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Critiques de Pierre Bergé (21)
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Lettres à Yves

« J’ai perdu le témoin de ma vie, je crains désormais de vivre plus négligemment ».

C’est par cette phrase en exergue de Pline le Jeune que s’ouvre cette correspondance posthume d’un homme à un autre, dernière manifestation d’amour par delà la mort qu’entreprend celui qui a partagé durant 50 ans, les hauts et les bas, la gloire et les défaites, du grand couturier Yves Saint-Laurent.

Au lendemain de la mort d’YSL, le 1er Juin 2008, son compagnon de toujours, Pierre Bergé, ami et confident, amant et protecteur, figure tutélaire et soutien moral, a le désir de s’adresser une dernière fois à l’homme avec qui il a entretenu une relation intense et exclusive pendant 1/2 siècle. « C’est à toi que je m’adresse, à toi qui ne m’entends pas, qui ne me réponds pas.»

Les lettres de Pierre Bergé à YSL courent du 5 Juin 2008 au 14 Août 2009 et prennent fin sur l’émouvante allocution prononcée lors de la messe commémorative du premier anniversaire de la mort du grand couturier français.

Une façon pour Pierre Bergé de dire adieu à l’amour d’une vie, de revenir sur certains souvenirs, bons ou moins bons, de ressusciter les années fastes comme les années sombres, de parler des joies, des douleurs, des tourments que tous deux ont traversés au fil du temps.



Comme une étoffe de soie ondoyant dans le vent, la mémoire, fugitive, mouvante, sinueuse, ondule et s’anime au gré des anecdotes et des souvenirs : la première rencontre à Paris, en 1958 ; les honneurs et les combats du créateur, les lieux, de Paris à Marrakech et de la rue Babylone au jardin de Majorelle, les musiques aimées, l’opéra adoré, la maison de couture, l’homosexualité…

Et puis les amis, intimes, proches ou connaissances, et cette tristesse qui étreint le cœur de constater que beaucoup, à l’aube de la vieillesse, s’en sont déjà allés, morts de maladies, de cancers, d’accidents…

Puis encore la passion des œuvres d’art et la vaste collection entretenue par les deux hommes durant 50 ans et dont Pierre Bergé a décidé de se séparer comme on abandonne les objets qui vous font trop souffrir lorsqu’ils vous rappellent avec trop d’insistance l’être aimé : des tableaux, des meubles, des bibelots, de Brancusi, de Picasso, de Matisse…plus de 700 pièces exposées pour une vente aux enchères au Grand Palais en Février 2008.



Au détour de cette correspondance, Pierre Bergé s’adresse aussi bien à Yves Saint-Laurent qu’à lui-même.

Ecrire, c’est aussi une façon de se trouver soi-même, de faire le bilan d’une vie entre joies et douleurs, entre éclats de rire et éclats de colère, une vie faite de nuances et de contrastes.

L’épistolier ne fait pas l’impasse sur les aspects négatifs de la personnalité d’YSL. On reproche souvent certaines choses à l’être aimé, ne pas être suffisamment présent, d’être trop égoïste, ne pas nous comprendre…

Comme beaucoup d’artistes, Yves Saint-Laurent était difficile à vivre. Un créateur talentueux à l’âme torturée. Grand nerveux, solitaire, caractériel, la drogue et l’alcool avaient longtemps alimenté son esprit créatif mais considérablement dégradé son rapport aux autres.

Une autre image d’Yves Saint-Laurent se dessine alors, loin des flashs et des podiums, celle d’un homme déprimé, tourmenté, se drapant dans le malheur avec autant d’obstination qu’il en mettait à parer les femmes des plus belles étoffes.

S’il lui réitère son amour, Pierre Bergé confesse aussi avec franchise de la difficulté de vivre au quotidien avec un génie créatif tel que lui.

Parler de ce qu’était Yves c’est aussi bien sûr parler de tout ce que le grand couturier a apporté au monde de la mode et aux femmes, qu’il adorait. "Si Chanel a donné la liberté aux femmes, tu leur as donné le pouvoir."

