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Citations de Pierre Faupoint (29)


« Il y a dans mon ventre une nuit qui me brûle,
Des nausées, désespoirs ; et toi qui prends le large,
Qui t'évanouis, jolie, avec tes majuscules, Dans le jardin fini où je me sens en cage.

Il y a dans mon cœur une bave éternelle, Vide extra-ordinaire, ennui de tout instant.
Rappelle-toi la plage où, repliant nos ailes,
Nous disions au soleil notre amour inconscient.
Ô mon Ange, ô mon Ange... Ô mon Ange, ô mon Ange,
Je pleure un peu de vent, je bruis de tout exploit,
Je suis si épeuré devant ce grand émoi, Témoin de mon vieux mal, toujours autant étrange,
De ma blessure ignoble et du sang qui m'exhorte, À faire de toi ma fée folie... mais bien morte. »
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Mais pourquoi, Ismaël, l'assassinat de la jeune fille dans le train, dont j'ai entendu parler à la télé l'autre soir ? Pourquoi celui du journaliste ? Y a quoi dans ta tête pour expliquer toute cette violence ?
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Pendant une seconde, je repensai au vœu d'abstinence que j'avais formulé, des années plus tôt, devant la photo de Nahima. Mais j'effaçai vite cette image de mon esprit pour me remettre à ma besogne. Je renversai d'abord Daniel face contre terre, comme un paquet de linge sale. Puis, muni de la poire d'angoisse, je le sodomisai avec une grande, avec une très grande bestialité. J'actionnai ensuite le système de vis et les segments de l'instrument, en s'écartant dans son rectum, déchirèrent ses intestins. Du sang, du pus, aussi noirs que ma fureur, s'écoulaient de son anus. Et ses râles devinrent oppressés quand les dents de la poire du pape furent écartées au maximum. Alors, pour abréger ses souffrances, je lui sectionnai la carotide gauche avec un autre bout de la table en verre. Sa tête retomba, lourde, sur la moquette, tandis que ses jambes cessèrent de gigoter. Le silence, soudain, était total.
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Je luttai de toutes mes forces pour ne plus jamais endosser pleinement mon rôle d'assassin poétique. Et puis, au début de l'année 2018, les choses évoluèrent. Ma colère envers autrui se matérialisa sous la forme de jets de morgue vireuse. Alors que l'éducation de ma fille Lélia m'avait presque toujours tenu à l'écart de mes anciens démons, j'eus de nouveau envie de trinquer en leur compagnie.
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De retour dans le salon, mon état d'énervement était à son comble. Lélia pleurait toujours et je ne pus le supporter davantage : « Tais-toi ! » criai-je en posant sur ma bouche le doigt qui montrait. Mais, au lieu d'atteindre le résultat escompté, ma petite fille redoubla de pleurs pendant qu'elle était agitée de violents spasmes. Puis, je réussis enfin à marquer une pause dans ma propre détresse. Cet intermède me permit de regarder à nouveau ma fille avec la tendresse d'un père compatissant. Et je compris que ses larmes étaient à présent d'une sincérité bouleversante.
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Dans un silence terroriste, Nahima me regardait. Des larmes brillaient sur ses joues. Elle me demanda pardon. Je ne comprenais plus rien. Quand elle commença à partir, j'eus l'insigne privilège de graver son dos, inspirant, contre lequel j'avais presque réappris à rêver, dans ma mémoire infaillible. Puis, une ultime fois, je vis ses longs cheveux noirs tomber sur ses jolies fesses. Et mon âme se disloquer sous le coup d'une immense douleur, dans un sentiment inextricable de pauvreté !
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Pour notre deuxième nuit, nous nous aimâmes sur un ton charnel. Être en Nahima était un plaisir sensationnel, qui se confondait avec la naissance de l'aube et les pleurs de la nuit.
