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Critiques de Pierre Renouvin (2)
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L'armistice de Rethondes : 11 novembre 1918

« L'Armistice de Rethondes, 11 novembre 1918 » de Pierre Renouveau (2006, Gallimard, 555 p.) après une première parution en 1968, est un excellent livre sur les conditions dans lesquelles la Grande Guerre s’achève après ces années d’horreur.

Livre factuel plutôt que roman ou livre d’histoire. Avec cependant une préface d’Antoine Prost, qui conclue par « Le 11 novembre 1918 signe l'entrée de la France dans une ère nouvelle ». Une ère nouvelle certes, après la victoire, et avant de commémorer les morts. France fragile, aussi que l'ombre de 14-18 ne cessera de hanter, avant que la défaite brutale de 1940 ne la remette à terre.

Du côté allemand, ce n’est pas mieux. Lire à ce sujet « L’ordre du jour » est un roman, autobiographique de Edlef Köppen, traduit par François Poncet (2022, Tusitula, collection Insomnies,452 p.) qui retrace les dernières offensives allemandes de Erich Ludendorff, le vainqueur de Tannenberg en septembre 1914. Puis ce sera le chaos avec la trahison d’un peuple insurgé par ses propres représentants. Révolution fort bien narrée par Alfred Döblin dans les 4 tomes de « Novembre 1918 » traduits par Maryvonne Litaize et Yasmin Hoffmann, (2009, Agone, 480, 512, 592, 752 p.). Remarquable fresque, qui part de l’Alsace allemande et qui se termine avec Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg à Berlin. Entre temps, Friedrich Ebert, Gustav Noske ou Philipp Scheidemann, déjà ralliés à l’union sacrée en 1914, consomment la faillite définitive de la social-démocratie. Lire, toujours de chez Agone le livre de Sebastien Haffner « Allemagne 1918 : Une Révolution trahie » traduit par Rachel Bouyssou (2018, Agone, 280 p.).



La seconde bataille de la Marne, parfois appelée bataille de Reims, est une série d'offensives allemandes et de contre-offensives alliées, dans le Nord-Est de la France entre fin mai et début Aout 1918, avec des événements décisifs du 15 au 20 juillet 1918.

Coté alliés, les choses ont beaucoup évolué. Les Etats Unis sont finalement entrés en guerre après l’attaque du paquebot « Lusitania » en mai 1915, au large de l’Irlande, ce qui va accélérer l’entrée en guerre des Etats Unis, mais pas avant avril 1917. Avec l’arrivée des américains, les alliés découvrent les chars blindés, tout d’abord engagés sur la Somme en septembre 1916. Mais les premiers essais se déroulent dans un terrain trop boueux. Il faut attendre la bataille de Cambrai fin novembre 1917, pour briser la ligne Hindenburg, avec 476 chars de type Mark IV. Puis ce sera la production de masse des chars Renault FT-17 et Schneider CA1 qui seront utilisés pour la contre-offensive de la Marne en juillet 1918. Les allemands n’ont jamais cru à l’efficacité des blindés et sont alors en retard dans ce domaine.

Côté allemand, le front de l’Est se termine avec la signature du traité de Brest-Litovsk avec les Russes. Les troupes sont ramenées sur le front de l’ouest, avec un arrêt à Berlin. Puis arrivée dans un camp proche de Valenciennes, où il y a du recyclage à effectuer : obus à gaz, projectiles antichars. « Le combat des machines sera de plus en plus décisif, l’artillerie aura le dernier mot ».

Ludendorff sait qu’il a de quatre à six mois, avant l’arrivée massive de nouvelles troupes américaines, pour faire la différence. Intervient alors un mouvement de troupes, contrôlé jusqu’au moindre détail par le GQG. Tout doit se faire en secret, de nuit, sans lumières, sans fumées. Traduction pour la troupe : sans repas chaud, peu de nuits calmes. Les hommes dorment dans des grottes à 3 km du front, où tout a été installé et préparé. C’est la grande offensive, la seconde sur la Marne qui se prépare.

Pour l’instant tout se concentre sur l’opération « Anna » et l’heure H ce sera le 15 juillet 1918 à 11.00 heures. Et quelque temps après Paris. C’est le début de la « Friedensturm » (offensive pour la paix) de Erich Ludendorff, « Generalquartiermeister », le vainqueur de Tannenberg en septembre 1914.

Ludendorff projette, par une attaque frontale, de séparer les armées alliées du nord de celles de l'est, en évitant Verdun par Sainte Menehould d'une part et Reims par la vallée de la Marne. Déjà le 27 mai 1918, l'armée allemande engage une grande offensive dénommé destinée à leur apporter la victoire finale et la paix. Trente divisions allemandes s’élancèrent depuis le Chemin des Dames en direction de Château-Thierry. Les Allemands atteignent la Marne vers Villers-Cotterêts et se heurtent aux Français et des troupes américaines fraîchement arrivés. Ce sont les combats de Château-Thierry et de la Côte 204. Dans la nuit du 14-15 juillet 1918, les lignes françaises entre Château-Thierry et Reims subirent « Anna », un déluge de feu de la part de l'artillerie allemande. Mais prévenus par des prisonniers de l'attaque, les Français s'étaient retirés sur les lignes arrière tenant en échec l’offensive allemande. C’est la fin du « Friedensturm ». En août, on sait la guerre perdue mais on attend une situation plus favorable pour ouvrir des négociations. Fin septembre, l’offensive des alliés conduit Ludendorff à exiger de son gouvernement l’ouverture de négociations d’armistice. « Je veux sauver mon armée ».

Le 8 janvier 1918, Wilson, président des Etats Unis, présente les quatorze principes qui lui paraissent les conditions indispensables d’une paix durable. Le point le plus important est, peut-être, le respect du sentiment national et du consentement des peuples. L’Allemagne s’adresse aux Etats Unis le 5 octobre et Wilson va engager seul les négociations, sans concertation de ses alliés.

L’offensive franco-britannique débute le 8 août et ne s’arrêtera plus. Dans ses mémoires, Ludendorff qualifie cette date de « jour de deuil de l’armée allemande ». Il suggère au Kaiser le 29 septembre à Spa de demander sans délai l'armistice au Président Wilson et d'engager une réforme constitutionnelle (Révolution d’octobre). Le but était, en fait, de faire endosser la responsabilité des pourparlers de paix aux civils, et surtout aux députés sociaux-démocrates. Mais c’est trop tard, ce qui conduit l’Allemagne à accepter le 27 octobre toutes les conditions posées par Wilson.

L’auteur ne raconte pas la journée du 11 novembre 1918 avec la signature de l’armistice à 5 heures du matin, son application effective à 11 heures. Il ne parle pas non plus de la joie exaltante et la fierté chez les uns, l’amertume et le désarroi chez les autres. Le silence tombe soudain sur le front. Ce n'est pas la capitulation de l'Allemagne à proprement parler, mais une suspension des hostilités d'une durée de 33 jours renouvelables. Si un cessez-le-feu est donc officiellement proclamé à 11 heures ce jour-là, la fin de la guerre ne sera entérinée qu'avec une série de traités de Paix, dont le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919.

Selon Renouvin, c’est l’effondrement militaire qui est la cause de la défaillance du moral de la nation et non l’inverse.

Viendra alors chez les allemands, la thèse du « coup de poignard dans le dos » qui va alimenter, dès 1919, une campagne de dénigrement que les droites conservatrices et révolutionnaires contre le nouveau régime.



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Dans l'ensemble, l'analyse de Pierre Renouvin a été confirmée depuis, avec cependant une réserve d'importance : il s'interroge peu sur le rôle de la France.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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