L’intransigeance, la recherche de l’excellence, la quête perpétuelle du Beau qui caractérisaient l’artiste dont Chanel avait fait son successeur, lui ont permis de remporter d’éclatantes victoires, de fonder avec son compagnon une maison de couture devenue célèbre et d’accéder aux plus hautes distinctions dans le domaine de la mode.



Comme un coffret caché au fond d’une armoire familiale et qui, dans l’odeur des vieux papiers et des photos jaunies, recèle les souvenirs de toute une vie, les « Lettres à Yves » offrent au lecteur ce moment mélancolique et doux des choses révolues.

Un sentiment de pénétration et de partage que la construction épistolière restitue d’autant plus en nous plongeant dans l’intimité de deux hommes épris d’Art et de Beauté et que le temps n’a pas réussi à désunir malgré les heurts, les coups durs, les désillusions et les tentations.

Grand amateur de littérature, écrivain, ami de Giono et de Cocteau, l’ancien président de l’Opéra de Paris Pierre Bergé sait manier la plume et parer ses lignes de sensibilité, d’émotion et de délicatesse.

Amour, mort, création, homosexualité, bonheurs et douleurs…au gré de sujets variés, d’anecdotes et de sentiments, l’auteur tisse les fils du temps pour réaliser une délicate broderie de ce que fut cette vie partagée avec le couturier.

Il y exprime avec sincérité et franchise, ce qu’il n’a pas toujours su ou pas voulu dire.

« Aujourd’hui, le spectacle est fini, les lumières se sont éteintes, la tente du cirque est démontée et je reste seul, avec mes souvenirs pour tout bagage. La nuit est tombée, au loin on entend de la musique, je n’ai pas la force d’y aller. »

Un ultime hommage et un bel adieu à celui que, tendrement, il surnommait Kikou…

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Les jours s'en vont je demeure

******Première critique de cette lecture écrite en octobre 2013, reprise et complétée à la lumière d’une relecture le 11 avril 2021, car mon exemplaire rejoint la bibliothèque d’une amie à qui je souhaite l’offrir !...



Un petit volume où Pierre Bergé dessine le portrait de ceux qu'il a "aimés, admirés": Jean Cocteau, François Mitterrand, Marie-Laure de Noailles, Bernard Buffet, avec qui il a vécu huit années, , Louise de Vilmorin, Aragon, Chanel et Schiaparelli; Lili Brik et Tatiana Yakovleva, Ferdinand Céline, Pierre Mac Orlan, Les Rostand, Rudol Nureev, Andy Warhol, Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, etc. sans oublier le premier texte, plein de vénération pour Jean Giono : "Ce que je lui dois est indicible. Il fut mon mentor, mon ami, mon guide. Il m'a fait découvrir tant de choses, lire tant de livres ! (p.24)



Un texte sobre, sans confidence ou déclaration fracassantes... juste des hommages à des rencontres amicales , intellectuelles, artistiques, bienfaisantes et lumineuses.

Toutefois un bémol qui doit tenir à la personnalité de Pierre Bergé ; il ne peut pas se départir parfois d’une certaine arrogance et de remarques désobligeantes, inutiles, qui nuisent à l’ensemble de ce petit livre qui aurait pu être plus lumineux avec une once supplémentaire d’indulgence et de bienveillance ; je préfère retenir le positif dont la partie consacrée à Ferdinand Céline, qui pour le coup, reste plus nuancée

« Les chiens aboyèrent et se jetèrent sur la grille lorsque nous arrivâmes à Meudon, rue des Gardes, pour rencontrer Louis-Ferdinand Céline. La lecture du –Voyage- m’avait terrassé lorsqu’à quinze ans j’ai découvert ce qu’était l’écriture, comment on pouvait tordre les mots, faire jaillir des images, des épithètes et cracher à la face du monde. A cette époque je ne savais rien de Céline, de sa vie , de son comportement pendant la guerre. L’antisémitisme m’était inconnu. Aussi lorsque Daragnès, trois années plus tard, m’apprit qu’il récoltait un peu d’argent pour l’envoyer à Céline , au Danemark, je mis la main à la poche, même si elle était presque vide.

