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Critiques de Pierre Drachline (10)
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Casque d'or et les apaches

"Dans le Paris Moderne rôde un individu qu'Eugène Sue et Balzac n'ont pas connu mais qu'ils auraient décrit avec minutie, un coquin que Vidocq a ignoré mais contre lequel il eut aimé déployer sa force et sa ruse: l'Apache." C'est ainsi que le journal Le Matin décrit, le 13 septembre 1907, le mauvais sujet qui détrousse et manie le surin sur les pavés de Paris.

En cette année 1907, ils sont environ 30.000 délinquants, dont les deux tiers ont entre 14 et 19 ans. Portant beau avec casquettes, pantalons pattes d'ef, foulards, vestes cintrées et pompes rutilantes, les apaches de Ménilmuche, de la Mouffe, de la Bastoche, jaspinent le jarre, le verlan, le louchebem. Tatoués de points bleus au- dessus de l'oeil gauche ou sur les mains, les marlous envahissent les Halles à la nuit tombée et se livrent à des batailles rangées où tous les coups sont permis. Pour vivre, ils entôlent, font le coup du père François, volent à la trouvaille, font marner des filles de 20 ans sur le ruban, ou pigeonnent les passants au bonneteau. Les femmes apaches, véritables amazones urbaines qui aiment l'amour libre et ne dédaignent pas jouer du couteau, se prostituent, font le gué, portent des messages. Cette faune qui refuse tout travail salarié, n'accepte pas le progrès industriel est clouée au pilori par la presse populaire et déchaîne l'hostilité des forces de police.

La première guerre mondiale qui moissonne la population masculine française aura raison des Monte-en-l'air des Batignolles, des girons du Faubourg Saint-Antoine, de ceux de Montparno et du Sébasto.

En retraçant l'existence de la plus célèbre des apaches, Drachline et Petit-Castelli font revivre ces territoires qui défiaient l'ordre moral et alimentaient une presse avide de Unes à sensation. Début XXème à Paris, l'aventure était au coin de la rue, et ce Casque d'Or restitue parfaitement l'atmosphère et le bouillonnement d'un Paname qui n'est plus.

L'apache le plus connu fut une femme, Amélie Hélie, dont l'opulente chevelure fit la renommée. Amélie, de la rue Popincourt quitta ses parents à l'âge de 13 ans pour se mettre en ménage avec le Matelot, un vieux de 15 ans, dont elle finit par se lasser. L'amour à la papa-maman l'ennuyait. Elle rencontra alors Hélène de la Courtille qui devint son mentor et l'initia à la prostitution. Puis elle s'amouracha de Bouchon de Charonne, qui la maltraita. Elle s'enfuit et fit la connaissance du blond Manda, dont la réputation n'était plus à faire. Tombeur de Paulo l'Arrangeur qu'il avait vaincu à la loyale sur les fortifications devant de nombreux apaches venus en connaisseurs assister au spectacle, il était devenu le chef de la Courtille. D'abord flattée d'être aimée par une si belle prise, Casque d'or se fatigua et partit sur Charonne en 1901. Elle rencontra boulevard Voltaire son grand amour, François Leca, chef de la bande de la Popinc. Il avait fait les Bat' d'Af' avec les disciplinaires, était tatoué, faisait des vers de mirliton. Amélie succomba. Manda humilié réagit et tira sur Leca à plusieurs reprises. A sa sortie de l'hôpital, ce dernier fut attaqué dans un fiacre. La presse s'empara de l'affaire, qui prit alors d'énormes proportions. "Ce sont là des moeurs d'Apaches du Far-West, indignes de notre civilisation. Pendant une demi-heure, en plein Paris, en plein après-midi, deux bandes rivales se sont battues pour une fille des fortifs, une blonde à haut chignon, coiffé à la chien." Sans le savoir, Arthur Dupin du Petit Journal venait d'inventer l'épithète Apache en cette année 1902.

Le procès de Manda et de Leca eut lieu en Mai. Manda prit perpet' et Leca 8 ans au bagne de Cayenne, sur l'île du Diable. Casque d'Or devint célèbre, on la photographia, on composa des chansons et des pièces, elle écrivit ses mémoires. Manda et Leca eux ne revirent jamais Paris, un comble pour des gars qui ne quittaient jamais la capitale. Manda mourut aveugle dans un hôpital de Saint-Laurent-du-Maroni à l'âge de 59 ans, usé par le bagne. Leca trépassa au pénitencier des relégués. Casque d'Or oublia ses amants, sa renommée s'en fut aussi. Elle se rangea des voitures, épousa un cordonnier en 1917 et vendit des culottes sur les marchés.

