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Critiques de Pierre-Jean Luizard (21)
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Chiites et Sunnites. La grande discorde en ..

Un très bon livre qui nous décrit les différentes composantes de l'Islam, et pour partie la situation du moyen orient aujourd'hui.



On peut simplement regretter un début de livre un peu ardue.
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Comment est né l'Irak moderne ?

Depuis l'arrivée des Ottomans, la Mésopotamie (future Irak) périclite. de 10 millions d'habitants, on passe à 1 ou 2 la fin du XIXème siècle. Les premiers Européens à venir en Mésopotamie (future Irak) sont des Français, au XVIème siècle, mais ils n'ont qu'une activité culturelle et missionnaire catholique. Les Britanniques y installent la Compagnie des Indes orientales en 1635. En 1801, ils ont un Consul à Bagdad, les activités commerçantes impliquant une action politique.A la fin du siècle, ils contrôlent 50% du commerce et possède un monopole sur le pétrole. Les Allemands signent avec l'Empire Ottoman qui comprend la Mésopotamie un accord pour construire le Bagdadbahn qui doit relier Berlin au Golfe en passant par Bassora. Les Britanniques protestent et maintiennent leur hégémonie. Voyant la première guerre mondiale arriver, ils se préparent à prendre le contrôle du pays en cas d'entrée en guerre de l'Empire Ottoman, ce qui se produit. En 18, l'armée britannique met trois ans à occuper tout le pays, après une violente révolte en 1915 qui allie les Ottomans sunnites et les tribus chiites. Elles se désolidarisent dans la défaite et les tribus ne cherchent pas à maintenir leur alliance pour la défense d'une indépendance.



En 1917, à Bagdad où il vient d'entrer, le général Maud fait une déclaration selon laquelle les Britanniques viennent en libérateur et qu'ils n'ont pas l'intention de contrôler le pays. L'année suivante, l'Empire Ottoman est démantelé et une insurrection à Najaf, la principale ville religieuse du pays et du monde chiite, mène à l'assassinat d'un capitaine britannique, et à l'expulsion des autres Britanniques. Après 46 jours de siège, la ville capitule. Les 11 chefs de l'insurrections sont pendus, 170 personnalités sont envoyées en exil. Fin 1918, les Britanniques tentent l'organisation d'un référendum truqué pour valider le contrôle du pays sans le dire, sans succès.



La résistance reprend plus violemment encore avec la révolution de 1920, toujours organisés par les élites religieuses (les mujtahids), mais tout le pays est prêt à en découdre : les tribus, les dirigeants, les commerçants, etc. L'appel au soulèvement est lancé le 6 août et mène à un cessez le feu le 30 novembre qui marque la défaite des deux cent mille insurgés munis de fusils contre une centaine de milliers de Britanniques (d'Indiens essentiellement) disposant d'une aviation et de blindés. le résident permanent (représentant) du Royaume Uni, Percy Cox, vient à nouveau s'installer dans le pays et il est chargé de faire signer le mandat d'administration au nouveau roi d'Irak, Faysal, qui traîne un peu les pieds. Un rassemblement de 200 000 personne à Karbala (deuxième centre religieux du pays) conteste également le mandat. En mai 22, Churchill qui a désigné lui-même Faysal au Congrès du Caire en mars 21 se fâche et menace de laisser Faysal se débrouiller tout seul dans un pays certes libéré de sa tutelle ottomane, mais divisé par ses religieux dont la moitié sont hostiles à Faysal. Il signe le mandat en juin. Dans ce mandat, le maître du pays en dernier recours, c'est Cox. Et chaque ministre arabe est "conseillé" par un Britannique.



Les mujtahids lancent alors une série de fatwa rendant les participants aux élections des opposants à Dieu et continuant d'appeler à l'opposition, ce qui engendre quelques modifications du mandat en faveur des opposants sans l'annuler. le gouvernement sous l'impulsion des Britanniques engage alors une action contre les mujdahids, dont beaucoup sont persans, sous les arguments qu'ils sont étrangers, ont toujours combattus les forces qui voulaient défendre le pays. L'opinion tourne à l'avantage du gouvernement et les princpaux mujtahids sont exilés. Sous la pression, ils reviennent (pas tous) quelques mois plus tard, à la condition de ne plus faire de politique. Les Britanniques sont parvenus à évacuer la question religieuse de la question civile et, en 1924, l'Etat irakien moderne est né.



