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3.34/5 (sur 58 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Pas-de-Calais , 1989
Biographie :

Diplômé de l’école Polytechnique, dans le cadre de laquelle il a séjourné en Afrique, il vit et travaille à Paris.

"Djibouti" est son premier roman.

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Pierre Deram - Djibouti .
A l'occasion des Correspondances de Manosque 2015, Pierre Deram vous présente son ouvrage "Djibouti" aux éditions Buchet Chastel. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/deram-pierre-djibouti-9782283028445.html Notes de Musique : © Mollat www.mollat.com Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Du nord au sud, ce n’est qu’un grand paysage dévasté, où des champs de pierres volcaniques se disputent quelques pitons décharnés. Tout est mort. Le soleil écrase l’étendue silencieuse. Sous l’effet de la chaleur, la rocaille brune se désagrège et couvre le sol de traînées rougeâtres.
Une heure durant, l’ombre de l’avion glisse inlassablement sur les mêmes décors, les mêmes oueds asséchés et les mêmes talwegs cernés de crêtes tranchantes. Çà et là, dispersés entre les rangées de sièges vides, les voyageurs attendent en silence – les visages tendus, sans que l’on puisse dire s’il s’agit d’angoisses ou de rêveries – attendent en silence qu’apparaissent dans un lointain mirage les premiers reflets de la mer Rouge.
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Plus tard, la pluie avait redoublé d'intensité, on n'entendait plus que le bruit des gouttes contre les feuillages des arbres et le ruissellement invisible de l'eau entre les feuilles mortes. Adossés à un arbre du bois, côte à côte au milieu de la nuit, ils avaient partagé une cigarette en échangeant quelques banalités. Puis, ils avaient regardé sans un mot la lune et les étoiles qui l'entouraient, les fragments d'un monde brisé. "Dites-moi, Seigneur, là-haut, tout n'a-t-il toujours été que ce long et douloureux chaos ?"
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Mais il faut tellement d'obscurité pour tellement de rêves ! Des profondeurs de la terre, ils montent en brume invisible comme les songes qui s'élèvent du corps des femmes endormies quand, tressaillant dans la nuit, leurs petites mains se serrent et leurs douces lèvres balbutient. Là seulement, après tant de souffrances et de misères, le Djiboutien harassé tombe en pleurs aux pieds de son superbe et terrifiant pays, et, installé contre un mur ou somnolant sous un ventilateur, se laisse rouler vers les suaves visions que le khat révèle à ceux qu'il a soumis. La nuit l'envahit, pleine de couleurs grandioses et des torrents de rêves l'emportent, minuscule, à mille lieues du désert aride contre lequel il s'endort. Comment soupçonner tant de délires cachés sous ces austères paysages ? Mais si l'on broute ses feuilles, si l'on goûte sa sève obscure ! La nuit s'embrase de pétrole noir, et de cette lumière impossible, de tout ce néant sans espoir, la beauté jaillit, irrésistible. Dans les ténèbres glacées qui l'enserrent, le cœur de l'homme se gonfle tout à coup et gonfle encore, gonfle comme une immense voile où le vent chaud et profond de la vie s'engouffre. C'est minuit !
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Alors midi approche. Dans un silence de mort, les dernières flaques de ténèbres se dissipent. Tout ce qu’il y avait d’immense et de vertigineux dans l’étendue des paysages disparaît avec les ombres qui en donnaient la mesure. Il n’y a plus que la verticalité pure. Une grêle d’or s’abat sur la ville. Le grand soleil déchire les cieux. La pointe de la mosquée Hamoudi rejoint l’aplomb de son ombre et les aiguilles de la place Menelik s’alignent au sommet de leur cadran. L’immonde cathédrale du Bon-Pasteur sombre dans l’obscurité tandis que les fonds des puits asséchés s’illuminent. Tombant droit comme des fils à plomb, les rayons du soleil semblent soudain monter du sol et ouvrir la cime du ciel. Alors, réfugiés au fond d’une chambre tiède ou sous un escalier noir, cherchant un peu de fraîcheur derrière les fentes d’un moucharabieh, les hommes chuchotent dans la pénombre et, tombant de leurs lèvres indolentes, le même mot se répercute à l’infini dans tous les faubourgs de Djibouti : Dohori ! C’est midi !
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Un roman magistral nous dit-on en quatrième de couverture. Magistral à condition de ne pas craindre le sordide. Car dans ce domaine on pourra difficilement faire plus avilissant que les scènes de débauche en cette veille de retour en France pour Marckus, lieutenant de la coloniale en séjour à Djibouti. Un ouvrage sans autre intrigue que celle de vivre une dernière soirée dans les bars à prostituées de la Corne de l'Afrique, avant de rentrer au pays de l'aménagement du territoire et de l'égalité homme-femme.