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La soirée se déroula telle que je l'avais imaginée. Nahima, livre de joie grandeur nature, détacha des feuillets entiers de son récit de vie pour en recouvrir ma peau. Elle se fit dialecte universel. Non, elle se fit muse dans le triangle de mes obsessions primitives. Et j'étais si émerveillé par ses beautés initiales que je sus déjà, à cet instant précis, ne jamais plus avoir la volonté d'en réchapper. Quand j'attrapai sa main pour la guider jusque dans ma chambre, et qu'elle fut seulement à quelques centimètres de moi, elle chuchota à mon oreille : « Ismaël, je ne ferai pas l'amour avec toi ce soir. Il est trop tôt. » Étrangement, alors que j'avais toujours mis un point d'honneur à prendre les femmes lorsque j'en avais décidé ainsi, je fus cette fois-ci presque soulagé.
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Nahima était une femme passionnante et pleine d'humour, fraîcheur d'âme en sus. J'étais déjà amoureux d'elle et, à son tour, elle fut attirée par l'envergure féminine de mon esprit.
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Et si, après tout, grâce à mon enfant chérie, j'avais la chance de racheter mes fautes et de faire le bien autour de moi ? Et si, finalement, je n'étais pas destiné à être un mauvais homme ?
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Une seconde plus tard, je me tenais debout sur le perron de la vieille maison. La nuit, expressive, balançait des étoiles filantes au-dessus de ma tête. J'avais causé tant de dégâts dans cette famille, pour sans doute deux ou trois générations entières, que j'éprouvais un extraordinaire sentiment de satisfaction intérieure. Il était grand temps pour moi de disparaître. Avec, dans le bissac de mon âme, une seule idée, un unique objectif : traquer une nouvelle nourriture humaine.
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C'était la fin de la matinée lorsque je ressortis de la chambre d'Édith. Je me disais qu'avoir joui en une femme que je vouvoyais était un plaisir divin. Le raffinement suprême. Je me rendis compte à quel point Édith était restée une muse incroyable, par mégarde abandonnée. Mais j'étais aussi convaincu de lui avoir restitué une partie de sa vérité de femme. J'eus un léger sourire au moment où ces réflexions prirent mon esprit d'assaut. Puis, mon sourire se transforma en un petit rire narquois, encore discret, lorsque je me souvins comment je m'étais approprié son corps. La façon avec laquelle Édith avait ahané sous mes coups de boutoir serait l'un de mes souvenirs le plus cruel. Il lui avait bien fallu renier sa fille chérie, et je me faisais un devoir que ni l'une ni l'autre ne pussent jamais l'oublier…
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Ravissante blonde, Cathy suivait des cours dans une école d'hôtesses de l'air. À l'accoutumée, je jugeais les femmes blondes peu attirantes mais, au moment de notre rencontre, j'avais remarqué son aura coiffée d'exquis murmures. Elle vivait avec sa maman et son petit frère non loin de la Colline de Montmartre, dans une vieille maison délabrée. L'intérieur de la bâtisse était aussi vétuste que l'extérieur, au milieu d'un fatras de souvenances qui avaient beaucoup perdu de leur éclat. Entasser à ce point une profusion d'objets imbéciles, à mes yeux, paraissait saugrenu.
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« Je vois, dans vos lignes brutalisées, que votre destin trempe dans une immonde flaque de sang. Même l'enfant ne vous sauvera pas. Le bleu, chez vous, est synonyme de malheur. » Ensuite, sans un mot de plus, elle disparut au coin de la rue.
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Autour de nous, il y eut comme un arrêt sur images. Puis, la jeune fille m'offrit sa bouche joliment ourlée. Appliqué, sans hâter mes mouvements, j'acceptai sa riche offrande fragile. Notre baiser fut intense, si doux. Si divinement doux que je ne distinguais même plus la musique qui flottait dans l'air trente secondes plus tôt. Quant à elle, elle ferma les yeux, je l'entrevis...