L'auteur conclut en pointant que la religion n'est pas pour beaucoup dans les prises de position des mujtahids, sinon comme caution, et que leurs prises de position ont toujours été guidées par l'indépendance, le refus de l'occupation étrangère. Les arguments employés sont les mêmes depuis le début du XIXème siècle : la promotion du panislamisme pour rassembler les opposants, l'absolue nécessité que le maître du pays soit musulman (duodécimain). La partie qui explique le chiisme est particulièrement intéressante.

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La question irakienne

Rien n’est simple dans l’Orient compliqué ! La question irakienne…



Peu de temps avant le lancement de la 2ème guerre d’Irak (en 2003), Pierre-Jean Luizard nous proposait une histoire de l’Irak moderne ainsi que les enjeux géopolitiques régionaux et internationaux. pays de toutes les richesses (démographie, hydrographie, énergie), l’Irak, construction moderne se trouve tiraillé entre de nombreuses forces centrifuges: sunnisme et chiisme, question kurde, accès difficile à la mer, baasisme et islamisme.



Luizard nous propose une analyse en profondeur de l’Irak au travers de d’étapes bien structurées: .../...
Lien : http://www.bir-hacheim.com/r..
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Laïcités autoritaires en terres d'islam

En territoire à majorité musulmane, la laïcité est-elle possible? Peut-on emprunter le concept hérité de l'expérience des sociétés dites "occidentales" pour l'opposer à l'Islam? L'Histoire, ici évoquée, nous révèle les difficultés. Difficile il est, en terres d'Islam, d'affirmer la séparation entre la sphère politique et religieuse, de penser l'Etat et la Nation loin de la religion. Et ce, pour plusieurs raisons. Partant des expériences turques, iraniennes, irakiennes, égyptiennes, algériennes et tunisiennes, l'auteur, chercheur au C.N.R.S, nous les révèle dans cet essai. Rapidement, il nous raconte les conditions d'apparition de ce concept dans les territoires mentionnés, son application - pour ne pas dire son imposition - et ses conséquences.



En terres d'Islam, la laïcité et/ou les politiques laïcisantes ont été affirmées avec autorité; une autorité employée par une main de fer par des dirigeants, souvent des militaires, qui ont pensé la laïcité comme la clef de modernité qui fait, selon eux, la puissance et la supériorité des pays "occidentaux". Dans leur course, ratée, à la modernisation, ces dirigeants ont voulu - non pas la disparition de l'Islam - mais sa domestication, sa soumission à l'Etat et la nation pensée en lien avec la religion musulmane ( les non-musulmans étant considérés comme étrangers). Ils ont donc employé l'étatisme, l'armée (la considérant comme l'institution la plus efficace pour assurer la modernisation), le culte de leur personnalité, leur politique répressive à l'égard de leurs opposants surtout "religieux" pour l'emporter... mais loin d'avoir gagné la bataille de la laïcité, ces régimes autoritaires ont surtout, selon l'auteur, aidé à la ré-islamisation de la société gagnée à la cause des partis "islamistes" qui, on le sait, emportent les élections lorsqu'elles leur sont autorisées. Le sujet est d'une grande actualité. Et pour mieux la comprendre, il faut considérer le passé ici raconté. L'essai est à conseiller.
Lien : http://mezelamin.blogspot.fr..
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Le piège Daech

Un essai très éclairant et d'une très grande érudition sur l'origine historique de l'Etat islamique depuis les accords Sykes Picot de partage des zones d'influence entre la France et l'empire britannique, et qui décrit une stratégie d'exportation et de "confessionnalisation" des conflits parfaitement maîtrisée. On y comprend que la première force de Daech c'est la faiblesse des Etats de la région, et qu'une guerre sans avenir politique est perdue d'avance.
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Le piège Daech

