Initiée dans les années 1970 par Louis-Antoine et Véronique Prat, cette collection est devenue l'un des ensembles privés de dessins parmi les plus prestigieux au monde.
La collection Prat se concentre sur l'illustration de l'école française avant 1900, et constitue un survol particulièrement représentatif de trois siècles d'art français, de Callot à Seurat. Les deux amateurs ont toujours privilégié dans leurs choix des oeuvres très significatives du point de vue de l'histoire de l'art, et certains de leurs plus fameux dessins sont liés à la genèse d'oeuvres de la peinture française : décors de Versailles par le Brun, Coypel ou La Fosse, Douleur d'Andromaque de David, Songe d'Ossian d'Ingres ou Famille Belleli de Degas. Les dessins de Poussin, Watteau, Prud'hon, Delacroix, Gros, Millet, Redon, Cézanne ou Toulouse-Lautrec de cette collection sont certainement parmi les plus importants. La collection comprend également des chefs-d'oeuvre d'artistes encore oubliés naguère, mais à qui l'histoire de l'art restitue peu à peu leur place, tels La Hyre, Restout, Vincent, Peyron, Girodet, Doré ou Gustave Moreau.
Exposition organisée avec la Collection Prat
Commissariat :
Pierre Rosenberg, président-directeur honoraire du musée du Louvre
Christophe Leribault, directeur du Petit Palais
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Il y a la Venise où on se perd (quel bonheur ! Le jour où je en me suis plus perdu compte parmi les plus noirs de mon existence), la Venise des jardins, nombreux et difficiles à visiter, et des palais, nombreux, vides, et rarement accessibles au public : ils ont très souvent, au contraire de ceux de Rome, perdu leurs richesses, la pauvreté de Venise durant la première moitié du XIX éme siècle était immense - tout était à vendre et tout fut vendu.
"C'est que ce vase de porcelaine est de la porcelaine ; c'est que ces olives sont vraiment séparées de l'oeil par l'eau dans laquelle elles nagent, c'est qu'il n'y a qu'à prendre ces biscuits et les manger, cette bigarade l'ouvrir et la presser, ce verre de vin et le boire, ces fruits et les peler, ce pâté et y mettre le couteau.
C'est celui-ci qui entend l'harmonie des couleurs et des reflets. O Chardin ! Ce n'est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette : c'est la substance même des objets, c'est l'air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau et que tu attaches sur la toile.
(Diderot contemplant le "Le Bocal d'olives"
Dans son essai sur la vie de M. Chardin (1780), Cochin indique que "l'artiste repeignait ses tableaux jusqu'à ce qu'il fût parvenu à cette rupture de tons que produit l'éloignement de l'objet et les renvois de tous ceux qui l'environnent et qu'enfin il eût obtenu cet accord magique qui l'a si supérieurement distingué".
"Il place ses couleurs l'une après l'autre sans presque les mêler de sorte que son ouvrage ressemble un peu à la mosaïque de pièces de rapport, comme la tapisserie faite à l'aiguille qu'on appelle point carré".
Un contemporain de Chardin rapporte l'anecdote suivante : Chardin faisant remarquer à un de ses amis peintres, Joseph Aved (1702-1766), qu'une somme d'argent même assez faible était toujours bonne à prendre pour un portrait commandé quand l'artiste n'était pas très connu, Aved lui aurait répondu "Oui, si un portrait était aussi facile à faire qu'un cervelas".
« Chardin a peint des natures mortes qui comptent, avec celles de Cézanne, parmi les plus belles de toute l’histoire de la peinture française ; ses scènes de genre allient l’élégance et le raffinement du XVIIIe siècle à une rare profondeur de sentiment, et dans ses quelques portraits au pastel, la perfection technique est mise au service d’une acuité psychologique sans concession. Maître de la vie silencieuse, il contribua au triomphe de la nature morte qu’il affranchit de la dictature académique de la hiérarchie des genres.
Chardin fut aussi le peintre des scènes de la vie familiale. Ses tableaux à figures ont pour modèles de prédilection les femmes, les adolescents et les enfants. Il réduit à l’essentiel ce qu’il voit. Sans jamais oublier de laisser percer sa compréhension, sa compassion, sa tendresse pour ce monde de l’enfance dont il aura été un des plus grands poètes. »
Les huits dernières années de sa vie sont celles où le peintre souffre d'un déclin physique inexorable : les derniers temps, il ne pourra sortir de chez lui sans fatigue. Surtout, son tremblement de main le gène de plus en plus, même pour écrire. C'est pourtant la période où il peint certains de ses plus beaux chefs-d'oeuvre. Le contraste y est frappant entre, d'une part les difficultés techniques et, d'autres part, les ambition de la pensée et les audaces que se permet l'artiste.
Les musées (...) sont le contraire de cimetières.
le second niveau comprend plusieurs couches de couleurs appliquées les unes sur les autres. Chardin obtient la teinte finale par des effets de transparence entre des tons complémentaires superposés. Il n'emploie jamais de couleurs pures. Les rehauts de lumière et les volumes sont rendus par la technique du frottis, la brosse découvrant plus ou moins nettement les couches du dessous. L'emprunte de la brosse reste d'ailleurs le plus souvent visible et donne aux toiles de Chardin cet aspect rugueux qui les caractérise.
comme en d'autres occasions Poussin s'inscrit dans une tradition humaniste, qui s'efforce de retrouver dans les fables de la mythologie une sagesse et une connaissance primordiales; le tableau apparaît ainsi comme une sorte de hiéroglyphe. Poussin savait que la peinture, mieux que les long discours, est capable de rendre compte d'idées complexes, en reliant des éléments à première vue hétéroclites et même contradictoires. le plaisir de l'esprit va de pair avec la délectation de l'oeil.