Pierre Duriot

Un format de roman avec un contenu qui tiendrait dans une nouvelle pour un lectorat adulte. Bref un ouvrage idéal pour les jeunes d'une petite dizaine d'années qui n'arrivent pas à terminer un livre qui n'est ni un album, ni une BD.



Ce récit plaira beaucoup plus aux garçons qu'aux filles. Il s'agit de l'histoire d'un jeune Touareg vivant dans le Sahara marocain une période historique vague. Il prend l'initiative de réaliser un voyage initiatique dont il reviendra adulte : " l'enfant n'est plus et l'homme n'est pas encore ".



Si le lion rencontré s'avère un conseiller pour lui, par contre il doit vaincre les attaques d'un monstrueux scorpion et d'un serpent. Toutefois c'est avec des marchands d'esclaves, aux mains desquels il est tombé, qu'il court vraisemblablement le plus de risques. Revenu au camp, après un bref échange avec le plus ancien du clan, Ahmed gagne une place au conseil des sages. Les dessins en noir et blanc sont attrayants car ils livrent bien le dramatique de certaines situations.

Le côté obscur de l'éducation. Ce sous-titre suggère que nous allons pénétrer dans un monde où les combines, les réseaux plus ou moins dissimulés,… sont aux postes de commandes. C'est effectivement un peu ça,… mais pas seulement. Pierre Duriot nous parle d'un monde où l'incompétence, la malhonnêteté (pas uniquement intellectuelle), ont tous les droits ou presque. Un monde dans lequel nous vivons même si nous n'en percevons pas toujours les ramifications. S'il s'agissait d'un roman, on dirait qu'il est exagéré, caricatural. Mais voilà,… il s'agit d'une expérience vécue ! Seuls les noms propres et les noms de lieu ont été maquillés.

Je n'en dirais pas plus, laissant la découverte au lecteur.

Prenant l’aspect de romans, "L'étrange voyage d'Ahmed" et "Le câlin du Yéti" ont la forme de contes de sagesse destinés à conforter le jeune lecteur dans un désir de grandir et de séparation de ses parents. Peu dense au niveau du texte ils peuvent être parcourus d’un trait par un enfant d’une petite dizaine d’années. L’auteur a parsemé son ouvrage de quelques mots d’un vocabulaire recherché ; le jeune interrogera quelqu’un ou utilisera le dictionnaire pour connaître son sens quand il ne devinera pas de lui-même en fonction du contexte le sens approximatif du mot.



En fin d’ouvrage des pages documentaires évoquent le Népal et pose des questions autour de l’existence réelle du Yéti. Des dessins en noir et blanc d’un style très réaliste, parfois d’une pleine page, ancrent bien le récit dans l’univers décrit. Le jeune héros se donne pour défi de rencontrer le Yéti et peu après l’avoir fait, un moine l’aide à percevoir le saut symbolique qu’il vient de réaliser et il le rassure sur l’avenir d’adulte qui va être le sien.
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L'auteur travaille ou a travaillé à l'éducation Nationale. C'est selon la quatrième de couverture un ouvrage autobiographique et c'est ce qui fait sa force. Une lecture qui donne froid dans le dos tant on constate un acharnement de certains de ses collègues à le perdre. La bêtise et la petitesse d'un microcosme de province fait penser aux films de Chabrol. ON a en plus de belles réflexions sur l'éducations des enfants et des pistes sur la "faillite" de l'école de la République. Ce livre se lit comme un roman policier, car bien que reposant sur des faits réels il bénéficie d'une belle construction dramatique et d'une écriture fluide.

A lire absolument pour celles et ceux qui aiment les témoignages encore plus s'ils sont enseignants.
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