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Critiques de Pierre Servent (36)
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Von Manstein, le stratège du IIIè Reich

Le Maréchal Von Manstein n’est pas aussi connu des français que les Généraux Guderian, Rommel ou Von Choltitz, probablement parce qu'il fut peu visible sur notre territoire, mais l'historien britannique Liddel Hart le considère comme " l'adversaire le plus redoutable des alliés " et le maréchal de l’Armée Rouge Rodion Malinowski écrit «nous considérons le détesté Erich von Manstein comme notre plus dangereux ennemi. (...) La situation serait peut-être devenue mauvaise pour nous si tous les généraux de l'armée allemande avaient été de son envergure.»



Chef adjoint de l'état-major en 1936, puis chef de l'état-major du maréchal von Rundstedt pendant la campagne de Pologne, Manstein suggère à Hitler le « coup de faucille » qui lance en mai 1940 les blindés allemands dans les Ardennes, en évitant la ligne Maginot, et brise en deux notre défense en contraignant les forces britanniques à rembarquer à Dunkerque.



En 1942, Manstein conquiert la Crimée et prend la forteresse de Sébastopol, ce qui lui vaut d’être nommé Maréchal. Puis il tente de dégager la VI° armée encerclée à Stalingrad, brise l’offensive soviétique sur Rostov, échoue à réduire le saillant de Koursk à l’été 1943.



Partisan d’une défense élastique face aux grandes offensives soviétiques en 1944, il est relevé de son commandement en mars 1944.



Informé de l’attentat contre Hitler en juillet 1944, par les comploteurs dont plusieurs avaient été ses subordonnés, il refuse de s’y associer.



En 1949 il est condamné pour crimes de guerre à dix huit ans de prison, et libéré dès 1953.



Conseiller de la nouvelle armée allemande, il décède en 1973 et les honneurs militaires lui sont rendus lors de ses obsèques… privilège unique pour un Maréchal de la Wehrmacht dans l’histoire de la RFA.



L’étude que Pierre SERVENT nous offre dans la collection « Maitres de Guerre » consacrée aux stratèges de la seconde guerre mondiale, est passionnante et revient sur les origines d’Erich von Lewinski von Manstein, neveu du Maréchal Baron von Ludendorff, incarnation de la caste aristocratique prussienne.



Les lecteurs d’Ernst von Salomon retrouvent dans l’éducation du futur Maréchal, l’évocation du rigoureux dressage subi par « Les Cadets », mais à la différence de Salomon, en 1919, Manstein ne rejoignit pas « Les Réprouvés », mais fit partie du corps de quatre mille officiers de la République de Weimar, autorisé par le Traité de Versailles.



Artisan de la reconstruction de l’armée, son ascension dans la hiérarchie est ralentie dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933. Le Führer qui détestait les aristocrates favorise les plébéiens comme Rommel. Les talents stratégiques de Manstein, l’originalité de ses conceptions, le sortent de l’ombre et ses victoires lui rendent sa prééminence.



Le Maréchal von Manstein est l’un des plus grands stratèges du conflit mondial. Son respect prussien de l’ordre établi l’a conduit à rester fidèle au troisième Reich jusqu’au bout, contrairement à Rommel… et donc condamné aux yeux de l’histoire.
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Le testament Aulick

En chinant une barrette de médailles et une Bible chez son brocanteur préféré, Alexandre Painlevé, un historien passionné depuis toujours par la militaria, découvre des lettres écrites secrètement à sa famille, du fond de sa prison, par un officier allemand condamné à mort. Pour traduire et lire ce testament surgi du passé, Alexandre fait appel à une jeune professeure d'allemand dont il ne tarde pas à tomber amoureux.



Entre passé et présent, le temps de l'historien et de la traductrice se divise en deux. Celui du document : l'histoire de Karl Aulick, un soldat allemand dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, devenu officier et diplomate du Reich en 1945 ; un grand admirateur d'Hitler, n'adhérant pas à l'antisémitisme extrême des nazis, qui au seuil de la mort s'interroge sur ses engagements et ses crimes. Et celui de ses décrypteurs : un homme amoureux d'une femme blessée, le ramenant au présent et à ses sentiments. Un homme maladroit, qui n'a appris qu'à analyser le passé et ne sait pas gérer le présent, plus à l'aise avec ceux qu'il nomme les anciens vivants qu'avec les vivants.



Avec Le testament Aulick, Pierre Servent signe un premier roman très introspectif, où l'expert militaire a su allier à sa vaste culture historique une réelle sensibilité, dans une oeuvre qui est à la fois une passionnante leçon d'histoire et une touchante histoire d'amour.

