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Critiques de Pierre Jourde (255)
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Armistice

A l'occasion du centenaire de l'armistice, Gallimard a proposé à différents écrivains un hommage aux poilus. Le résultat est sublime. Trente et un auteurs contemporains se livrent à l'exercice difficile. Daeninckx, Hatzfeld, Jourde, Moï, Rufin, pour n'en citer qu'une poignée ont accepté cette écriture mémoire.

Chaque texte est illustré par une peinture, une gravure, un dessin. C'est ainsi que j'ai découvert l'histoire de vie et les peintures de Rik Wouters.



Cet ouvrage collectif fait écho aux chefs d'œuvre qui ont eu pour sujet la 1ere guerre mondiale: Voyage au bout de nuit, Les sentiers de la gloire, Au revoir là haut, capitaine Conan...



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C'est la culture qu'on assassine

Critique disponible sur mon blog www.marcbordier.com.

En flânant dans une librairie à Chatou la semaine dernière, je suis tombé par hasard sur le dernier ouvrage de Pierre Jourde C'est la culture qu'on assassine. A vrai dire, il ne s'agit pas d'une nouveauté, mais plutôt d'une compilation d'articles publiés entre 2009 et 2010 sur son blog Confitures de culture hébergé sur le site du Nouvel Obs. J'aime beaucoup Pierre Jourde, et pas seulement parce qu'il présente l'originalité d'être comme moi un littéraire qui s'intéresse à la boxe française. J'apprécie avant tout ses critiques car elles ont le mérite de dédaigner le battage autour du nombril des auteurs pour s'intéresser à l'essentiel, c'est-à-dire aux textes eux-mêmes. C'est déjà ce que Pierre Jourde faisait avec brio dans La Littérature sans estomac, un très bel essai paru en 2002 et qui lui a valu quelques solides inimitiés. Il y analysait avec férocité les textes de quelques auteurs médiatiques pour en montrer toute la vacuité, tout en soulignant par ailleurs les authentiques qualités littéraires de quelques auteurs méconnus comme Chevillard, Richard, Novarina, Michon, Louis-Combet, etc. Finalement, il ne faisait qu'appliquer les méthodes de lecture qu'il enseigne en tant que professeur de littérature française (vous souvenez-vous de l'exercice du commentaire composé ?). Il exerçait son métier de critique.

Dans C'est la culture qu'on assassine, il part en guerre contre la bêtise ordinaire véhiculée par les pouvoirs économique, politique et médiatique, en s'en prend pêle-mêle à la réforme de l'université, à TF1, aux émissions de Cauet, aux journalistes serviles, à Sarkozy, à la nouvelle orthographe, etc. Vous l'aurez compris, le champ est vaste, et si la littérature est bien présente (notamment dans les parties V -Vie culturelle et VI - Livres et écrivains), elle ne constitue plus le coeur du sujet. Le style, lui, est toujours aussi jouissif : à la manière d'un Philippe Muray (mais sans doute de l'autre côté de l'échiquier politique), Pierre Jourde envoie ses coups sans retenue, avec une liberté, une intelligence et une ironie qui forcent l'admiration. Je l'avoue, je me suis délecté en lisant ces petits textes, même lorsque j'étais en désaccord avec les idées exprimées (sur la réforme de l'université notamment). Pour ceux d'entre vous qui souhaitent découvrir ces textes, ils sont pour la plupart en ligne à l'adresse http://pierre-jourde.blogs.nouvelobs.com/. Bonne lecture.
Lien : http://www.marcbordier.com
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C'est la culture qu'on assassine

Dans ce recueil d'articles et de billets de blog publiés entre 2008 et 2010, Pierre Jourde part en guerre contre les responsables de la mort annoncée de notre culture.

Et d'une plume alerte il s'attaque à la médiocrité des médias, à la consternante nullité de la majorité des programmes télévisuels, à la démission de l'éducation nationale de sa véritable mission - transmettre le savoir -, aux réformes absurdes imposées à l'enseignement supérieur, au clientélisme qui sévit dans le monde de l'édition, et de manière générale à une sous-culture de supermarché qui s'impose au détriment de la véritable culture qui seule peut permettre à l'individu de se former, de s'ouvrir au monde et d'évoluer.

Le constat est amer, l'humour de Pierre Jourde parfois féroce, mais c'est aux usurpateurs qu'il s'en prend, à ceux qui de font les agents - par ambition et pour le profit - de l'abêtissement universel. C'est sans appel : partout prime la quantité sur la qualité, le chiffre d'affaire est roi, la langue française est massacrée à l'école comme à la télé, les enfants des classes défavorisées n'ont aucune chance de s'en sortir, la téléréalité est d'une vulgarité et d'un bêtise consternante, les professeurs et les écrivains ne sont plus jugés que par la masse de ce qu'ils publient - qu'importe l'intérêt des articles, qu'importe si les trois-quarts des livres terminent au pilon -, il faut être visible à tout prix. Et tant pis pour ceux qui ont réellement du talent ou le désir de changer les choses. Tant pis pour les recherches qui demandent du temps, pour les ouvrages qui demandent de la réflexion, pour les émissions qui apportent un réel savoir.

