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Citations de Pierre Chazal (49)


La brume se leva bientôt sur un paysage nu et solitaire de forêts sans arbre et de rivières. Un carnet sur les genoux, stylo en main, je regardais défiler l'Ecosse de la lande et des tourbières, cette Ecosse au ciel bas qui, dans son landau de nuages, dormait d'un faux sommeil. Car on aurait pu croire, tapis dans la bruyère, cachés derrière une crête, qu'une troupe de highlanders surveillait l'avancée du train, prêts à donner l'alerte. Aucun autre pays, aucune autre région du monde ne m'avait jusqu'ici fait cette étrange impression. Celle d'une contrée qui, sans forcer, par sa manière de respirer, épousait les contours de sa légende.
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Tandis que le ciel parisien s'offre à l'est un dégradé bleu lavande, croquant la nuit bout par bout de Créteil à Drancy, la grande trouée de l'île-de-France s'allonge à l'horizon, immense tapis déroulé aux pieds du Sacré-cœur. Ce roi bâtard prisonnier de sa colline, exhibé sur son trône à la vue du bas peuple, pourtant si fier, on y croirait, de toiser comme chaque matin à travers la brume automnale son armée de cinq millions d'âmes dormant d'un seul sommeil dans un bivouac de pierre et de zinc, prêtes à bondir au chant du réveil dans les couloirs du métro pour répondre au plus tôt le terrain abandonné la veille.
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Qui connaît un peu la jeunesse sait que quoi qu'on foute sur la casserole, l'eau qui bout trouvera toujours un passage pour s'enfuir.
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Sous la lune ronde et pleine de la coupole étoilée, vous étiez comme deux comètes filantes venues survoler la Terre en rase-motte. Ultimes trouble-fêtes d'un monde idiot, ivre avant l'heure de sa propre bêtise, vous avez fait passer un dernier courant d'air sur la table des plaisirs perdus dont vous avez soufflé les bougies une à une.
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"-Je vais vous raconter quelque chose, à tous. Posez vos stylos. Vous savez peut-être ce qu'est le CAPES. (...)Et bien à l'examen du CAPES, cette année, on a accepté pour la première fois des candidats avec sept de moyenne dans leur spécialité. Des futurs enseignants avec sept de moyenne. Pourquoi, à votre avis? Monsieur Matignon?
-Parce que plus personne veut faire prof et qu'il y a pas assez de candidats.
-Parce que le Titanic a fait naufrage, jeunes gens. Tous les canots sont à la mer. Vous êtes, nous sommes les derniers sur le pont. A croire aux vertus de l'intelligence, de l'esprit critique, de l'humanisme, de l'humilité devant le savoir. Quoique vous en pensiez,mademoiselle Halper, mon travail n'est pas, mon travail n'est plus,de former des bons petits soldats, qui obéiront aux ordres. Mon travail, aujourd'hui, est de former des résistants. Des résistants qui un jour, peut-être, auront à prendre les armes. Et devront rappeler à ceux pour qui la lecture n'est rien, à qui l'histoire n'apprend rien, pour qui penser, même, n'est rien, qu'on ne naît pas homme mais qu'on le devient. Et ces gens-là, croyez-moi, vous en rencontrerez beaucoup et ils ne s'excuseront de rien. Et vous non plus, vous ne devrez pas vous excuser. Parce que s'excuser de savoir, jeunes gens, c'est s'excuser d'être un homme."
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Du blanc sur blanc façon crème chantilly, noyant les toits, bouchant les cheminées, avalant les oiseaux. Si Dieu, en ce jour, avait voulu repeindre le ciel, il aurait trouvé à son chevalet une toile plus vierge que nature. Douce et granuleuse à souhait, à peine salie par les gaz d'échappement, prête à toutes les prostitutions pour charmer le regard des hommes.
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Papa et maman ont fait un bout de chemin ensemble, maman a crevé sur la route et papa est parti chercher un pneu de secours.
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L'esprit des temps, Balt, l'esprit des temps. Ou tu vis avec, ou tu creuses un trou et tu restes dedans.
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"Sarah.
-Quoi?
-Je crois que ton père et moi, on s'était pas trompés.
-Trompés sur quoi?
-En disant qu'on t'avait réussie."
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"Chienne de vie" a fait Dédé.
J'ai levé la tête de ma tasse et j'ai dit, un peu sèchement:
"La vie, elle est ce qu'on en fait."
