AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pierre Raufast (553)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le cerbère blanc

Voici un bien joli et surtout très intelligent roman qui m'a gonflé le coeur de parfums enivrants.



Mathieu et Amandine sont nés à quelques jours d'intervalle, voisins, amis puis amants, ils grandiront ensemble main dans la main. Pour Mathieu, le destin va s'acharner sur lui tout au long de sa vie. Il perdra très tôt ses parents. Ce qui nourrira en lui une véritable obsession pour la mort. Déjà petits, Mathieu et Amandine aimaient servir ces vieux doudous cabossés dans leur atelier de réparation et couture.



De cette obsession, Mathieu devenu grand décidera de tout lâcher pour s'enfuir à Paris afin d'entreprendre des études de médecine. Laissant Amandine seule et perdue loin de celui qu'elle a toujours aimé.



On suit dans ce roman l'évolution de Mathieu et d'Amandine à tour de rôle. Pierre Raufast aborde dans le cerbère blanc l'amour, la réussite, le temps, la mort, la sagesse. Il parsème son histoire d'images autour de la mythologie grecque et ne manque pas d'humour.

Nos deux protagonistes en se tournant le dos vont chacun évoluer à contre courant.

Quand l'un réussira, l'autre sera perdu et inversement avec ce même constat au bout de leur chemin, une impression de payer pour les autres, ce même sentiment d'être né avec un mauvais alignement des astres.

Chacun leur tour, Mathieu et Amandine loin de l'autre se morfondront avec cette même pensée parallèle :

« Je sus alors que j'étais sur une mauvaise pente. »



Perspicace, bourré d'intelligence et de finesse, un zeste d'humour, ce roman est une petite pépite voguant sur les rives de la superficialité quand sur l'autre berge, les valeurs humaines sont partout.



Le cerbère blanc, c'est ce grand chien à trois têtes, qui observe, écoute et parle enfin. Une quête de la sagesse quand l'amour n'aura jamais été aussi nécessaire et présent qu'ici.



#Lecerbèreblanc #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          935
La fractale des raviolis

Lorsqu'elle surprend son mari en train de sauter une autre femme, par inadvertance selon lui, c'en est trop pour elle. Il faut mettre fin à ses 10 ans de mariage et d'adultère et pour ce faire, elle a décidé tout simplement de tuer son mari. Plus exactement de l'empoisonner avec un plat de raviolis qui lui rappelle celui de sa maman. Un petit sachet d'herbe de Provence fera l'affaire. Mais voilà qu'au moment de passer à table, la voisine arrive angoissée. En effet, son plus jeune fils venait de faire une mauvaise chute sur la tête et elle leur demande de garder l'aîné. Ça tombe bien, un grand plat de raviolis ne demande qu'à être englouti ! Il faut faire vite et trouver un moyen pour faire diversion. Mais, cela n'a jamais été son fort de prendre des décisions. Son père, par contre, excellait dans ce domaine...

Elle se rappelle encore quand elle était étudiante. Pour arrondir ses fins de mois, elle était escort-girl au Pussycat. Des hommes d'influence venaient chercher ici ce qu'ils ne trouvaient pas à la maison. Son sang n'a fait qu'un tour lorsqu'un soir, elle voit arriver son père avec d'importants hommes d'affaires. Aussitôt, pour détourner l'attention de ces derniers, il leur raconte une histoire, à propos d'une certaine reproduction de Barhofk, un informaticien allemand qui fascina un marchand d'art qui...



Quel est le rapport entre un plat de raviolis, le syndrome Sheridan, le procès de l'Arnaqueur et l'extermination des rats-taupes ? A priori, aucun. Et pourtant, dans ce roman-gigogne, Pierre Raufast, reliant chaque événement à un autre, nous prouve qu'il y en a bien un. Sur la forme, l'auteur déploie son imagination à l'infini et maîtrise la narration d'un bout à l'autre du roman pour commencer devant un plat de raviolis et y finir. Entre les deux, l'on aura côtoyé bon nombre de personnages rocambolesques et voyagé un peu partout, aussi bien dans le temps que dans l'espace. Chaque chapitre, très court, n'est que la continuité du précédent et ainsi de suite. Ce procédé très original et remarquable rend la lecture d'autant plus entraînante que les petites histoires, souvent légères, sont étonnantes ou drôles. Recette fondante à souhait avec un coeur de ravioli délicieux, ce roman se déguste bien chaud.



La fractale des raviolis... à consommer rapidement !
Commenter  J’apprécie          867
La fractale des raviolis

C’est un court roman fort original, dans sa forme comme dans son sujet.



La notion de fractale, en mathématiques, est complexe. Elle désigne à la fois un objet qui possède une structure identique à toutes les échelles (comme le chou romanesco) mais aussi conçu comme une structure gigogne. Et il en est ainsi pour cet écrit, qui rebondit à chaque fin de chapitre sur un détail qui fera l’objet du chapitre suivant, et ainsi dans un processus vertigineux, qui entraine le lecteur dans un tourbillon sans fin au cours d’histoires étonnantes, drôles ou révoltantes. Pas de personnage principal, donc, encore que l’on s’attende, depuis le début tonitruant où une jeune femme imagine comment empoisonner son traitre de conjoint, à retrouver le couple déchiré.



L’auteur confie avoir procéder à une technique quasi similaire lorsque ses propres enfants lui confiaient le soin de concocter des histoires à partir de mots-clé.



L’heure n’est plus aux contes de fées mais à des récits imprégnés des instincts humains les plus vils, vengeance à bases de raviolis, meurtres gratuits, violence intrinsèque, qu’elle se dirige vers d’autres humains ou vers des rats-taupe, convoitise…la liste est longue des alibis du mal.



J’ai pris un énorme plaisir à parcourir ce polar qui n’en est pas un, ces nouvelles qui sont reliées entre elle par un fil tenu mais clairement identifiable, avec le liant d’une langue riche.


Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          720
La variante chilienne

Pascal, professeur de littérature, a loué pour ses deux mois de vacances un gîte dans la vallée de Chantebrie. Mais, ce n'est plus seul qu'il s'y rend puisqu'il emmène avec lui, incognito, la jeune Margaux, l'une de ses élèves. Suite à une mésaventure, elle a fui sa maison et son père. C'est enfermée dans ce gîte qu'elle compte passer son temps. Ses livres, son ordinateur et son petit carnet seront à portée de main. Il n'y a qu'une seule maison à côté d'eux, habitée par Florin, un vieil homme qui sort peu. Les deux voisins se lient très vite, tous les deux fumeurs de pipe et appréciant le bon vin et la littérature. Un midi, sur la terrasse aux abords de la piscine-potager, Florin lui raconte son terrible accident lorsqu'il avait 13 ans et à la suite duquel ses capacités à ressentir les émotions furent profondément altérées et ses souvenirs s'évanouirent très vite. Ainsi, pour s'en fabriquer, il les associe à un caillou. Pas moins de 4000 ornent ses étagères. Pascal, bientôt rejoint par Margaux, écoute ces petits cailloux...



Pierre Raufast, qui nous avait déjà bien régalés avec ses raviolis, nous emmène cette fois-ci dans la vallée de Chantebrie aux côtés de Margaux, la lycéenne férue de littérature et de poésie mais qui semble fuir quelque chose; Pascal, le professeur de littérature, qui ne refuse que rarement un bon verre de vin et enfin Florin, ce voisin aux 4000 cailloux qui recèlent tout autant de souvenirs anecdotiques et fantasques. C'est ainsi que l'on pourra visiter ce village où il a plu pendant 12 ans sans discontinuer, apprendre à jouer au capateros à variante chilienne avec Le Colonel, l'érudit et l'avocat, rencontrer un potier qui voulait retrouver la voix de Clovis dans ses poteries ou ces fossoyeurs trafiquants ou encore savoir pourquoi J.L. Borges rata son prix Nobel. A l'instar de Florin, Pierre Raufast est un conteur. Ses personnages écorchés par la vie sont vraiment touchants. Un roman empli d'imagination, de poésie, de loufoquerie et... de cailloux!



La variante chilienne... Toute une histoire!
Commenter  J’apprécie          721
La baleine thébaïde

Cette année-là, après deux classes préparatoires et trois longues années d'études, Richeville sort promu de l'ESSEC de Cergy-Pontoise. Mais le jeune homme n'a aucune ambition, ni devenir banquier ou consultant, ni entrer à l'ENA. Aussi, son diplôme de commerce en poche, il cherche du travail. Mais ce qu'il veut avant tout, c'est donner un sens à son travail et à sa vie. Lorsqu'il tombe sur une annonce pour le moins intrigante et poétique dans laquelle il est écrit qu'un baleinier recherchait un matelot pour une expédition scientifique dans l'océan pacifique nord, il répond aussitôt. S'ensuit un entretien au résultat positif. Un mois plus tard, Richeville, après des heures de voyage, atterrit à Nome, une charmante bourgade de pêcheurs à l'extrême pointe ouest de l'Alaska. À bord de l'Hirundo, il fait la connaissance du capitaine Eduardo, de Marc, un quarantenaire français aux allures de play-boy, et de Dimitri, un russe de son âge. Un équipage parti à la recherche de la baleine 52, celle qui chante à une fréquence unique au monde...



Cette fois-ci, Pierre Raufast nous embarque à bord de l'Hirundo en compagnie d'un équipage pour le moins hétéroclite. Partis à la recherche de cette fameuse baleine bleue, celle qui, de par son chant unique, est abandonnée de ses pairs qui ne l'entendent pas (eux oscillent entre 12 et 25Hz), ces quatre hommes, de par leur promiscuité, vont se livrer. Ainsi, l'on fera connaissance avec le Dr Álvarez, un homme aux expérimentations et desseins sinistres, une jolie libraire, une poissonnière qui cache bien son jeu, un sculpteur de Vierge Marie ou encore un notaire plutôt malin. L'auteur étoffe son récit par des anecdotes véridiques, le plus souvent scientifiques, mais aussi par des aventures rocambolesques. De par cette structure narrative toujours aussi élaborée, il nous offre un roman ingénieux, malicieux, passionnant et fort documenté. Avec, en prime, de jolis clins d'oeil faisant référence à ses précédents romans. L'écriture précise, riche et poétique sert à merveille ce roman à la fois cynique, drôle, sensible et subtil.
Commenter  J’apprécie          711
La fractale des raviolis

La Fractale des raviolis est à déguster d’une traite ! Comme Pierre Raufast vous le suggère allègrement avec des chapitres aussi courts que percutants, gobez chaque historiette avant d’en découvrir le sens ou l’origine dans la suivante.



Décidément, les éditions Alma me permettent de découvrir des récits osés et originaux. Après le recherché American Gothic de Xavier Mauméjean et le plus émotif Versant féroce de la joie d’Olivier Haralambon, La Fractale des raviolis de Pierre Raufast consiste en une succession de petites intrigues dites « gigognes » car elles se contiennent les unes les autres. Un souvenir, une justification, un rappel, n’importe quel événement peut servir de transition, mais il y en a toujours une.

Nous démarrons et nous terminons avec une épouse trompée déterminée à éliminer son mari grâce à des raviolis maison, un souvenir interrompt son geste. C’est le début de nos allers et retours dans des intrigues décousues mais qui sont autant de récits courts se suffisant à eux-mêmes. Dans cet enchaînement qu’il justifie dans l’autoportrait clôturant cet opus, l’auteur réussit à glisser des histoires qui lui tiennent à cœur ou bien des sortes de contes à la morale claire, sachant que nous retrouvons des lieux proches de nous que l’auteur connaît bien comme la ville de Marseille ou le Massif central. Ainsi, nous voguons d’un bar à hôtesses à l’ermitage reculé d’un stratège militaire, de la cité phocéenne en proie à la peste de 1720 à des interrogatoires où le détecteur de mensonges est un enfant voyant les infrarouges, voire même d’un arnaqueur de vieilles dames à un jeune garçon exterminateur de rats-taupes !

