Pierre-François LACENAIRE Une Vie, une uvre : 1803-1836 (France Culture, 1992)
Lémission « Une vie, une uvre », par Marion Thiba, diffusée le 27 février 1992 sur France Culture. Présences : Rémi Le Morvan et Alain Corbin.
Dès lors, ma vie devint un long suicide.
Cité dans La vie est dégueulasse de Léo Malet
Il est malheureux pour un enfant que les premiers faits qui viennent se présenter à son intelligence le frappent de la conviction de l'injustice de ceux qui l'entourent; et, qu'on ne s'y trompe pas, il n'y a personne pour se connaître en injustice mieux qu'un enfant.
Dès lors, l'éducation ne put rien faire pour moi : ce fut moi qui fis mon éducation morale; c'est moi qui me suis fait ce que je suis aujourd'hui. Cessez donc, ô moralistes, d'accuser la philosophie du dix-huitième siècle de ce que vous appelez ma démoralisation. Apprenez que lorsque je lus, pour la première fois, Helvétius, Diderot, Volney et Rousseau, il me sembla que je les lisais pour la seconde fois, ou du moins, que je retrouvais chez eux une partie de mes idées; et j'avais alors douze ans.
Gare à toi, quand tu n'auras plus rien, la société te repoussera de tous les cotés. Cela m'arrivait à la lettre. Enfin, j'en fus réduit, au bout de quelques jours, à être sur le point de mourir de faim. Dès ce moment je devins voleur, et assassin d'intention.
Je me résolus à devenir le fléau de la société ...
Dans la lunette.
Pègres, traqueurs, qui voulez tous du fade,
Prêtez l'esgourde à mon dur boniment :
Vous commencez par tirer en valade,
Puis au grand truc vous marchez en taflant.
Le pante aboule
On perd la boule
Puis de la taule on se crampe en rompant
On vous roussine
Et puis la tine
Vient remoucher la botte, en rigolant.
Adieu à tous les êtres qui m'ont aimé, et même à ceux qui me maudissent : ils en ont le droit. Et vous qui lirez ces Mémoires, où le sang suinte à chaque page, vous qui ne les lirez que quand le bourreau aura essuyé son triangle de fer que j'aurai rougi, oh ! gardez-moi quelque place dans votre souvenir... Adieu !
Écrivons donc maintenant ; écrivons sans relâche, profitons du temps qui nous reste, qui sait même si j’aurai le temps de terminer ce que j’ai entrepris ?