On peut être plus ou moins d'accord mais on ne peut pas rester indifférent. Car globalement l'analyse de Pierre Jourde est lucide. Et si nous ne réagissons pas, il risque d'être trop tard. Donc c'est notre rôle à chacun d'empêcher la bêtise et l'inculture de nous submerger définitivement. Et de continuer le combat !
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C'est la culture qu'on assassine

Un recueil des chroniques écrites sur « Confiture de culture », le blog de Pierre Jourde.

Le titre: C’EST LA CULTURE QU’ON ASSASSINE, si évocateur, si pertinent devrait faire soulever à lui seul des montagnes de gens qui comprendraient la nécessité ultime de faire bousculer les institutions, les universités, les médias, la politique.

Quelquefois amer, désabusé, acariâtre, humoriste, Pierre Jourde ne cesse de dénoncer, d’argumenter, d’analyser le manque d’ambition culturelle de notre société contemporaine. Il le dit, l’écrit, et il a tellement raison !



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C'est la culture qu'on assassine

Un titre de décliniste qui cache une plume assassine envers ses pairs ! on découvre un secret de polichinelle, que dans la grande famille des critiques littéraires, rien n'est fortuit, et tout se paye. C'est un peu comme le monde des banquiers : derrière la façade, se déroulent des tractations pour la gloire ou le déshonneur. Certains s'en sortent mal, tel Djian, qui ne doit pas être un ami de PJ Jouve.

Evidemment le ton est amer, mais ça égratigne comme du poil à gratter ! Finalement ce livre pourrait être recommandé aux contributeurs de babelio, critiques amateurs, comme une méthode, à suivre ou pas, selon.
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C'est la culture qu'on assassine

Pierre Jourde enseigne la littérature à l'université et a publié un recueil de chroniques de son blog nommé "Confiture de Culture". Ceux-ci évoquent l'actualité culturelle dans sa globalité, celle des années 2010.



J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque pour m'ouvrir à d'autres lectures. La 4ème de couverture m'attire, je le prends et m'empresse de le commencer, tout en continuant ma lecture de fiction en parallèle.



J'ai appris pas mal de choses, j'ai compris aussi que je n'étais clairement pas la cible de ce livre. A la page 46, l'auteur propose un mini-quizz à ses lecteurs. La question était de retrouver l'auteur des lignes qu'il citait. Les auteurs proposés étaient : Jean-Paul Brighelli, François Bégaudeau, Alain Finkielkrault et Philippe Meirieu. Je ne donnerai pas la réponse mais je suis désolée de dire que je n'ai pas trouvé pour la simple et bonne raison que seul Alain Finkielkrault me disait quelque chose. L'auteur a donné la réponse en affirmant que si les lecteurs répondent telle ou telle réponse, ils "vivent vraisemblablement dans une grotte au Birobidjan". On se sent tout de suite à l'aise en apprenant ça...



Il critique aussi le fait que pour accéder à la fonction publique, la culture n'est plus privilégiée et qu'elle est considérée comme élitiste. Personnellement, je suis fonctionnaire, et j'ai passé plusieurs concours. Savoir que tel poème a été écrit par tel poète en telle année ne fera jamais de moi le meilleur fonctionnaire de l'année.



Plusieurs chapitres abordent différents thèmes : la politique culturelle, l'éducation, les réformes universitaires, l'écrivain, le monde de l'édition, ...



Encore une fois, pour la partie intitulée "le livre et l'écrivain", j'étais un peu perdue. Mais a priori, on est loin de lire la même chose. Ce qui me gêne là-dedans, c'est que la plupart des personnes qui remettent en cause les lectures d'une certaine partie de la population, évoquent rarement ce qu'ils leur semblent bon de lire selon eux. En attendant, je ne fais peut-être pas partie du bon côté selon lui, mais j'ai lu son livre et je n'ai pas pour autant l'impression d'être complètement inculte.



Pour la note positive, il y a plusieurs points sur lesquels je suis en phase avec Pierre Jourde : l'explication de la perte d'autorité des professeurs à l'école, la critique sur la lourdeur administrative pour les enseignants-chercheurs à l'université, le vide intellectuel à la télévision de quelques programmes, ...



Il y a deux chroniques que je retiendrais de ce livre : celle de la galère des chercheurs à la BNF (j'ai bien ri) et celle intitulée "A quoi sert la littérature ?".



Au final, je vais retourner à ma grotte. J'y suis bien dedans.
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C'est la culture qu'on assassine

J’ai continué ma découverte avec ce essai.



Et j’ai continué à beaucoup apprécier cet auteur : Franchement, j’ai été passionnée, j’avais tout le temps envie de continuer ma lecture! Il est très agréable à lire, tout en étant pas de la littérature trop facile et simple.



Ce livre est constitué de chroniques que l’auteur a écrit sur son blog du Nouvel Observateur, sur des thèmes de société, comme l’école, la politique, l’économie et bien évidemment, la culture.



Donc ce livre est découpé en grands thèmes. Et dans ces grands thèmes, il y a une série d’articles, articles semblables aux blogs qu’on fréquente.



Ici, la littérature n’est pas au centre, loin de là! Elle ne forme qu’un chapitre parmi d’autres sujets d’actualité.



D’ailleurs, je vous mets tout de suite le lien vers son blog du Nouvel Observateur, si vous voulez en lire plus : Blog de Pierre Jourde : Confiture de culture



On retrouve dans cet assemblage de critiques le même ton que dans "Le Jourde & Naulleau", c’est-à-dire l’ironie.

