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3.25/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 19/08/1780
Mort(e) à : Paris , le 16/07/1857
Biographie :

Pierre-Jean de Béranger est un chansonnier français prolifique qui remporta un énorme succès à son époque.

Plus connu sous le simple nom de Béranger, il est le fils de Jean-François Béranger de Mersix et de Marie-Jeanne Champy.

1857 "Ma biographie"

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Pierre-Jean de Béranger
LE PRINTEMPS ET L'AUTOMNE

Deux saisons règlent toutes choses,
Pour qui sait vivre en s'amusant :
Au printemps nous avons les roses,
A l'automne un jus bienfaisant.

Les jours croissent, le cœur s'éveille ;
On fait le vin quand ils sont courts.
Au printemps, adieu la bouteille !
En automne, adieu les amours !

Mieux il vaudrait unir sans doute
Ces deux penchants faits pour charmer ;
Mais pour ma santé je redoute
De trop boire et de trop aimer.
Or, la sagesse me conseille
De partager ainsi mes jours :
Au printemps, adieu la bouteille !
En automne, adieu les amours !

Au mois de mai, j'ai vu Rosette,
Et mon cœur a subi ses lois.
Que de caprices la coquette
M'a fait essuyer en six mois !
Pour lui rendre enfin la pareille,
J'appelle octobre à mon secours.
Au printemps, adieu la bouteille !
En automne, adieu les amours !

Je prends, quitte et reprends Adèle,
Sans façons comme sans regrets.

Au revoir, un jour me dit-elle ;
Elle revient longtemps après.
J'étais à chanter sous la treille :
Ah ! dis-je, l'année a son cours.
Au printemps, adieu la bouteille !
En automne, adieu les amours !

Mais il est une enchanteresse
Qui change à son gré mes plaisirs.
Du vin elle excite l'ivresse,
Et maîtrise jusqu'aux désirs.
Pour elle ce n'est pas merveille
De troubler l'ordre de mes jours,
Au printemps avec la bouteille !
En automne avec les amours !
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Pierre-Jean de Béranger
Negaraku (Mon pays) est l'hymne national de la Malaisie. Il fut choisi comme hymne national à l'époque de l'indépendance de la fédération de Malaisie du Royaume-Uni en 1957. La mélodie était à l'origine utilisée comme hymne national de Perak1, qui a été adopté à partir d'une mélodie française populaire intitulée "La Rosalie" composée par le parolier Pierre-Jean de Béranger.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Negaraku
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Pierre-Jean de Béranger
MA RÉPUBLIQUE
Air : Vaudeville de la petite Gouvernante


J’ai pris goût à la république
Depuis que j’ai vu tant de rois.
Je m’en fais une, et je m’applique
À lui donner de bonnes lois.
On n’y commerce que pour boire,
On n’y juge qu’avec gaîté ;
Ma table est tout son territoire ;
Sa devise est la liberté.

Amis, prenons tous notre verre :
Le sénat s’assemble aujourd’hui.
D’abord, par un arrêt sévère,
À jamais proscrivons l’ennui.
Quoi ! proscrire ? Ah ! ce mot doit être
Inconnu dans notre cité.
Chez nous l’ennui ne pourra naître :
Le plaisir suit la liberté.


Du luxe, dont elle est blessée,
La joie ici défend l’abus ;
Point d’entraves à la pensée,
Par ordonnance de Bacchus.
À son gré que chacun professe
Le culte de sa déité ;
Qu’on puisse aller même à la messe :
Ainsi le veut la liberté.

La noblesse est trop abusive :
Ne parlons point de nos aïeux.
Point de titre, même au convive
Qui rit le plus ou boit le mieux.
Et si quelqu’un, d’humeur traîtresse,
Aspirait à la royauté,
Plongeons ce César dans l’ivresse,
Nous sauverons la liberté.

