L'assiette
anglaise : émission du 3 octobre 1987
Depuis le Saint James Club de Paris,
Bernard RAPP porte un regard différent sur l'
actualité en compagnie des chroniqueurs habituels. Les invités sont :
Pierre SALINGER et le Docteur Charles HAGEGE, pharmacologue.Au sommaire de cette émission :- Affiche ROCARD- La rentrée littéraire- Sculpture par informatique- Les rush du Clémenceau- Les hommes politiques et les sportifs- Tels pères tels...
La guerre Iran-Irak s'acheva le 8 août 1988. Personne ne pressentit que cette date allait marquer aussi le début de la crise du Golfe.
On voyait dans l'Irak le vainqueur d'un conflit qui avait fait en huit ans près d'un million de morts, tout simplement parce que Téhéran, le premier, proposa un cessez-le-feu.
Dans le palais presque vide, le téléphone ne sonne pas. Aucun dirigeant n'appelle Amman. Pendant ces heures passées seul, où il doute de tout, y compris de lui-même, le roi de Jordanie envisage même de démissionner. Il a pu entendre les rumeurs qui montaient de la ville. Des manifestations populaires de soutien à Saddam Hussein se déroulent au cours desquelles son nom est également acclamé. Les manifestants, en majorité des Palestiniens, crient leur haine des États du Golfe: « Le Koweit n'est pas un pays, pas un peuple, pas une capitale, ni même une ville. C'est une oasis de pétrole.
Ces arrogants États du Golfe refusent d'accorder la nationalité koweitienne aux Arabes venus travailler chez eux et qui les ont servis loyalement pendant des années. Il faut que Saddam Hussein envahisse aussi l'Arabie Saoudite. » Pour le souverain jordanien, ces manifestations de soutien sont une « amère victoire ». Alors que la nuit tombe sur les collines qui entourent Amman, il presse l'ampleur des déchirures qui vont marquer le monde arabe.
Avant de regagner Washington, Georges Bush et Margaret Thatcher s'enferment dans la résidence Catto, un luxueux chalet appartenant à l'ambassadeur des États-Unis en Grande-Bretagne. Thatcher recommande au Président américain la plus extrême fermeté et une vaste mobilisation internationale à travers les Nations Unies. Les oppositions militaires ne sont pas évoquées, mais selon un témoin elle parlait de Saddam Hussein un peu à la manière de son prédécesseur, Antony Eden, durant la crise de Suez, parlait de Gamal Abdel Nasser en le comparant à Hitler.
L'une des raisons pour lesquelles j'ai passé tellement plus de temps avec L.B.J., qu'avec J.F.K., repas, séances de natation, etc., c'est que Johnson était le genre de de Président qui attend son porte-parole qu'il soit présent à la Maison-Blanche de son réveil à son coucher. Je trouvais ça éreintant. Mais ce qui acheva de m'énerver, ce fut la façon dont il traitait nombre de ses plus proches collaborateurs. Je sais que cela peut paraître grossier mais L.B.J. estimait absolument normal de convoquer un ministre dans ses toilettes tandis qu'il était assis là. Et puis le dédain avec lequel il ne tarda pas à traiter les médias était trop opposé aux méthodes Kennedy.
La plupart des gens que je rencontre et qui reconnaissent mon nom me disent qu'ils se souviennent de moi en tant que porte-parole de J.F.K. Rares sont ceux qui se rappellent que j'ai été aussi celui de Lyndon Johnson. Quant à ceux qui se souviennent que j'ai été sénateur des États-Unis, on peut les compter sur les doigts d'une main.
Depuis ses menaces contre Israël, Saddam était devenu un véritable héros au sein des masses arabes, un homme dont on écoutait attentivement les propos.