AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Charybde2


Que fait-on dans un café si on n’y parle pas ? On y boit, certes, j’y reviendrai. Mais entre deux gorgées de bière ou d’absinthe ? Entre les deux grands vertiges de l’oralité, la parole et l’alcool, que fait-on ? On coexiste.
Dans un café, un café à l’heure de pointe comme celui-ci, on fait l’expérience nue de la promiscuité, qui est le mode aigu de la coexistence. On touche l’autre, on l’évite. On effleure, on se rétracte. On déploie son corps, on le replie. On est serrés, on ne sait pas où mettre ses bras, et pourtant on use de ses bras comme si on avait toute la place, comme si c’était nous qui avions choisi de replier nos bras, nous, et non pas l’espace, la restriction de l’espace à partager. On a le corps sur une chaise, et l’esprit entre deux chaises. Tout cela bien sûr en public, puisque dans ce café nous sommes public et acteur à la fois, puisque nous sommes foule et que dans le même temps nous voulons paraître l’unique, l’indépendant, le seul qui dans la foule dépare la foule, s’en échappe en y demeurant, la transcende. On est tous figurants, mais on n’oublie pas que quelque chose en chacun de nous a le premier rôle. On est dans une boîte de sardines, mais chaque sardine de la boîte veut passer pour requin tout en restant sardine. C’est du travail. On ne se repose jamais au café et quand on en sort on a la gueule de bois, absinthe ou pas.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}