Trinquons à notre république,
Pour voir son destin affermi.
Mais ce peuple si pacifique
Déjà redoute un ennemi :
C’est Lisette qui nous rappelle
Sous les lois de la volupté.
Elle veut régner, elle est belle ;
C’en est fait de la liberté.

p.230-231
Extrait : Œuvres complètes de Béranger 1, H. Fournier Paris 1839
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MON OMBRE

AIR : J’étais bon chasseur autrefois.


L’oiseau module un dernier chant ;
Moi, vieillard, j’écoute et je songe.
Mais aux feux du soleil couchant
Je vois mon ombre qui s’allonge,
S’allonge et semble aller s’assoir
Au bord de la route poudreuse.
Elle aspire au repos du soir ;
Mon ombre devient paresseuse.

À quoi l’ai-je donc pu lasser ?
Au temps froid comme au temps des roses,
Si je marchais seul pour penser,
Pour rêver j’ai fait bien des pauses.
Alors de trop graves sujets
Forçaient-ils mon vol à s’étendre,
Tandis qu’au ciel je voyageais,
Mon ombre dormait à m’attendre.

Chantais-je à de joyeux banquets,
Sitôt qu’elle y pouvait paraître,
Derrière moi, comme un laquais,
La moqueuse singeait son maître.
Tard au logis rentrant parfois,
Quand l’aï tournait au mirage,
Au clair de lune, je le crois,
Mon ombre eût fait rougir un sage.

Je ne veux non plus le cacher :
Jadis des ombres moins fidèles,
À ses bras daignant s’attacher,
La faisaient courir avec elles.
C’était le temps des jours d’espoir,
Des nuits d’amour toutes remplies.
Dans ces nuits, grâce à l’éteignoir,
Mon ombre a fait peu de folies.

Les beaux rêves m’ont tous quitté.
Où sont les ombres des sylphides ?
À peine un rayon de gaieté
Glisse encore à travers mes rides.
Il est un fantôme divin
Qui rend le soir des ans moins sombre :
C’est la gloire, hélas ! mais en vain
Mon ombre a poursuivi cette ombre.

Une ombre de Dieu brille en nous ;
Je le sens, et pourtant j’ignore
Ce qu’à ses yeux nous sommes tous,
Sur ce vieux sol qui nous dévore.
Mais le soleil disparaissant
Peut-être résout ce problème,
Car il semble qu’en s’effaçant
Mon ombre dise : Ombre toi-même.

p.601-602
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LES FOUS

AIR : Ce magistrat irréprochable


Vieux soldats de plomb que nous sommes,
Au cordeau nous alignant tous,
Si des rangs sortent quelques hommes,
Tous nous crions : À bas les fous !
On les persécute, on les tue ;
Sauf, après un lent examen,
À leur dresser une statue,
Pour la gloire du genre humain.

Combien de temps une pensée,
Vierge obscure, attend son époux !
Les sots la traitent d’insensée ;
Le sage lui dit : Cachez-vous.
Mais, la rencontrant loin du monde,
Un fou qui croit au lendemain,
L’épouse ; elle devient féconde
Pour le bonheur du genre humain.

J’ai vu Saint-Simon le prophète,
Riche d’abord, puis endetté,
Qui des fondements jusqu’au faîte
Refaisait la société.
Plein de son œuvre commencée,
Vieux, pour elle il tendait la main,
Sûr qu’il embrassait la pensée
Qui doit sauver le genre humain.

Fourier nous dit : Sors de la fange,
Peuple en proie aux déceptions !
Travaille, groupé par phalange,
Dans un cercle d’attractions.
La terre, après tant de désastres,
Forme avec le ciel un hymen,
Et la loi qui régit les astres
Donne la paix au genre humain !

Enfantin affranchit la femme,
L’appelle à partager nos droits.
Fi ! dites-vous ; sous l’épigramme
Ces fous rêveurs tombent tous trois.
Messieurs, lorsqu’en vain notre sphère
Du bonheur cherche le chemin,
Honneur au fou qui ferait faire
Un rêve heureux au genre humain !