Pierre Jourde sait la manier à la perfection, on peut au moins dire ça! Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas retrouvée devant une plume aussi vivante, aussi piquante et sèche!



Bien évidemment, comme pour "Le Jourde & Naulleau", il n’épargne rien ni personne. Mais j’ai souvent eu l’impression de lire ce que beaucoup pense mais n’osent pas dire, de peur de se prendre des foudres bien-pensantes.



Je me suis retrouvée dans plusieurs de ses positions. Quelques exemples…



- J’ai l’impression que maintenant, les critiques littéraires parlent plus de l’auteur en lui-même que du texte. Et franchement, moi, je m’en moque de l’auteur. De ce qu’il aime manger, avec qui il partage sa vie…Cela ne m’intéresse absolument pas. C’est pourquoi aux salons littéraires, il faut vraiment que cela soit un auteur très très important à mes yeux pour que j’aille demander une dédicace (par exemple Daniel Pennac ou Luis Sepulveda)

Je trouve qu’un retour aux textes et aux textes seulement serait vraiment bénéfique!



- Les réformes des concours d’enseignements qui tendent plus à créer des fonctionnaires que des professeurs, ainsi que l’enseignement qui s’appauvrit d’années en années…c’est vraiment dommage, surtout avec toutes les réformes qui nous bombardent continuellement depuis quelques années!



- La pauvreté flagrante des chaines et des émissions de la télévision…C’est bien simple, moi, j’ai arrêté de la regarder. Cela ne m’intéresse plus du tout, je préfère plutôt lire que de zoner devant la télé! J’ai lu il y a quelques mois un autre livre qui en parle ON/ OFF, très bien lui aussi!



- La désinformation des médias…qui peuvent s’amuser à nous faire croire ce qu’ils veulent, qui ne cherchent à faire que des scoops, du grandiose ou choquant, plutôt que de parler des véritables sujets plus compliqués certes, mais bien plus passionnants!….



Vraiment, je me suis souvent retrouvée dans ces articles, au point de ne jamais vouloir m’arrêter! J’ai donc réellement apprécié ma lecture!
Lien : http://writeifyouplease.word..
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C'est la culture qu'on assassine

Pierre Jourde (1955- ) est un écrivain et critique français.

Connu pour ses pamphlets contre les médias, il est surtout l'auteur d'essais sur la littérature moderne et d'une abondante œuvre littéraire exigeante.

Depuis 2009, il tient le blog "Confitures de culture" sur le site littéraire du Nouvel Observateur où il publie régulièrement ses prises de position sur des sujets de société.

"C'est la culture qu'on assassine" parait en 2011.



Pierre Jourde nous soumet un recueil de chroniques portant sur la situation culturelle en France.

Un constat dramatiquement alarmant qui semble irréversible.

"La culture, c'est la télévision. L'empire de la connerie triomphante et fière d'elle-même". La recherche du spectaculaire, le mépris des faits au profit de l'image.

Le pays de l'ironie, de la satire, de l'esprit frondeur tend à devenir le royaume des béni oui-oui...

Le monde est dévenu télévision.

Pierre Jourde aborde la destruction de l'enseignement, le mépris de la recherche; qui entraînent montée de l’illettrisme.

"Visser boulons le jour, avaler Cauet le soir".

Il fait l'éloge des petits éditeurs et règle ses comptes avec quelques écrivains (...) populaires.

Musso, Levy, Moix, Angot, Beigbeder, Gavalda, Jardin, Weber en prennent pour leur grade.

La médaille d'Or étant remise à Philippe Djian qui se fait tailler un costard sur mesure (à lire... c'est du miel !)

Jourde nous livre l'envers du décor; les petits arrangements entre amis lors de la remise des prix littéraires.



J'ai adoré ce recueil, incisif, mordant. Quelques gouttes de nitroglycérine qui font voler en éclat les préjugés et remettent à leurs justes places les situations établies.

Un vent de fraîcheur, de sincérité. Un grand coup de pompe dans la fourmilière de la "Culture à la française" qu'il va falloir s'habituer à orthographier avec un petit (tout petit) c.

Précipitez-vous vers cette bombe à fragmentation politiquement incorrecte.
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C'est la culture qu'on assassine

Pierre Jourde dénonce l'appauvrissement des offres culturelles en France. Ces chroniques, celles de son blog, sont des critiques contre les pouvoirs économique, politique, médiatique.

Elles se lisent avec bonheur, elles sont libres et intelligentes
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C'est la culture qu'on assassine

Pour que la culture ne soit plus un grumeau



Certains livres rendent heureux et triste et c'est le cas de celui ci.

Heureux de lire une réflexion de bon sens. En cette période de Pentecôte, la visite d'un esprit sain est toujours une bonne nouvelle.

Mais triste aussi de partager le constat accablant qu'il dresse de la situation culturelle.



Amateurs de Desproges et de Philippe Muray, ne passez surtout pas votre chemin. Jourde est de cette famille qualifiée paresseusement et hâtivement de réactionnaire, ce qui était une injure hier et tend à devenir un titre de gloire aujourd'hui, à tort dans les 2 cas.