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Le Monde de demain



Ce qui m’a plu dans l’ouvrage de Pierre Servent c’est que l’auteur ne mâche pas ses mots, qu’il écrit franchement ce qu’il pense aussi bien d’une situation que d’une personne. En l’occurrence que l’invasion de l’Ukraine constitue un crime et qu’un "tsar sanglant" hante le Kremlin.



Ayant un beau-fils bloqué à Odessa en Ukraine à cause de la soi-disante opération militaire spéciale russe, c’est de très près que j’ai suivi pendant 393 jours maintenant dans la presse internationale l’évolution de cette guerre déclenchée sans raison valable et que j’ai dû lire trop de prises de positions qui essaient de trouver une explication historique à cette seconde invasion armée d’un pays voisin.



Tout comme des explications savantes à propos du grand homme et grand stratège qui règne à Moscou. Or, qu’il s’agit d’un ex-sous-fifre du KGB, qui a fait carrière dans ce charmant service avant d’être nommé par un alcoolique invétéré (Boris Eltsine) et un oligarque douteux (Boris Berezovski) à la tête de l’État, entouré comme un don Corleone, d’une fine équipe de mafieux. Et grâce à l’élimination de toute opposition et des élections truquées, il s’est maintenu au pouvoir pendant plus de 2 décennies tout en vidant royalement les caisses d’État avec ses acolytes. Et maintenant, apparemment cet énergumène, Vladimir le Petit (comme l’auteur le surnomme), estime que l’heure a sonné de jouer au tsar Alexandre le Grand, bien que ses prouesses le fissent ressembler davantage au sanguinaire Staline.



En plus, Pierre Servent, comme ancien reporter au Monde, spécialiste de défense et géopolitique, officier supérieur de réserve avec des missions dans le Balkan et Afghanistan et enseignant à l’École de guerre, sait à l’évidence parfaitement bien de quoi il parle.

Cette expertise ne l’a cependant pas empêché de consulter et de se référer à d’autres observateurs talentueux, tels Mikhaïl Khodorkovsky, Jonathan Littell, Anna Politovskaïa, à qui il a d’ailleurs dédié son livre.



Dans l’introduction de son ouvrage, l’auteur explique qu’il a axé son approche sur 3 doubles entrées : psychologique et idéologique, diplomatique et économique, militaire et guerrière.



J’ai trouvé surtout la première partie "Dessous et révélations d’une guerre annoncée" particulièrement instructive, où il est question des véritables raisons de l’agression du 24 février 2022 et où un portrait impitoyable de Poutine nous est présenté. Dans cette partie de 86 pages sont aussi abordées la réécriture de l’histoire russe par Poutine, son poker menteur et sa menace nucléaire.



Pierre Servent expose, en expert militaire, le déroulement des combats depuis l’invasion jusqu'en septembre de l’année dernière, le potentiel militaire des 2 camps et l’aide américaine et européenne à une Ukraine assaillie, où Volodymyr Zelensky s’est transformé d’un "Coluche ukrainien" en un "de Gaulle slave".



Dans les derniers chapitres il souligne la nécessité pour la France et l’Europe de faire des efforts supplémentaires en matière d’armes et d’équipement militaire pour aboutir à un continent en position de pouvoir se défendre contre les ambitions impérialistes d’un régime totalitaire.



Dans ce contexte il situe la position énigmatique du sultan Erdoğan de Turquie et critique le double jeu d’Orbán d’Hongrie. Sans oublier le plan chinois de Xi-Jinping pour terminer la guerre, mais dans lequel le retrait des troupes russes du territoire ukrainien a étrangement été "oublié" et qui le rend dès lors bien sûr inacceptable pour Kiev.



Si c’était possible, je donnerais à cet ouvrage, "Le monde de demain" intitulé ainsi avec un clin d’oeil à Stefan Zweig et son "Le monde d’hier", volontiers 6 étoiles pour la précision des informations fournies et la rigueur du raisonnement de Pierre Servent.



Je termine par une citation de cet aimable locataire du Kremlin du 19 octobre 2018 à propos d’une éventuelle conflagration nucléaire : "Nous, comme des martyres, nous irons au paradis, eux (les Occidentaux) crèveront." (page 114).

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Le Monde de demain

Présentation fluide de la guerre avec quelques essais pour solutionner l’après.