Les pages défilent très vite, car le rythme est soutenu et les personnages intrigants. Nous devinons, par habitude, qu’il survient à un moment donné un choc dans leur vie, d’autant plus que chacun semble déterminé par un souvenir, par un rappel à son passé, à agir de manière troublante. Notons que nous tombons régulièrement sur des sociopathes ce qui rend parfois le récit plutôt sanglant ou, pour le moins, malsain. Mais c’est bien trouvé et surtout cela constitue un vrai bon moment de lecture.



La Fractale des raviolis, malgré son titre racoleur qui peut faire peur, ne déçoit pas. Nous pouvons comprendre qu’il est compliqué d’étirer davantage une telle forme d’écriture. Je suis donc ravi d’accueillir ce petit volume très sympathique dans ma courte collection Alma, merci à eux.



Commenter  J’apprécie          710
Les Embrouillaminis

Lorenzo, né d'un père professeur d'histoire-géo et d'une mère madrilène qui enseigne l'espagnol, habite dans un lotissement résidentiel. Alors qu'il a 7 ans, son voisin, un écrivain assez connu dans les années 50, décède. Le petit garçon s'imagine déjà qu'une famille avec, pourquoi pas, un enfant de son âge, viendra s'installer tout à côté. Collé à la vitre, le gamin observe la voiture qui se gare juste devant la maison. Deux personnes en descendent... Cela remonte à loin tout ça et Lorenzo ne se rappelle plus s'il faisait beau ou s'il pleuvait ce jour-là...



Mais que ce serait-il passé s'il y avait eu de l'orage ? Car selon la météo, le destin de Lorenzo prend une tournure différente. Et c'est bien là tout le génie de Pierre Raufast qui nous fait croire, évidemment, que nous, lecteurs, sommes maîtres de la vie de Lorenzo. Pour autant, quel que soit notre choix à la fin d'un chapitre, l'auteur, en petit malin, réussit à nous faire lire son roman dans son entièreté, jusqu'à parfois nous faire revenir sur notre décision. Des conditions météo, un oui ou un non, un pile ou face, une interprétation différente de l'expression d'un visage, un jour de la semaine qui diffère, le goût de la confiture.... Autant d'éléments qui, de prime abord, semblent anodins mais qui, pour Lorenzo, détermineront sa vie, aussi bien professionnelle, amicale ou amoureuse. La forme de ce roman ne manque ainsi pas d'originalité et de sophistication, rendant "notre" personnage d'autant plus attachant. Sur le fond, là aussi, l'auteur nous fait vivre des moments inoubliables et inventifs, avec des personnages hauts en couleurs.

Un roman parfaitement maîtrisé et un brin ludique...
Commenter  J’apprécie          651
La fractale des raviolis

Comment ne pas comprendre la réaction d'une femme trompée quand elle entend ceci de la part de son mari infidèle : « Je suis désolé, ma chérie, je l'ai sautée par inadvertance. »

Et j'avoue qu'il n'en fallait pas plus pour pousser ma curiosité et savoir comment cette femme comptait se débarrasser de son mari.



Un roman qui recoupe plein de petites histoires interconnectées par des petits éléments mais qui se complètent agréablement bien.

J'ai trouvé cette lecture distrayante mais pas particulièrement jouissive. Ce roman se lit vite mais il m'a manqué le petit plus parce que tout simplement à cause de cette entrée en matière je me suis faite avoir sur la marchandise.. je m'attendais a un vrai polar avec beaucoup d'humour.. oh oui il y en a mais pas tant que je l'aurais pensé. Et j'ai trouvé la fin un peu faite à l'arrache... mais bon c'est un premier roman.

Commenter  J’apprécie          651
La fractale des raviolis

En cette période de congés, il est in-dis-pen-sable d’entretenir son intellect pour ne pas rentrer au travail avec des spaghettis à la place du cerveau.

En l’occurrence, ici, ce serait des raviolis.



Bon, qu’est-ce que je disais ? Il semble que je m’enlise dans la sauce tomate.

Je disais donc que ce roman empêche de s’endormir... Mieux vaut donc le lire d’une traite !

Car on démarre d’une scène de (volonté de) crime à l’aide de raviolis empoisonnés, pour passer par une scène croustillante dans un café, puis on arrive à des médailles de la Vierge très spéciales, à un enfant friand de souffrances animales, à la peste bubonique... j’arrête.



Chaque chapitre de ce « roman » commence par ce qui termine le chapitre précédent. Rien de moins banal, me direz-vous. Mais ici, cela ne forme pas une histoire linéaire, mais une fractale. Ah ah ah ! Nous y voilà ! Je vous avais parlé des raviolis, passons maintenant aux mathématiques. Car une fractale, c’est « un objet mathématique, telle une courbe ou une surface, dont la structure est invariante par changement d'échelle ». Bon, moi, mon dada, c’est la littérature...donc vous avez tout compris ou vous faites semblant...Si je vous dis composition en gigogne, comme des poupées russes, vous saisissez ? Ouiiiiiii.....je vous reconnais bien là ! Parfait.

C’est donc la composition de ce roman. Et une fois qu’on arrive à la plus petite poupée, on rempile le tout pour déboucher sur...les raviolis !



Bref, je me suis amusée à ouvrir ces poupées gigognes, en revenant quelquefois en arrière parce que – je me répète – mon cerveau est un peu ramolli par le congé ou par le gigondas, comme vous voulez, mais ceci n’était rien qu’un amusement. Une petite distraction entre les fêtes.



Du saumon fumé à la dinde, sautez sur les raviolis. Ca rend intelligent.