Si vous vous défiez des "mutins de Panurge", vous vous sentirez moins seul après la lecture de "C'est la culture qu'on assassine".



Ce livre est un recueil de chroniques que Pierre Jourde écrit sur son blog depuis 2009 et il touche à tous les aspects de la culture.

Comme Jourde n'a pas sa plume dans la poche, cela donne de savoureuses charges contre la réforme des universités (un monde qu'il connaît personnellement), les médias, la politique éducative, la politique et la vie culturelles, le monde de l'édition et les écrivains, l'éthique…



Attention. Il ne s'agit pas d'une énième dénonciation de la dérive de l'Education nationale, des médias ou d'un simple tir aux pigeons qui occupent les têtes de gondoles du livre.

Il ne s'agit pas non plus d'une offensive visant à (r)établir un imaginaire pays réel pour s'opposer à l'hégémonie du politiquement correct.



Pierre Jourde se contente de réfléchir et de montrer, avec verve et humour.



Sur l'éducation.

Jourde consacre plusieurs billets à la réforme de l'Université et à la recherche et il remet les pendules à l'heure : non, les chercheurs ne sont pas tous des fainéants improductifs et toujours en grève. La recherche française est excellente, il faut simplement lui laisser le temps de… chercher. La description du chemin de croix du chercheur qui fréquente la très Grande Bibliothèque, est formidable.



Jourde est aussi convaincant dans son plaidoyer en faveur de Culture et de la nécessité de faire cohabiter en chacun, un bon professionnel et un citoyen à l'esprit ouvert.

Il est également percutant quand il explique en quoi la réforme de l'orthographe est absurde, si on ne s'attaque pas surtout, à la grammaire (ce qu'il ne souhaite pas par ailleurs).



De même quand il défend le conservatisme dans l'éducation (même si on a déjà beaucoup lu ça, notamment chez Brighelli), pour "entourer et protéger l'enfant". "Le monde est toujours plus vieux qu'eux, le fait d'apprendre est inévitablement tourné vers le passé sans tenir compte de la proportion de notre vie qui sera consacrée au présent".



En revanche, je trouve Jourde moins convaincant quand il feint de confondre concours, sélections avec évaluation pour s'opposer au système d'évaluation (qui peut être critiquable cela étant) ou quand il semble exonérer l'éducation, de sa part de responsabilité dans le fait que le "public demande ce qu'on le conditionne à demander" car "le véritable éducateur aujourd'hui, c'est TF1".



Sur les médias et les artistes.

Le message est clair. "La bêtise médiatique mène une guerre d'anéantissement contre la culture". La complaisance est généralisée. Les informations sont trop souvent insignifiantes en donnant à voir du vide qui nous transforme en "auxiliaires de la bêtise".



Jourde dénonce le message sous-jacent des animateurs de télévision ("Tout cela est idiot, vous êtes idiots, nous le savons bien et nous devons nous en réjouir. Nous souscrivons à notre bêtise, elle est sans naïveté"), qui alimentent ce que l'auteur appelle " l'empire de la connerie triomphante et fière d'elle-même".

Mais il fustige aussi la fausse rébellion des Inrockuptibles et consorts. Il décrit très finement l'ambiguïté d'une prise de position qui vous transforme en pseudo-rebelle ou en réactionnaire et distingue l'œuvre révolutionnaire ou révoltante, de la production insignifiante (Van Gogh vs Jeff Koons).



Sur l'édition et les écrivains.

Jourde traite à plusieurs reprises de ce qui caractérise un bon écrivain, de la réalité des aides financières, du système des prix littéraires, du rôle des petites maisons d'édition, de la critique…et démolit joyeusement et en argumentant, ceux qui occupent démesurément les rayonnages de librairies ou de supermarchés, avec leurs produits insipides. Si vous aimez Musso, Levy, Angot ou Djian, ces passages vous seront sans doute douloureux. Mais il pose une bonne question : quand on critique un écrivain populaire, se moque t-on des ses lecteurs ?



Et puis, à côté des ces sujets attendus, Jourde aborde d'autres thèmes intéressants.



Sur l'identité nationale.

Son point de vue est délicieusement dérangeant. "L'époque est celle des fiertés, de ceci ou de cela et des machin pride. Je suis fier d'être homosexuel, basque, breton, catholique, voilée, motard…(…)…Bizarrement, en revanche, être fier d'être français, ça fait ringard".



Oh le vilain réac, pensez vous ?

Pas si simple.

Car Jourde continue : "il faudrait savoir : on a le droit d'être fier de tout, ou bien de rien. Personnellement j'adopte la deuxième solution. La revendication de soi est une marque de puérilité".



Sur la mémoire.

Dans une chronique de 2009 consacrée au mémorial de la Shoah : Yad Vashem, il dénonce : "ceux qui font profession de nier ou de bouffonner". "Des "Dieudonné assimilent les bourreaux aux victimes ("Israheil")…"



Bref, un livre roboratif qui traite en 300 pages, de sujets essentiels avec un art dialectique qui procure un vrai plaisir de lecture.



Mais du coup, je m'interroge : aime-je ce livre parce qu'il flatte mon ego en clouant au pilori des auteurs ou personnalités que je n'aime pas non plus ? Me caresse t-il dans le sens du poil et alors, ne suis-je pas aussi moutonnier dans le sarcasme que la masse à laquelle je veux croire ne pas appartenir complètement ?