Enfin, solutions pour l’après ?! il faut le dire vite dans cet ouvrage. De toutes les façons, personne à cette heure ne peut dire ce qui va suivre. La Russie sait où elle va (et pas que Poutine). Et l’Amérique sait où elle veut aller avec nous les occidentaux, mais à part cela …



Pierre Servent est un excellent orateur, pédagogue, accessible et non hautain. Ça c’est déjà une bonne chose. Mais comme il est très diplomate dans ses réponses, je n’ai pas eu le sentiment en refermant le livre, d’être certaine que les pistes évoquées soient possibles, crédibles car je suis loin d’être spécialiste en la matière. Tout est certes « praticable » dans les solutions évoquées mais j’ai surtout trouvé que ses analyses des situations ayant amené à la guerre ainsi que le vécu actuel, rassemblaient correctement les données de fond.

Pierre Servent est bardé d’un curriculum qui lui permet d’être crédible et son caractère posé d’être « entendable ». Il est Docteur en Histoire, ancien membre du cabinet du ministre de la Défense de 1995 à 1997, ancien officier en Bosnie-Herzegovine en 1997, ancien journaliste au Monde International, actuel intervenant en géopolitique sur TF1 et LCI et enfin Officier Supérieur de réserve pour les Balkans, l’Afghanistan et l’Afrique.

Son écriture est aussi fluide que son oral..



D’entrée il annonce qu’il va falloir « mettre les mains dans le cambouis couleur kaki », que l’angélisme est passé, que ce qui devait être un Blitzkrieg (guerre éclair) est devenu un enlisement. Bien des pays s’en inquiètent : Israel, Arabie saoudite et quelques autres. Il donne de petits détails tel que l’élection à 70% des suffrages de Volodymyr Zelensky, le « Coluche ukrainien devenu De Gaulle slave », dans un pays fâcheusement addict à la corruption. Il redit à quel point Poutine, ce comparse russe d’un autre temps, est observé par la Chine pour ses objectifs sur l’île de Taiwan. La Russie lorgne Kiev lorsque la Chine lorgne Taipei.

On sait à quel point la planète est truffée de contentieux frontaliers et cette guerre n’a fait que réveiller ce penchant déjà existant pour la sécession et le séparatisme. Autocratie contre démocratie. Bref, des questions d’ordre civilisationnel se réveillent. Une belle phrase de Servent : «  une tectonique des plaques géopolitiques ».



Personne ne croit plus personne puisque 20 ans avan 2014, Poutine avait signé en reconnaissant les frontières de la Crimée. Mais comme dit si bien cette sorte de diction ruse « là où a coulé le sang russe, la terre est russe ». Et toc !

Arrivent ensuite les humiliations faites à la Russie comme le fait qu’en 1990 les Etats-Unis avaient promis de ne pas élargir l’Otan etc … il ne faut plus s’étonner de cette permissivité du jeu de poker-menteur de Poutine, ses copinages avec les dirigeants d’Asie centrale, d’Amérique latine, d’Afrique et du Proche-Orient. Il est de même aidé par les iraniens et les chinois pour contourner les conséquences des sanctions écartant Moscou des flux financiers et autres thèmes.

Pierre Servent passe ainsi en revue les multiples rebondissements géopolitiques de ces dernières années dont la relation du début de la guerre avec le changement de situation de la Biélorussie redevable, de l’élection de Joe Byden, du rapprochement Turquie Ukraine…



Livre paru en Novembre 2022 mais encore d’actualité, et c’est bien ça le plus pénible, rien n’a avancé pour personne, ou si peu. C’est là que Pierre Servent a dit, lors d’une très récente émission sur LCI, que les américains vont mettre maintenant la pressions aux ukrainiens afin de percer les deux-trois lignes russes et en finir. Ou pas !? !?
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Le testament Aulick

Une barrette de médailles et une Bible contenant la confession posthume d'un militaire allemand.

Trouvaille émoustillante pour un professeur collectionneur/chineur d'objets porteurs d'histoires, qui va s'immerger dans des pages de mitrailles et de fureur, avec l'aide d'une jolie traductrice (et plus si affinités...*).



Sans conteste, la partie narrative relatant les divers théâtres d'opérations militaires est la plus poignante, très documentée et effrayante de réalisme. On est accroché, comme hypnotisé, avec une certaine culpabilité de trouver tant d'intérêt dans un parcours individuel si sombre dans les conflits de la Guerre de 14/18, les combats anticommunistes dans les Pays Baltes et la tourmente du régime nazi. Le parcours d'un militaire allemand est passionnant et insolite face à nos habituelles mémoires de combattants français.

