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3.98/5 (sur 22 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Saint-Nazaire 44 , le 05/09/1960
Biographie :

Pierre Rive est un auteur (écrivain, poète,illustrateur) né en 1960 en Loire-Atlantique. Avec ce pseudonyme, il a publié plusieurs ouvrages : poésies, proses, nouvelles, textes humoristiques, écritures pour la jeunesse.

Il s'intéressera de bonne heure à la poésie et à la littérature, et il écrira dès l'adolescence.
De 1994 à 2004, il reviendra à plume. Il accumulera sur son bureau des textes à caractère poétique. Une partie de cette création sera proposée et éditée en Belgique en 2006. (Écriture vol 1 et vol 2)
D'autres ouvrages viendront chez le même éditeur...
De nombreux textes paraîtront dans les revues.


Bibliographie :

* Écriture Volume 1 (Poésie 1994-2004) Éd. Chloé des Lys 2006/115 pages
* Écriture Volume 2 (Poésie 1994-2004) Éd. Chloé des Lys 2006/129 pages
* Parcs (Poésie et nouvelles) Éd. Chloé des Lys 2007/142 pages
* Mélange (Proses burlesques et nouvelles) Éd. Chloé des Lys 2008/120 pages
* Éternelle Mythologie (Parodie) Éd. Chloé des Lys 2008/106 pages (Argot)
* Ville (Critiques, réflexions et poésie) Éd. Chloé des Lys 2009/106 pages
* Sel (Poésie et petites histoires) Éd. Chloé des Lys 2012/91 pages
* Billy the Cid (Parodie) Edilivre 2017/72 pages (Argot)
* Petites histoires (Livre jeunesse) BoD Norderstedt All. 2017/64 pages
* Hier Aujourd’hui (Poésie et nouvelle) Éd. du Net 2018/76 pages
* Histoires des profondeurs (Livre jeunesse) Norderstedt All. 2018/40 pages
* Dialogues pour rire ou pour pleurer (Satire) Amazon 2019/90 pages
* Verbe (Poésie, bestiaire) Éd. Du Net 2020/78 pages
* Poèmes, etc. (Poésie, réflexions) Éd. du Net 2021/78 pages
* Pages (Poésie et nouvelle) Norderstedt All. 2022/160 pages
* Pluralité (Poésie) Norderstedt All. 2023/128 pages







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Source : http://www.pierre-rive-auteur.id.st
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Bibliographie de Pierre Rive   (16)Voir plus

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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
J’ai dans la gorge l’eau du ciel
La porosité du sol
Et
L’eau vive crache
Entre les muqueuses de mes joues.

Je suis la force et la simplicité
Le cordon transparent
Que l’on ne peut couper
Le chant infini des fissures.

Les troupeaux de la fatuité
Dédaignent mon bassin
Les puits contaminés
Implorent ma pureté.

J’ai vu l’orgueil
Pleurer sur son miroir
Et l’enfance éclabousser de rires
L’insouciance des chemins.

Fontaine
Tapissée de feuilles mortes
Fontaine
Avec les mains froides de l'hiver
Fontaine
Avec des bourgeons qui se dégrafent.

Je suis la force et la simplicité
Le cordon transparent
Que l’on ne peut couper
Le chant infini des fissures.

Et
Quand le jour ferme ses paupières
Les étoiles viennent se désaltérer.



Fontaine
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Extrait:

Qui a cru aux chants de l’oiseau ?
Quand la ville dormait
Quand les paupières des maisons étaient closes.
La nuit, comme un océan inanimé
Et son encre étalée sur les pierres érodées.
Quand les hommes reposaient
Atrophiés, défigurés
Repliés dans leur bazar de miroirs
Et de fausses certitudes.

Qui a cru aux chants de l’oiseau ?
Aux portes lunaires
Plumes sur la branche de l’instant
Phrases dispersées et retrouvées
Sur les lèvres du vent.
Quand les arbres tendaient leurs bras
Aux moissons du ciel
Et s’enlaçaient dans les bruissements
L’amour à fleur d’écorce.

