J'aime tant mon art que je ne serais heureux que quand je le ferai pour moi seul. (p. 7)
Je noterai toutes les nuances curieuses de la peinture moderne, lorsque je citerai Gustave Moreau, que j'ai gardé pour la fin, comme la manifestation la plus étonnante de l'état que peut atteindre un peintre à la recherche de l'originalité et par haine du réalisme. il est certain que le naturalisme de notre époque, la tendance, dans l'art, à étudier la nature devait susciter une réaction et provoquer l'éclosion de peintres idéalistes. Ce retour à l'imagination a pris, chez Gustave Moreau, un tour particulièrement curieux. Il ne s'est pas jeté de nouveau dans le romantisme, comme on aurait pu s'y attendre ; [...] Non ! Gustave Moreau s'adonne au symbolisme. [...] Quel est à notre époque le sens d'une telle peinture ? Il est difficile de répondre à cette question. J'y vois, je le répète, une simple réaction contre le monde contemporain. Elle ne représente pas un bien grand danger pour la science. On passe devant en haussant les épaules et c'est tout. (p.98)
Emile Zola, Salon 1876.
Les mots qui revinrent le plus sous la plume des critiques furent ceux de "fumeur d'opium qui aurait à son service des mains d'orfèvre" ; "richesse gaspillée" ; "étrange"; "indescriptible" ; "rêve d'opium" ; "hallucination d'un rêve" ; "idée d'illuminé" ; "exécution d'illuminé" ; "cauchemar pictural qui plaide éloquemment contre l'abus de haschich" etc. (p.98)
(Réception de la critique après le Salon de 1876, pour Hercule et l'Hydre de Lerne, Salomé, L'Apparition et Saint Sébastien)