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4.43/5 (sur 53 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Pierre Retier est un écrivain.

Natif de la Creuse, il a attendu sa retraite pour se jeter à corps perdu dans la lecture, mais aussi très vite, dans l'écriture.

Il commence par des recueils de poésies, puis des nouvelles paraissent dans le quotidien La Montagne. Enfin, il se lance en 1995, dans le roman.

Il dépeint ses personnages avec empathie et conte avec grâce la beauté de sa région natale, Le Limousin ou d'autres régions sauvages comme les Cévennes et l'Auvergne.

Parus aux éditions Lucien Souny : Les Chantalaude, La Nuit des louves (Prix Lucien Gachon), Le Maître de l'eau (Prix Panazo), Marie des Landes, Les Herbes sauvages, Les Amants de Gargilesse, L'Or des genêts, Les Terres oubliées, Chantelouve ou le Tonnerre de Dieu, Le Refuge de la terre (2011), Le Maître des chaumes (2012).


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De l’avis de tous, ce qui était le plus inquiétant, c’est que depuis plusieurs jours il ne buvait plus. On avait beau lui proposer du vin blanc, du vin rouge ou quelque armagnac dont il était gourmand, il prenait un air dégoûté et, d’un petit geste imperceptible de la main, faisait signe qu’on le laissât tranquille.
Le plus touché, c’était René, vu qu’il picolait autant, sinon plus que son père. Et puis, comme il était l’aîné, il se sentait investi d’une responsabilité nouvelle quant à l’avenir de la propriété. Aussi tout le monde attendait qu’il prenne la parole, même si on savait bien que son pauvre cerveau d’alcoolique, ne fonctionnait que par intermittence.
(p. 111/112)
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À les voir travailler ensemble, on était à se demander ce qui pouvait rapprocher ces deux êtres si dissemblables. En effet, Antoinette portait ses cinquante ans comme on porte une croix. Petite, maigre comme un sac de clous, son visage osseux était déjà marqué par d’innombrables rides. Son teint pâlot et ses yeux globuleux accentuaient encore son aspect maladif, souffreteux.
Beaucoup ne la voyaient pas changer. Il faut dire qu’elle avait vieilli avant l’âge et s’était stabilisée autour de la trentaine. Elle vivait seule dans une belle maison que lui avaient léguée ses parents, à deux pas de l’église Saint-Pierre. Pieuse, mais pas du tout cul-bénit, elle participait activement à diverses missions du Secours Catholique.
En fait, cette bonne âme était desservie par un physique qui la faisait ressembler à une vieille bigote. elle en souffrait, mais acceptait ce qu’elle considérait comme une volonté de Dieu.
(p. 76)
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Le 15 juin 1969, Georges Pompidou était élu président de la République. Le jour même, Fernand Coste, au volant de sa voiture de marque Renault, de type 4L Export, s'écrasait contre un arbre au lieu-dit «Le Fer à cheval», à mi-chemin entre le village de Saint-Amand et la ferme du Breuil. Il était tué sur le coup. La disparition de Fernand Coste ne souleva aucune émotion particulière. Et pour cause !
Cela avait toujours été. De tout temps, Fernand Coste avait inspiré la méfiance. Non point qu'il ait été un mauvais homme. Loin s'en faut. Mais il était impulsif, pour ne pas dire caractériel, et ses réactions pouvaient être imprévisibles et souvent violentes.
Rares étaient ceux qui avaient vu sourire ce grand homme sec au visage anguleux habillé de deux grands yeux noirs. Et puis, restaient ses coups de sang quand il avait abusé de la chopine. Cela n'était pas monnaie courante, fort heureusement. Mais, quand l'occasion lui était offerte de descendre à Saint-Amand et de jouer les piliers de comptoir dans le café de la Ginette Chaudron, on pouvait se préparer au pire.
Malgré des escapades qui le conduisaient à boire plus que de raison, Fernand était un homme viscéralement attaché à sa petite propriété du Breuil. Celle-ci appartenait à la famille depuis plusieurs générations. Au fil du temps, les Coste avaient fait l'acquisition d'une terre, d'un taillis, voire d'un pacage. En 1969, la propriété représentait une superficie d'une trentaine d'hectares qui s'étendaient au nord du village de Saint-Amand.
Dans cette campagne au relief tourmenté où la région limousine jouxte le département de la Charente, l'élevage restait le principal revenu des agriculteurs. Bien entendu, quelques champs étaient réservés à la culture des pommes de terre, des betteraves, mais aussi du blé qu'on moissonnait chaque année au mois d'août.
Mais tout autour de Saint-Amand et vers le pays de Bellac, dans ce qu'on appelait la région de Basse-Marche, les innombrables pacages accueillaient quantité de bovins, la plupart de race limousine, mais aussi des ovins dont la qualité était reconnue et appréciée dans tout l'Hexagone, et parfois même au-delà.
Chez les Coste, on n'avait jamais mis tous les oeufs dans le même panier. C'était une règle établie qui avait fait ses preuves. Car, même si on s'était tourné vers la modernité en achetant un tracteur et en choisissant la moissonneuse-batteuse pour la fenaison et la moisson, on restait attaché aux vraies valeurs, à la manière de vivre qui animait encore le monde paysan
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Le fleuve en furie charriait nombre d'arbustes, de troncs d'arbres morts et autres objets les plus divers arrachés aux rives. Il courait à une vitesse folle en direction du sud. Le grondement de ses eaux emplissait la vallée balayée par un vent du nord dont les hurlements ajoutaient encore à un spectacle qui avait quelque chose de dantesque.
En cette fin de l'année 1918, l'automne avait été pluvieux et venteux. Beaucoup de rivières étaient en crue et les vendanges s'étaient déroulées dans les pires conditions. A de nombreux endroits, le Rhône avait débordé de son lit. Dans le secteur de Saint-Martin, la rivière Ardèche s'était transformée en un véritable torrent d'eau et de boue. Dès lors, on scrutait l'horizon, espérant que le mistral viendrait bientôt chasser ces gros nuages qui filaient à vive allure et obscurcissaient le ciel.
Ces intempéries n'avaient pas été un obstacle pour fêter l'armistice. A l'annonce de la fin du conflit, on avait sorti les drapeaux tricolores, on avait dansé, chanté et on avait souvent bu plus que de raison dans les villages, et même dans les hameaux perdus au fin fond de la campagne.
Pourtant, quantité de familles étaient en deuil d'un père, d'un fils, ou de quelques parents proches. Peu d'entre elles avaient été épargnées. On avait vécu ces quelques jours de liesse entre larmes et rires. Enfin, depuis plusieurs semaines, on assistait au retour tant attendu des poilus.
C'étaient de longs convois de trains et de camions qui descendaient du front et ramenaient de pauvres hères décharnés, le regard livide, absents, comme si défilaient encore les images atroces d'une guerre qui n'avait été qu'une boucherie inhumaine.
C'est probablement à tout ce vécu que pensait Julien Borrel alors qu'un véhicule militaire, dans lequel il avait pris place avec une dizaine de soldats, avançait, tant bien que mal, sur la petite route cahoteuse qui longeait le Rhône. Quatre années. Il avait sacrifié quatre années de sa vie à combattre dans un régiment d'infanterie. Aujourd'hui encore, il se demandait par quel miracle il avait sauvé sa peau. Tant de ses camarades étaient tombés sur les champs de bataille. Il n'aurait su les compter. Il n'avait mémorisé que certains visages, des voix, des attitudes, quelques relations privilégiées avec des hommes qui venaient des quatre coins de l'Hexagone. Avec eux, il avait partagé l'angoisse, la peur, mais aussi la volonté de chasser l'ennemi de la terre de France.
Il avait souffert et s'était battu au nom de la liberté. Parfois, il s'était demandé s'ils allaient pouvoir châtier ces Boches qui leur menaient la vie dure. Souvent, offensives et contre-offensives se succédaient pour un gain ridicule de quelques centaines de mètres. Au coeur de ce carnage, que ce soit dans les plaines de l'Aisne ou dans le secteur de Verdun, il avait traversé l'enfer sans la moindre blessure, même si certaines restaient, à jamais, dissimulées au plus profond de sa mémoire.
Aussi, en cette matinée un brin maussade, il ne perdait rien du panorama qui s'offrait à son regard au gré du moteur poussif d'un camion qui, parfois, paraissait tout près de rendre l'âme.
Enfin il retrouvait son cher pays ! Il avait tant rêvé à ces retrouvailles. Ce qui attirait surtout son attention, c'était moins le rugissement des eaux du fleuve que cette campagne cabossée, cette garrigue, ces quelques vignes plantées, çà et là, qu'il devinait alors que le convoi approchait de la petite ville de Pont-Saint-Mathieu
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L’endroit était misérable, laid, sale, à l’image de cette famille qu’il vomissait.
Tout était laissé à l’abandon. Dans un coin de la cour, le vieux tracteur poussif était en partie démonté et semblait être abandonné dans une longue agonie. Çà et là, des machines agricoles ressemblaient à de véritables tas de ferraille envahis par la volaille de la basse-cour.
Spectacle affligeant. On eût dit qu’un cataclysme était passé sur le Puy-Barraud.
(p. 33)
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Thérèse Chassagne avait quarante-cinq ans et en paraissait soixante. Elle était usée. Son pauvre corps ressemblait à une vieille figue desséchée. Quand on la voyait aller et venir dans la cour de la ferme, on avait le sentiment que le moindre souffle de vent était capable de la coucher.