Qui a cru aux chants de l’oiseau ?
Quand son bec vorace
Lacérait les robes de la laideur
Et se gavait de souffles divins.
Sa poitrine tachetée de lumières
Emettait des musiques sans fin.
Les ailes déployées, saisissantes
Dans les feux ardents
Du rêve.

Je l’entends toujours
Parmi mes navires nocturnes.
Serait-ce une sirène
Mi-femme mi-oiseau ?
Inutile de m’attacher à un mât
Ou de mettre de la cire
Aux oreilles des mots
Car je sais qu’elle a le front blanc
Et les yeux clairs.
Nous avons voyagé
Sous les mêmes étoiles
Nous avons eu
Les mêmes soifs.
Mes os orneront
Son abri de ramures
Et
Son visage
Aura toujours les mêmes traits.


Qui a cru aux chants de l’oiseau ?
Quand les hommes muselés
Pleuraient dans leur bazar de fausses certitudes.

Je l’entends toujours
Parmi mes rides.
Euphonie soudaine
Embruns sur les roches nues
Ombres des éclats
Ondulant sur les draps de sable.

Alors
Revient la faim
Et son cortège de clartés
Comme des halos au creux des vagues
Dans une mer insatisfaite d’écume.

Et
Dans cette sueur
La longue étreinte
Du songe et du souffle.

Qui a cru aux chants de l’oiseau ?

Je connais des créatures
Que l’on montre du doigt
Comme un fléau.

Je connais des créatures
Que l’on prend pour des bêtes
Mais
Dont les mélodies apaisent
Et dont les pelages
Se roulent de plaisirs
Dans les herbages du verbe.