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England. Terre des Angles. Ces chers bourreaux dont mon grand-père disait qu'ils ont quelque chose, à l'intérieur du dedans, qui fait que par le fait ils ne fonctionnent pas comme nous : "Et de malentendu en malentendu, ça donne Dunkerque. Je le sais, j'y étais."
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Mais quoi que tu fasses, de toute façon, tu seras toujours mon petit bonhomme. La part de moi-même qui mourra en dernier, et qui se battra contre les vers jusque dans mon cercueil. El si un jour pour toi le temps tourne à l'orage, que ton petit bateau chavire parce que les vagues sont trop hautes, souviens-toi de nous et de notre histoire. Celle du radeau qui a pris la mer avec deux frères à son bord et qui a mis le cap sur l'Amérique sans même savoir où c'était.
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Sur le Carrefour Market de Loures, ses rues désertes et sa gare fantôme, même le plus grand poète peinerait à écrire un vers. Du condensé d'exode rural à la sauce baroussaise. Pas une grand-mère pour se pencher à une fenêtre, pas même un chien pour se dorer la pilule au soleil. Boulangerie fermée, tabac fermé, église en grève depuis deux générations.
Papy et mamie dorment au cimetière et ont laissé à l’aîné les clés de la maison. Lequel, sur la route de Tarbes, a contacté sa banque pour savoir combien il en tirerait.
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- On ne te demande rien, nous.
- Non, Stan, bien sûr. Vous ne me demandez rien. Je vous ai torchés, je vous ai soignés, je vous ai mis à l'école. Maintenant, je peux crever, tout le monde s'en fout. Le monde merveilleux des femmes de cinquante berges : lâchez la grappe à vos gosses, allez pleurer votre mari au cimetière, avec un peu de chance Dieu se rappellera de vous et...
- Ca va, arrête ton refrain. Tu l'as déjà chanté tout à l'heure.
- C'est le principe des refrains, mon fils. On a besoin de les répéter. Jusqu'à ce que par miracle ça rentre dans la tête des gens.
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Le jour était à peine levé que déjà il éclairait ce qui dans ce bas monde faisait s'étriper les gens : des familles à nourrir, des causes à défendre, des lois à signer. Mais en matière de misère, le môme, il était plus à dépuceler.
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Lignes de suite
Ce livre que vous venez d'achever je l'ai imaginé et construit autour de mes souvenirs de Londres et des West-Midlands, sorte d'aquarium anglais dans lequel je le suis amusé à plonger mes deux petits poissons français, Nicolas et Julie. L'un part à la recherche de l'autre, un peu à la manière du poisson-clown dans le monde de Nemo.
J'ai voulu ce voyage initiatique de Nicolas à la fois grave et léger, sérieux et anodin, à l'image de son héros: un dilettante un peu hors-sujet qui finira par se mettre au diapason de sa propre histoire. Un peu comme nous autres qui nous voulons auteurs et qui n'y parvenons, un peu je crois, que lorsque nos petits poissons arrivent à nager tout seuls.
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Les télévisions, ici, n'hypnotisaient plus personne depuis que les récepteurs avaient perdu le nord et que les liaisons satellites avaient été coupées. La réalité de leur caverne était qu'elle irradiait de l'intérieur. On offrait son ventre à la lumière en ayant tourné le dos aux parois fluorescentes du monde des illusions d'otpique. Il y avait la terre, la mer, le ciel et le soleil. C'était déjà beaucoup - on n'en demandait pas plus. A aucun moment le vieil homme ne s'était dit qu'on était revenu à lâge de pierre; mais peut-être qu'en effet on était revenu à l'âge d'homme.
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"Chienne de vie" a fait Dédé.
J'ai levé la tête de ma tasse et j'ai dit, un peu sèchement :
"La vie, elle est ce qu'on en fait."
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Ce Londres-là, ce Londres des visages en sueur et des pupilles dilatées n'avait ni pont, ni fleuve, ni monument, ni histoire.
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Des gens comme mon père, ça leur passait au-dessus. La grande parade des familles dans les galeries marchandes du passage des Tanneurs, pour lui c'était du Grand-Guignol, du faux-filet bourgeois à découper en tranches pour nourrir les clébards. Mais ils étaient heureux, et lui pas. Ca en faisait pas des modèles à suivre, juste des exemples à méditer. Guignols ou pas, on les voyait jamais flanquer une tarte à leur môme parce qu'il marchait sur ses lacets, ni engueuler leur femme qui passait cinq minutes sur chaque marque de déo. L'argent les rendait heureux, et le bonheur les rendait paisibles. A choisir entre leur formule et celle de mon père, rien que pour Marcus, j'hésitais pas une seconde.
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