Lorsque Céline revint en France, j’avais, bien sûr, tout appris, mais mon admiration pour l’écrivain était restée la même. Alors, lorsqu ‘on m’offrit de le rencontrer, je ne pouvais qu’accepter avec joie. Que dis-je ? Avec fébrilité ! Pensez : c’était comme rencontrer Proust, Genet, Claudel, Valéry. Ce que j’avais déjà fait avec Giono. Je dois avouer que je n’éprouvais aucun dégoût, aucun rejet. Flaubert s’était dressé contre la commune, d’autres contre Dreyfus et Péguy aimait les « justes guerres ». Ce qu’a fait Céline est impardonnable, mais qui parle de pardonner ? Donnons plutôt la parole à D.H Lawrence : « Ne faites aucune confiance à l’artiste. Faites confiance à son œuvre. La vraie fonction d’un critique est de sauver l ’ « œuvre des mains de son créateur » (p. 114)



Pour oublier mon agacement face , parfois, à cette arrogance, ce ton supérieur, je me rappelle avec reconnaissance, que parmi ses très nombreux mécénats culturels et artistiques, Pierre Bergé a sauvé de la destruction la maison- Musée Emile Zola, à Médan… alors …à mon tour de me plaider à moi-même l’indulgence !!!...



je termine cette brève présentation par le texte de Clément Marot, choisi par Pierre Bergé, pour introduire ses souvenirs ,ses rencontres, et ce satané temps... qui passe trop vite :

Plus ne suis ce que j'ai été,

Et plus ne saurais jamais l'être.

Mon beau printemps et mon été

Ont fait le saut par la fenêtre.

Amour, tu as été mon maître,

Je t'ai servi sur tous les dieux.

Ah si je pouvais deux fois naître,

Comme je te servirais mieux !

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Jacques Chazot, souvenirs d'un parisien - E..

Une plaquette précieuse, épuisée acquise en 1995, dans un musée que je

fréquentais assidûment: le Musée de la Vie romantique, organisé autour

d'une grande dame du XIXe , George Sand.[Que Jacques Chazot vénérait...

ainsi que ce siècle des Romantiques !].



J'ai découvert cette facette méconnue de cet"amuseur public", ce trublion parisien, en prenant connaissance justement de la cinquantaine d'oeuvres lui appartenant, léguées après sa mort (1993), qui faisait l'objet d'une exposition, entre juin et août 1995, dans un de mes musées préférés [ la donation était harmonieusement intégrée aux collections permanentes ...] et de cette publication rare, à laquelle ont collaboré certains de ses grands amis... qui apportent des témoignages très émouvants...



Un Jacques Chazot différent de l'homme public,du "trublion parisien" que nous "connaissions" tous, sommairement... le Danseur et créateur de la célèbre Marie-Chantal, "cette délicieuse snob, inconsciente tête de

linotte dont les mots ont fait la joie des français dans les années 1960 "



Revenons à cette donation et à l'exposition qui s'articulait autour de 4 grandes figures féminines, ayant concentré l'attention passionnée du collectionneur, Jacques Chazot:



-George Sand (1804-1876)-- "Les collections viennent à moi curieusement:

je m'étais fixé sur George Sand, j'avoue que la femme me séduisait bien davantage que l'écrivain que j'ai toujours trouvé un peu rasoir"



- Rachel (1821-1856)-"Comme je ne trouvais plus grand chose à collectionner sur George Sand, j'ai étendu mon clavier à Rachel"



-Sarah Bernhardt (1844-1923) - Jacques Chazot a expliqué en 1975

qu'il s'est intéressé à l'actrice "peut-être parce qu'elle connaissait George Sand" .



-Louise Abbema (1858-1927)- de Sarah Bernhardt est tout naturellement passée à son amie, la femme peintre Louise Abbema.