Mais, quel que soit le camp, la guerre est une absurdité où l'individu perd son humanité.



Pierre Servent est un conteur, qui sait se faire historien avec aisance et facilité, avec une écriture élégante et un sens savoureux de la formule.



Il convient de préciser que son livre est arrivé entre mes mains de manière très "personnelle". On pourrait même dire que je suis un public acquis et captif. Ceci dit, ce premier roman d'un professionnel de la "chose" militaire est une réussite et cette lecture fut un plaisir littéraire et historique.



* À vous de voir si la belle traductrice a succombé!



4/5étoiles
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Le testament Aulick

Pierre Servent est connu pour ses interventions sur les plateaux de télévision ou ses essais et biographies sur les conflits mondiaux et ceux qui les font.

Ancien militaire et journaliste, ses expériences personnelles nourrissent ses commentaires et ses écrits.

J'ai eu l'occasion de le rencontrer et d'échanger avec lui, lors de l'un des rares salons de l'année écoulée.

Parmi ses ouvrages, j'ai été attiré par Le testament Aulick, un roman.

Un genre plus facile pour moi pour aborder l'histoire et ses belligérants.

Nombreux d'ailleurs sont les auteurs qui savent nous enrichir et transmettre la mémoire collective en mêlant réalité et fiction.

Alexandre a toujours été curieux. C'est surtout le grenier, chez sa grand-mère qui lui a fourni ses plus belles émotions, en fouillant dans le bazar abandonné.

Adulte, sa passion pour les objets militaires en particulier, l'amènera à devenir prof d'histoire.

C'est en chinant chez un brocanteur qu'il va faire une découverte surprenante, une médaille, au milieu d'autres, mais dont la présence avec celles-ci justement, intrigue. À la demande de l'antiquaire, il va mener l'enquête, le résultat de ses recherches amènera ce dernier à lui confier une sacoche de cuir.

À l'intérieur  ?

Une vie.

Une confession.

Un testament.

Un homme, un soldat, raconte.

Dans des lettres à sa femme et ses enfants il narre son parcours, de sa mobilisation et des combats de la Première Guerre mondiale à une rencontre qui changera son destin. À travers ces écrits, l'auteur nous dresse le portrait du mystérieux K dont Alexandre et Clara, la jeune femme qui l'aide dans sa quête, aimerait découvrir l'identité. Ce personnage va également nous faire revivre et traverser le second conflit mondial, en nous livrant de nouveaux détails sur les exactions commises. Ses fonctions l'emmènent dans différents pays dans lesquels il croise des personnalités tristement célèbres et nous raconte toute la violence et les perfidies de cette période.

Un roman historique, vision d'une époque, à travers le regard froid et clinique d'un soldat qui se livre sans se renier, conscient d'avoir participé à deux épisodes les plus barbares de l'histoire de notre monde.

Alexandre et Clara ne sont pas au bout de leur surprise, le lecteur non plus...

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Rudolf Hess : La dernière énigme du IIIe Reich

Rudolf Hess a toujours été pour moi, au fil de mes lectures, le nazi intelligent, discret,respectueux....

Ce livre nous permet de le découvrir fidèle à son serment, ses opinions,mais aussi là présent tout en étant en retrait.

Une personnalité complexe qui est très bien explicitée dans cet ouvrage.

Ce livre nous dévoile une nouvelle piste quand à son vol pour l Ecosse en pleine guerre....

J ai apprécié que l auteur fasse le point sur ce qui est prouvé et sur ce qui a été dit et est diffamatoire...

Je vous le recommande.
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De Gaulle et Pétain

Un ouvrage très facile d'accès, qui se lit presque comme un roman. L'auteur s'attache aux parcours croisés de 2 grandes figures de notre histoire, de Gaulle "l'homme providentiel sauveur de l'honneur français" et Pétain, le héros déchu.



Avant cette lecture, j'ignorais que ces 2 hommes avaient été si proches; que Pétain avait été le mentor du jeune de Gaulle, ce qui a permis à ce dernier d'avancer dans sa carrière en dépit de son caractère qui l'a beaucoup pénalisé auprès de ses supérieurs.



Ce livre m'a aussi permis d'avoir une vision plus globale de Pétain, et donc d'avoir à son sujet un avis plus nuancé.
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Le Monde de demain

Pierre Servent est historien, journaliste et écrivain, spécialiste des questions militaires et géopolitiques.