"Nous sommes les enfants de la violence et de la beauté" avait retenu Marckus d'un de ses congénères qui décrivait ainsi la vie des militaires en poste en Afrique. Pour être exhaustif dans l'exploration de la nature humaine, il ne faut certes pas craindre d'aborder sa laideur. Quant à la beauté, Pierre Deram nous la développera sans doute dans un prochain ouvrage. On sort de celui-ci avec la conviction qu'il avait un compte à régler avec la grande muette, à nous la peindre sous ses travers les plus ignobles. Car s'il y a des péripéties qui pourraient élever le débat dans le domaine de la sensibilité, elles sont consciencieusement noyées dans d'autres qui donnent plutôt envie de vomir.

S'il faut trouver un créneau d'originalité pour être édité, celui qui fait sortir Pierre Deram de l'anonymat vient du fond du caniveau. Attendons donc le prochain ouvrage pour aborder le bon côté de la nature humaine.
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Comment soupçonner tant de délires cachés sous ces austères paysages ? Mais si l’on broute ses feuilles, si l’on goûte sa sève obscure ! La nuit s’embrase comme un nuage de pétrole noir, et de cette lumière impossible, de tout ce néant sans espoir, la beauté jaillit, irrésistible. Dans les ténèbres glacées qui l’enserrent le cœur de l’homme se gonfle tout à coup et gonfle encore, gonfle come une immense voile où le vent chaud et profond de la vie s’engouffre. C’est minuit !
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Et voilà donc à quoi rêvaient les hommes et les femmes, penchés au-dessus de cette grande bouche humide, ne rêvant eux aussi que de ça, d'être un jour avalés, refondus, dissolus, digérés par l'action conjointe de la terre et de l'eau et rendus enfin, oui rendus à la belle et silencieuse immensité du désert. Ils priaient agenouillés sur leur terre, et tandis que montaient au ciel leurs rêves emplis de poussière et de vent, sous leurs pieds commençaient déjà de germer en silence les graines que l'eau avait charriées depuis les hauts plateaux d’Éthiopie, et le lendemain alors, le lendemain et pour une journée seulement, au milieu de cet estomac de sable et de cailloux, pousseraient par endroits quelques pétales de fleurs, quelques fleurs du désert à l'endroit où jadis ne tombaient que des larmes et des bouquets de visages en pleurs.
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En plein jour, Djibouti est presque insoutenable. D'Ali Sabieh à Tadjourah, le pays tout entier est plongé dans un déluge de feu. En ville, où la vie est suspendue à son souffle brûlant, l'immense soleil réduit en cendres tout ce qui essaye d'échapper à son empire. Les bâtiments gonflent et se tordent sous l'effet de la chaleur, les plaques de bitume explosent, et l'eau de tous les réservoirs s'évapore sous les yeux des habitants qu'elle est censée abreuver.
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Soudain ils ne furent plus rien, pas même un soldat et une putain, mais deux enfants perdus au milieu du monde, serrés l’un contre l’autre sur ce matelas sale, roulant à moitié inconscients, le sang rapide, les yeux brillants, roulant si loin de tout, roulant à n’en plus finir au fond de l’indicible comme deux bagnards sautant d’un train en marche. »
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Enfin, la circulation se canalisa sur une seule voie et le taxi atteignit l’entrée de la rue d’Éthiopie. Tout s’éclaira soudainement. Les enseignes lumineuses des bars conjuraient d’un seul coup l’obscurité rampante. Bleue, verte ou rouge : toute la rue clignotait comme un grand flipper. Trente enseignes crachaient de toutes leurs forces pour repousser les ténèbres qui menaçaient déjà de les dévorer, attendant la moindre panne pour tout engloutir. Sous les lumières électriques et violentes des néons, une foule bruyante se massait en désordre. La rumeur des conversations se mêlait au tintamarre des klaxons. L’ivrognerie et la tension sexuelle étaient partout palpables. Des légionnaires en chemise, des marins, des soldats et des nayas vulgaires se poussaient d’un bar à l’autre, s’interpellant, se croisant, se mélangeant. ici, quelques légionnaires avinés empêchaient l’un des leurs de pénétrer dans le bar dont il venait de se faire exclure, là un type ivre qu’un autre soutenait titubait sous les arcades, ailleurs une fille giflait son amant d’un soir, plus loin quelques vendeurs discrets se glissaient entre les colonnades, contre un mur un groupe de gendarmes fumait des cigarettes en regardant du coin de l’oeil les matraques qui pendaient aux ceintures d’une patrouille de la police militaire, dans un coin deux ou trois aventuriers fomentaient on ne sait quelle expédition au fin fond du désert, de ce désert si proche que chaque nuit le voyait gagner mètre après mètre sur les faubourgs de la ville. Le taxi avançait lentement au milieu de l’agitation.
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