf à ce que l’auteur prenne en plume ma destinée de lecteur blogueur, je serai bien en peine de parvenir à écrire ses histoires avec son style… Je me permets de lancer ce message, ce cri du cœur, un cri plein d’amour : « Pierre Barrault ! Salaud ! Le lectorat n’aura jamais tas peau ! » afin qu’il continue à nous éblouir, à nous étourdir, à nous esbaudir.


Lien : https://garoupe.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Pierre Barrault (43)Voir plus

Quiz Voir plus

Nom de fromages français dans la littérature !

La sorcière _____ de Patrice Léo :

Livarot
Camembert
Pont L'Evèque

9 questions
314 lecteurs ont répondu
Thèmes : fromagesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}