Aucune cause, aussi juste soit-elle, n'autorise à tromper ainsi les gens.
"Tout peut être dit...même l'irréel."
- Ne bouge plus. Ferme les yeux et essaie de dormir. Une seule chose compte désormais : il faut survivre et être fort. Ceux qui faiblissent sont condamnés. Que faisais-tu quand une de tes chèvres s’était brisé une patte ?
- Je la tuais.
- Voilà. Nous n’avons qu’un seul espoir : avoir un prix, être une bonne marchandise. Car maintenant, nous sommes une marchandise, que ces hommes ont achetée pour la revendre.
- Comment sais-tu cela ?
- Tu oublies que ça m’est déjà arrivé. J’étais petite, mais je me souviens. Il faut dormir, Traoré, pour ne plus penser.
Ces grilles rappelaient constamment aux passagers des bus que
les rues d'Oran étaient meurtrières, et qu'il fallait être en cage pour
être protégé. Le jeune garçon ne se sentait libre que sur les trois
cents mètres qu'il devait parcourir à pied de la place d'Armes au
lycée Lamoricière, par le boulevard Gallieni. Son père estimait le
trajet sans danger parce que, aussi bien devant l'hôtel Martinez
qu'à l'entrée de la Banque d'Algérie, des militaires casqués,
pistolet-mitrailleur au côté, montaient la garde à l'abri de sacs de sable.
Au début, Christophe avait été impressionné, puis rapidement, leur
présence lui avait paru naturelle. Ils étaient jeunes et ils plaisantaient
entre eux, surtout lorsqu'une jeune fille passait à proximité.
"Le passé était un bon refuge, c'est vrai, mais on ne pouvait pas passer sa vie à se le rabâcher ou en rabattre les oreilles des autres."
" C'est toi que mon cœur aime "
- Tu vois, Benjamin, me dit-il, la France et les Antilles, c'est un vieux couple. On s'aime, on se hait. On voudrait se quitter, mais on a peur de le faire. Alors, pour le pire et le meilleur, on reste ensemble.
Sans aucun doute, ses congénères manquaient de jugement, mais il devait bien reconnaître qu'il avait sa part de responsabilité dans l'affaire. Il y avait autre chose. Quelque chose de primordial...Et soudain, un trait de lumière traversa son encéphale. La communication ! La question est là. Nous avons un problème de communication. Tous les "wroumpf" du monde, même déclinés sur tous les tons et sur tous les modes, ne suffiraient jamais à se faire entendre.
-C'est un papier qui vient de l'hôpital où travaillait maman, explique-t-il. Il est signé du directeur : "En application de la Loi du 2 juin 1941, et en raison de la consommation hébraïque de son prénom, Rachel Jourdan est démise de ses fonctions d’infirmière hospitalière. Il lui faudra, pour les recouvrer, faire preuve de sa non-appartenance à la race juive."
"Constater la vérité était une chose, mais la prévoir, la subodorer était une véritable aventure."