Les deux coups de maître de Daech
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
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Le piège Daech

Excellente approche et recherche consistante historique et géopolitique.
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Le piège Daech

D'une concision inégalable, juste essentiel si on veut comprendre l'etat islamique et les enjeux de la région.
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Le piège Daech

On comprend bien dans cet essai clair mais néanmoins touffu comment l’organisation appelée Etat islamique a rapidement pris le pouvoir sur une grande partie du territoire de l’Irak et de la Syrie. Le lecteur n’apprend pas grand chose sur l’organisation en elle même car peu d’informations circule sur le sujet mais il a droit à une bonne leçon d’histoire et de géopolitique sur cette partie du Moyen-Orient où les enjeux sont multiples : économiques, religieux, territoriaux…
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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Le piège Daech

L'Histoire explique beaucoup de choses, elle nous aide à comprendre les actes actuels mais elle ne justifiera jamais la barbarie ni les exactions commises par certains.



Et finalement, l'Histoire nous apprend aussi qu'elle n'est qu'éternel recommencement parce que certains ne comprendront jamais rien, d'autres ne voudront qu'imposer leurs idées car ils n'acceptent pas d'autres avis...tout cela au prix du malheur et de souffrances de tant de pauvres êtres sans défense.



TOUT CA POUR CA?
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Le piège Daech

Pour entendre la région, pour bien la comprendre, il faut, bien évidemment, regarder le passé, analyser l'Histoire. Qui a décidé? pourquoi? comment? Il faut se retourner, observer le siècle passé, prendre de la hauteur pour comprendre l'actualité. Pourquoi Daech? Pourquoi une expansion aussi rapide? Répondre au "pourquoi" pour peut-être entrevoir le "comment": comment sortir de ce merdier? comment corriger les erreurs du passé? comment établir la stabilité?



Pierre-Jean Luizard revient ici, brièvement, rapidement, sur quelques éléments qui peuvent nous aider à comprendre "le piège Daech". Il nous explique, dans un premier chapitre, l'irruption de l'Etat Islamique, son succès et sa rapide expansion. Un modus operandi particulièrement efficace (à l'opposé d'Al Qaïda qui forçait la population locale, l'E.I restitue le pouvoir à des acteurs locaux en contrepartie, bien entendu, de leur allégeance absolue), une communautarisation de la scène politique irakienne et un accord avec le kurde Massoud Barzanî permettent en effet l'avancée, en Irak, des troupes de l'Etat Islamique. Seulement, la rupture de l'accord et l'appel au djihad de l'ayatollah Ali Sistani obligent l'Etat Islamique à revoir ses plans: l'expansion illimitée sur le territoire irakien étant désormais, pour lui, très compliquée voire impossible, il décide d'envahir la Syrie dans l'espoir d'unir, de faire une, la communauté sunnite arabe désormais soumise au Califat proclamé le 29 juin 2014. Cette proclamation est un pied de nez à l'Histoire qui a vu l'Empire ottoman se disloquer par le jeu des puissances "occidentales" qui se sont amusées à le démembrer et le découper pour "mieux" réorganiser "son" territoire. Les pays mandataires (France et Grande-Bretagne) fixent - c'est le second chapitre - les frontières, participent à la création d'Etats dès le début contestés... l'objectif est la sauvegarde de leurs propres intérêts. Depuis on le sait, c'est le chaos dans la région. Il faut citer l'auteur:



Si l'ordre étatique régional menace de s'effondrer aujourd'hui c'est avant tout en raison de son épuisement et de ses contradictions internes, devenues insoutenables. Ce n'est pas le califat proclamé par Abou Bakr Al-Bagdadi qui menace aujourd'hui l'Etat irakien. Ce ne sont pas les combattants de l'Etat Islamique qui ont amorcé le processus d'autodestruction du régime de Bachar Al-Assad qui entraîne toute la Syrie dans sa chute chaotique et interminable. En réalité, l'Etat Islamique n'est fort que de la faiblesse de ses adversaires et il prospère sur les ruines d'institutions en cour d'effondrement. C'est ce long processus de délégitimation et de décomposition d'Etats dont la viabilité était largement viciée dès l'origine, qu'il s'agit maintenant d'étudier". (p.58)