Commenter  J’apprécie          6310
Habemus piratam

Je me suis fait hacké, proprement hacké, menu menu ...

Je n'y ai vu que du bleu.

Et pourtant j'en ai lu, et de toutes les couleurs.

Pourtant j'avais pris toutes les précautions requises à la lecture de ce livre :

pas de tablette, pas de wifi, aucun appareil connecté, et surtout, surtout silence radio sur Babelio !

"Habemus piratam" est un roman policier écrit par Pierre Raufast, publié en 2018 chez "Alma, éditeur" et réédité en 2022 aux éditions des "Forges de Vulcain".

L'entrée de ce récit se fait dans l'ombre d'une petite église de campagne et sa sortie fait irruption sur le darkweb.

Il semblerait que Pierre Raufast soit un tantinet manipulateur !

Il vous fait en effet entrer en catimini dans le confessionnal du père Francis, dans un roman policier malicieux.

C'est original et adroit.

C'est écrit à l'encre de province, au pittoresque, avec des personnages moulés à la manière de Pierre Véry.

Le père Francis est le curé d'un petit village des hauteurs de la vallée de Chantebrie.

Il semblerait que le confessionnal y soit sa seule distraction.

Mais ne s'ennuierait-il pas un peu le père Francis, coincé qu'il est entre les tricheries au scrabble de ses deux meilleures grenouilles de bénitier de clientes et une vieille histoire de culotte égarée ?

Heureusement un mystérieux cyber-pénitent va venir lui offrir du tangible, du dur à pardonner, du passionnant à se goinfrer en confession ...

Le récit de Pierre Raufast est un roman policier qui se donne des airs bonasses mais qui finalement se révèle bien retors.

C'est bien écrit, astucieux et souple.

Bien malin qui en devinerait l'épilogue !

C'est un récit gigogne d'anecdotes égrenées au rythme des péchés capitaux.

Que Dieu me savonne, et qu'il pardonne à Pierre Raufast, c'est savoureux et diabolique !

Les victimes tombent comme des mouches engluées sur la toile.

Alors, bien sûr, si comme moi, vous ne passez pas vos vacances avec un ingénieur informatique, c'est parfois un peu technique dans les moulures.

Mais sans toutefois à aucun moment ne venir gêner le récit.

Et si l'en en venait à taxer Pierre Raufast d'exagération, il nous le prouve dans une édifiante postface, la réalité dépasse aujourd'hui sa fiction ...

Commenter  J’apprécie          624
La Trilogie baryonique, tome 1 : La Tragédie ..

J'ai traversé le premier chapitre de ce livre comme un champ d'antimatière, me demandant à quel moment l'intérêt de ma lecture allait y être irrémédiablement aspiré.

En l'espace de quelques huit pages, l'auteur nous y a refourgué l'universalité de la bière, l'endroit étonnamment le plus chaud de l'univers et le destin tragique du papillon monarque ...

Que Dieu me savonne et que Wiki me pardonne, c'est la foire à l'anecdote !

On a frisé là la tragédie Baryonique !

Mais heureusement, à bord fr l'Orca 7131, la commandante Sara Mc Teslin et son adjointe Slow Resende ont pris les choses en main, se sont emparées du récit jusqu'à le porter au delà des strates de l'univers et jusqu'à le ramener au centre d'une lecture passionnante ...

"La tragédie de l'orque" est le premier opus de la "trilogie Baryonique" de Pierre Raufast.

L'ouvrage a été publié en mars 2023 aux éditions des "Forges de Vulcain".

Il a été sélectionné, à Nantes, pour concourir à l'obtention du prix littéraire "Utopiales" 2023.

C'est là un concurrent sérieux aux autres ouvrages en lice !

La lutte promet d'être chaude et les discussions du jury aussi tumultueuses qu'un forage à travers un trou noir.

En attendant début novembre, le suspens sera d'un silence assourdissant !

"La tragédie de l'Orque" est un livre de science-fiction, un roman de genre.

Il est tout simplement passionnant.

Sara Mc Teslin et Slow Resende, à bord de l'Orca 7131, sont entrées dans un trou noir un lundi d'avril 2173 à 5H31 GMT.

Depuis il n'y a pas eu ni de fermeture du bure, ni de fontaine blanche qui annonce la fermeture du trou noir ainsi créé.

Le 3 mai 2173, au centre de commandement de l'ARA, sur terre, une alarme P1-906 a retenti ...

La France n'est plus alors qu'un pays touristique où seule la moitié nord est vivable.

Mais le monde n'a pas changé.

Ses dirigeants, sous couvert d'une recherche d'antimatière à laquelle ils ne croient pas, ont organisé un pillage en bonne et due forme de toutes les planètes exploitables rencontrées.

C'est que le voyage sidéral a bien évolué.

La clef de l'espace était dans ses trous noirs ...

Le monde est divisé entre modernes et anti-modernes, entre partisans du progrès et opposants à toute technologie tels que les "Bernanos" et autres néoluddistes ...

"Ah ! non ! c'est un peu court, jeune homme ! "

La référence est un peu expéditive.

"On pourrait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme" !

Quoiqu'il en soit le livre est bien écrit, dans un un style agréable et fluide.

Le récit est habile et prenant.

Sans pouvoir aucunement résister à la plume de Pierre Raufast, on y est inéluctablement projeté à l'autre bout de l'espace à la remorque d'une tortue vers une terre inconnue ...

Le monde décrit y est de façon plausible et cohérente.

Les personnages y sont attachants.

A la fois héroïques et communs, ils sont pleins d'un passé qui s'accroche à eux et, comme chez tout un chacun, vient résonner dans leurs actions et leur réflexions.

Ce premier tome, tout passionnant qu'il est, se clôt sur un épilogue aussi dramatique qu'énigmatique.

Promesse d'un second volet plus prenant encore ...

Reste qu'il va falloir attendre !

Ne pourrait-on pas envoyer vers Pierre Raufast un S-Orca afin de gagner un peu de temps sur le suspens ? ...