Qui ?
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Extrait 1


Pierre Corneille avait pour mère l’oiseau de son nom. C’était un drôle d’oiseau, une corneille noire (Corvus corone). L’animal était du genre passereau et ne faisait que passer, un peu comme vous et moi. Ce genre de bestiole se trouve principalement à la campagne. Mais celle dont je vous parle vivait en ville. Malheureusement, cette corneille avait l’habitude de montrer son fion à tous les tétrapodes emplumés du coin. Elle écartait ses jolies ailes, et elle chantait sur les toits qu’elle était en tiédeur permanente. On suppose que l’enfant a longtemps souffert du tempérament volage de sa génitrice. Quant à son père, nous avons très peu d’information. Peut-être un moineau, un étourneau ou encore un épervier complètement bigleux. Concernant la date de naissance de Pierre, il y a des doutes. Ce qui est ennuyeux pour une biographie. Mais les ornithologues nous donnent tout de même une fourchette de sa mise au monde. Il faut donc l’estimer entre 1400 et 1900. Effectivement, 1400 est un repère, puisque Piero della Francesca naquit à cette période, plutôt vers 1412 ou 1420 ou alors 1430… C’est pratique avec des cocos pareils ! Comment voulez-vous transmettre des informations sérieuses aux esprits curieux ? Bref, Francesca était un pauvre pékin qui peignait des madones, des barbus crucifiés, des annonciations, des résurrections, des triomphes de la chasteté, etc. C'est-à-dire tout un attirail merdique qui émoussait la papauté. Bon ! Revenons à notre mouton. L’année 1900, c’est facile à se rappeler, c’est l’année de naissance d’Antoine de Saint-Exupéry. Hein ? Mais si ! Le Petit Prince ! Encore une histoire bizarre ! On a retrouvé son zinc dans le bouillon au large de Marseille, mais pas le bonhomme. Si ça se trouve, c’était une ruse, il s’est éjecté avant de pénétrer le liquide et il s’est cassé au Brésil avec une souris en matelas pneumatique. Hein ? Oui ! Nous sommes toujours avec Pierre Corneille ! Donc, le petit finit par grandir, et nous savons par les dires que, dès qu’il fut jeune homme, sa vioque lui acheta une épicerie sur les bords de Seine à côté de Rouen. Hein ? Si ! Si ! Le nom de la ville est aisé à se mémoriser. C’est là que Jeanne la Pucelle a fait un grand méchoui avec les Angliches. Pas étonnant qu’on l’ait appelée « La Vierge », elle se baladait toujours en armure, il était donc difficile de lui mettre la main au slibard. Ce n’est pas comme les mignonnes d’aujourd’hui, toujours à exhiber leurs miches et leurs tétines sur Internet. Hein ? Comment dites-vous ? Si ! Si ! On continue la biographie du gaillard. Au début, son épicerie était très prospère. Mais Pierrot avait du sang chaud dans les veines, et bientôt il se mit à fréquenter les morues du quartier et à picoler. Un jour, il a disparu de la circulation. Sa mort reste aujourd’hui une énigme. Les journaleux de l’époque ont supposé qu’il avait été asphyxié par une paire de gros nibards, d’autres ont pensé qu’il était parti sur les routes pour y vendre des spiritueux. Mais, c’est bien connu, les journaleux racontent souvent n’importe quoi. Bref, la famille a vendu l’épicerie. Le nouveau propriétaire s’est mis à y faire un peu de ménage. Et là ! Que trouva-t-il dans la réserve du magasin ? Hein ? Quoi ? Non, non !! Ni un porte-jarretelles, ni un soutif, ni une boutanche de whisky. Mais… un… un… un manuscrit. Il a trouvé un manuscrit !! C’était une pièce de théâtre intitulée « LE CID » – ne pas confondre avec le CIDRE, qui reste encore la boisson préférée des Bretons. L’ouvrage fut transmis à un éditeur, qui fut subjugué par la verve et par la trame. La pièce fut jouée rapidement sur les grands podiums des villes, et ce fut un succès immédiat. Remarquez, il était fortiche le Corneille pour inventer un personnage qui embroche son futur beau-père, repousse une colonie de Maures, amoche l’amant de sa greluche… Ça tient du génie. Le Cid, c’est un peu « Billy the Kid » : un teigneux, un amoureux de la boucherie.
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Le fleuve du songe se perd
Dans l’étendue grandissante de l’estuaire
Comme un fantôme dans les couloirs des vagues
Avec la cendre des chevaux dans les paumes
Avec des poissons aveugles
Et les chaînes de l’obscurité.

La corne de brume sonne le dos des récifs
L’épaisseur opaque étouffe le rivage et les cris des ailes.

La mort
La mort vivante enracinée aux coutumes
La mort étend ses branches vénéneuses.

Mais quand le soleil perce
Les lèvres de la faim
Glissent sur le derme du ciel.
Le parfum du verbe
Vient aux narines de la mer.
Les lumières se propagent
Et sur sa monture épicée
Le vent jette l’inertie aux mâchoires
De la voracité.


Percée

Froidure du désert de la nuit
Le souffle qui sortait des lèvres du sable
Est allé se perdre dans une mer étoilée.
Malgré ses barques obscures
Le frisson rassuré par l’immensité
Rajuste sa couverture.

Entraves poignardées
Dans des ruelles lumineuses
L’iode du ciel enivre
Les poumons d’une naissance.
La cruche du silence
Déborde de phrases.

Comme dans le ventre d’une femme
Le caravanier entre dans un jardin
Où l’humidité sort son archet.

Avec
Sur les feuilles
Le sang d’un placenta.


Naissance
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Extrait :

Il faisait chaud sur le parking. J’ai toujours aimé la chaleur. Habiter au Brésil parmi les femmes qui se trémoussent ou dans un petit village de pêcheurs entre les murs blancs de la Grèce, cela me serait très agréable. Certes, l’image du Brésil est un leurre : la profusion de la misère, la pollution de la baie de Rio… Certes, les statues qui ont bercé de légendes ont tendance à s’enliser dans les marécages de nos soirées coutumières. Cependant, retrouver le geste essentiel, raccommoder les filets, manger à sa juste faim, boire le sang du crépuscule me serait vraiment très agréable.