Il est officier de réserve, a servi dans les forces armées pendant la guerre en Yougoslavie, a travaillé au gouvernement à l’époque de Jacques Chirac, est journaliste et auteur de nombreux ouvrages . Il est consultant en matière militaire de la chaîne LCI/TF1.



Ce dernier livre est un résumé de sa pensée concernant les conséquences géostratégiques de la guerre en Ukraine.



Pierre Servent écrit très bien. Le texte se lit donc sans aucune difficulté. Sa pensée est claire. Ce livre relève à mon sens davantage de l’exercice de style propre à un gros dossier journalistique que de l’essai stricto sensu. J’aurais par exemple aimé davantage de réflexions stratégiques et historiques plutôt que les nombreux détails sur les acteurs de ce conflit innommable.



Une personne ne connaissant pas l’auteur pourra en revanche découvrir les nombreuses conséquences planétaires de ce conflit et ses ramifications avec les autres points dangereux ou complexes de notre planète (La Russie de Poutine, la Chine de Xi, l’Iran, la Turquie, l’Union européenne, l’Inde, et bien sûr les Etats-Unis).



Par exemple, il explique en introduction que la peur qui naît logiquement des crises à répétition que le monde traverse depuis le 11 septembre 2001 engendre des comportement déviants chez certains dirigeants, inconscients des dangers qui naissent du ralliement de parts importantes des populations des pays de tradition démocratique aux thèses les plus folles (complotistes notamment).



Une belle pensée peut-être pour conclure. Pierre Servent cite Adam Michnik pour définir les valeurs que l’Europe défend en soutenant l’Ukraine. Il écrit que ce qui se joue est la défense :

Du droit romain,

de la démocratie athénienne,

de la miséricorde judéo-chrétienne,

des Lumières,

de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.



On pouvait imaginer de plus mauvais buts de guerre !

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Rudolf Hess : La dernière énigme du IIIe Reich

Pierre Servent est officier de réserve et journaliste, ancien conseiller ministériel et porte-parole du ministère de la Défense, enseignant pendant vingt ans à l’Ecole de guerre. Il a publié de nombreux écrits sur l’histoire militaire et les questions de défense dont Le Siècle de sang, Les présidents et la guerre, et une biographie de Manstein. Son dernier livre intitulé Rudolf Hess et sous-titré « La dernière énigme du IIIe Reich » revient sur le parcours d'un des plus anciens compagnons de route d’Adolf Hitler.



En réalité, Hess est à la fois très « connu » et méconnu. Soutien indéfectible d’Hitler depuis 1920, membre du gouvernement, adjoint du Führer en tant que chef du parti national-socialiste, il fut l’une des personnalités majeures du Troisième Reich. Pourtant, nous apprenons dès les premières lignes « qu’aucune biographie de Hess n’avait encore été publiée en France. C’était pour le moins surprenant car des milliers de livres ont été consacrés au Troisième Reich et à ses dignitaires. »



Servent ajoute à raison que « d’autres caciques nazis ont été passés au crible des historiens, des journalistes et des chercheurs français, mais pas le premier lieutenant d’Hitler ». L’auteur note que « son profil ne manque pourtant pas de point d’accroche pour qui veut saisir, dans l’épaisseur de l’acier de la machinerie hitlérienne, l’un de ses rouages les plus profilés et les plus résistants ».



Selon Servent, « Hess est un national-socialiste du type canal historique, un des plus vieux camarades de lutte d’Adolf Hitler. Sur les archives filmées de l’époque, lors des défilés et rassemblements nazis, il est impossible de rater sa silhouette raide, le front sombre, la main droite rivée au ceinturon - en tenue brune ou noire. » Cet homme voue littéralement sa vie à Hitler : « Sa vocation n’est pas seulement d’être dans le sillage de son maître : il est le sillage du Führer. Cet ancien pilote de chasse de la Grande Guerre est devenu très tôt son homme de confiance, son clone à la tête du parti, un pur produit politique des années de crise. »



Pourtant, même si Hess évolue dans les hautes sphères du pouvoir, il reste « très aimé du peuple allemand pour la simplicité de ses mœurs, son honnêteté et son empathie apparente, il est aux yeux de tous la conscience du parti ». Concernant la description physique, Servent établit le rapport suivant : « Sa physionomie ne plaide pas en sa faveur. Taillé à la serpe, le visage semble souvent inquiet et facilement inquiétant. Un maxillaire inférieur carnassier lui donne une structure faciale parfaitement rectangulaire. Ses yeux gris-bleu, que l’on devine au fond d’orbites profondes, sont protégés par un faisceau dense de sourcils broussailleux. »



