Car j'ai la disgrâce, ce dont je n'ai pas conscience mais dont toute la famille parle, d'avoir les oreilles en paravent. Chaque matin, de deux doigts experts ma mère me les engage sous le béret, après m'avoir fait souffrir le martyre à m'écouvillonner l'intérieur du conduit auditif avec le bout d'une serviette tordue en mèche. Ce béret m'agace, me démange, me tient chaud. Je n'ai pas le droit d'y toucher mais à force de froncer le front pendant un bon quart d'heure, ce qui m'agite les pavillons, je parviens à faire sortir ceux-ci de la prison du béret et à les abandonner en toute quiétude face au vent.