Pierre Frondaie. La Gardienne.
" C'est l'engrenage. Ce qui commence dans la pensée finit dans l'action. J'ai été tenu pour riche, alors j'ai feint la richesse. Aujourd'hui, j'ai les gestes de la richesse. Demain..."
Le principal personnage est une entité mystérieuse, un dieu irritable et jaloux qui, à l'instar du Moloch carthaginois, dévore chaque année beaucoup de demoiselles auxquelles, s'il n'existait point, la vie eût sans doute été douce et bienveillante : et ce personnage, c'est "Montmartre".
Dostoïewski a écrit que si le Seigneur se décide un jour à manifester sa colère aux hommes corrompus, c'est sur le Café Anglais qu'il ferait éclater le feu du ciel....
(extrait de "l'Illustration Théâtrale" n° 165 parue le 10 décembre 1910)
Au mois de juin. Dix heures du soir. Au moulin rouge. Le décor représente le petit jardin d'été. Dans le fond, les marches qui donnent sur le promenoir trés éclairé. A gauche, de plein pied, la galerie ouverte.
Le rideau se lève.
Musique. Il y en a de deux sortes : tantôt celles des tziganes qui sont dans un coin du jardin, tantôt celle de l'orchestre qu'on entend de loin et par bouffées.
C'est l'entracte. Gens assis.
D'autres passent dans le fond, c'est à dire en haut des marches, où est le promenoir. La sonnette de l'entracte retentit ; ils vont s'en aller peu à peu.
Sur le devant, dans le jardin, des femmes dansent le quadrille français.
Henri, Georges, Edmond
Maigres applaudissements au quadrille
Henri.- Crois-tu que c'est maigre !
Edmond.- Les applaudissements ?
Henri.- Non, les femmes.
Georges.- Tais-toi. Elles en ont encore trop.
Henri.- Au fait, pour la valeur des denrées.
Georges.- Mais, qu'est-ce qu'elles font donc, les jolies femmes. Où les fourre-t-on ?
Henri.- Dans la littérature, partout ! Mais dans la vie on les trouve moins...Elles sont toutes prises mon vieux.
Edmond.- Bah ! Bah ! Ne dis pas de mal des laides. On est bien content de les avoir...pour le début....
(lever de rideau du premier acte de "Montmartre" pièce de Pierre Frondaie, parue dans "la petite illustration" n°165 de décembre 1910)
Elle retourna dans l'inconscient... Ce furent des choses merveilleuses... Autour d'elle dansèrent des enfants, aux visages clairs et dorés, de vraies oranges... Sa vie devint une féérie que déchira le chant d'un coq: Manuela cessa de dormir et continua de rêver...
Une nuit à Alexandrie en 1917. Le hall-salon d'un palace hôtel, dans le fond, une large baie qui ouvre sur la nuit ; un jardin : les silhouettes immobiles des palmiers semblent montrer le ciel du doigt. Entre le jardin et le hall, une terrasse...Brillant éclairage.
Au lever du rideau, des officiers sont attablés et jouent le bridge ; dans le fond, sur la terrasse, des invités parlent et circulent.
Femmes, civils, officiers, le journaliste Ferger est près de miss Fanny Marwell. Musique, venue d'un autre coin de l'hôtel.
Introduction.
Son père avait exigé d'elle qu'elle apprit à lire, à écrire et même à comprendre le sens de ses prières en latin. Il disait: "Quand on parle à Dieu, mieux vaut savoir ce qu'on lui demande. Voyez-vous que, par ignorance, nous Le priions d'avoir coliques qu'Il nous accorde par bonté."
Celui qui compte les étoiles, à la fin, il use ses yeux.
Rien ne vaut le bâton pour faire entendre un sourd.