En plus de ces quatre personnalités féminines, d'autres très belles "pièces" du XIXe et du XXe [" Eugène Delacroix" par G. Sand, Lampes Art

Nouveau signées Chapelle Nancy, Dessins de fleurs par Anna de Noailles, Projets de costumes de danse par Yves Saint-Laurent, Petite

table d'écriture et jardinière haute du XIXe, etc. ]



Ses amis racontent un autre homme, fidèle en amitié, profond, curieux, cultivé...sensible. Des lignes louangeuses, enthousiastes, bouleversantes de Claude Pompidou, Jeanne Moreau, Françoise Sagan, Jean-Claude Brialy, Yves Saint-Laurent, Guy Bedos, Pierre Bergé...La rencontre et l' amitié les plus surprenantes sont celles, indéfectibles, lumineuses avec Guy Bedos...Duo amical atypique...fort sympathique !



Cette publication est ornée sur sa couverture d'un portrait intéressant

de Jacques Chazot par Bernard buffet (1954), et à son verseau, un médaillon avec un J. Chazot en sphynx par René Gruau (détail)





Cette plaquette rare , va aller honorer l'anniversaire d'un ami montagneux, lui-même passionné par le XIXe...



Serais-je comme Jacques Chazot...un tantinet "collectionneuse"... Me détachant de cette publication, je ne peux m'empêcher d'avoir un pincement au coeur !! Ravie simultanément que cette édition aille enchanter une "maison amie" !!



"Jacques Chazot collectionneur....Laissons parler l'artiste lui-même, les mots qu'il a trouvés pour dire sa passion de collectionneur sont les plus justes :

(...)

Mon appartement ce n'est pas un foyer, c'est une maison, je tiens à cette nuance. C'est la grotte d'Ali-Baba de mes souvenirs. le repaire de mes objets précieusement conservés. Chacun d'eux a son histoire. Je les

aime tendrement. (...) Parfois je touche mes statue, caresse mes objets...Mes objets ce sont mes animaux familiers, mes chiens, ils m'accueillent, m'entourent, me réconfortent par leur présence.

J'ai toujours dit que je préférais manquer un rendez-vous sentimental que de rater un objet chez un antiquaire. (...)



Les objets, pour moi c'est sacré, autant que mes amis. D'ailleurs ce sont des amis, comme eux il faut les mériter. Quand on les aime, ils viennent

à vous. "
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Lettres à Yves

Après avoir vu le film sur Yves Saint Laurent, il m'apparaissait juste de m'attaquer à la lecture de ces lettres qui est venue compléter fort agréablement le film que j'avais fortement apprécié. C'est comme si l'histoire d'amour se prolongeait, encore, lorsque la mort sépare ceux dont l'attachement a embrassé des décennies. Avec le recul et les années, les souvenirs des premiers mois de passion reprennent toutes leurs couleurs .Chacun peut y retrouver les élans amoureux et la beauté de sa jeunesse.Très agréable à lire, car on y présente l'amour, sur fond de culture et de délicatesse.

Belle écriture pour un livre émouvant qui donne une vision parfois inconnue de ce que fut vraiment ce génie de la mode, Pierre Bergé y tient le beau rôle bien sûr ...
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Lettres à Yves

Je viens de lire ce petit livre, ces lettres écrites par Pierre Bergé à Yves saint Laurent après le décès de ce dernier.Je le conseille a tous. C'est un très beau livre d'amour et, au moment où tout et n'importe quoi s'écrit a propos du mariage homosexuel, ce livre permet de s'élever au dessus des basses polémiques.

Pierre Berger et Yves saint Laurent ont vécu cinquante ans ensemble jusqu'à la mort du couturier, une vie extraordinaire entre un artiste et un homme d'affaires qui est, lui aussi ,un artiste à sa manière: une vie à créer et a collectionner les oeuvres d'art les plus belles, à vivre entre Paris Marrakech et Tanger, une vie quelques fois difficile avec Yves Saint Laurent , fragile, abîmé dans l'alcool , la drogue puis la maladie .

Dans ces lettres Pierre Bergé se souvient et essaye de laisser la trace de son compagnon qui a connu la gloire ce "deuil éclatant du bonheur" comme le dit Madame de Staël et comme le rappelle ici Pierre Bergé dans une phrase qui, pour moi, fait écho a André Labarrére qui la citait souvent.

