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Citation de LionceauArdent


Avant de m’instruire par ses livres, Aron m’éduqua d’abord, et je dirais surtout, par sa personne même, c’est-à-dire par sa manière de se tenir dans le monde et d’exercer son humanité dans le monde. Par son être même, il donnait à comprendre que seule une longue éducation de l’intelligence et du jugement permet de s’orienter avec un peu de sûreté dans la vie politique. Et par là, il délivrait du mépris de la politique ou du dédain pour la politique qui vient si naturellement aux intellectuels, même ou surtout s’ils sont, comme on dit, politisés. Par la manière dont il rassemblait, synthétisait l’information dont il avait besoin sur tous les sujets qu’il traitait, il montrait qu’en politique aussi, il y a quelque chose à savoir.

J’aurais voulu éviter de recourir à cette comparaison usée, mais il est certain que, quoi qu’on pense par ailleurs de son œuvre, ce qui caractérise le jugement politique de Sartre, c’est qu’il s’agit d’un jugement parfaitement incompétent, si l’on admet que l’adverbe peut être compatible avec l’adjectif. Sartre ne savait jamais de quoi il parlait en politique. Aron, quoi qu’on en pense par ailleurs, savait de quoi il parlait et, par là même, il éduquait son lecteur ou son auditeur parce qu’il montrait qu’il y a quelque chose à savoir, et que donc le jugement politique, loin de dériver simplement de nos valeurs ou de notre choix, de notre « projet », repose d’abord sur l’analyse patiente des choses politiques elles-mêmes.
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