Parce que la vie est toujours plus belle sur grand écran, Amélie Hélie dite Casque d'or restera à jamais associée à un film magnifique illuminé par la beauté solaire de Simone Signoret ou à un refrain encore entonné dans quelque cabaret parisien:

"Je suis la gigolette,

La marchande d'amour.

Pour gagner la galette,

J'aime la nuit et le jour.

Tout le monde me connait à Belleville.

Mon homme est l'plus bath et l'plus fort.

C'est la terreur des sergents de ville.

J'suis la Môm' Casque d'Or."
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Borinka

Un roman attachant qui pourrait exaspérer par moments,tellement Paul, le libraire-bouquiniste regorge de misanthropie, tout en étant en demande de fraternité, de véritables échanges. Ce qui arrivera lorsqu'il rencontrera Borinka, un vieil homme au comportement d'enfant immortel, qui a fait de la provocation un art de vivre. Cette amitié sera faite d'orages, de rires, de pieds de nez, de discussions sur les livres...de promenades dans la capitale

"Nous nous brouillons pour le plaisir de la réconciliation. Nos fâcheries n'excèdent pas deux ou trois jours. Paris est notre cour de récréation . Borinka change les règles de nos jeux au gré de sa mauvaise foi. Il craint plus que tout la répétition (p.86).

Un livre plein de nostalgie...avec quelques lueurs, mais le ton reste sombre, douloureux: la solitude des êtres, le temps qui passe...les rapports trop conventionnels de la vie sociale...Ce libraire passionné n'a plus même envie de vendre ses livres.- "Une société ans âme ne peut admettre des dissidents. La lobotomie sera bientôt généralisée. Inutile de la rendre obligatoire. (...) Mais cela ne saurait s'appliquer au cas de Borinka. Mon vieil ami est trop à part pour qu'on puisse l'englober dans une quelconque massification.(p.207)

Dans l'idéal...on aurait aimé que ces deux-là se rencontrent plus tôt...pour vivre et s'offrir des éclaircies joyeuses et amicales plus nombreuses.
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Jirinovski : Le Russe qui fait trembler le ..

Jirinovski vient de mourir. J'en suis triste. Il était beaucoup aimé des russes. Que ceux qui s'en offusquent ici veuillent au moins avoir l'obligeance d'indiquer sa date de décès, merci !

Ce grand patriote russe, instruit, courageux, brillant, péremptoire, seul contre tous, véritable tribun, était malade ces derniers temps et la covid a eu raison de lui.

Vladimir Poutine s'est empressé d'aller se recueillir sur la dépouille de son fidèle allié et ami.

Une messe pour lui aura lieu à la Cathédrale du Christ- Sauveur à Moscou, dite par le Patriarche Cyril.

Paix à son âme. Une pensée pour lui et à toute sa famille.



Pour ce grand homme disparu, ce combattant de la liberté au sens le plus noble du terme, je fais une pause, à défaut de pouvoir aller là-bas maintenant.

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Le fait divers au XIX° siècle

Le Fait divers au XIX eme siècle…



Je recherchais des gravures pour bidouiller des trucs, les images un peu kitch d’un autre temps.

Et voyant la couverture du livre, et le sujet je me suis dit pourquoi pas, il est pas cher là-dedans je vais trouver des choses.

Et bin non. C’est dommage. Et même si je suis férue de roman policier, les faits divers réels m’importent assez peu, même s’ils datent.



Les crimes qui ont défrayé la chronique de l’époque (pour une raison ou pour une autre, violence, bêtise, politique etc). C’est quand même un peu pauvre tant au niveau des illustrations, qu’au niveau document d’époque, et ressenti d’époque.



Le ton se veut, humoristique et actuel. L’auteur se moque allégrement des us et coutumes de l’époque, tout autant que des assassins. C’est assez bizarre à lire.



D’un autre côté ça se lit vite, c’est écrit gros. Mais au final ça n’a pas grand intérêt.

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Éloge de l'imposture

Un titre plus juste pour cet ouvrage serait un factuel "catalogue de ce qui m'irrite". En effet, rien n'est détaillé, étayé : l'auteur ne fait que dresser l'inventaire, pêle-mêle, des grands ennemis de sa pensée (le travail salarié, toute velléité d'organisation étatique, l'inculture historique, etc.). Peu importe que l'on partage ou non ses combats, il ne nous livre ici que des miettes, nous donnant l'impression de regarder dans sa pensée par la lorgnette au lieu de nous inviter à le comprendre. Cette posture de penseur maudit, vous l'aurez compris, entache quelque peu le propos d'un esprit qui se dit libre et suborneur.