Qui découvrit un nouveau monde ?
Un fou qu’on raillait en tout lieu.
Sur la croix que son sang inonde,
Un fou qui meurt nous lègue un Dieu.
Si demain, oubliant d’éclore,
Le jour manquait, eh bien ! demain,
Quelque fou trouverait encore
Un flambeau pour le genre humain.

p.113-114
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LA COURONNE
couplets
CHANTÉS PAR UN ROI DE LA FÈVE
(Air noté ♫)

Grâce à la fève, je suis roi.
Nous le voulons : versez à boire !
Çà, mes sujets, couronnez-moi ;
Et qu’on porte envie à ma gloire !
À l’espoir du rang le plus beau
Point de cœur qui ne s’abandonne.
Nul n’est content de son chapeau ;
Chacun voudrait une couronne.

Un roi sur son front obscurci
Porte une couronne éclatante.
Le pâtre a sa couronne aussi,
Couronne de fleurs qui me tente.
À l’un le ciel la fait payer ;
Mais au berger l’amour la donne :
Le roi l’ôte pour sommeiller,
Colin dort avec sa couronne.

Le Français, poëte et guerrier,
Sert les Muses et la Victoire.
Le front ceint d’un double laurier,
Il triomphe et chante sa gloire.

Quand du rang qu’il doit occuper
Il tombe, trahi par Bellone,
Le sceptre lui peut échapper,
Mais il conserve sa couronne.

Belles, vous portez à quinze ans
La couronne de l’innocence :
Bientôt viennent les courtisans ;
Comme les rois on vous encense.
Comme eux de pièges séducteurs
L’artifice vous environne ;
Vous n’écoutez que vos flatteurs,
Et vous perdez votre couronne.
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LES ORANGS-OUTANGS

AIR : Un ancien proverbe nous dit ;
ou de Calpigi.


Jadis, si l’on en croit Ésope,
Les orangs-outangs de l’Europe
Parlaient si bien, que d’eux, hélas !
Nous sont venus les avocats.
Un des leurs, à son auditoire
Dit un jour : « Consultez l’histoire ;
« Messieurs, l’homme fut en tout temps
« Le singe des orangs-outangs.

« Oui ; d’abord, vivant de nos miettes,
« Il prit de nous l’art des cueillettes ;
« Puis, d’après nous, le genre humain
« Marcha droit, la canne à la main.
« Même avec le ciel qui l’effraie,
« Il use de notre monnaie.
« Messieurs, l’homme fut en tout temps
« Le singe des orangs-outangs.

« Il prend nos amours pour modèles ;
« Mais nos guenons nous sont fidèles.
« Sans doute il n’a bien imité
« Que notre cynisme effronté.
« C’est, chez nous, qu’à vivre sans gêne
« S’instruisit le grand Diogène.
« Messieurs, l’homme fut en tout temps
« Le singe des orangs-outangs.

« L’homme a vu chez nous une armée,
« D’un centre et d’ailes bien formée,
« Ayant, sous les chefs les meilleurs,
« Garde, avant-garde et tirailleurs.
« Il n’avait pas mis Troie en cendre,
« Que nous comptions vingt Alexandre.
« Messieurs, l’homme fut en tout temps,
« Le singe des orangs-outangs.

« Avec bâton, épée ou lance,
« Tuer est l’art par excellence.
« Nous l’enseignons. Or dites-moi,
« Pourquoi l’homme est-il notre roi ?
« Grands dieux ! c’est fait pour rendre impie.
« Votre image est notre copie.
« Oui, dieux, l’homme fut en tout temps
« Le singe des orangs-outangs. »

Quoi ! dit Jupin, à mes oreilles,
Toujours, singes, castors, abeilles,
Crieront : C’est un ours mal léché,
Votre homme ; où l’avez-vous péché ?
Tout sot qu’il est, il me cajole.
Ôtons aux bêtes la parole ;
Car l’homme encor sera longtemps
Le singe des orangs-outangs.

p.111-112
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LE GRILLON

AIR de Jacques.


