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Citations de Pierre Combescot (20)


J'ai vécu dix fois plus intensément que tout ce qui est vivant et je meurs mille fois plus profondément. J'ai aimé la vie mais ma plus grande joie aura été de la rompre comme, tant de fois, je me suis amusé à briser le silence par le rire. Je ne connais ni le chagrin ni l'allégresse, le plaisir non plus que la douleur, mais je peux pleurer, jubiler, rire et gémir tout à la fois, immensément. Je suis le CIRQUE
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Avec ses guêtres, sa canne en bois d'amourette, ses cheveux finement argentés qu'il gominait avec soin, sa taille encore bien prise, un séducteur des années trente. Pas étonnant donc qu'il fût devenu, de la Bastille à la République, le tombeur des rombières. On le connaissait aussi dans le quartier sous le nom de Chipolata. C'était son nom d'artiste. En effet, il était l'un des derniers clowns tristes, la race était en voie de disparition.
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« Il se penche sur les cadavres. La mort devient sa compagne. Il veut la démasquer. Il y a de l’obstination dans cette quête. Il poursuit un but caché. Le connaît-il lui-même ? Il entre chaque jour un peu plus dans l’ombre du crime. Il est un assassin, il le reconnaît au plaisir qu’il a de tuer. » (p. 50)
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Le roi heureux, souriant, ne cessant de la couver du regard, et se montrant galant même. C'est qu'il est tout étonné de trouver un tendron, rose et frais, ce monarque ! Et puis quel charme ! Même si la gorge de la Dauphine lui semble ici encore en promesse, cette archiduchesse est à son goût. La veille, il s'était pourtant inquiété de cette gorge auprès du notaire royal qui, à bride abattue, était arrivé de Strasbourg pour lui remettre l'acte officiel de la remise :
- Mme la Dauphine a-t-elle de la gorge ? lui demande-t-il à brule-pourpoint.
- Elle possède de très beaux yeux bleus.
- Ce n'est pas de cela dont je veux parler... Les yeux fort bien ! Mais la gorge ?
- Sire, je n'ai pas pris la liberté de pousser l'inspection jusque-là...
- Vous êtes un nigaud, interrompt le Roi. - Et en vieux libertin, d'ajouter : - c'est la première chose qu'on regarde aux femmes....
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Il est crevé! Alors gai! gai! marions-nous! Après Hortense voilà le tour de Marie, et dans un an ce sera le tour de Marianne. Avant de s'éclipser pour un monde meilleur, le Cardinal a tenu à s'assurer de l'avenir de ses nièces. Hortense a pleuré un peu. Elle est bien la seule. Tant pis! elle ne sera donc pas duchesse de Savoie ou reine d'Angleterre; et cela par pure avarice. C'est que l'oncle y a regardé à deux fois pour la dot.
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La petite Marianne qui s'est jointe aux deux sœurs bat des mains.
"Moi aussi je serai une princesse! Moi aussi, comme vous, j'épouserai un vilain seigneur! Mais moi, je prendrai des amoureux!"
A douze ans, le petit monstre ne laisse pas de tenir ses promesses.
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Emma découvrait, à la lueur rose de la lampe du petit guéridon, un monstre. Pire la caricature de sa vie et de ses amours...
Cette chose molle, décolorée, poisseuse qu'elle avait sentie l'envahir quelques instants auparavant dans la rue, et qui lui était tombée dessus comme un poulpe, avait pris enfin corps, pour devenir cette fille. Cette chair de sa chair dont elle s' était détournée une fois pour toutes avec violence. Un cri de désespoir qu'elle avait cru étouffé au fond d'elle-même:"Arrachez cette enfant de mes entrailles. "
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« Ce fut un tueur d’enfants, un pédéraste, un sodomite, une bête enragée ; il eut de grands vices, mais n’en appartient que davantage à notre pauvre humanité. » (p. 13)
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« Une odeur de charnier saturait l’air. Amoncellement de crustacés d’acier mal nettoyés par les vents au milieu d’un taillis de ferrailles, reste d’une chevauchée sans lendemain mûrissant au soleil. La trahison, la peste prospéraient. Les princes s’assassinaient avec minutie. Et pas les moindres : ceux de sang. Bourgogne, Orléans. Les lances, les braquemarts, les haches, les becs-de-faucon, les boucliers abandonnés hérissaient la terre ; la rendaient rêche et vaine. Les hasards de la guerre ne traitaient pas mieux le fier chevalier que le simple piéton ou le sournois archer anglais. Étendards en loques, bannières effilochées par les vents, usés par les années, trempaient dans la boue. Certains dataient de la lointaine bataille de Poitiers : Luxembourg, Alençon, Châtillon, Chalons, d’Harcourt, Nevers… Et dans l’enclos d’Azincourt, ce fut pire encore. Les barons s’entremêlaient avec les ducs et ceux-ci avec leurs écuyers. Les carcasses des chevaux formaient de grands orgues où le vent, s’engouffrant, hennissait sa musique. Tous étaient égaux devant la mort. » (p. 11-12)
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Ne voulant pas en rester là, je demandai à Pétrone : « Mais l'homme ? Oui, l'homme Sénèque ? Je ne parle pas de l'artiste, mais de l'homme dans son particulier. Qu'était-il au fond ? » La réponse claqua : « Un parfait salaud !... » Il fit une pause comme s'il eût voulu réfléchir, chercher à nuancer son jugement. Au bout d'un moment, il ajouta : « Au fond, ni plus ni moins salaud que Caton son modèle qui, au temps de la République, céda sa femme Marcia à son ami Hortensius, le grand orateur, pour l'épouser à nouveau à la mort de ce dernier quand elle eut palpé le pactole. Un joli coco aussi, celui-là. - Mais sa condamnation était-elle vraiment fondée ?... - Parfaitement fondée... - Pourquoi ? - Parce qu'elle était injuste et rien n'est plus encourageant que l'injustice... C'était un optimiste et je n'aime pas les optimistes... Il s'est amusé avec les idées ; il a enseigné l'analyse sans imaginer que l'intelligence mène au doute, au découragement, à l'impossibilité de se satisfaire de quoi que ce soit... »