Etudiant et définissant, dans les chapitres suivant, l'Etat irakien et syrien, Pierre-Jean Luizard s'interroge également sur les bouleversements que l'apparition de Daech imposent au Moyen-Orient; des bouleversements tels que l'auteur conclut en écrivant qu' "on ne reviendra pas au Moyen-Orient que nous avons connu depuis près d'un siècle" (p. 178). Dès lors, il interroge: "Une guerre lancée sans perspectives politiques n'est-elle pas perdue d'avance? C'est le piège que l'Etat Islamique tend aux démocraties occidentales pour lesquelles il représente certainement un danger mortel." et conclut "Les leçons de l'Histoire doivent aussi servir à le combattre". Qui veut connaître rapidement et succinctement cette Histoire peut ainsi approcher le livre de Pierre-Jean Luizard. Ceux qui la connaissent déjà peuvent, comme moi, l'aborder pour se rafraîchir la mémoire.
Lien : http://mezelamin.blogspot.fr..
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Le piège Daech

On nous parle de l’État Islamique, de Syrie, Irak, moyen orient, des drames, des meurtres, des guerres et des attentats. On dévore le journal de TF1 avec cette peur de l’extrémisation. Comment se peut-il que du jour au lendemain, le monde puisse glisser dans cette barbarie religieuse.



Les chaînes d’information en continu, étalent les drames, les uns après les autres, sans jamais remonter aux sources du problème.



Pierre-Jean Luizard se base sur l’histoire, pour nous expliquer le pourquoi de cette expansion de Daech.



Il va plus loin que les actes de guerre, Luizard décortique l’histoire du XXe siècle de ces territoires, nous explique les raisons des conflits ethniques existant au moyen orient.



Il met également en lumière la politique de Daech sur le peuple irakien et Syrien, qui nous permet de comprendre pourquoi une si forte adhésion à 'État Islamique.



Avant la lecture de ce livre, j’étais à la recherche d’un ouvrage qui puisse me faire comprendre ce qui se passe là-bas au moyen orient. Et "Le piège Daech" à rempli cette fonction, en se basant sur l’histoire. Il n’est pas question pour l’auteur de conspuer Daech ni même de l’encenser, il donne des faits scientifiques et avérés sur une situation qui petit à petit dépasse l’Occident en général.
Lien : http://bouquinovore.blogspot..
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Le piège Daech

Un de ces petits livres qui vous rend intelligent pour comprendre l'histoire récente et encours. Ecrit en 2014, le recul permet de juger de la profondeur de l'analyse.
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Le piège Daech

Un excellent ouvrage pour comprendre les circonstances par lesquelles a pu émerger et s'étendre Daech. Un livre d'historien possédant une très bonne connaissance du moyen-orient. Sérieux et mesuré. Idéal donc pour sortir de la confusion entretenue par le discours médiatique.
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Le piège Daech

Ma lecture de ce livre date un peu, j'en retiens cependant un texte très documenté, notamment sur l'histoire de l'Irak et sa société. À lire pour toute personne s'intéressant de près au sujet, et désirant se replonger dans l'histoire plus que dans la sensation.
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Le piège Daech

Une lecture indispensable dans le contexte actuel/
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Le piège Daech

C'est raconté comme le ferait un journaliste, comme un récit, une histoire amusante, une blague, la figure de l'auteur s'impose et l'on est forcé de suivre son mode d'expression, fait de métaphores, d'abus de langage, de guillemets, de mots-clés incessants qui rendent le discours confus, le tout accentué par des allers-retours incessants, géographiquement et temporellement qui fait qu'on ne comprend rien. J'ai arrêté au bout de 20 pages.
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Le piège Daech

"It's a trap", par l'amiral Ackbar.