Ce que je considère comme du bon sens n'est-il qu'un aspect et n'existe-t-il pas d'autres vérités ?

Vastes sujets.



Bon, je vais aller voir un "Inspecteur Harry", je réfléchirai à tout ça ensuite.



Zut ! Jourde assimile aussi Clint Eastwood à Pierre Corneille.

Damned, je suis fait.
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C'est la culture qu'on assassine, tome 2 : ..

Ce sont des chroniques auxquelles je m’intéressais et qui paraissaient dans le nouvel Obs. Elles faisaient parfois l’objet de débats houleux et permettaient ainsi au monde des idées d'avancer. Mais là, je ne vois pas trop l’intérêt de les publier. L’auteur aurait dû prendre soin de les remettre dans leur contexte, en profiter pour développer ou approfondir certaines opinions et soigner le style qui sent un peu le relâchement : répétitions, maladresses : " p 64 affections qui ne sont en rien affectées [...], etc.", expressions familières (une avalanche de « ça ») qui font mauvais ménage avec une certaine condescendance qui prend faussement le visage de l’humilité lorsque l’auteur se désigne lui-même à ses lecteurs comme « votre serviteur »...

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C'est la culture qu'on assassine, tome 2 : ..

Je n'avais pas lu le premier tome, recueil de chroniques. Je pense d'ailleurs qu'il faudra réparer cette erreur car j'ai totalement adhéré à la plume de l'auteur. Drôles, cyniques, tranchants, ses mots sont accessibles même si l'on ne partage pas toujours son point de vue. Pierre Jourde lance un regard critique sur la société et ses travers, à travers différents thèmes : société, médias, éducation, culture, arts, littérature. Chacun de ces thèmes sont traités de main de maître, les fautes de chacun, quelque soit son parti, individu ou groupe,… Les noms sont clairement explicités, les propos forts, et il en faut.



Je suis contre certains de ses propos, mais dans l'ensemble ses chroniques sont bien pensées, analysées et servies avec un travail sur le choix de chaque mot. Certaines d'entre elles La femme est le nègre de l'humanité, Décryptage de décrypteurs, la partie éducation dans son ensemble, et pas mal de la section littérature ont été de véritables coups de cœur.



Une anecdote d'ailleurs. Hier, je n'avais pas cours de la matinée et, alors que je me préparais, l'émission de Jean-Luc Reichmann tournait en arrière-plan. J'ai appris que les gibbons connaissaient approximativement 450 signes… mots dirons-nous. J'ai ri en me souvenant des mots de l'auteur. Page 135, première chronique de la sélection Éducation, Pierre Jourde nous fait part d'un problème notable en première année de licence : 50 % de la population estudiantine de L1 sont nuls en géographie, en histoire, ne parlent aucune langue et, je cite, « possèdent quatre cent mots de vocabulaire » soit cinquante de moins qu'un singe. C'est tout de même un peu inquiétant… Et pourtant pas du tout étonnant au vue de certaines copies.



J'ai également pu découvrir des choses que j'ignorais, du haut de mon petit master de création pré-master d'enseignement, à l'image de (pardonnez-moi de ces mots), l'idiotie de Bégaudeau qui préconise tout simplement la fin de l'éducation obligatoire. Bien entendu, une personne censée ne comprendrait pas ses propos. Mais qui a dit que les politiciens étaient censés ?



Pour conclure... je vous recommande très fortement ce livre, il est très prenant. J'ai adoré le lire, un très bon compagnon dans les transports en commun, qui ouvre à la réflexion, à la discussion. Lisez-le !
Lien : http://brain-shadows.blogspo..
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C'est la culture qu'on assassine, tome 2 : ..

Pierre Jourde est un critique littéraire assez sain d'esprit pour savoir qu'on ne peut toujours penser et dire du bien de ce qu'on lit, et pour constater qu'internet et autres médias parallèles ont aujourd'hui remplacé la critique littéraire officielle, confite dans le copinage, le politiquement correct et la dictature de l'argent. Il observe par exemple que le public, parfois, fait un triomphe à un livre comme "Les bienveillantes" au détriment du produit littéraire que les grands journaux patronnaient et que personne n'a lu. Enfin, il signale avec quelque malice que les journalistes n'aiment pas perdre, et qualifient de "fasciste" le livre qu'ils n'ont pas lancé et que le public a préféré. Dans ce grand jeu des qualificatifs insultants, certains artistes contemporains ne sont pas en reste, de Boulez à Jeff Koons, pour qui le public qui les boude est par nature une masse ahurie travaillée par le FN ...



Donc ce recueil de chroniques est un bon livre, qui ne se limite pas à la littérature, mais à bien d'autres domaines de la culture, même les médias. L'auteur, dans chacun de ses articles, assure toujours ses arrières en précisant qu'il fait partie du camp des gentils, ce qui l'autorise d'autant plus à critiquer ces mêmes gentils quand ils deviennent stupides. Venu de l'intérieur du Camp du Bien, cet ouvrage pourra éclairer quelques esprits.
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C'est la culture qu'on assassine, tome 2 : ..

Ces textes sont issus du blog de Pierre Jourde, ils ont quelque chose de spontané comme des billet d'humeur. Néanmoins il y a une profonde réflexion sur la société, l'école, les médias, la culture, l'art et la littérature.