Mais, j’étais garé devant ce parc dans une ville pieuvre dont les ventouses happaient avec avidité les campagnes environnantes. Pourtant, des branches lourdes traversaient les grilles impunément avec des dégradés de vert. Dans la chevelure des arbres, murmurait déjà un monde nouveau. On aurait dit que la nature voulait retrouver ses droits sur le bitume. Le parking était désert ou presque, un chien urinait devant une cabine téléphonique en péril. C’était l’heure de midi, et je m’apprêtai à faire fondre la graisse de la quarantaine.

J’avais mis mes chaussures de sport, et j’étais en train de verrouiller ma vieille carrosserie, lorsqu’une voiture est venue se ranger juste à côté de la mienne. Effectivement, sur un parking désert, venir s’aligner à cet endroit me parut bien étrange. Enfin ! Il y a plus étrange ! J’ai donc jeté un coup d’œil sur le conducteur, je ne voyais pas grand-chose avec les reflets que faisait le soleil. Je me suis accroupi pour serrer mes lacets. La vitre s’est baissée, laissant apparaître un visage féminin.

La femme souriait. Dingue ! Une femme qui se mettait à sourire ! Il est possible que ce soit un phénomène de société, je trouve que les femmes sont de moins en moins souriantes : le stress, le travail, la compétition, les embouteillages, le sida, l’équilibre amoureux, la mignonne abandonnée avec son rejeton, la donzelle qui cherche le prince charmant à chaque coin de rue, le boutonneux qui pique sa crise… La libération des mœurs n’a pas arboré que de bonnes choses. Non seulement elle souriait, il faisait beau. Je n’ai jamais eu la moindre aversion envers les gens de couleur : elle était noire, et son faciès était racé.

Il y avait quelque chose de risible. Je me trouvais avec mon short et mes jambes pleines de poils en face d’une black qui laissait glisser sur son nez des lunettes avec montures dorées. Le rouge vif qu’elle portait aux lèvres ne contrastait pas vraiment. Cependant, dans le blanc de ses yeux, on pouvait s’y perdre, assurément.

Le besoin de séduire qui m’avait tenu la main pendant des années avec fougue ne faisait plus partie de mes rituels. Cependant, faire un brin de causette n’était pas interdit. Je me suis accoudé à sa portière, comme on s’accoude sur le muret du voisin pour lui parler des légumes ou des fleurs de son jardin. Il y avait un livre sur le tableau de bord. Je lui ai demandé si elle aimait la littérature. Elle m’a montré la couverture de l’ouvrage : c’était une collection à l’eau de rose. Tous les goûts sont dans la nature, pour ma part, l’eau-de-vie et l’eau de rose… L’écriture n’est pas uniquement ce nid où les chenilles sortent à la file indienne comme des majorettes sous un ciel merveilleux.
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La sève écume
Entre ses bras puissants
Où foisonnent des fruits amers.
À son pied
Bientôt des tapis de glands
Où viendra se goinfrer la faune.

Ses feuilles s’abandonneront
À la rousseur de l’automne
Et le soleil
Viendra y faire son miel
Douceur
Dans sa ramure frémissante.

L’hiver lâchera ses fauves
Contre la cuirasse du végétal
Et les serpents de la nudité
Chercheront à l’étouffer.
Mais sous sa robe brune et fripée
Bourgeonneront déjà les armes
Qui couperont la tête
Aux bêtes belliqueuses.

*

Tels des papillons
Les fleurs se sont envolées
De l’écorce des bras.

Entre les doigts de la pluie
Agonisent encore
Les derniers pétales.

La blancheur de l’arbre
Se noie
Dans le fleuve du temps.

Laissant apparaître
Des petits fruits verts
Aux longues queues.