Cet ouvrage écrit par l’historien Pierre-Jean Luizard permet de mettre en perspective le phénomène de l’État islamique. Particulièrement opportun et salutaire à une époque où le court termisme prend la place du temps long, où toute tentative d’analyse un minimum construite est phagocytée par le culte de la hâtetée (si vous me permettez un barbarisme langagier) et du discours simpliste et schématique, quand ce n’est pas simplement par un discours va-t-en guerre des plus risibles.



La majeure partie de l’ouvrage de Luizard est consacrée à un axe « purement » historique. C’est-à-dire qu’il s’intéresse à l’évolution, à la mutation des sociétés moyennes orientales depuis, grossièrement, une centaine d’années, concernées en premier lieu par l’Etat islamique (Irak, Syrie, Jordanie, Turquie…) et dont la dite évolution est, de même, à l’origine de l’émergence de ce dernier. Naturellement, l’auteur ne peut faire l’impasse sur le rôle non négligeable des puissances occidentales et leur chronique et nocive duplicité dans le capharnaüm kafkaïen qu’est cette région du monde. Néanmoins, Luizard s’arrête aussi de manière approfondie sur l’évolution interne de ces sociétés, la place mouvante qu’occupent les différentes catégories de la population (religieuses, ethniques …), le développement d’un nationalisme arabe ou national contrarié etc etc. C’est sans doute, dans un ouvrage accessible à tous, le seul moment où le lecteur peut être un peu égaré par la profusion de détails néanmoins nécessaire à une bonne compréhension. Au final, le « Moyen Orient » ressort constitué d’Etats à la légitimité faillible et à la solidité fragile.



Outre cet aspect historique, l’auteur s’arrête sur ce qui, selon lui, fait, en addition et de manière concomitante au passé, la force de l’Etat islamique dans sa propagation, son installation et son maintien. L’analyse n’est certes pas renversante de complexité, de théorisation, d’argumentation (faute aussi aux sources insuffisantes ? Au public à qui s’adresse en premier lieu l’essai ?) mais parvient à distiller par ci par là tout de même quelques éléments à garder en mémoire. Tout d’abord, évidemment, l’Etat islamique, malgré l’image qu’il renvoi de lui, bénéficie d’un important soutien de la population locale (notamment sunnite, rapport à l’histoire tout ça tout ça) et peut être vu comme un libérateur face à des pouvoirs étatiques rejetés. L’Etat islamique prône une politique territorialisée qui s’appuie sur les viviers locaux à qui ils reversent une partie du pouvoir (moyennant quelques contreparties) ce qui laisse une marge d’autonomie aux populations autochtones. Au final, l’Etat islamique, si une analogie peut être faite, peut ressembler, se rapprocher, déjà, par certains aspects à un "Etat classique" dans le sens où il lève l’impôt, dispose d’un système judiciaire, s’intéresse à l’éducation, entretien une force armée et s’est territorialisé, contrairement à leurs frères ennemis d’Al Qaïda par exemple.



Deux petits points, non essentiels dans l’ouvrage, sur lesquels j’étais complètement passé à côté ont particulièrement retenus mon attention. D’une part, concernant les populations chrétiennes présentes dans la sphère d’influence ou de domination de l’Etat islamique et d’autre part, le rôle des kurdes dans l’émergence de l’Etat islamique.

Tout le monde s’en souvient, les médias français (et ailleurs sans doute) se sont, pendant un temps, particulièrement « intéressés » au cas des chrétiens victimes de l’Etat islamique (les musulmans, c’est moins important pourrait-on croire). J’ai alors appris grâce à Luizard (on l’a peut-être dit ailleurs mais j’ai dû faire preuve d’inattention) que l’Etat islamique, qui suit, nonobstant son statut de Satan moderne, certaines coutumes, laisse les chrétiens devant un choix à trois voies, soit se convertir, soit accepter de vivre sous contrainte mais en pouvant continuer à suivre sa religion ou, en quelque sorte, la mort ou la fuite. Donc, il n’y pas eu de massacre systématique et automatique des chrétiens.

