Pierre Ménard

Rien n’est plus pareil. Chercher un lieu toujours en mouvement. Un corps peut-être. Le risque de s’y retrouver. La route est longue. Je n’ai aucun sou-venir. C’est la condition pour ne pas retourner sur ses pas, se remettre en marche, la mémoire. Laisser vaquer son regard et ses émotions. Pour peu que l’on désire mieux les connaître. Ce que je cherche à saisir, éclats de lumière, changer de couleurs jour et nuit.

On ne peut s’empêcher de souligner encore l’absurdité du mot. Les mots rebondissent dans un jaillissement d’étincelles. L’expérience d’une distance. Avec un bruit sourd. On efface, à mesure,on recommence. Une force irrésistible m’appelle ailleurs. S’enfiévrer à l’idée de ce qui aurait pu être ?

J’épie ces mouvements de dissociation. Rien ne se perd, je sais. Cette fièvre dans l’énigme, d’un dehors qui serait en fait un dedans. Oublier l’idée d’un message et penser le simultané, faute de pouvoir saisir l’absolu. Le sentiment que quelque chose de perdu se promène en moi.