L'auteur lutte contre la médiocrité ambiante et les idées touts faites relayées par les journalistes. Mais surtout il épingle les bourdes proférées par les soi-disant progressistes et la gauche bien-pensante. Et en matière d'éducation elles sont légion, et dangereuses.

Le monde des émissions de télévision est analysé finement, ça aide le lecteur à comprendre ce qui se passe réellement sur un plateau de télé, tous les textes sur les médias sont intéressants parce que l'auteur fait partie du microcosme médiatisé. C'est une vision de l'intérieur.

Le petit monde littéraire est dépeint avec humour il y a quelques coups de griffes contre les uns ou les autres mais c'est toujours argumenté et justifié;

J'ai passé un excellent moment à lire ces textes courts (de deux à d'une dizaine de pages) qui sont de beaux textes argumentatifs. La pensée de l'auteur est clairement énoncée, avec humour, en mélangeant les divers niveaux de langues. On rit beaucoup, on s'inquiète un peu, on passe un bon moment de lecture.
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C'est la culture qu'on assassine, tome 2 : ..

« Je lis présentement beaucoup de choses sur cette époque : l'impression de bêtise que j'en retire s'ajoute à celle que me procure l'état contemporain des esprits, de sorte que j'ai sur les épaules des montagnes de crétinisme. Il y a eu des époques où la France a été prise de la danse de Saint-Guy. Je la crois, maintenant, un peu paralysée du cerveau ». Voilà quelques propos roboratifs extraits de la correspondance de Flaubert qui pourraient tout à fait servir d'exergue à l'ouvrage de Pierre Jourde et aussi malheureusement convenir parfaitement à l'époque. Et bis repetita placent. Qu'un enseignant-chercheur doublé d'un bon romancier, sur son blog, vive son temps au jour le jour et vitupère contre l'époque, nous pouvions que nous en réjouir et nous laisser aller à l'amer plaisir de la critique. Dans cet ouvrage, il devrait être question, d'art, de littérature, de politique et de grande Histoire avec d'étincelants portraits et des mots terribles ; d'anecdote de trottoir et de quotidien mais visionnaire. Il existe d'illustres prédécesseurs. Nenni, rien de tout cela malheureusement mais plutôt l'irrépressible impression en tournant les pages d'être coincé dans une rame du RER bondée avec en face de soi, crachouillant dans son portable de confondantes banalités, le raseur analphabète habituel. Impossible, je crois, passée la première et humoristique chronique footballistique, de se boucher les oreilles et de trouver le moindre intérêt à tous les insupportables et incultes bavardages de l'écrivain. Pas grand-chose dans ce livre, il me semble, qui n'ait été répété ad nauseam par les médias et qui mériterait que l'on s'y arrête. A la lecture du sous-titre : « C'est la culture qu'on assassine », il faut bien songer à un programme personnel et systématique de Pierre Jourde tant ses chroniques procèdent et participent à l'état d'imbécilité générale qu'il feint pourtant de condamner.





"Jamais nous ne nous lasserons d'offenser les imbéciles" écrivait Bernanos. La partie sociétale, loin apparemment des préoccupations de l'auteur, est la plus affligeante de tout l'ouvrage et la plus significative aussi. Il nous coute d'y revenir car nous ignorons de notre côté le bénéfice qu'un lecteur normalement informé peut tirer de ces chroniques et c'est d'ailleurs le moindre de nos soucis. Passé un certain degré de bêtise, les gens cessent de nous intéresser. La structure des billets de Pierre Jourde est invariablement la même. L'auteur, lorsqu'il s'aventure en terra incognita, le plus souvent couvre ses arrières et encense son adversaire. Courageux mais pas téméraire. Puis il feint d'avoir un point de vue équilibré qui renvoie dos à dos les protagonistes : les cinglés (sic) qui considèrent l'Islam comme le mal absolu et les dénégateurs qui présentent la France comme anti arabe par exemple ou les antisémites et les pro-arabes, les racistes et les censeurs, etc. … La quatrième de couverture et surtout la grossièreté du propos pourrait donner l'illusion d'une certaine radicalité mais Pierre Jourde est invariablement du côté des médias, du pouvoir et de la bien-pensance. Passé le premier et si agréable frisson de la désobéissance, il rassure le boboland. Pierre Jourde insulte et prend bien parti, généralement de la plus outrancière façon en caricaturant systématiquement le point de vue adverse et en critiquant cette caricature. Pascal, à juste titre, dénonçait déjà de son temps cette manoeuvre qui consiste à simplifier outrancièrement une pensée et à y appliquer ensuite sa critique. Nihil novi sub sole. La cerise sur le gâteau, c'est sans aucun doute l'arsenal critique de l'échotier. Ses références ce ne sont jamais le travail scientifique faisant l'objet de nombreuses publications sur les conflits du proche et moyen orient, les religions, le terrorisme, le débat des idées ou toutes autres sujets, ni même quelques articles récents. Il en ignore tout. Pierre Jourde, il lui est arrivé, son fils a, sa femme est, il a un ami qui … Voilà certes qui distrait de l'austère argumentation, met un peu de sucre sur la pièce montée de la critique mais n'a absolument aucune valeur d'un point de vue argumentatif. Pareillement, il est difficile d'apprécier, en la matière, ses incessants et si peu originaux parallèles avec la dernière guerre mondiale, le nazisme et la résistance. Partisan des causes gagnées d'avance, Pierre Jourde n'hésite pas, avec trois quarts de siècle de retard tout de même, à revêtir l'habit de Jean Moulin et à faire pour nous des choix héroïques. Stéphane Hessel, n'en doutons pas, a apprécié la leçon. Nous savons que les billets de Pierre Jourde sont destinés à un magazine de salle d'attente, qu'ils sont publiés aux éditions « Hugo et Compagnie » et qu'ils seront estimés non pas malgré leurs déficiences mais grâce à elles. Cependant, le langage parlé littéralement reproduit, parsemé d'inutiles « quoi », « hein », « c'est lui qui le dit » ; le tombereau des expressions maladroites (« des quantités de générosités », « Mais ne pas penser qu'on puisse », etc. …) ; les flemmards couper-coller (pages 218, 231, 232) ; l'humour de potache montrent, si c'était nécessaire, le peu d'estime en laquelle Pierre Jourde tient son lecteur.