Ces paroles brutales, dépourvues d'espoir, tombèrent comme un couperet. Je crois bien me souvenir aujourd'hui que dans mon désarroi je lui demandai : « Mais alors que faire ?... - Vivre au jour le jour. Maquereautage. Parasitisme... Voilà... A la godille... »

J'admirais Pétrone pour sa liberté de faire une œuvre du quotidien, de l'anecdotique glané d'une multitude de petites découvertes et d'aubaines individuelles ; pour son esprit original et fantaisiste aussi, son charme amer ; pour son insolence car ce délicat de cour, sous les dehors d'un voluptueux du désenchantement, perçait toutes les hypocrisies et les conventions de son milieu, ne se ménageant pas lui-même.

Un soir, chez Néron, lors d'un souper, Ménécrate, son diseur favori, ayant fini de réciter une des pièces en vers de Pétrone, tous les convives surenchérirent de compliments : « Ah ! Cher Pétrone, tes vers enfoncent ceux de Virgile... » Il n'avait pas fallu le pousser pour qu'il rétorque, avec cette ironie décapante qui lui était propre : « Virgile, mais certainement !... Mais un Virgile pour Géorgiques de latrines. »
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Dans le maigre jour de la garde-robe, ou eût pu prendre la dame d’atour pour un oiseau nocturne venu par mégarde se poser sur l’épaule de la reine. Ombre sur ombre. Crissement de soie sur la soie. Soupirs. Gazouillis d’italien. Et par instants, à de furtifs hochements de tête, comme un épouillage. Au vrai ce triste hibou, de bonne heure asphyxié dans la malsaine obscurité des alcôves et des cabinets, s’appliquait, comme elle en avait l’habitude depuis trente ans, à démêler, d’un peigne agile, la blonde chevelure de sa maîtresse. De temps à autre Léonora – c’était son prénom – suspendait son mouvement et alors, tel le rapace qui d’un bec acéré plonge sur sa proie, tirait un cheveu blanc.
Incipit.
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"Peu douées pour des existences rangées, leurs amours, leur fantaisie, leurs défauts même et cette étrange folie que chacune déclinait à son gré leur donnèrent un éclat rare, cette grâce particulière qui leur restitua ce que l'histoire leur avait refusé."
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Un doute la saisit. Elle se sent seule, abandonnée, jetée dans un monde inconnu. Cependant, elle tire une ivresse de cet état, de ses oscillations intérieures. Elle connaît ce ton grave et nu des véritables rieurs, ce rire doré. Elle possède aussi le goût de la découverte d’elle-même. Soudain elle aperçoit un miroir. Elle s’en approche. Elle pousse un cri. Chancelle avant de s’évanouir. On se précipite. On la relève. On lui fait respirer des sels.
Dorénavant elle évitera de se mirer.
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Dianora a pour la première fois le sentiment d’être exclue. Mise à part. d’être une irrégulière. Elle ne sait pas encore que c’est dans cette irrégularité qu’elle puisera sa force. Sa parenté de l’ombre, son cousinage de la clandestinité. Elle se prêtera mais ne se donnera qu’à elle-même. Elle évitera ainsi de devenir un de ces mannequins qui font le pied de grue dans les antichambres en se tortillant dans leur élégance.
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Elle sentait qu'il y a des choses étranges qui se tissent entre les gens et qui gagnent à demeurer inexpliquées, afin de ne pas détruire l'ordre établi.
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Loulou, en parlant, tentait de ramener désespérément vers une même source les eaux dispersées de la vie, les plus claires, mais également celles qui s'étaient perdues dans les sables de l'oubli. Vers ce point où un destin peut en racheter un autre.
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Chacun se protège comme il peut de l'autre en s'assurant de ses secrets.
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Elle ne connaissait rien de cette Kundry, dont elle entendait le nom pour la première fois, ni de Parsifal, ni du Roi pourrissant, dont le nom, chaque fois qu'il le prononçait mettait les larmes aux yeux de Bolko. En revanche, elle connaissait les clameurs de Lilith. Depuis longtemps, certaines nuits, elle percevait au fond d'elle les douloureux ululements de l'imparfaite créature.
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Gilles aime les molosses et il ne lui déplaît pas de voir un de ces monstres mettre à mal des troupeaux d'agneaux. Le sang l'attire.
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Elle demeura un instant comme muette, en suspens, errant sans doute au travers de sentiments atroces, dont elle tirait sa douleur et une certaine ivresse.
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