Cependant, des qualités et des avantages non négligeables accompagnent Hess : « L’homme est grand, élancé et sportif. Il est poli, a de l’éducation et de bonnes manières. Hess a bien plus d’allure qu’un Göring ventripotent, qu’un Goebbels boiteux ou qu’un Himmler chétif et binoclard. » Hess est un véritable travailleur, mais un travailleur de l’ombre. L’auteur relève les éléments suivants : « Coquetterie suprême, au rayon du nazisme où l’uniforme se porte le plus chargé possible de décorations, il pratique dans ce domaine - comme dans son alimentation - une sobriété qui tranche avec les mœurs satrapiques des autres paladins du Troisième Reich. Cet ascète est du type moine-soldat. C’est dire qu’il a bien peu d’amis au sein de l’équipe dirigeante du Reich. »



Pour beaucoup, il existe une énigme Hess comme nous pouvons le lire sur la couverture de ce passionnant ouvrage. Pour quelles raisons « la conscience du parti » s’envole-t-elle pour l’Ecosse alors que son pays se trouve en pleine guerre ? Néanmoins, il ne s’agit pas de la seule question importante au sujet de Hess. L’auteur en propose plusieurs : « Qui a dicté à l’autre la bible du nazisme, Mein Kampf ? Est-ce Hitler qui n’a jamais séjourné à l’étranger (en dehors de la France et de la Belgique durant la guerre) et dont le bagage universitaire était inexistant, où l’étudiant en école de commerce, puis en histoire et géopolitique, né et grandi à l’étranger ? Est-il parti en 1941 sur ordre d’Hitler pour refermer le front de l’Ouest, ou de sa seule imitative ? »



Il existe de nombreuses autres questions auxquelles répond ce livre, notamment sur le séjour prolongé et non prévu de Hess en Grande Bretagne. Il faut également revenir, ce que fait Servent avec talent, sur les épisodes de Nuremberg et de Spandau. Ainsi, Servent pose la question suivante, que nous trouvons particulièrement importante : « Comment est-il concevable, que, disculpé à la fin du procès de Nuremberg des accusations de crimes de guerre et de crime contre l’humanité, Hess ait écopé de la perpétuité tandis qu’un haut responsable comme Albert Speer, fidèle d’Hitler y compris dans les derniers jours du Reich, coupable de la mise en esclavage industriel de millions d’hommes et de femmes, ait été condamné à seulement vingt années de prison ? »



Pour répondre à toutes les zones d’ombres entourant la vie de Hess, l’auteur explique qu’il s’est « appuyé notamment sur des archives inédites, une vaste bibliographie, une connaissance solide des arcanes du nazisme et de la Seconde Guerre Mondiale ainsi que du fonctionnement des services secrets. Sans oublier une bonne dose de bon sens, denrées plutôt rares dans le kitch des ouvrages consacrés à ce pilier du Troisième Reich. »



Servent étudie tous les aspects de la vie de Hess, notamment sa relation très particulière à Hitler. Nous relevons ce passage fort révélateur : « D’emblée, Rudolf Hess a été palpé, soupesé et jugé apte à rejoindre le premier cercle des convertis. Imbibé des thèses fantasmagoriques de la société de Thulé, marqué par son enfance égyptienne, il a vu dans Hitler un nouveau Moïse : un personnage quasi surnaturel levant les mains avec autorité pour séparer en deux vagues immenses la mer Rouge menaçante (celle des bolchéviques) afin de faire passer son peuple aryen à pied sec ; un peu comme en route vers la Terre promise, celle d’un Reich de Mille ans étendu à l’Est, débarrassé de toute impureté. D’un geste d’Hitler, les flots se refermeront ensuite sur ceux - les Juifs - qui les poursuivaient depuis la nuit des temps. Le nazisme, par bien des aspects, est une Bible inversée… » Il faut bien convenir que la mystique nazie, simpliste pour certains, passa pour puissante aux yeux de nombreux européens.



Nous l’avons bien compris, Hess est très proche de son chef. Pourtant, une fois arrivé au sommet de l’Etat, les incompréhensions et les jalousies naissent dans l’esprit de Hess. Même s’il occupe une fonction privilégiée au sein du gouvernement national-socialiste, au point que nombreux sont les observateurs et les acteurs de l’époque à le désigner comme le dauphin d’Hitler, il perd petit à petit de son influence. Effectivement, à l’approche de la guerre, Hess se voit marginaliser au profit de Hermann Göring, Joseph Goebbels et Heinrich Himmler - considérés comme « les stratèges d’Hitler ».