Le professeur Jourde est inquiet pour l'université, nous le sommes avec lui et pour les mêmes raisons. Mais, à la lecture de la partie de son livre consacrée à la littérature, nous sommes carrément anxieux. Les motivations du critique ne sont jamais énoncées aussi clairement que lorsqu'il est dans le déni répété des raisons qui le poussent à parler d'une oeuvre ou d'un écrivain. « Je ne trouve pas que c'est un grand écrivain parce que c'est mon ami (…) Ensuite ce texte ne me rapportera rien. Aucun bénéfice. Il est consacré à un écrivain qui ne fait pas d'articles (Nb : le « s » n'est pas de nous), n'a aucune espèce de pouvoir et vit à l'écart du monde littéraire et critique (…) En revanche, vous ne me verrez pas ici faire l'éloge détaillé d'un ouvrage de Jean-Marie Laclavetine ou de Jérôme Garcin. Je les tiens pour des bons écrivains, mais l'un est mon éditeur, et l'autre dirige les pages culture du cher hebdomadaire où nous nous trouvons présentement ». Tout ceci est répété à l'envi. J'aime cet écrivain parce que c'est mon directeur de thèse ou je trouve ce texte intéressant parce que c'est mon voisin et l'ami de Papa qui l'a écrit. Cela ne vaut pas un zéro sur une copie ? Pour dire la vérité, il vaut mieux être démoli par le professeur Jourde qu'encensé par lui. Je vous laisse juge : « Non, mon ami à moi, c'est un vrai génie. C'est, et je pèse mes mots, l'équivalent de ce que furent Nodier, Lautréamont, Mallarmé ou Beckett en leur temps. Un inventeur, un créateur de formes, un ciseleur de texte pour qui chaque mot compte. Il appartient à la douzaine d'auteurs qui seront considérés dans quelques lustres comme les plus grands de notre temps. Ma main à couper. (…) Ce dernier livre, c'est Jules Renard, Pascal et La Rochefoucauld réunis, et encore plus que ça. (…) le livre sur rien rêvé par Flaubert (…)». Rassurez nous professeur, cela ne vaut pas la moyenne en première année de licence de lettres modernes ?





Nous savons que Pierre Jourde est enseignant-chercheur, auteur d'ouvrages fort intéressants sur l'incongru dans la littérature française, de géographies imaginaires ; qu'il est également un romancier exigeant et que ses livres ironiques, décalés, parfois sombres comptent dans le paysage littéraire français. L'écrivain, pour Claude Simon , c'est celui qui travaille son langage. Et d'ajouter, à propos d'une conférence de Merleau-Ponty à son sujet, cette anecdote : « Alors, qu'est-ce que vous en pensez ? » Je lui ai répondu : « Ma foi, je pense que ce Claude Simon dont vous venez de parler doit être un type extrêmement intelligent. » Alors il m'a dit : « Oui, mais ce n'est pas vous, c'est vous quand vous êtes assis à votre table et que vous travaillez, que vous travaillez votre langage ». Proust a répondu une fois pour toute à la question que nous nous posons à propos de Jourde : « Un livre est le produit d'un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitude, dans la société, dans nos vices ». Oublions donc le latitudinaire chroniqueur pour ne retenir que le romancier qui travaille.

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Carnets d'un voyageur zoulou dans les banli..

« Carnets d’un voyageur zoulou dans les banlieues en feu » est un petit régal d’humour satyrique, un pamphlet sociologique sans prétention et politiquement incorrect qui encourage à la clairvoyance. Vous ne trouverez sans doute pas ce livre en tête de gondole des rayons des Fnac. Vous n’en verrez sans doute aucune critique favorable dans Le Monde ou dans Libération. Il est possible même que son auteur soit vilipendé et traité de raciste. Car comme l’explique Pierre Jourde : « il existe en Nubie des mots rituels qui servent à jeter l’anathème sur toute personne qui ne suit pas la droite ligne »…le mot « raciste » en est un. Il est bon parfois de prendre la tangente. Alors mettez vous dans la peau d’un zoulou le temps d’un voyage, une visite éclair dans les banlieues nubiennes de cent six pages exactement.

