Esther GRANEK
Pour Nanougo
T’absentant, tu m’habites.
Tendrement. Comme présent.
Dis-moi vite…et ne mens :
M’absentant, je t’habite
Mêmement?
Ne sachant, je m’irrite.
Questionnant bassement.
Etouffant mes élans.
Bâillonnant mes redites.
T’assommant. M’assommant.
Qu’il est fort mon tourment !
Et pourtant…Mais encore…
Dis-moi vite :
M’absentant, je t’habite ?
Les souvenirs - Henry BATAILLE (1872-1922)
Les souvenirs, ce sont des chambres sans serrures,
Des chambres vides où l’on n’ose plus entrer,
Parce que de vieux parents jadis y moururent.
On vit dans la maison où sont ces chambres closes.
On sait qu’elles sont là comme à leur habitude,
Et c’est la chambre bleu, et c’est la chambre rose…
La maison se remplit ainsi de solitude,
Et l’on y continue à vivre en souriant…
Pourtant je sens parfois, aux ombres quotidiennes,
Je ne sais quelle angoisse froide, quel frisson,
Et ne comprenant pas d’où ces douleurs proviennent,
Je passe… Or, chaque fois, c’est un deuil qui se fait,
Un trouble est en secret venu nous avertir
Qu’un souvenir est mort ou qu’il s’en est allé…
On ne distingue pas très bien quel souvenir,
Parce qu’on est vieux, on ne se souvient guère…
Pourtant, je sens en moi se fermer des paupières.
La jalousie naît toujours avec l'amour, mais elle ne meurt pas toujours avec lui.
La Rochefoucauld, Maximes.
Sonnet
Félix Arvers (1806-1850)
Mon âme a son secret, ma vie a son mystère:
Un amour éternel en un moment conçu:
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
Hélas! J'aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire,
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
Elle ira son chemin, distraite, et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas;
A l'austère devoir pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tous remplis d'elle:
"Quelle est donc cette femme?" et ne comprendra pas.
La naphtaline est l'antimite le plus réputé, mais son odeur (comme celle de l'essence de térébenthine, qui détruit ses larves) incommode les insectes comme les humains. On peut la remplacer par des clous de girofle placés dans une soucoupe ou piqués dans un coing, un sachet de lavande ou de menthe, du bois de cèdre, ou encore un coton imbibé d'essence de serpolet.
A une époque où l'on ne trouvait pas de bombes nettoyantes dans les grandes surfaces, quand les vêtements n'étaient pas en fibres synthétiques ni les serviettes en papier, on savait faire durer et embellir autrement.
On s'est longtemps transmis de mère en fille ces trucs et conseils qui font l'art de bien-vivre et de bien-recevoir chez soi. Ils passent de l'anecdotique à l'essentiel, de l'empirique au réfléchi, confirmés par l'expérience et l'usage.
Conclusion
Charles Cros (1842-1888)
J'ai rêvé les amours divins,
L'ivresse des bras et des vins,
L'or, l'argent, les royaumes vains,
Moi, dix-huit ans, Elle, seize ans.
Parmi les sentiers amusants
Nous irons sur nos alezans.
Il est loin le temps des aveux
Naïfs, des téméraires voeux !
Je n'ai d'argent qu'en mes cheveux.
Les âmes dont j'aurais besoin
Et les étoiles sont trop loin.
Je vais mourir saoul, dans un coin.
Qu'en avez-vous fait?
Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)
Vous aviez mon coeur,
Moi, j'avais le vôtre:
Un coeur pour un coeur;
Bonheur pour bonheur!
Le vôtre est rendu,
Je n'en ai plus d'autre,
Le vôtre est rendu,
Le mien est perdu!
La feuille et la fleur
Et le fruit lui-même,
La feuille et la fleur,
L'encens, la couleur:
Qu'en avez-vous fait,
Mon maître suprême?
Qu'en avez-vous fait,
De ce doux bienfait?
Comme un pauvre enfant
Quitté par sa mère,
Comme un pauvre enfant
Que rien ne défend,
Vous me laissez là,
Dans ma vie amère;
Vous me laissez là,
Et Dieu voit celà!
Mes heures perdues - Félix D’ARVERS (1806-1850)
L’heure que j’avais attendue,
Le bonheur que j’avais rêvé
A fui de mon âme éperdue,
Comme une note suspendue,
Comme un sourire inachevé !
Depuis lors, triste et monotone,
Chaque jour commence et finit :
Rien ne m’émeut, rien ne m’étonne,
Comme un dernier rayon d’automne
J’aperçois mon front qui jaunit.
Et loin de tous, quand le mystère
De l’avenir s’est refermé,
Je fuis, exilé volontaire !
- Il n’est qu’un bonheur sur la terre,
Celui d’aimer et d’être aimé.
Adieu ! Tu vas faire un beau rêve
Et t'enivrer d'un plaisir dangereux;
Sur ton chemin l'étoile qui se lève
Longtemps encore éblouira tes yeux.
Un jour tu sentiras peut-être
Le prix d'un coeur qui vous comprend,
Le bien qu'on trouve à le connaître,
Et ce qu'on souffre en le perdant.
(Alfred de Musset)