Au coin de l’âtre où je tisonne
En rêvant à je ne sais quoi,
Petit grillon, chante avec moi,
Qui, déjà vieux, toujours chansonne.
Petit grillon, n’ayons ici,
N’ayons du monde aucun souci.

Nos existences sont pareilles :
Si l’enfant s’amuse à ta voix,
Artisan, soldat, villageois,
À la mienne ont charmé leurs veilles.
Petit grillon, n’ayons ici,
N’ayons du monde aucun souci.

Mais sous ta forme hétéroclite
Un lutin n’est-il pas caché ?
Vient-il voir si quelque péché
Tient compagnie au vieil ermite ?
Petit grillon, n’ayons ici,
N’ayons du monde aucun souci.

N’es-tu pas sylphe et petit page
De quelque fée au doux pouvoir,
Qui t’adresse à moi pour savoir
À quoi le cœur sert à mon âge ?
Petit grillon, n’ayons ici,
N’ayons du monde aucun souci.

Non ; mais en toi, je le veux croire,
Revit un auteur qui, jadis,
Mourut de froid dans son taudis
En guettant un rayon de gloire.
Petit grillon, n’ayons ici,
N’ayons du monde aucun souci.

Docteur, tribun, homme de secte,
On veut briller, l’auteur surtout.
Dieu, servez chacun à son goût :
De la gloire à ce pauvre insecte.
Petit grillon, n’ayons ici,
N’ayons du monde aucun souci.

La gloire ! est fou qui la désire :
Le sage en dédaigne le soin.
Heureux qui recèle en un coin
Sa foi, ses amours et sa lyre !
Petit grillon, n’ayons ici,
N’ayons du monde aucun souci.

L’envie est là qui nous menace.
Guerre à tout nom qui retentit !
Au fait, plus ce globe est petit,
Moins on y doit prendre de place.
Petit grillon, n’ayons ici,
N’ayons du monde aucun souci,

Ali ! si tu fus ce que je pense,
Ris du lot qui t’avait tenté ;
Ce qu’on gagne en célébrité,
On le perd en indépendance.
Petit grillon, n’ayons ici,
N’ayons du monde aucun souci.

p.471-472
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LE BONHEUR


Le vois-tu bien, là bas, là bas,
Là bas, là bas ? dit l’Espérance.
Bourgeois, manants, rois et prélats
Lui font de loin la révérence. (bis.)
C’est le Bonheur, dit l’Espérance.
Courons, courons ; doublons le pas,
Pour le trouver là bas, là bas,
Là bas, là bas.

Le vois-tu bien, là bas, là bas,
Là bas, là bas, sous la verdure ?
Il croit à d’éternels appas,
Même à l’amour qui toujours dure.
Qu’on est heureux sous la verdure !
Courons, courons ; doublons le pas,
Pour le trouver là bas, là bas,
Là bas, là bas.

Le vois-tu bien, là bas, là bas,
Là bas, là bas, à la campagne ?
D’enfants et de grains, Dieu ! quel tas !
Quels gros baisers à sa compagne !
Qu’on est heureux à la campagne !
Courons, courons ; doublons le pas,
Pour le trouver là bas, là bas,
Là bas, là bas.

Le vois-tu bien, là bas, là bas,
Là bas, là bas, dans une banque ?
S’il est un plaisir qu’il n’ait pas,
C’est qu’au marché ce plaisir manque.
Qu’on est heureux dans une banque !
Courons, courons ; doublons le pas,
Pour le trouver là bas, là bas,
Là bas, là bas.

Le vois-tu bien, là bas, là bas,
Là bas, là bas, dans une armée ?
Il mesure au bruit des combats
Tout le bruit de sa renommée.
Qu’on est heureux dans une armée !
Courons, courons ; doublons le pas,
Pour le trouver là bas, là bas,
Là bas, là bas.