Brigitte Bré Bayle



http://ripostelaique.com
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Empailler le toréador

Un délectable parcours à la recherche de l’incongru en littérature.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/02/28/note-de-lecture-empailler-le-toreador-pierre-jourde/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Festins secrets

Que demande-t-on à un romancier ?


1) De raconter une histoire de façon passionnante. Peu importe s'il pioche pour cela dans sa vie personnelle pourvu que le lecteur ne s'en rende pas compte et que le projet dépasse l'habituelle ambition (très) bornée de la contemplation hypnotique de son seul nombril.


2) De posséder un style qui mérite ce nom et dont on puisse se souvenir.


3) Eventuellement, de rendre un hommage, discret ou pas, aux écrivains dont les textes ont nourri le romancier.


4) et si, en plus, le romancier parvient à "coller" aux questions sociales du moment, alors là, il n'est pas loin de pouvoir prétendre à rejoindre le club des Très Grands.


Eh ! bien ! Pour moi, la chose ne fait aucun doute : Pierre Jourde et "Festins Secrets" remplissent largement les trois premières parts - et même la quatrième - de ce contrat.


Au départ, un homme - Gilles Saurat, professeur de collège - en route pour un premier poste dans la ville de Logres (tout un programme, ce nom). Il sommeille à demi au fond d'un train sur laquelle la nuit tombe. En face de lui, un petit homme qui, jadis, lui aussi, fut professeur à Logres. Une conversation - ou plutôt un monologue - s'engage. L'ancien professeur est intarissable sur Logres, ses notables, son lycée, sa racaille. Mais à vrai dire, Saurat n'écoute qu'à moitié - quand encore il écoute ...


... ...


(Non, je ne vous raconterai pas tout ce qui se déroule dans ce train qui semble rouler à l'aveugle. Mais un conseil si vous vous décidez à lire ce roman : soyez attentif à TOUT. Wink)


... ...


Le voilà sur le quai, puis hors de la gare, à la recherche de la maison de Mme Van Reeth chez qui il a loué une chambre. Mme Van Reeth est veuve d'un homme d'affaires qui se doublait d'un collectionneur d'érotiques du XVIIIème. Une aubaine peut-être pour Saurat qui doit préparer sa thèse ...


Sur l'ensemble, une nuée de voiles opaques, de la pluie, froide, obstinée, des ombres qui vont, qui viennent, qu'on croit déjà connaître et qui, pourtant, à bien les regarder, ne vous disent plus rien, des voix mêmes ...


Dès le début, quelqu'un d'ailleurs s'adresse à Saurat comme s'il le regardait vivre - ou comme s'il l'avait déjà vu vivre ? ...


On pense bien sûr à Kafka, à ces villes glauques qui hantent des romans comme "Le Golem" ou "La Cité de l'Indicible Peur" ou encore certains films muets allemands. On pense aussi à "La Foire des Ténèbres" de Bradbury et à tous ces films dont le héros se rend compte trop tard qu'il fait partie d'un mystérieux spectacle. On pense en fait à beaucoup de choses mais le coup de maître de "Festins Secrets", c'est d'allier cette richesse romanesque et culturelle à un portrait précis de notre société dans ce que celle-ci a de plus noir.


Avec un courage que je trouve admirable, dans une langue qui semble toute simple et pourtant très travaillée, sans jamais sombrer dans le jargon pédantesque qui est le propre de tant d'universitaires contemporains, Pierre Jourde aligne un par un les dangers qui guettent le XXIème siècle : la violence banalisée, la violence pratiquée au nom du respect d'une religion rétrograde, la violence excusée par les médias et les "intellectuels" au nom de principes qui datent de l'immédiate après-guerre et qui ne sont plus en phase avec les réalités économiques et sociales de notre pays ; le racisme le plus abject justifié par la politique israélo-palestinienne et absous par la gauche bien-pensante ; la volonté de nier l'être humain, notamment quand il est de sexe féminin ou trop faible pour se défendre - un procédé bien connu des nazis, Jourde a le cran d'établir le parallèle ...


Il vise, il tire et il fait mouche. C'est du grand art.


Croyez-moi : lisez "Festins Secrets" qui restera dans notre littérature non seulement en raison de ses qualités techniques ou de sa façon d'évoquer les problèmes de société tout en tenant son lecteur en haleine mais aussi parce que, en ce début des années 2000 et depuis déjà trop d'années, les vrais romans se font rares en France et que celui-là en est un - oui, un sacré bon roman ! ;o)
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Festins secrets

Écriture +++; Atmosphère étouffante. tellement que j'ai calé au bout de 200 pages
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Festins secrets

Le talent de Pierre Jourde éclate dès les premières pages de ces festins secrets. Son écriture est ébouriffante, anxieuse, frénétique. Elle prend le lecteur par la main et l'emmène loin, dans des territoires inconnus, aux frontières du réel, dans les tréfonds de l'âme humaine. Cet endroit que Jourde appelle Logres nous semble aussi familier qu'irréel. Là, angoisses et cauchemars sont au rendez-vous. On y passe un moment pas forcément toujours agréable, mais de ce malaise, on en ressort plus fort, plus vivant. Le tout est très précis, à la limite de la surenchère lexicale.

Ce livre est un véritable remue-ménage de l'esprit.
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