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Citation de art-bsurde


L'AKP a pensé pouvoir utiliser les conflits confessionnels du monde arabe en s'appuyant sur les communautés sunnites pour étendre son emprise, mais elle se trouve piégée par le fait que ces conflits ont maintenant débordé sur son propre territoire et que le « créneau » est occupé par l’État islamique. Ce dernier a privé la Turquie d'une partie essentielle de sa base locale, à savoir la grande majorité des Arabes sunnites d'Irak et une partie importante des sunnites de Syrie. Par ailleurs, le coup d'état du maréchal Sissi en Égypte a mis fin à tout espoir de leadership musulman exercé depuis Ankara. Déjà soupçonné d'arrogance et de condescendance néo-ottomane, la Turquie a largement perdu sa capacité à parler aux sociétés civiles arabes.
D'où l'isolement et le reflux de la diplomatie turque, qui contrastent avec son dynamisme des années 2000. Ankara tente désormais de se mettre en conformité avec les objectifs de la coalition contre l’État islamique, tout en résistant, malgré tout, à une implication militaire directe en Syrie ou en Irak. Le gouvernement turc continue en effet à faire de la chute de Bachar al-Assad une priorité, alors que la coalition a clairement désigné la sienne : vaincre l’État islamique, même au prix d'une réconciliation avec l'Iran, voire avec le régime de Damas.
Le « piège Daech » a donc exploité le rêve de l'AKP de reconstituer une sphère d'influence néo-ottomane en mettant à nu l’ambiguïté coupable de la stratégie turque et en reconfessionnalisant de fait la politique extérieure et intérieure d'Ankara. Là encore, l’État Islamique a entrepris délibérément de diffuser le plus largement possible le poison du confessionnalisme. On l'a vu, par exemple, lors de l'expulsion, en août 2014, des yézidis du Jabal Sinjar, dont une partie a du être accueillie dans des camps de réfugiés en Turquie, suscitant une polémique dans la presse turque et incitant des ténors de l'AKP à déclarer qu'ils étaient d'accord pour accueillir sur le sol turc des musulmans et des chrétiens, « mais pas des adorateurs du diable ». L’État islamique est devenu sans conteste un acteur décisif et un élément de perturbation majeur du jeu politique turc.
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