Dans une cérémonie ,un an , après sa mort fut lu ce poème du grand poète Walt Whitman:



"Si tu ne me trouves pas du premier coup,

Garde courage,

Si je t'échappe à un endroit

Cherche ailleurs.

Je suis arrêté quelque part

Et n'attends que toi."
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Lettres à Yves

95 pages, 56 lettres, certaines très courtes, écrites entre le 5 juin 2008 et le 14 août 2009 – au lendemain du décès de son compagnon et pour la dernière, quelque temps après la messe célébrée commémorant le premier anniversaire de sa mort.



Pierre Bergé dévoile ici ses 50 ans d’amour pour Yves. Il raconte sans fioriture ce que fut sa vie avec cet être génial, tourmenté, malade, accro aux drogues. Un demi-siècle à veiller sur lui, à aimer « Kikou », malgré la douleur engendrée par les infidélités, sa maladie.

Un récit sans compromission, écrit avec générosité.

Une écriture intelligente, (nombreuses références littéraires, musicales, picturales qui témoignent de sa grande culture éclectique) des descriptions généreuses, somptueuses telles les couleurs flamboyantes du Maroc qui ont inspiré avec tant de force, de volupté, de générosité, les collections du grand couturier :



« A Marrakech comment ne pas penser à toi ? Ton souvenir s'accroche partout, ne veut pas quitter la ville qui eut tant d'importance sur ta vie et sur ton métier. C'est là, disais-tu, que tu as découvert la couleur, ton chromatisme. Tu étais ébloui par la tenue des femmes dans la rue, par les caftans verts qui laissaient apparaître des doublures safran, par les foulards bordés de franges de jais mais aussi par les jacarandas (Le Jacaranda est un genre d'arbres, les jacarandas, de la famille des Bignoniaceae, originaire du Paraguay, Uruguay, sud du Brésil et de l'Argentine. L'espèce la plus commune est le flamboyant bleu (Jacaranda mimosifolia). Il fleurit en début d'été puis en début d'automne en formant des fleurs bleues violacé. Sa taille peut atteindre 15 mètres). et les mélias (Melia est un genre d'arbres de la famille des Meliaceae.



« Tes idiosyncrasies t'ont empêché d'être heureux. (…) Tu avais construit un système où chacun exerçait un rôle, tu tenais celui du martyr (…) Pourtant derrière ce personnage que tu jouais, il y en avait un autre que j'ai connu et qui en aurait surpris plus d'un. Les proches des dernières années qui ont de toi l'image d'un râleur, d'un bougon qui se plaignait de tout, ceux-là, je veux qu'ils sachent que tu n'as pas été toujours ainsi. Tu l’es devenu après que l'alcool et la drogue t'ont terrassé, après les cures de désintoxication d'où tu n'es jamais revenu. (…)

Au fond, ces lettres n'avaient qu'un but : faire un bilan, celui de notre vie. Dire à ceux qui les liront qui tu étais, qui nous étions. Mettre à jour mes souvenirs, te dire combien, au bout du compte, j'ai été heureux avec toi, grâce à toi, montrer, et j'espère l'avoir fait, ton talent, ton goût, ton intelligence, ta gentillesse, ta tendresse, ta force, ton courage, ta naïveté, ta beauté, ton regard, ton intégrité, ton honnêteté, ton intransigeance, ton exigence. Ces « ailes de géant » qui t'ont empêché de marcher. »

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Maison Jean Cocteau : Milly-la-Forêt

J’ai eu droit à un week-end surprise pour mon anniversaire et cette année mon chéri m’a fait visiter des maisons d’écrivains. Quel plaisir !

Nous avons commencé par celle de jean Cocteau à Milly-la-Forêt, en Essonne, à 50 km au sud de Paris.



Jean Cocteau avait acheté la « Maison du Bailli » en 1947, avec Jean Marais. C'est une ancienne dépendance du château de Milly-la-Forêt datant du XIIIe siècle, dont les douves forment un cours d'eau qui traverse la propriété. Il y résidera 17 ans, d’abord occasionnellement, puis définitivement à partir du moment où il se lie avec son nouveau compagnon Édouard Dermit et jusqu’à sa mort, le 11 octobre 1963, à 74 ans.