Bientôt
Charnu et fruité
Le rouge sera mangé
Par les becs de la liberté.

*

Respirant
La poussière des chemins pierreux
Et la peau aride de la terre
L’arbre trapu
Au tronc noueux
Et au feuillage argenté
Se moque des ardeurs du soleil.

Il suffira
De quelques olives
Pour que les ombres lui serrent la main.


Extrait ( Arbres)
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Extraits :

C’était une belle matinée d’automne, le soleil était doux, on aurait pu boire à sa source sans se brûler les lèvres. Les allées, les pelouses, et les trottoirs étaient déjà jonchés de feuilles mortes. Encore, quelques dahlias aux couleurs éclatantes levaient la tête.

En sortant du tram, j’ai rencontré un ami que je n’avais pas vu depuis plusieurs mois. C’est toujours pareil, on se dit que… Et puis le temps passe, on oublie de se voir, on a ses occupations… Je lui ai donc proposé de prendre un café, de griller une cigarette, de faire un peu la causette. Le serveur était à peine arrivé avec son plateau fumant que le portable du compère s’est mis à sonner… J’allais lui dire que… lorsqu’une deuxième sonnerie a fredonné… J’aurais voulu savoir si… une troisième sonnerie… Je commandai donc deux autres cafés, et lui demandai des nouvelles de… lorsqu’il m’a prié de l’excuser, car il avait un message à écrire. Il a tripoté son clavier pendant que je payais l’addition…

En sortant du bistrot, nous nous sommes serré la main, et il m’a dit : « Tu sais, ça fait du bien de pouvoir discuter avec un ami de longue date ! »


Téléphone

Les villes deviennent invivables, saturées de klaxons, de crissements de freins, et d’émanations d’essence. Il suffit que l’homme se trouve en face d’un volant, d’un seul coup il devient le maître du monde. Il manipule son levier de vitesse comme s’il palpait son pénis dans l’arène du sexe. Il ouvre sa fenêtre, invective, fait des appels de phares, double avec condescendance. De plus, la voiture est devenue le symbole de la réussite sociale, ce n’est pas l’outil pragmatique, telle la pointe réclamant le marteau, mais la foire des envieux et des arrogants. Et puis, il faut dire que le monde a changé, les femmes sont arrivées sur le marché du travail. Après une lente émancipation et un épanouissement intellectuel, la douce maman du foyer est aujourd’hui devenue la reine du bizness, la prêtresse d’une pyramide infernale – paradoxalement, elle reste l’objet à dentelles, la publicité et le marketing lui tirent des aubades à tous les vents. Cependant, la femme libérée utilise une voiture pour aller œuvrer, et il n’est pas rare de voir des troupeaux sur les banquettes des attelages. Quant à la progéniture, il a grandi entre deux machines à polluer, et son premier geste est de caresser la pédale d’accélérateur.

Alors, tout ce beau monde vient envahir les rues et les boulevards périphériques. Et tant que le pétrole rapporte, on n’est pas encore disposé pour d’autres solutions.




Les voitures
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Extrait :

