Citations de Pierre DesRuisseaux (22)
Le féminicide de Juarez
À César Vallejo, poète péruvien
Je suis né un jour
où Dieu était malade
tous savent que je suis vivant
que je suis féroce, que je
ne peux distinguer décembre de janvier
je suis né un jour
où Dieu était malade
il y a un vide
de mon être métaphysique
que personne n’a pu saisir
un silencio qui s’exprime à fleur de peau
voyez-vous je suis né un jour
où Dieu était malade
mon frère écoute-moi
pour que je ne parte pas
sans emporter décembre
sans oublier janvier
je suis né un jour
où Dieu était malade
tous savent que je suis vivant
que je me nourris mais ignorent
pourquoi dans mes vers râpeux
il y a un obscur sentiment d’inconfort
un grand vent qui interroge
le désert
tous savent et ne savent pas
que la lumière se consume
et l’ombre est immense
que le mystère est une triste musique
qui de loin en loin dénonce la mort
moi je suis né un jour
où Dieu était malade.
Qu'est-ce que je sais
de ce que nous sommes
je sais qu'il y a entre nous
cet espace qui nous transmet
nous susurre quelque chose comme
de rendre des comptes
je sais encore qu'il faudrait toucher le vent
je sais aussi qu'on se nomme sans se connaître
mais est-ce que je sais te parler?
Il suffit d'une rupture
pour bouger pour avancer
silence enfin porté
si vite je vois l'aube
qu'écoute au-delà de la parole
la voix bleue du réel.
J'ai tracé seul
chaque passage
mais après le songe
mais dans un miroir
aussi grand que des ailes.
Dans le Popol Vuh, le mythe se confond avec l’histoire, de la même façon que l’histoire se fond à la culture. L’histoire se déroule au sein de l’espace-temps sans discontinuité, sans rupture, marquant les étapes successives du développement humain.
Gosser. Gosser autour; tourner en rond, tergiverser, perdre son temps.
Cette espèce d'où qu'elle vienne, qui cherche sa place. Je me vide de ma voix rauque. Sait-on s’additionner ? Les corps entier (fermés à clé) accélèrent de leurs petites ailes. Nous atteindrons le pôle alors, pourtant le reflet d'une goutte d'eau.
Voici la pluie avec un peu de couleur qui s'attarde dans le ciel. Imagine le coquelicot la pensée se pose dans la voix si elle parle. Parce que je ne sais rien, les gestes continuent à tourner.
L'oiseau est frêle
ne verra plus l'enfant
quand un lierre
aura envahi le désir
mais peux-tu calculer
parlant de poésie
pourquoi nous avons soif
de ce qui nous isole ?
Il y a le livre premier : l'écriture ancienne. Ce livre n'existe que pour le regret, que pour être médité.
Nulle part on ne voyait la terre, la mer entière se mirait dans le ciel ; nul corps n’existait ; rien n’était terminé , rien ne bougeait, tout n’était qu’absorption, tout n’était qu’immobilité ; quand le ciel fut terminé, rien n’émergea.
Dans la mentalité maya, il n’existe aucune coupure entre le passé, le présent et l’avenir, aucune brèche distinguant le mythe de la réalité, aucune disjonction entre l’ordre cosmique et la sphère terrestre, puisque ces réalités, imbriquées les unes aux autres ; sont fondamentalement indissociables.
Si nous sommes dans
l’insouci de voir
c’est que les mots
ont perdu leur sens
avec eux les miroirs
dans l’absence de tout
ainsi les Rocheuses paraissent
nous rappeler la vie qui s’écoule
tu marches à tâtons
encore et encore.
Tout est rien dans la précarité du jour
l’éphémère s’accumule
depuis longtemps
puisque l’amour demeure
un peu de ce monde
qui m’échappe.
Toi voyageuse absolue es-tu
entrée dans le miroir
as-tu inventé des ponts
syllabe limpide du rivage innommé.
Ce rien de vent
là-bas dans les arbres
se cristallise agite la masse des branches
du sommeil déjà mouillé
sous les étoiles
où pour toi je suis
plus béant que la parole.
Nul ciel ne sait que la nuit scintillera
par son silence obscur
il suffit que l’écran soit là
que les choses en plein jour
se ferment que le désir soit
inapprochable.
Nos poches oublient d'emblée qu'il y a des oiseaux, des plages, une beauté dans le cheval vidé par la course. J'invente la mer sur un bloc-notes. Ainsi on verra mieux, je crois, une partie, une toute petite partie de l'histoire de celle qu'on peut parfois toucher, à travers.
À part ça, un vent se lève à la surface. On croit avoir nommé ce qui tremble. Et on ne sait pas qu'on n'a rien dit. On parle pour crier de partout, à tue-tête, pour enterrer le mystère. Nous n'aurons pas appris qu'il ne faut pas chercher.
Tes mains lues
traînent ailleurs
toutes surprises de tracer
le bonheur à la craie bleue.
J'attends sur le seuil de la porte
n'appelle pas sur moi la joie
si c'est pour me crucifier
sans toi ou avec toi, comme là où tu t'es arrêtée.
En ce moment
tes doigts réinventent des saveurs
tu as été lavée du silence
parce que j'ai vu la montagne plus belle.
Enferme-moi plus loin que le monde entier.