Cette maison, aujourd’hui propriété de Pierre Bergé, est devenue un musée et permet de présenter les œuvres et objets de Jean Cocteau.



Cette visite est passionnante mais il faut y ajouter celle de la chapelle Saint-Blaise-des-Simples, toute proche, où repose Jean Cocteau et qu'il avait décorée en 1959 sur le thème des simples et de la résurrection. Il y a sur les murs de magnifiques hampes fleuries qui montent vers le toit comme une prière vers le ciel. C’est très beau mais surtout on y retrouve une grande dalle avec le nom de Cocteau reprenant ses simples mots de fidélité : "Je reste avec vous".
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Lettres à Yves

L'amour plus fort que la mort.

L'amour éprouvé, vécu, malmené, transcendé.

Malmené par la vie et le mal de vivre.

Transcendé après le départ pour qu'il renaisse des cendres et continue à rythmer le souffle du survivant.

Le choix épistolaire de Pierre Bergé maintient la vie au-delà de ce qui fut.

Dans une langue tour à tour simple, poétique, rêveuse, il parle à l'autre, l'unique aimé vers lequel, malgré les nombreuses vicissitudes de l'existence, malgré l'alcool, la drogue, la dépression, malgré d'autres amours, il revient encore et toujours.

Il partage avec nous dans ces lettres empreintes de noblesse et d'émotion tout ce qu'il a partagé avec Yves Saint Laurent, créateur dont la sensibilité extrême et les doutes malmenaient.

Tout est amour : les lieux, les collections, les œuvres d'art, la musique, la Beauté, l'Autre.

Amour et douleurs vont de pair.

La passion n'enlève rien à la lucidité de l'auteur qui, certes, nous livre avec pudeur les démons de leur couple mais nous transmet aussi l'unicité qui les rend si attachants.

L'amour plus fort que la mort...
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Les jours s'en vont je demeure

Déjà à la vision du film L'amour fou de Pierre Thoretton (2010), qui retraçait la relation tant professionnelle que personnelle entre Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé, ce dernier m'était apparu comme un homme déplaisant, vaniteux, infantilisant le couturier et faisant souvent preuve d'une ahurissante arrogance. La lecture de cet ouvrage, dans lequel le mécène raconte ses rencontres avec des personnalités comme Giono, Noureev ou encore Robert Mapplethorpe, n'a fait que conforter ma première opinion vis-à-vis du personnage. S'érigeant en gardien de la mémoire de ces illustres disparus, Bergé se permet parfois (souvent?) d'indignes réflexions et considérations, persuadé de détenir LA vérité ultime sur ces personnalités, débordements qui finissent par rendre nauséabond un projet déjà égocentrique.
Lien : http://territoirescritiques...
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Album Cocteau

Avouons-le, je connais mal l'œuvre de Cocteau.

L'iconographie de Pierre Bergé, qui tend à l'hagiographie, ne pas permis d'en trouver la clef. Reste le portrait d'un artiste, hommes des contraires, attachant. "Il ne savait pas haïr" : comme c'est reposant!
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Lettres à Yves

Ce sont des lettres écrites par-delà la mort, celles qui sont sans doute les plus fortes et les plus émouvantes. Celles qui établissent une sorte de bilan, l'inventaire d'une existence, où les objets, même si ce sont des œuvres d'art, occupent moins l'esprit que les sentiments. Entre les lignes, le destinataire semble toujours vivant, n'est-ce pas le plus bel hommage ?
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Lettres à Yves

Je savais vaguement que Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent avaient constitué un couple homosexuel célèbre pendant une cinquantaine d’années, mais pas grand-chose de plus. Je ne suis pas connaisseur dans l’art de la mode. Et je n’ai pas d’intérêt particulier pour l’homosexualité. J’ai lu ce livre par l’effet d’une curiosité élémentaire.