Le vois-tu bien, là bas, là bas,
Là bas, là bas, sur un navire ?
L’arc-en-ciel brille dans ses mâts ;
Toutes les mers vont lui sourire.
Qu’on est heureux sur un navire !
Courons, courons ; doublons le pas,
Pour le trouver là bas, là bas,
Là bas, là bas.

Le vois-tu bien, là bas, là bas,
Là bas, là bas, c’est en Asie ?
Roi, pour sceptre il porte un damas
Dont il use à sa fantaisie.
Qu’on est heureux dans cette Asie !
Courons, courons ; doublons le pas,
Pour le trouver là bas, là bas,
Là bas, là bas.

Le vois-tu bien, là bas, là bas,
Là bas, là bas, en Amérique ?
Sous un arbre il met habit bas
Pour présider sa république.
Qu’on est heureux en Amérique !
Courons, courons ; doublons le pas,
Pour le trouver là bas, là bas,
Là bas, là bas.

Le vois-tu bien, là bas, là bas,
Là bas, là bas, dans ces nuages ?
Ah ! dit l’homme enfin vieux et las,
C’est trop d’inutiles voyages.
Enfants, courez vers ces nuages.
Courez, courez ; doublez le pas,
Pour le trouver là bas, là bas,
Là bas, là bas.

p.39-40-41
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À MES AMIS
DEVENUS MINISTRES


Non, mes amis, non, je ne veux rien être ;
Semez ailleurs places, titres et croix.
Non, pour les cours Dieu ne m’a pas fait naître :
Oiseau craintif je fuis la glu des rois.
Que me faut-il ? maîtresse à fine taille,
Petit repas et joyeux entretien.
De mon berceau près de bénir la paille,
En me créant Dieu m’a dit : Ne sois rien.

Un sort brillant serait chose importune
Pour moi, rimeur, qui vis de temps perdu.
M’est-il tombé des miettes de fortune,
Tout bas je dis : Ce pain ne m’est pas dû.
Quel artisan, pauvre, hélas ! quoi qu’il fasse,
N’a plus que moi droit à ce peu de bien ?
Sans trop rougir fouillons dans ma besace.
En me créant Dieu m’a dit : Ne sois rien.

Au ciel, un jour, une extase profonde
Vient me ravir, et je regarde en bas.
De là, mon œil confond dans notre monde
Rois et sujets, généraux et soldats.
Un bruit m’arrive ; est-ce un bruit de victoire ?
On crie un nom ; je ne l’entends pas bien.
Grands, dont là bas je vois ramper la gloire,
En me créant Dieu m’a dit : Ne sois rien.

Sachez pourtant, pilotes du royaume,
Combien j’admire un homme de vertu,
Qui, regrettant son hôtel ou son chaume,
Monte au vaisseau par tous les vents battu.
De loin ma voix lui crie : Heureux voyage !
Priant de cœur pour tout grand citoyen.
Mais au soleil je m’endors sur la plage.
En me créant Dieu m’a dit : Ne sois rien.

Votre tombeau sera pompeux sans doute ;
J’aurai, sous l’herbe, une fosse à l’écart.
Un peuple en deuil vous fait cortège en route ;
Du pauvre, moi, j’attends le corbillard.
En vain on court où votre étoile tombe ;
Qu’importe alors votre gîte ou le mien ?
La différence est toujours une tombe.
En me créant Dieu m’a dit : Ne sois rien.

De ce palais souffrez donc que je sorte.
À vos grandeurs je devais un salut.
Amis, adieu. J’ai derrière la porte
Laissé tantôt mes sabots et mon luth.
Sous ces lambris près de vous accourue,
La Liberté s’offre à vous pour soutien.
Je vais chanter ses bienfaits dans la rue.
En me créant Dieu m’a dit : Ne sois rien.

p.65-66
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