Commenter  J’apprécie          581
La variante chilienne

Après La Fractale des Raviolis, Pierre Raufast tente encore l’aventure des récits imbriqués dans La Variante chilienne, toujours chez les éditions Alma.



Pascal, professeur de littérature aguerri, débarque dans la maison de vacances qu’il a louée pour l’été en compagnie de Margaux, adolescente et empreinte d’une paranoïa au départ mystérieuse. C’est déjà l’occasion pour l’auteur, malgré quelques scènes délicates, de replacer un humour grinçant toujours bienvenu. Une fois installé avec ces deux vacanciers, le lecteur se rendra vite compte qu’ils ne sont pas les personnages principaux, puisqu’apparaît Florin, vieux taciturne, largement porté sur la pipe et la bouteille, dont l’expérience semble être longue comme le bras.

Et là débarque le concept central de ce roman ! Si dans La Fractale des Raviolis, c’est le « meurtre par des raviolis » qui déclenchait et justifiait la fouille d’historiettes bien menées, ici c’est la maladie de ce gentil Florin qui est la cause de tout. Ainsi, depuis sa jeunesse, il est incapable d’associer des émotions à ses souvenirs, l’empêchant alors de conserver une certaine mémoire ; c’est pourquoi il s’échine depuis des dizaines d’années à associer à chaque souvenir mémorable un petit caillou. Au bout d’une vie, il finit par entasser des jarres entières de galets ou de petits bouts de roches au fond de sa cave ; pour autant, il peut reconnaître chacun de ses souvenirs matériellement stockés. La rencontre et l’amitié qui se noue avec Pascal et Margaux est alors l’occasion, pour ce vieillard avide de partage, de ressortir quelques vieux souvenirs, et si possible les plus croustillants.

À travers des aventures aussi pittoresques qu’une partie de cartes dont on ne comprend pas les règles mais qui dure trois jours, ou bien des anecdotes tordantes sur un malheureux qui ne débande jamais, sur un village qui subit une pluie pendant une décennie ou sur un artisan fan de poteries qui cherche à en écouter les sons émis pendant leur fabrication, voire des histoires de piscines transformées en potager et de pompes funèbres organisées en bouge mafieux. Que peut bien trouver le lecteur derrière tout cela ? Avant tout, l’amour à chaque instant : un amour des livres d’abord, de la littérature qui élève, un amour des récits imbriqués ensuite, et surtout ceux qui sont capables de se répondre, et enfin (surtout ?) un amour des sous-entendus graveleux au premier rang desquels la métaphore filée (osons le dire, « métaphore giclée ») autour des pipes donne tout au fait le ton frais, goulu et tonifiant de ce roman.



Mine de rien, Pierre Raufast m’a encore bien fait marrer avec des idées plus qu’originales qui méritent d’être lues et découvertes, qui méritent le détour tout simplement. Un grand merci donc, évidemment, à l’opération Masse Critique de Babelio, ainsi qu’aux éditions Alma dont je continue à découvrir avec intérêt le catalogue.



Commenter  J’apprécie          572
La trilogie baryonique, tome 2 : Le système d..

La foudre a frappé de plein fouet l'épilogue du premier tome de la trilogie baryonique, m'y abandonnant au bord de la sidération.

L'onde de choc a été terrible !

J'ai frisé là le takotsubo.

Malgré l'heure tardive de ma dernière page tournée, ni une, ni deux, j'ai sauté dans le tram.

Quelques trous noirs et quatre stations plus tard, sans même avoir pris le temps de refermer le bure, j'ai surgi de la rue des vieilles douves dans les jambes de mon libraire en train de fermer notre boutique préférée.

Le temps de lui arracher presque des mains le dernier exemplaire du deuxième tome disponible à la vente , et j'avais repris le cours normal de mon existence de mineur d'espace-temps ... enfin, j'avais replongé ...

"Le système de la Tortue" est le second volet de la trilogie baryonique.

Écrit par Pierre Raufast, il a été publié, en septembre 2023, aux éditions des "Forges de Vulcain".

On y retourne dès la première page.

Seulement, il était temps de rentrer et l'ouverture de ce deuxième tome est rapide, efficace et éclairante.

On en sait plus sur les personnages, notamment sur Slow Resende, sur son enfance surdouée bercée par les mathématiques, et sur ses relations avec l'inquiétant Kamal Narkami, le maître de l'EPON (Energy Pact of Nations).

Car le monde est ainsi fait qu'il lui faut un maître, et que l'antimatière est la clef de la miniaturisation de l'IA, que la lutte est sans merci avec les fabricants de robots et de vaisseaux spatiaux.

Pourtant il semblerait que Tao se soit un peu mélangé les pinceaux en posant un plafond à l'intelligence ...

La trilogie baryonique est-elle un multiroman de science-fiction ?

Venue du futur, est-elle parvenue jusqu'à Pierre Raufast par l'intermédiaire des réseaux de la cosmocène ?

Quoiqu'il en soit c'est bien écrit et bien construit.

Tous est y dosé et mesuré : l'aventure, l'amour, l'héroïsme et la lâcheté, la trahison et les remords, et puis la tragédie d'un lâche attentat qui va venir changer la donne.

Il ne faut bien sûr pas divulgâcher.

On dit souvent du second volet d'un récit qu'il est la pièce un peu bancale qui relie au troisième.

Mais "Le système de la Tortue" est aussi haletant que "la tragédie de l'orque".

Peut-être même est-il plus dense, enrichi par des peintures de personnages plus épaisses, par des notions d'éthique et de philosophie plus creusées, et par quelques courtes pointes d'humour aussi.

Pierre Raufast s'offre même deux ou trois belles petites références littéraires :

un poète latin du nom de Virgile aurait inventé les robots et un certain Jorge Luis Borges aurait joué avec les limites de la fiction et de la réalité.

C'est qu'ici l'IA en vient à douter.