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Puis, j'ouvris la porte. Un air glacial pénétra en même temps que la vieille femme. « Entrez ! » l'invitai-je pour abréger cette attente. Sa silhouette s'étira dans le grincement béât de la porte déployée. Quand elle me remarqua derrière elle, il était bien trop tard. Je l'empoignai par le cou pour la faire basculer sur moi et plongeai le couteau dans son cœur. L'épaisse lame lui ôta la vie en un éclair. La pauvre femme s'affala comme un bibelot poussiéreux près du corps supplicié d'Olivier. Plus aucun souffle n'émanait de sa bouche édentée. Seule une larme avait pris forme sur l'une de ses joues fripées. Soquettes l'aspira, d'un rapide coup de langue.
Mais, pour ma part, j'étais déjà dans l'après-carnage. Je savais devoir penser à notre fuite. Vite. Très vite.
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Enfin, j'entendis Nahima poser le pied sur la dernière marche de l'escalierde sortie de mon immeuble. Elle prenait un nouveau cap tandis que je n'en connaissais toujours pas la véritable cause. Je perçus le bruissement de ses belles ombres, encore une fois, sur les murs, le plafond, dans mon être. Et puis, quand la porte d'entrée se referma, dans un vacarme à pleurer, je sus que je le deviendrais, ce très mauvais homme. De vergogne, je n'aurais point.
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Dès que j'eus fermé la porte à clé, je me métamorphosai. Mes mouvements étaient mécaniques, mes sensations et mon âme en surchauffe.
Alors je passai ma combinaison en polypropylène. Lorsque je protégeai mon visage du masque en élastomère, des picotements de plaisir envahirent la peau de mes joues. Après que j'eus enfilé mes gants anti-coupures, quelques-uns de mes organes semblèrent exploser au fond de moi. Je ressentis la force harmonieuse de ce cataclysme avec la dimension d'un ouragan. Enfin, avant de rejoindre mon hôte dans la pièce au piano à queue, je retirai une poire d'étouffement de mon havresac...
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« Il y avait autant d'objets crasseux dans cette pièce que dans le vestibule.
En avançant encore, des remugles d'urine, qui s'exhalaient de la banquette, heurtèrent mon odorat. Je marquai un temps d'arrêt mais Franck sembla si saoul qu'il n'entendait rien. Je n'étais pourtant qu'à un mètre de lui. Je m'emparai d'abord de la lampe à souder et, malgré le feulement dans l'air, la forme humaine ne réagit toujours pas. Puis, je me saisis des cisailles crocodiles pour chauffer l'intérieur des lames bordées de pointes. La flamme souleva quelque boucan mais l'homme ne se réveilla pas davantage. Mais, au moment même où je me penchai au-dessus de lui il rouvrit les yeux, comme mû par un vain sursaut de vie. Alors je refermai d'un bruit sec les deux lames acérées sur sa verge flasque ! Sous le coup de la douleur, Franck hurla à s'en décrocher la mâchoire. Et aussitôt son cerveau se déconnecta, ses yeux roulèrent sur eux-mêmes et sa tête se plia sur le côté. Il perdit connaissance pendant que du sang, par flots ininterrompus, s'enfuyait de ses parties génitales. Pour accentuer l'hémorragie artérielle, je tirai de toutes mes forces sur les cisailles crocodiles et son sexe, déjà mort, fut projeté contre la télévision éteinte. Un ultime cri, sans âme, sans espoir, sortit de sa pouacre bouche et, en moins de cinq minutes, la vélocité de mes gestes, ajoutée à la débilité de sa santé physique, lui furent fatales.
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La médecin-chef butait sur le mot qui aurait pu traduire sa pensée. Luc, lui, souriait, visiblement déjà fort satisfait. Il avait su, au moment où son fils avait téléphoné de la voiture, dès potron-minet, qu’il tenait en Fantin le cobaye idéal.
- L’IRM vient de nous confirmer que le cerveau de Fantin a pris cent-cinquante centimètres cubes de volume en plus…. Et que pour accueillir ce rabiot, sa tête a légèrement grossi et s’est allongée sous la forme d’un chignon occipital. C’est proprement hallucinant !
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