Pour ce qui est des kurdes, le point de départ est encore une mise en avant médiatique. Ces derniers, souvent d’ailleurs présentés comme un bloc monolithique et homogène alors qu’il s’agit finalement d’un groupe où l’hétérogénéité est de rigueur, mis sur un piédestal et personnifiés tel les spartiates affrontant aux Thermopyles les hordes barbares de l’Etat islamique grimées en suppôts de Xerxès. Certes, mais il est aussi intéressant d’apprendre que certains groupes kurdes sont aussi « responsables » du développement de l’Etat islamique en ayant, pour certains, passés des accords avec leurs ennemis d’aujourd’hui. Encore une fois, rien n’est simple dans le monde réel.



Évidemment, ce qui ressort en conclusion de cette lecture est, entre autre, la (plus que) probable inefficacité de la politique actuelle de lutte contre l’État islamique, bien que cet ouvrage ne soit évidemment pas indispensable pour arriver à cette conclusion. On ne peut que déplorer, encore une fois, mais c’est le cas dans un grand nombre de domaines, qu’au lieu de s’attaquer aux racines, à l’origine du problème, on se contente d’une politique superficielle militaire (voulue d’ailleurs, par l’Etat islamique, d’où le « Piège ») dont les effets de manches ne servent qu’à cacher l’impossibilité des dirigeants à sortir par le haut de cette (presque) impasse.

Comprendre, c’est déjà presque agir.

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Le piège Daech

Cet essai court et dense vise surtout à faire comprendre d’où vient DAESH , comment il a pu s’implanter et prospérer aussi rapidement en Irak et en Syrie.

Il est donc avant tout un essai replaçant L »Etat islamique » dans une réalité historique (dont lui aussi donne et utilise une vision tronquée et partisane), et ce de façon à la fois dense, précise et compréhensible.

L’auteur nous explique les conséquences du fameux accord Sykes Picot sur une région dont les habitants partageaient non seulement 3 religions (musulmane, chrétienne, juive), mais aussi des nuances fortes au sein de chacune des 3, et ce au sein d’organisations sociales elles aussi différentes et complexes, avec par ailleurs des niveaux d’accès à d’autres cultures qui n’avaient rien à voir. Accord qui a mené à la création d’Etats répondant aux besoins de la Grande Bretagne et de la France de l’époque mais sans tenir compte des situations locales. Etats qui ont ensuite subi plusieurs changements politiques, le plus souvent dans la violence, et des dirigeants qui se sont succédés, tous plus despotiques et brutaux les uns que les autres.

Sunnites, Salafistes, Wahhabites, Chi’ites, Druze, Alaouites, Alevi, Chrétiens d’Orient, Yezidis, Kurdes, populations urbaines éduquées, tribus, familles élargies, l’auteur nous dresse le portrait de ce puzzle géopolitique, et des situations politiques locales parfois kafkaïennes avec des gouvernants issus de minorités qu’ils favorisent jusqu’à l’implosion. Il démontre aussi que les erreurs des grandes puissances d’hier perdurent, entre besoins en pétrole, concurrence, volonté d’imposer un modèle d’organisation « universel » sans s’intéresser réellement aux réalités locales.

Il nous brosse le portrait d’une mosaïque qui semble aujourd’hui totalement ingouvernable, ce dont profite DAESH pour s’étendre et imposer sa vision du monde, tout aussi monolithique d’ailleurs dans le fond que celle des occidentaux. Une vision basée sur une lecture rétrograde, celle du sunnisme wahhabite, et que même l’Arabie Saoudite (pourtant elle-même wahhabite !) craint et tente de maitriser sans grand succès.

Cet essai est nécessaire pour tenter de comprendre le pourquoi de ce qui se passe depuis 2014 ; il pose aussi question sur un futur incertain : les Etats comme l’Irak, La Syrie, voire le Liban et la Jordanie ont-ils un avenir ? Si oui lequel ? Les cartes seront-elles redessinées ? Et laisserons-nous à DAESH le pouvoir d’en choisir le tracé, comme elle a déjà commencé à le faire ?


Lien : http://desmotssurunepage.ekl..
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Le piège Daech

Extrêmement intéressant pour comprendre l'origine historique et géopolitique de la création de l'Etat islamique. Un regret que la dimension religieuse ne soit pas davantage explorée.
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