Juste après la mort de Saint-Laurent, P. Bergé a écrit ces lettres pendant environ une année. Dans cette collection de textes élégiaques, il revient sur leur vie de couple, sur leurs goûts communs, sur les nombreuses relations qui ont marqué leur existence... L’auteur ne cherche absolument pas à faire un tableau complet et un historique exhaustif de leur vie commune. Il se contente de s’exprimer d’une manière souvent allusive, laissant un peu sur sa faim le lecteur vraiment intéressé. P. Bergé révèle surtout ce qu’a été la personnalité du grand couturier: compliqué, hypersensible, infidèle, timide et tenté par le repli sur soi… et la seconde partie de sa vie aura été une vraie catastrophe: addiction à l’alcool et à la drogue, puis boulimie pathologique ! Ainsi, le propos de P. Bergé m’apparait comme ambigu: certes, il insiste sur la profondeur de l’amour qui les a liés et sur le génie de l’artiste, mais il projette sur son ancien amant une lueur crépusculaire qui met mal à l'aise.

C'est un livre court et assez bizarre. Pour ma part, je ne me suis pas senti en empathie avec l'un ou l'autre des protagonistes. De toutes façons, j'ai été quelque peu surpris par la nature même de ces "lettres" à une personne décédée (!) mais qui, en fait sont destinées à être publiées.

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Lettres à Yves

Ces lettres à Yves débutent du 5 juin 2008 à la mi-août 2009 et finissent sur l'allocution prononcée à la messe commémorative du premier anniversaire de la mort du grand couturier parisien. Que mon père a bien connu, car il venait souvent prendre des livres chez nous dans les années 70.

Ce livre est assez émouvant, parce que Pierre Bergé dit adieu à son compagnon de vie. Et sa façon de revivre certains souvenirs, sont très réussis. On revit avec lui les années fastes comme les années de déclin. Il parle sans fard de ses joies, de ses douleurs. Puis de la turpitude du temps qui passe. Sans laisser indemne les personnes.

Il aborde aussi leur première rencontre dans la capitale, en 1958. Le parcours du combattant d'Yves St-Laurent. Puis, ses lieux d'inspirations : de Paris à Marrakech, ou verra le jour sa fameuse collection "Safari". On se balade de la rue Babylone au jardin de Marjorelle. Pierre nous livre aussi leurs musiques aimées. Et qu'il adorait l'opéra. Son rapport quasi charnel avec sa maison de couture. Son errement dans l'univers gay.

Puis, le temps qui file, les amis, intimes, et connaissances, en outre la perte d'un entourage à l'aube de la vieillesse, morts de maladies, de cancers, d'accidents. Un bel hommage, hélas un peu triste. Mais très bien écrit.
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Lettres à Yves

Je vais être tout à fait honnête, je connais peu Yves Saint-Laurent pour plusieurs raisons.



La première et la plus simple est que la mode ne m'intéresse pas tellement.



Mais finalement, y a t il un meilleur moyen de découvrir une personne que par le regard d'un amant ?



Alors pourquoi ce livre ? Je ne sais pas trop.



Ce que je sais c'est à quel point cette lecture m'a émue.



Par sa douceur, par sa pudeur aussi. Perdre un être cher est une déchirure qui se rappelle à nous chaque fois que son absence se fait ressentir.



Alors Pierre Bergé a trouvé une parade : écrire à l'homme de sa vie, encore.



"Je sais bien que tu ne liras pas cette lettre ni celles qui suivront mais qu'importe, je t'écris, même si c'est à moi même que je m'adresse. Certes, ces lettres te sont destinées ; c'est une manière de poursuivre notre dialogue. C'est ma façon de continuer à te parler. A toi qui ne m'entends pas et qui ne me répondras pas."
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Lettres à Yves

Lorsqu’un livre est terminé, je me pose toujours cette question : cette lecture mérite-t-elle de rester dans ma bibliothèque ou est-elle de passage, vite lue, vite oubliée ? Un livre doit me faire réfléchir, rire, pleurer, etc.



Un livre émouvant rempli d’amour.
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Lettres à Yves

De la plus belle des manières Pierre Bergé dit adieu avec élégance à YSL.