N'est-elle vraiment qu'illusion robotique ?

Un nouvelle expédition interstellaire est lancée.

Huit modules, quatorze places utiles.

Les négociations pour la composition de l'équipage vont être brouillées par Sara la commandante de l'expédition, et par deux singulières passagères clandestines.

Du mystère, des hypothèses, du trou noir et de l'antimatière.

Voilà le programme ...

Commenter  J’apprécie          562
Habemus piratam

Au fin fond d'une vallée française , dans un village où le quotidien est rythmé par les tricheries au scrabble des octogénaires, débarque un pirate informatique de haut vol qui vient confesser au curé local qu'il est en danger de mort.



Original non ? Et vous ne savez rien !

Parce que ce pirate va vous faire froid dans le dos devant l'étendu des possibles du numérique aujourd'hui. Si tout s'achète ou presque , tout se pirate .Absolument tout. Un individu qui vous dit que son ordinateur n'est pas piraté est un individu qui n'a pas trouvé les programmes malveillants sur son ordinateur.

Comme pour le fractale des raviolis , on est devant une succession d'histoires , toutes aussi croustillantes et folles les unes que les autres. Cela aura été ma légère déception ,l'utilisation du même concept qui pour le coup perd un peu sa singularité.

Il m'arrive parfois de rédiger mon avis un peu avant la fin du livre , pour diverses raisons. Là, j'ai attendu, et la fin est tellement inspirée que je ne puis que vous conseiller ce livre.

Alors certes , il y a quelques cotés techniques (un glossaire aidera le "newbie" informatique) mais les anecdotes du pirate sont truculentes. Et puis , histoire à l'intérieur de l'histoire , une trame policière vient secouer le village endormi.

Ce livre , au delà, de son caractère distrayant, montre l'impact du numérique et les dangers qu'il peut représenter. Il le fait de façon ludique, intelligente et met même le doigt sur la révolution à venir, le quantique qui va réduire à l'état de boulier les super calculateurs actuels. Ca fait aussi froid dans le dos que la lecture fait du bien !

Commenter  J’apprécie          548
La trilogie baryonique, tome 3 : Le Dôme de la..

Plus que quelques jours avant de recevoir des nouvelles du système de la Tortue !

Le manuscrit devrait être transmis par le portail spatio-temporel de la rue des Vieilles Douves à Nantes, la cité de l'imaginaire ... j'ai réservé le mien ...

Au n°15, l'Atalante, c'est le rendez-vous de tous les martiens et vénusiens, c'est l'éditeur-librairie de tous les monstres intergalactiques et de tous les aliens dégoulinants de saletés cosmiques.

C'est qu'on en croise dans la ruelle de drôles de pèlerins !

Mais ça marche aussi dans toutes les bonnes librairies de France, de Navarre et de la galaxie.

Si vous vous êtes mis à la bourre, il vous reste deux jours pour lire les deux tomes précédents et ce sera sans le plaisir d'y flâner.

Tant pis pour vous !

Et méfiance !

Le voyage jusqu'aux confins du système de la Tortue, ça vous bouffe vite fait un week-end ...

Il va sans dire qu'après lecture, cette chronique provisoire s'autodétruira pour laisser place à une véritable critique torchée avec brio et talent, toute chaude sortant du four et d'une dernière page tout juste refermée :

"Le dôme de la méduse" est le troisième et dernier volet de la trilogie baryonique écrite par Pierre Raufast.

Il a été publié en mars 2024 par les éditions "Aux forges de Vulcain".

Le premier tome de la trilogie baryonique, "la tragédie de l'Orque", avait créé l'événement et s'était inscrit dans la sélection des cinq romans SF retenus pour concourir en 2023 au prix littéraire des Utopiales de Nantes.

Le second volume, "Le système de la tortue", avait repoussé l'aventure jusqu'aux confins des galaxies et y avait introduit tous les possibles.

Troisième et dernier opus, "Le dôme de la méduse", avant même d'avoir été écrit, avait déjà beaucoup promis et semblait devoir venir culbuter les limites de l'humanité ...

Par Zarathustra !

Que Dieu me savonne et qu'Arthur C. Clarke me pardonne, mais il y a là de quoi faire friser la barbe de Stanley Kubrick !

C'est qu'il m'a semblé que ... Mais bon sang, mais c'est bien sûr !

Mais électriques ou pas, revenons à nos moutons :

- le 25 juillet 2176, à bord de l'Orca-7459, Sara Mc Teslin, la commandante de l'expédition, a déclenché un code MES ...

Mais que peut donc bien être un code MES ?

Ce roman est assez technique, ça a été depuis le début de la trilogie, la marque de fabrique de Pierre Raufast : "l'incompréhensible, bien compris" !

Ici, plus que dans les deux autres volumes, cela semble avoir un peu gêné la progression du récit.

De plus, Pierre Raufast, très vite y a délaissé l'aventure sidérale pour y privilégier une espèce de déroulé de petites manipulations et de grandes duperies terriennes.

C'est que l'enjeu est de taille !

Mais l'on n'en saura guère plus sur les autres, et notre solitude continuera de soudre dans l'espace infini de l'univers, avec cependant une petite lueur d'espoir braquée vers l'avenir.

D'où vient ce dôme d'antimatière ?

Que peut bien signifier ce rayon laser pointé vers l'espace ?

Sommes-nous vraiment seuls ?

Qui sommes nous ?

D'où venons nous ?

Et dans quel état j'erre, moi qui viens de refermer ce livre ?

Mais si ce roman est un épilogue alourdi de quelques longueurs, il n'en demeure pas moins un excellent roman de science-fiction.

Il propose des pistes de réflexion sur notre éthique et notre appréhension de l'intelligence artificielle, sur la communication possible avec l'autre et l'ailleurs hors de toutes références, sur l'origine de la vie.

"Le dôme de la méduse" est un livre intelligent et un peu exigent à la lecture.

Ce n'est pas un récit rugissant des tuyères d'une exploration intersidérale.