Chapitre IV
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Mais qui se cachait derrière ces masques ? Des femmes de tous âges, de toutes conditions. Si certaines étaient arrivées accompagnées par leur mari ou un ami, la plupart étaient arrivées par petits groupes. Protégées par leur anonymat, elles faisaient fi des convenances. Certaines probablement éméchées, avaient un comportement qui laissaient deviner qu'elles n'étaient pas venues au bal des veuves pour enfiler des perles. Au fil des heures, Etienne avait remarqué que plusieurs couples s'étaient éclipsés afin de s'offrir une belle partie de jambe en l'air.
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Son bonheur était là, dans ses blés, ses orges, ses prairies et ses immenses forêts qui s'accrochaient aux versants de la montagne.

Chapitre XV
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Au hameau des combes, Christine et Pierre s'étaient réveillés avec le délicieux sentiment de vivre une histoire qui dépassait l'entendement. Bien loin de leurs préoccupations étaient le redoux annoncé et la réouverture des quelques magasins de Chanteloube.
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La Marceline était un personnage qui ne laissait personne indifférente. De tous les membres de la famille, elle était celle qui avait le mieux réussi. Il fallait bien reconnaître que c'était une intelligence, une femme d'action.
Elle était née ici même, à la femme de Bord. Oh ! sa jeunesse n'avait pas été des plus dorées. Le grand père Chaberneau n'était pas un tendre. Ça filait à la baguette. Entre un père autoritaire et un frère rustre, elle n'avait que sa mère pour la consoler d'une vie qui se présentait sous les plus mauvaises auspices. mais elle avait su saisir sa chance.

Chapitre I
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