"C'est à toi que je m'adresse, à toi qui ne m'entends pas, qui ne me réponds pas. Tous ceux qui sont ici m'entendent, mais toi seul ne le peux."



Au lendemain de la mort de YSL, Pierre Bergé se met à écrire, une cinquantaine de lettres à celui qui partagea sa vie pendant 50 ans. Une façon de lui dire au revoir, de rendre hommage à l'homme et à leur histoire, de faire le bilan de sa propre vie. Pudiquement, avec tendresse mais sans enjoliver les choses il le raconte, et ce faisant, se raconte. Ensemble ils ont tout partagé, vécu tant de choses, des succès, des défaites, des hauts et des bas.

50 ans de passion intense et destructrice parfois.

50 ans où l'amour, comme une évidence, les ramenait toujours l'un à l'autre.

50 années de communion avec l'art et la création.



La vie de YSL c'est une création de haute couture, une œuvre d'art dont on vante la beauté, la qualité des étoffes, le choix des couleurs, la maîtrise du détail, sa finesse et sa folie impressionne, mais dont la doublure est sombre, délavée, aux motifs torturés, rêche comme du chanvre dans lequel l'homme se complait et se drapait régulièrement.

Celui qui fut l'un des plus grands couturiers français, perpétuellement inspiré par les femmes, sans nul doute celui qui a le plus marqué l'histoire de la mode, était un homme torturé, fragile, nerveux, caractériel et solitaire ; ses addictions multiples ont sûrement longtemps alimenté son esprit créatif mais ont dégradé son rapport aux autres.

Qu'il fut sûrement difficile d'aimer YSL, mais qu'il est encore plus douloureux de ne pas aimer YSL.



J'ai aimé chaque page de ce livre, chaque morceau d'eux partagé tendrement grâce à une plume magnifique.



" Chacun peut penser à Yves comme il l'entend. Chacun a raison. Mon Yves à moi c'est celui auprès duquel j'ai vécu pendant 50 ans (...)"

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Lettres à Yves

Un livre de correspondances posthumes à sens unique qui racontent 50 années de vie. 50 années d’une relation avec ses hauts et ses bas, mais avec la certitude d’un amour absolu. Pierre Bergé est un homme extrêmement lettré et il sait choisir des phrases simples mais diablement efficaces. Comme « oui, nous avons traversé des orages et connu des naufrages mais nous n𠆚vons jamais douté de ce toujours » ou citant Pline le Jeune pour clore le roman: «J'ai perdu le témoin de ma vie, je crains désormais de vivre plus négligemment.»

Cet amour empli d𠆞vidence et de résilience est un hommage très émouvant.
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Lettres à Yves

Ce livre est une véritable ode à une personne que l'on a aimé presque plus que sa vie. Mais il démystifie ces grands personnages que sont Yves St Laurent et Pierre Bergé.



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Lettres à Yves

J'ai été très déçue. Peut-être bien sûr que mon ressenti est faux, mais j'ai eu l’impression que dès le départ, Pierre Bergé écrivait pour être lu du public. Certaines choses ne sonnent pas juste. Comme le PS qui n'a pas lieu d'être puisque si on suit le raisonnement, Yves l'avait déjà "entendu".



Je n'ai ressenti aucune émotion, et pourtant, à la mort de quelqu'un d'aimé... J'ai lu de bien plus belles lettres.



Ce qui ressort à la lecture, c'est un personnage déplaisant, je parle de Pierre Bergé pas d'Yves Saint-Laurent qui, au contraire, est paré de la beauté romantique et tragique des artistes tourmentés.



Et puis, quand on enlève les blancs et les citations d'autres auteurs (s'il en cite facilement, en revanche, de lui, de ce bouquin, on n'en retiendra aucune), il ne reste rien. Ça fait cher la page, et pour aucun frisson.
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Lettres à Yves

Ce livre est un hommage , pour ma part je n'ais pas trop aimer ce livre. Peut etre faut il admiré pierre Bergé ou Yves saint laurent pour apprécié pleinement ce livre.
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