Ce serait plutôt une interrogation sur nous-même et sur notre monde à venir.

Mais n'est-ce pas là, le rôle qui a été dévolu à la science-fiction depuis que le genre a mûri, depuis qu'il est sorti de l'ornière dans laquelle dès sa genèse il avait été jeté, cantonné qu'il était dans les mauvaises éditions par l'incompréhension des véritables littérateurs sérieux et reconnus avant même d'être connus ?

Mais était-il vraiment raisonnable de s'aventurer dans l'espace à la recherche de petits bonhommes verts hypothétiques, de lire de la SF, de la BD et autres fariboles du même tonneau ?

Quoi qu'il en soit le roman de Pierre Raufast a crevé le plafond de Gillou, bien plus bas, il faut bien le dire, que celui de Tao.

Ce livre, pris dans l'ensemble de sa trilogie, est un roman ambitieux qui aura, peut-être, certainement même, repoussé un peu plus encore les limites du genre ...

Commenter  J’apprécie          520
La fractale des raviolis

Son mari l'a encore trompée ! Elle l'a surpris en pleine partie de jambes en l'air, soi-disant commise « par inadvertance ». Ça fait des années qu'il lui fait le coup, il a même commencé avant leur mariage. Aucune raison qu'il s'arrête, donc, sauf... s'il meurt, hé hé ! Et comme on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, autant prendre le taureau par les cornes. Du tue-limace ou autre poison dans un plat de raviolis (faits maison, comme l'époux volage les aime, comme les cuisinait sa maman), et le bonhomme devrait vite aller bouffer les pissenlits par la racine. Oui, mais quand un voisin arrive à l'improviste, le petit meurtre culinaire entre époux devient plus compliqué...



Des avis dithyrambiques en pagaille, ça peut rendre méfiant, surtout si l'on a l'esprit de contradiction ! Voilà pourquoi j'ai tant tardé à me lancer dans ce livre, pourtant vanté comme original et drôle. La couverture de l'édition poche et le titre, aussi surprenants et moches l'un que l'autre, n'ont rien arrangé.



Je prenais donc ce récit à rebrousse-poil. J'ai été agacée par l'idée de départ (du déjà-vu, une femme qui empoisonne son mari, j'ai le titre sur le bout de la langue), puis gênée par la scène au bar à hôtesses. Mais finalement conquise, dès lors que ce conte cruel, construit en 'marabout-de-ficelle', s'est démultiplié en conteS cruelS emboîtés comme des poupées russes. Je me suis régalée à lire cette fable pleine d'humour (ah le citadin et les taupes !), m'amusant de temps en temps à récapituler pour remonter le fil, malgré ma hâte d'avancer - non pas pour connaître la fin du roman, mais pour le dénouement de chaque histoire, son lien avec les précédentes, et pour découvrir les suivantes...



La quatrième de couverture ne ment pas, pour une fois : « Un premier roman gigogne d'une inventivité rare, qui nous fait voyager dans l'espace et dans le temps. » Oui ! Une construction habile, qui donne le tournis et triture les méninges, et des thématiques qui font frissonner et réfléchir...
Commenter  J’apprécie          512
La fractale des raviolis

Si vous pensez que l’auteur vous a servi un simple plat de raviolis, et bien détrompez-vous : vous allez être étonné de tout ce qui se cache dans cette recette d’une grande simplicité apparente !



Et déjà l’entame de ce roman pique la curiosité. Je ne résiste pas à vous la partager.

« Je suis désolé, ma chérie, je l’ai sautée par inadvertance.

Je comprends que l’on puisse sauter une femme par dépit, par vengeance, par pitié, par compassion, par curiosité, par habitude, par intérêt, par gourmandise, et même parfois par amour. Par inadvertance, ça non. »



C’est vrai, ce genre de réponse, ça met en colère et comme la vengeance est un plat qui se mange froid, notre pauvre cocue va tout faire pour se débarrasser de ce mari volage. Mais parfois, la mise en place se révèle difficile...

Surtout lorsque au cours du processus, il est question d’un jeune homme capable de distinguer les infra-rouges, de l’arnaqueur des cimetières qui détrousse les veuves éplorées, d’une armée de rats-taupes qui envahit un champ, d’un écrivain en mal d’inspiration, de l’importance de se laver les mains, de la peste qui se répand à Marseille au 19e siècle... Non, décidément rien ne s’annonce comme prévu !



Voilà un roman très singulier que j’ai pris grand plaisir à lire. La construction est un assemblage de récits imbriqués comme des boîtes-gigognes que le lecteur découvre peu à peu et replace en sens inverse pour retrouver le fil de départ.

C’est un roman cocasse et plein d’humour, délicieusement écrit par Pierre Raufast qui possède un talent indéniable de conteur.

Commenter  J’apprécie          494
La Trilogie baryonique, tome 1 : La Tragédie ..

