L'Enfance d'Herberto Helder
(...) J'ignorais qu tout poème
est une émeute
maintenant je sais
qu'il peut ébranler
l'ordre de l'univers (p. 97)
-José Tolentino Mendoça, né à Machico (Ile de Madère) le 15 décembre 1965; Il est professeur à l'université catholique de Lisbonne, il a traduit le Cantique des Cantiques (1997)
Le jour se levait et il marchait. Il s'empara
de la couleur des yeux, de la couleur de l'intérieur des yeux.
De ceux qu'il avait aimés, yeux sans visage.
Cette couleur remplissait l'espace autour de lui.
Elle cheminait avec lui.
Et le jour naissant ressemblait
à une chose oubliée, qui s'était réfugiée dans le temps
chromatique des sentiments passés,
des nuits profondes, au lever de la peur.
Il avançait. Les couleurs venaient de l'intérieur.
En dehors de lui, arborescentes, elles jouaient en l'air.
Les yeux. Le souvenir de ces yeux
enfermait les couleurs, les recouvrait, c'était l'univers
de tout ce qui lui avait manqué, de tout ce qu'il y avait
dans l'image des miroirs à son passage.
(Les images brisées de Luis Quintais)