A contrario, j'ai apprécié la richesse langagière de Pierre Drachline : on le sent prompt à dégainer mille images pour illustrer ou défendre une idée, ce qui est toujours plaisant. Il a évidemment le sens de la formule, comme on dit... ce qui n'est pas nécessairement une qualité à mes yeux. Il a, et c'est là très louable, un vocabulaire à la fois précis et qui ouvre sur l'imaginaire.



En bref, un livre un peu creux mais si bien écrit qu'il donne envie de découvrir plus en profondeur la pensée de son auteur.
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L'Ile aux sarcasmes

Un homme raconte l'histoire d'une femme qu'il appelle "l'amante" ainsi que sa propre histoire en parallèle.

Deux personnages plutôt misanthropes et égocentrés, dans une histoire qui manque cruellement d'intérêt. J'ai du mal à comprendre qu'un éditeur puisse avoir envie d'éditer un roman aussi pauvre.

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Pour en finir avec l'espèce humaine : Et les ..

« Pour en finir avec l’espèce humaine, et les Français en particulier ». Un tel titre ne pouvait me laisser indifférent. Découvert sur une table du Furet de Lille, perdu parmi des milliers de titres au rayon Sciences Humaines, ma technique habituelle consistant à lire les première et dernière pages ainsi qu’une page prise au hasard au milieu du livre m’a convaincu du plaisir que j’aurais à lire ce livre.



Celui-ci se présente comme un pamphlet. Définition du pamphlet : Ecrit satirique, souvent politique, d’un ton corrosif, qui défend une cause, se moque, critique ou calomnie quelqu’un ou quelque chose. Le pamphlet a souvent été utilisé au début du siècle dernier comme forme d’expression contestataire. Aujourd’hui, on lui préfère la polémique, souvent plus violente, plus guerrière que le pamphlet.



La cause défendue dans ce pamphlet ? Notre époque, celle des règlements, des règles, des normes, des obligations, amplifiés par les hypocrisies médiatiques, amène les hommes et particulièrement les Français à une certaine soumission, dépendance, subordination, docilité. Et ce qu’exprime et dénonce l’auteur, c’est cet état de fait que les Français réclameraient toujours plus de servitudes en y prenant une certaine jouissance.



L’auteur, en réaction, prône le retour à la primauté de l’individu, au choix de la vie et de l’émancipation, une humanité libérée de la soumission à l’argent et de la dictature des normes et des obligations.



A la fin du livre, j’ai parcouru le web pour en connaître un peu plus sur l’auteur, Pierre Drachline. Je suis tombé sur un de ses entretiens accordé en 2011. A la question posée « Quels conseils donneriez-vous aux lecteurs ? », Pierre Drachline répondait : « Il faut se comporter avec les livres comme avec les fromages. Quand on rentre dans une fromagerie, on hume, on les renifle. Là, je leur conseillerais de rentrer dans une librairie et de regarder les livres, de les ouvrir, de les feuilleter, de bouquiner un petit peu, de suivre leurs instincts. Ils se tromperont peut-être. Et alors, ce n’est pas grave. Il m’est arrivé d’acheter des livres uniquement sur le titre. Souvent, j’ai eu de très très belles aventures avec ces livres-là ».



Eh bien, c’est exactement ce qui m’est arrivé en achetant le dernier livre de Pierre Drachline. Le sujet abordé, le style épuré de l’auteur, son sens de la petite phrase, son utilisation de mots rares, anciens ou inusuels donnent un vrai plaisir à lire ce livre.



Quel dommage que ce type de livre ne rencontre pas plus de succès auprès des lecteurs !
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Autopsie à vif

Grand.
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Le crime de Pantin

Dans les années 1860, 6 enfants et leur mère sont retrouvés atrocement massacrés a pantin. On apprend très vite que l'assassin, qui ne donnera jamais le nom de ses complices, a exterminé toute une famille par simple appât du gain. C'est toute une époque et ses us et coutumes qui nous sont décrits dans ce récit basé sur des faits réels.
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Une enfance à perpétuité

un ton détaché, presque clinique, et un livre extrêmement émouvant - court et précieux
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