Nous sommes en 2173. La tragédie du réchauffement climatique a eu lieu et une bonne partie de la terre n'est plus habitable, comme la partie sud de la France, par exemple ; des vignobles sont apparus en Scandinavie, en Russie, au Canada. Une « Grande Migration » a eu lieu. Pour donner un nouvel essor au progrès scientifique et technologique, des « mineurs d'antimatière » sont envoyés dans tout l'espace pour dénicher cette source d'énergie illimitée. Les scientifiques ont trouvé le moyen de créer des trous de ver pour passer rapidement d'une strate de l'univers à une autre et ainsi s'éloigner de la Terre de millions d'années-lumière sans avoir à parcourir réellement cette distance. Mais un des vaisseaux engagé dans cette recherche, l'Orca-7131 connaît un gros problème puisqu'en raison d'une avarie technique, Sara et Slow, les deux femmes à bord, ne peuvent faire le voyage de retour à partir de la strate qu'elles ont atteinte et qui est distante de soixante millions d'années-lumière du système solaire. Un autre vaisseau est appelé à la rescousse mais le problème tout entier va se trouver au centre de rivalités entre deux institutions rivales, l'Institut et l'Agence. ● Ce roman de science-fiction marque une réelle inflexion dans l'écriture de Pierre Raufast, qui jusqu'à présent créait des romans à tiroirs pleins de fantaisie dans lesquels des récits s'ouvraient sur d'autres récits, dans un mouvement parenthétique presque infini, à la manière des Contes de Canterbury ou de l'Heptaméron et avec des échos d'un livre à l'autre (même ici on retrouve le capateros, jeu de cartes chilien). Il est vrai que cette technique commençait à s'essouffler et cette nouvelle veine est tout à fait bienvenue. ● D'autant que ce premier tome d'une trilogie à venir est très agréable à lire. Les données scientifiques et techniques, complexes, m'ont semblé bien vulgarisées et compréhensibles. L'histoire est bien construite et le suspense maintenu tout au long du récit. ● Certes, le début est assez maladroit : l'exposition de l'état du monde en 2173 passe par de grosses ficelles et il aurait sans doute été possible d'introduire le lecteur dans cet univers de façon plus subtile. ● La rivalité entre l'Agence et l'Institut n'est pas des plus claires ; pour ma part j'ai eu du mal à identifier les prérogatives de l'un et de l'autre organisme pendant toute ma lecture. Leurs dirigeants ne m'ont pas non plus paru suffisamment caractérisés pour marquer la mémoire du lecteur. ● Bien entendu, si le roman parle du futur, il parle aussi de notre présent, comme tout récit de SF. le réchauffement climatique est à la base du roman de Pierre Raufast et on y retrouve également des formes de complotisme, de désobéissance civile, de germes révolutionnaires par rapport à une société future qui ne satisfait pas tout le monde. ● L'intelligence artificielle est également évoquée, de façon assez originale, avec la « théorie des plafonds » de Tao, que je vous laisse découvrir. ● Il ne fait aucun doute que je vais lire les deux tomes suivants. ● Je remercie NetGalley et les éditions Aux Forges de Vulcain de m'avoir permis de lire ce livre.
Commenter  J’apprécie          462
La fractale des raviolis

Il y a les sportifs dopés à l'insu de leur plein gré , il y aussi visiblement les maris qui trompent leur femme par inadvertance ...très souvent. Marc fait parti de ces hommes qui s'égarent inconsciemment. Sa femme en a marre et va l'empoisonner avec des raviolis. Misère, le petit voisin s'invite au repas...

Et c'est parti pour un grand tourbillon d'histoires qui comme les fractales se réduisent en se reproduisant.

L'auteur nous emmène dans une suite d'histoires où chacune prend racine dans la précédente.

Et ces histoires, elles sont tranchantes, bien racontées, mettent en exergue des personnages hauts en couleur, qu'ils aient des dons liés à une maladie génétique , des envies de trucider, qu'ils soient des escrocs géniaux ou juste des opportunistes.

On côtoie la science , mais de façon très accessible, on se laisse surtout porter par ces fresques colorées qui nous emportent et nous immergent dans des mondes étranges mais si proches de notre quotidien.

Qui, possédant un jardin , n'a jamais eu la stupéfaction d'y trouver des mottes fraiches de terre dans un gazon entretenu à grand coup de sueur ? Et des envies de meurtre qui en découlent ?

Cette fractale fait partie des livres improbables qui vous tombent par hasard dans les mains et que vous avez par la suite envie de partager.

Merci monsieur Raufast, comme quoi l'ingénierie mène à tout
Commenter  J’apprécie          465
La Trilogie baryonique, tome 1 : La Tragédie ..

Mars 2173. Après que le réchauffement climatique ait fait périr une partie de l'humanité, des découvertes scientifiques ont redonné un espoir. On sait maintenant traverser le temps, pour partir à la découverte de galaxies situées à des années-lumière.

Cette innovation permet aux hommes d'aller à la découverte de l'antimatière, seule susceptible de fournir l'énergie qui va bientôt manquer... À bord de leur vaisseau, Youri et Tom rentrent d'une de ces missions de recherche. Aux commandes du leur, Sara et Slow en démarrent une nouvelle.

Mais soudain, un "grain de sable" provoque l'accident...



Je ne suis pas un grand amateur de science fiction, et pourtant j'ai bien aimé. Les talents de conteur de l'auteur sans doute ! Je ne ferai qu'un reproche : l'issue est assez prévisible. C'est un peu comme dans Stars Wars, on sait que les gentils vont s'en sortir sans trop de dommages et que les méchants vont souffrir...

J'ai bien aimé le traitement des personnages : ils ont des doutes et des certitudes, mais les événements les conduisent à s'interroger, à se remettre en cause. Enfin, presque tous... Cela reste néanmoins assez superficiel ; on sent que l'auteur "en garde sous le coude" en prévision des prochains tomes...

Pas facile d'écrire un roman de science fiction sans créer des néologismes. P. Raufast n'y échappe pas, mais il parvient à leur donner une musique ou une consonnance très parlantes. On n'est pas trop dérouté et on visualise assez bien ce dont il veut nous parler.

Je passe sur la qualité de l'écriture : ce n'est évidemment pas du Proust ou du Céline, mais la narration est dynamique et la lecture facile et agréable. J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture.

Je termine sur un coup de gueule : le travail d'édition est déplorable ! La correction est inachevée : j'ai compté une bonne dizaine de fautes, de mots répétés, d'incohérences de noms, etc. Le titre est sans rapport avec le texte : où est la tragédie ? Cela m'a beaucoup agacé pendant la lecture, et coûte certainement un ♥ à cet ouvrage qui mérite mieux.



Je remercie Babelio, Pierre Raufast et les éditions Aux forges de Vulcain de m'avoir permis de découvrir ce livre et son auteur.
Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
Commenter  J’apprécie          452




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pierre Raufast (1542)Voir plus


{* *}