Il vaut mieux se taire quand on n’a rien à dire. Déjà, cette phrase est beaucoup trop prolixe. Pour tout vous dire, il aurait mieux fallu ne pas l’écrire. Ou alors, simplifier l’expression de telle façon que… que le blanc soit plus exprimé. C’est à dire, trouver un raccourci algébrique qui fait économie de mots tout en gardant le timbre de l’idée première. Cependant, si je suis ce raisonnement, nous arrivons indéniablement dans un monde empreint de difficultés. Choisissons un fragment de cette phrase : il vaut mieux. Avouez que même si l’on n’a rien à dire, « il vaut mieux » ne veut strictement rien révéler. Car, à cet effet, on peut tout imaginer. Assurément, on peut dire : il vaut mieux avoir sa main dans la culotte de la voisine, plutôt que dans celle du voisin. Ou encore : il vaut mieux être un singe ignorant plutôt qu’une tête de veau ébouillantée. C’est ce qui m’étonnera toujours dans la langue française, on débute une phrase et puis… Bon ! Continuons notre développement. Si je prends une autre fraction : se taire. Se taire quand il est isolé de la phrase n’est pas plus explicite. Car, on peut se taire pour écouter l’autre, puis parler profusément. Ou encore, on peut se taire lorsque l’on est à la pêche au bord d’un lac ; tout à coup se décrocher les mâchoires ; chanter des chansons paillardes, parce que le poisson a mordu l’hameçon. Bon ! Enfin, prenons : « on n’a rien à dire . » On peut très bien ne rien avoir à dire sur tel ou tel sujet. Et puis, étaler une thèse sur la vie des moustiques dans l’Arctique. Bon ! Résultat des courses, on ne peut guère simplifier l’expression. Et, c’est bien dommage, car j’aime les choses simples. D’ailleurs, tout ce qui est compliqué me donne la nausée, me chiffonne et me fait mal aux seins. Quand je pense qu’il y a des gens qui parlent ou qui écrivent pour ne rien dire… En vérité, je crois qu’il est préférable de l'exprimer verbalement. Quoique… Quoique, le fait de le dire soit déjà très loquace. Le mieux serait d’en parler à un proche, cela afin qu’il puisse le dire à votre place. Et, on s’en laverait les mains ! Quoique… Quoique, le fait d’en parler à votre voisin soit déjà trop bavard. En vérité, le plus sage serait de le mimer. Nous serions enfin dans le royaume du silence, de la quiétude. Voilà ! Voilà ! Pourtant…

Pourtant, les gens qui brassent de l’air pour ne rien dire m’agacent particulièrement.




Il vaut mieux se taire…
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Extraits :

Voiles mortes
Dans le feu du soleil
L’identité s’oublie
Dans le scintillement de la mer.
Le couteau de l’air
Fait saigner les veines du rêve.

La mer a laissé
Entre les mains de l’absence
Les tourments.
Les ailes des palmipèdes
Dessinent la faim
Dans l’infini bleu du ciel.

Mer calme


Plume sur la plage
Sur la plage de ma main
Le sable comme des ruisseaux
Entre les roches de mes doigts.
Des musiques s’enroulent
Sur les branches de l’espace.

Plume
D’un oiseau sans forme
Sans nom
Invisible
Et pourtant si présent.

Plume
Dans l’encrier du cœur
Plume de sang
Avec ses fleuves
Ses estuaires
Ses voiles qui claquent au vent.

Plume sur la plage…

Plume
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La musique des phrases
Sur les lèvres des murs.

Dans le cendrier
Se cristallisaient des rêves.

Entre les doigts jaunis
De l’adolescence
Se consumait le feu du désir.

Le tabac embaumait
Les cadavres des étoiles.

Celles qui avaient pris naissance
Au bout de la plume.


*


Étoiles mortes
Sur les feuilles accumulées.

Allongé sur le sable de la nuit
Avec sa nudité
Une mer noire venait pincer sa nuque.

Entre les barreaux du ciel
Des rayons lunaires
Inondaient son front.

Et se réchauffaient
Les danseuses de l’âme
Dans les avenues de l’ardeur.

*


Se hissaient les voiles de la faim
Les lumières mangeaient les gouffres.



Les nuits
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QUEL ROMANCIER A ECRIT CES PHRASES: « Nous disons bien que l’heure de la mort est incertaine, mais quand nous disons cela, nous nous représentons cette heure comme située dans un espace vague et lointain, nous ne pensons pas qu’elle ait un rapport quelconque avec la journée déjà commencée et puisse signifier que la mort — ou sa première prise de possession partielle de nous, après laquelle elle ne nous lâchera plus — pourra se produire dans cet après-midi même, si peu incertain, cet après-midi où l’emploi de toutes les heures est réglé d’avance » ?

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