Il semble loin le temps où Hess était pour Hitler « le confident, un homme-lige, et une sorte de garde du corps à l’occasion ». Dans les plus dures épreuves, Hess paraît ne jamais regretter de « s’être mis au service d’un caporal au physique incertain, au comportement étrange et au curriculum vitae mince ». Hess estime « que la pureté révolutionnaire ne se jauge pas à l’épaisseur des parchemins dans un pays où le titre de docteur de l’université est pourtant révéré ». Il considère que « la modestie des origines de Hitler est un signe du destin ». Il remarque « les talents de celui-ci quand il prêche, cela prouve bien qu’il est prédestiné, comme dans les contes et légendes germaniques ».



Alors que l’Allemagne affronte ses ennemis et s’apprête à lancer l’opération Barbarossa le 22 juin 1941 contre l’URSS, Hess s'envole le 10 mai à bord d’un Messerschmitt sans armement, qu’il pilote jusqu'au nord du Royaume-Uni. Pendant des semaines, il a pu s’entraîner à l’abri des regards. Personne n’a osé lui demander pour quelles raisons il agissait ainsi, car personne n’aurait soupçonné « la conscience du parti » de fomenter une action sans l’accord du Führer. Pour justifier sa future absence, il ment à sa femme en disant qu’il reviendra bientôt. Avant de monter dans l’avion, il remet une enveloppe au capitaine Pintsch en lui donnant l’ordre de la remettre à Hitler quatre heures après son départ, s’il ne revenait pas. La montre de Pintsch indique 18h10 quand Hess s’envole « pour une détention de quarante-six années ». Hess file vers l’Europe puis finit par subir des tirs de DCA et saute en parachute dans l'Ayrshire en Ecosse, près du village d'Eaglesham au sud de Glasgow. Il se casse la cheville en atteignant le sol et les services de sécurité britanniques l’arrêtent immédiatement.



A partir de ce moment-là, la panique sévit aussi bien à Londres qu’à Berlin. Des milliers de questions viennent à l’esprit de Churchill et Hitler. Servent décrit très bien les différentes manœuvres politiques et diplomatiques qui agitent les différentes chancelleries. Hess était-il devenu fou ? A-t-il obéi à un ordre de son chef ? Quelles étaient les chances qu’il réussisse sa mission diplomatique ? Etait-ce une tentative de déstabilisation ? L’auteur répond avec brio à toutes ces questions essentielles, sans jamais s’écarter du chemin de l’histoire, c’est à dire en se basant constamment sur des sources : journaux intimes, rapports officiels, déclarations publiques des principales personnes citées, archives allemandes et britanniques inédites, etc. Bien évidemment, l’auteur présente avec pédagogie le contexte diplomatique et les raisons qui poussent Hess à entreprendre cette virée périlleuse.



Nous suivons Hess en détention de la Tour de Londres à Nuremberg, de Nuremberg à Spandau. Alors que le verdict de Nuremberg retentit, Hess déclare qu’il est innocent de tous les crimes dont ces accusateurs le parent. Il se dit même « fier d'avoir servi son maître, Adolf Hitler, et le peuple allemand ». Finalement, Hess est reconnu coupable de « complot et de crimes contre la paix ». Il a eu beau rappeler son action de 1941, quand il avait travaillé au péril de sa vie à la paix entre la Grande-Bretagne et l’Allemagne, mais sa déclaration ne pesa pas lourd dans la balance. Après des années de captivité, Servent rappelle que les alliés occidentaux voulaient bien le libérer pour des raisons humanitaires, étant donné son grand âge, mais les Soviétiques s’y opposèrent… Les passages décrivant sa détention avec ses anciens camarades nationaux-socialistes montrent à la fois toute la complexité des rapports qui existaient entre eux et la déchéance humaine.



