Une fois de plus, l’opération masse critique organisée par Babelio construit des ponts et abolit les distances. Elle a permis à la lectrice lambda que je suis, perdue dans sa Belgique profonde, d’accéder à un beau texte de Pierre Kretz, auteur publié dans un coin d’Alsace tout aussi profond. Sans eux, je n’aurais même pas eu connaissance de ce roman. Qu’ils en soient tous remerciés.
Qu’est devenu Ernest Schmitt ? Qu’a-t-il fait de sa vie ? Ce n’est pas lui qui vous le dira puisque nul ne sait ce qu’il est devenu. Par contre, chaque personne qui l’a connu, de près ou de loin, va vous en parler, brièvement, chacune à son tour, à coup d’anecdotes. Tout cela va vous le rendre mystérieux, intime et étranger à la fois, bref terriblement humain et attachant.
Ce procédé narratif, vous l’aurez compris, m’a beaucoup plu. Il donne à l’ensemble une légèreté, une dynamique, distille une soupçon de mystère, d’empathie et de mélancolie. Le tout est porté par une belle écriture, un style limpide avec des passages tantôt truculents, tantôt graves et émouvants.
Par petites touches, sans commettre l’erreur d’en faire un livre d’Histoire, Pierre Kretz nous livre l'âme des Alsaciens du début du XXe siècle à travers la vie d’Ernest Schmitt et des personnes qui l’ont côtoyé. Il survole de manière sensible et à hauteur d’homme le destin d’un peuple qui a tout vécu : l’appartenance à l’Allemagne puis à la France, les tensions entre catholiques et luthériens, la montée du nazisme, l’enrôlement des Malgré-nous, la recherche d’une identité après la guerre.
En conclusion, un roman court très réussi pour apprendre et se souvenir que des générations d’Alsaciens n’ont pas toujours eu la vie facile.
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