Citations de Pierre Bottero (1975)
C'est injuste, protesta Salim. Tu sais bien que si tu me prends par les sentiments je suis capable de te suivre comme un aveugle jusqu'au bout du monde. Encore plus loin peut-être.
Le poids Lourd fonçait droit sur elle, tous freins bloqués. Les pneus malmenés hurlaient, leur gomme fumante essayant vainement d'arrêter les tentes tonnes du monstre.
Il avait agrippé le rebord de la fenêtre, contracté ses muscles, prêt à bondir. Il lui était impossible d'assister sans bouger à la scène. Il devait intervenir, fracasser la vitre, se battre, tuer si nécessaire. Sauver Ewilan...
- Celui qui s’affirme indispensable est un prétentieux, celui qui croit l’être un imbécile.
C’est quand il se tait qu’il faut l’entendre.
"La vie est un chemin qui se parcourt dans un seul sens", m'a dit Sylia la seule fois où nous nous sommes disputés. La reprendre à zéro est impossible. On peut choisir sa destination, réfléchir quand on arrive à une intersection, ralentir, accélérer, décider de ne plus refaire les mêmes erreurs, on ne revient jamais en arrière. Je comprends aujourd'hui à quel point elle avait raison.
La vengeance avait le goût amer de l’inutilité.
Les assauts sauvages des envoleurs se brisaient contre la grâce des arpenteurs de la voie. Les sabres des uns sifflaient dans le vide, les poignards des autres dessinaient des œuvres de mort.
Le Chaos était tenu en échec par l’Harmonie.
« Ellana barra le chemin aux mots qui voulaient sortir de sa bouche. Elle les obligea à redevenir pensées, les sculpta jusqu’à ce qu’ils reflètent ce qu’elle venait de découvrir. Alors, seulement, elle les libéra :
— L’art du Dessin n’est pas ma voie mais ceux qui la choisissent ont de la chance.
Jilano opina en silence.
Satisfait. »
(page 47)
« — Tu es libre, Ellana, et cela crée comme une lumière autour de toi. Les hommes ne s’y trompent pas et cherchent à te capturer pour s’approprier cette lumière. Parce qu’ils croient, à tort, qu’elle les éclairera, parce qu’ils sont incapables de la trouver en eux et ne supportent pas l’idée de vivre dans l’ombre, parce que le réflexe de celui qui est cloué au sol a toujours été de tuer celui qui sait voler.
— Personne ne cherche à me tuer. Du moins pas ces hommes-là.
— Leur désir que tu les suives revient au même. Éblouis par tes ailes et puisqu’ils sont inaptes au vol, ils rêvent que tu les sacrifies pour eux.
— N’est-ce pas l’amour qui exige cela ?
Jilano secoua la tête.
— Absolument pas, Ellana. L’amour consiste à ouvrir des portes et des fenêtres, pas à bâtir des prisons. »
(page 337)
Parce que j'ai commencé à vivre en te voyant.
- Tu es sûre que c'était toi? lui demanda Salim. (...)
- J'en suis certaine. J'ai eu la même impression qu'hier au parc. J'ai imaginé la scène, ou plutôt je l'ai modifiée dans ma tête.
_ Mais on fait tous ça...
_ Non. Il y a une différence et là, j'en ai eu conscience. A un moment, j'ai basculé dans une dimension où j'ai imaginé exactement ce qu'il y avait sur le tableau quand j'ai ouvert les yeux!
_ Ca alors, ma vieille, à côté de toi les X-Men sont des vieillards gâteux!
_ Salim, je n'ai pas envie de rire. Qu'est-ce que je vais faire?
_ C'est simple, si tu étais dans un film, tu apprendrais à maîtriser ton pouvoir et tu l'utiliserais pour régler son compte à l'araignée cosmique.
_ Salim, on n'est pas dans un film, je suis dans les ennuis jusqu'au cou.
(p. 46 à p.47)
Juste avant de mourir, mon grand-père m'a fait un don merveilleux. Plus précieux que le plus précieux des trésors. Un don magique.
Juste avant de mourir, mon grand-père m'a offert une phrase.
Une simple phrase.
"N'oublie pas, Elio, seuls l'amour et la vérité sont des pouvoirs"
...
"Celui qui croit savoir n'apprend plus"
Il avait erré un moment dans l'immense villa avant de se coucher. Shaé avait été au cœur de la plupart de ses rêves.
Éveillés ou non.
Un combat est un seul geste. Qu'il dure une seconde ou une heure. Qu'il t'oppose à un ennemi ou à dix. Un seul geste, un seul souffle.
Si un marchombre est mouvement, jeune apprentie, il peut aussi être absence de mouvement.
Ombre et lumière, action et inaction, jaillissement et immobilité.
Le noir est total.
- Je serais là. Toujours.
Les voix sont devenues des étoiles.
Rassurantes.
- Toujours.
Et entre les voix ... une voie.
Droite et sinueuse.
Sombre et lumineuse.
Rude et douce.
La voie du marchombre.
Ellana.
Elle avait treize ans.
Des milliers de choses à raconter. Et mille fois plus à vivre.
Elle s'endormit sans s'en apercevoir.
Ellana.
Doucement le prénom se posa sur ses paupières closes, se glissa le long de sas respiration régulière, se coula dans son cœur, son âme et chacune des cellules de son corps.
Il devint elle.
Elle devint lui.
Ellana.
- Hé, Oukilip, regarde ça !
Pilipip tendit à son frère un flacon de cristal contenant un liquide ambré. Oukilip s'en empara et, en prenant l'air important, le déboucha avant de le porter à ses narines.
- De l'agrume, jugea-t-il, certainement de la mandarine. Une note boisée, une trace d'eau de rose, un brin de cannelle, un peu de violette aussi et une pointe de musc.
Il sentit à nouveau, se concentra ...
- Et un soupçon d'essence de mûrier ! Un excellent cru.
Il leva le flacon et, sans tenir compte de l'exclamation catastrophée de Pilipip, en but le contenu d'une seule gorgée.
- Sauvage ! éructa Pilipip hors de lui. Voleur ! Ce vin était à moi ! Espèce de sacripan boiteux !
- Désolé, Pil, j'ai cru que c'était un cadeau.
- Tsss, un cadeau ... Est-ce que j'ai une tête à faire des cadeaux ? Est-ce que tu me fais des cadeaux, toi ?
Oukilip posa une main conciliante sur l'épaule de son frère.
- Pour ton anniversaire, le mois dernier, je t'ai offert un gros champignon.
- C'est vrai, admit Pil amadoué. Un rouge avec des points blancs qui sentait drôlement bon.
- Tu vois.
- Et j'ai été malade comme un chien ! s'emporta Pilipip. Tu as voulu te débarrasser de moi
- Mais non, mais non.
- Pourquoi les nuages vont dans un sens et nous dans l'autre ?
Homaël Caldin éclata d'un rire tonitruant.
- Parce que nous ne sommes pas des nuages, Grenouille ! s'exclama-t-il en ébouriffant les cheveu de la fillette assise à côté de lui.