Bon nombre de gravures anciennes, vulgaires d’aspect, intéressent plus l’iconographie que l’art lui-même, mais la maladresse et l’ignorance ne doivent pas se confondre avec la naïveté d’exécution sincère, et dont l’archaïsme et les gaucheries ont tant de charme. Et, bien que le dise M. Renouvier, « l’Histoire de l’art deviendrait impossible si on la débarrassait d’abord de ces images qui ne répondent à aucune idée plastique ou historique », nous sommes obligés de prendre notre bien où il se trouve. Souvent sous les apparences d’une mauvaise traduction on peut retrouver l’œuvre originelle disparue ainsi que les pratiques techniques.
Au milieu d'une affluence d'éléments si divers, Venise ne put ressembler à d'autres centres et fit preuve du plus grand éclectisme, en accueillant schismatiques et mahométans elle soigna sa clientèle.
Véritable vaisseau de pierre, Venise ne peut être disposée comme d'autres villes ; cité lacustre, elle conserve l'aspect primitif de sa formation. La terre étant rare, elle fut peu prodiguée; les palais, les églises, les maisons furent resserrées, agglomérées, et gagnèrent en hauteur ce qu'ils ne pouvaient avoir en étendue. Les nombreux jardins qui existaient jadis disparurent sous le flot montant d'une dense population : un ancien jardin, ombragé par un figuier gigantesque, fut converti en place et devint la Piazza.
La peinture a tempera, dont la tonalité ne changeait pas en séchant, a servi en particulier à la décoration de salles sompteuses. Elle a même recouvert parfois d'anciennes peintures a fresca qui avaient cessé de plaire. La technique dérive plus spécialement des procédés égyptiens, en grande faveur à Pompéi depuis le milieu du premier siècle avant J.-C.
D'autre part, les tableautins sur stuc, encastrés dans les murailles évidées à cet effet, et placés en plein sur un fond uni, rouge, noir, jaune ou bleu, ne sont pas de même fabrication que les décorations architectoniques qui les entourent; ils sont dus à des peintres, souvent à des femmes, qui travaillaient à l'atelier. On constate aussi que des tableaux étaient peints sur bois ou sur toile, en relevant, sur certaines décorations encore existantes, la présence de triptyques, ou de tableaux à volets placés en inclinaison et retenus au mur par un lien.
Peu après Piranesi, Ponce, artiste français, relevait une série de plafonds de stuc maintenant détruits, et écrivait, vers 1789, que «plusieurs statues qui sont à la villa d'Esté, au palais Farnèse, chez le cardinal Albani et mille autres choses curieuses qu'on admire à Rome, ont été tirées de la villa impériale ».
De cette époque, on ne connaît sur la villa aucun travail ; ce n'est que sous Alexandre VI que Ligorio parle de colonnes transportées à Saint-Adrien de Tivoli où avait déjà existé un temple antique. Sous ce pontife, de 1535 à 1538, furent faites les premières trouvailles d'œuvres d'art que nous connaissions. Au théâtre du Sud, on trouva ainsi les huit Muses assises et Mnémosine; placées au Vatican par Léon X, d'après Bulgarini et Penna qui suivent Ligorio, elles sont actuellement à Madrid. Cependant Clarac, parlant de ces statues, n'est pas en mesure de dire en quel lieu elles furent découvertes.
Là, comme ailleurs, les arts décoratifs furent en honneur, et la peinture décorative entra jusque dans les plus humbles demeures, évoluant tour à tour de la période samnite à la période romaine en passant par la période toscane ou osque, la période grecque, la période alexandrine, pour se terminer selon le goût romain des parvenus de l'Empire. Un si vaste sujet sort de notre cadre actuel, nous ne pouvons en quelques lignes suivre des évolutions si multiples ; nous nous contenterons de préciser quelques phases caractéristiques des quatre principaux styles décoratifs qui se sont succédés.
Beaucoup de maisons pompéiennes furent rebâties à la hâte, et dans la
construction des murailles on voit souvent employés des tessons d'amphores ; des morceaux de marbre se trouvent pèle-mêle avec le mortier ; une amphore même vint remplacer une poutre dans le chambranle d'une porte. Les monuments avaient repris leur aspect, les temples abritaient les divinités, des sacrifices leur étaient offerts pour calmer leur courroux, et les Pompéiens insouciants menaient toujours leur existence douce sous le beau ciel bleu, non sans éprouver quelquefois de légères alertes, vite oubliées.
Méconnu, l'art de Rome n'a guère été étudié en France comme il le mérite, et si l'Allemagne et l'Angleterre commencent à lui rendre justice, nulle part l'art décoratif romain n'a été révélé comme étant l'art romain par excellence. Rendons à César ce qui lui appartient.
L'art décoratif est à l'ordre du jour, et, mieux que tout autre, il caractérise une époque. Nous assistons aux louables et laborieux efforts d'un art qui voudrait être nouveau par ses intentions, mais qui pèche par la base.
Sans imiter l'art décoratif romain, il importe de le mieux connaître, d'en saisir la logique, l'ordonnance et les proportions admirables. Et les artistes, les architectes soucieux du document authentique trouveront ici des monuments choisis provenant des musées de Rome et d'Europe ainsi que des fouilles modernes d'Italie.
Que de fois y surprendra-t-on l'art moderne se rencontrant avec l'art romain ! Et ce ne sera pas la moindre de nos surprises.