Officiellement, Hess se suicide le 17 août 1987 alors qu’il était sous garde américaine : « Le vieil homme de quatre-vingt-treize ans s’est pendu grâce à une rallonge électrique de deux mètres soixante-quinze de long. » Sa famille considère que les circonstances de sa mort sont très étranges : « Les traces relevées sur le cou ne sont pas celles ordinairement constatées après une pendaison classique… » Elle remet en cause le suicide, arguant qu’un homme de cet âge - avec ces conditions de vie - ne pouvait mettre fin à ses jours tout seul. Les autorités maintiennent leur version en expliquant que Hess avait déjà échoué dans plusieurs de ses tentatives…



Ce livre remarquable et servi par une plume alerte, lève à ce jour le voile sur les derniers mystères de Rudolf Hess. Cette enquête biographique ravira les passionnés d’histoire car elle est captivante. Les nombreux sources bibliographiques et les documents annexes permettent de creuser le sujet sur « La dernière énigme du IIIe Reich… »



Le dernier pasteur à avoir accompagné le prisonnier numéro 7 - numéro de cellule qu’occupa Hess - est le Français Michel Roehrig. Il livre un témoignage fort intéressant : « Franchement, il ne m’a paru à aucun moment antisémite, loin de là ! Il est clair qu’il avait connu une évolution. » Roehrig était convaincu que Hess « a reconnu Jésus-Christ comme son Sauveur », d’où le « travail intérieur » qu’il avait perçu. Toutefois, comme conclut Servent, « ce personnage torturé est resté jusqu’à son dernier souffle fidèle au seul véritable amour de sa vie : Adolf Hitler. En ce sens, s’il ne fut pas précisément le dernier des nazis, il fut bien le dernier des hitlériens. »







Franck ABED







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Le Monde de demain

Pierre Servent est un spécialiste reconnu pour ses analyses géopolitiques et militaires. Officier de réserve, rompu aux missions de terrain (Balkans, Afghanistan..), membre du cabinet du ministre de la Défense de 1995 à 1997, il intervient régulièrement sur les chaînes de télévision. « Le monde de demain » présente un tableau de la situation internationale apparu après l’invasion de l‘Ukraine par la Russie le 24 février 2022. Le préambule et l’introduction éclairent le propos qui relève (en 282 pages) un défi « ambitieux » : expliquer (avancer…) les raisons de la guerre et en dessiner les conséquences pour l’Europe et le monde…. Le livre est clair, les trois thèmes brossent « les dessous et révélations d’une guerre annoncée », « l’idéologie et le clan politique russe» et « la diplomatie, la défense française et européenne ».Les références sont nombreuses et les renvois en bas de page précisent avec justesse le développement. L’approche psychologique et idéologique (de la tradition russe, de Poutine..), la diversité des positions étatiques (Chine, Turquie, Hongrie…) sont instructives et intéressantes. Les malentendus, les aveuglements, les erreurs d’analyse des occidentaux (et des français)… tissent la marche vers la guerre. Si Pierre Servent relève les implications américaines dans cette montée vers la guerre, leur mention paraît manquer de développement. L’auteur insiste sur le caractère autocrate de Poutine, la dictature d’un clan et la convergence avec le régime chinois. Officier de réserve, il appelle à un réarmement de l’Union Européenne et de la France dans un contexte international rebattu. Il note les multiples points de tension en Europe et dans le monde. Les défis sont nombreux, ils demandent réactivité et courage….ce ne sont pas les moindres des difficultés…

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Le Monde de demain

Dans un essai parfaitement argumenté et documenté, Pierre Servent analyse avec beaucoup de lucidité, les causes de la guerre en Ukraine et ses conséquences au niveau géopolitique.

Préface visionnaire de Antonio Gramsci, intellectuel italien marxiste en 1930 « Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître, et dans ce clair obscur surgissent des monstres ».



Car les monstres totalitaires sont bien en place et depuis de nombreuses années. Poutine, Xi Jinping, Erdogan, les pouvoirs en Hongrie, en Iran, en Syrie, Corée du Nord… Chacun pousse ses pions et la guerre en Ukraine a le mérite de nous faire regarder la réalité en face. Car elle a rabattu les cartes, dessillé les yeux et rassemblé les démocraties occidentales.



Une première partie de l’ouvrage est consacrée à l’idéologie, à la psychologie, notamment « dans la tête de Poutine » : « L’objectif affiché de l’agresseur russe est la disparition pure et simple de l’Ukraine en tant que nation souveraine, puis sa domination, enfin son annexion avant son assimilation. Il s’agit d’un « Étatcide ».

Cette invasion exprime la volonté de « russifier » l’Ukraine, mais aussi et surtout de contrer l’Occident, considéré comme dégénéré, lâche et naïf.

« Avec son ami chinois, il (Poutine) estime que le temps de la domination américaine est révolu, que celui des démocraties n’a guère plus d’avenir. »



Poutine n’a surtout pas oublié la position de Barak Obama, qui a fait les gros yeux sur la menace de guerre chimique en Syrie. Elle s’est pourtant produite et Obama, Cameron ont voulu croire les mensonges de la Russie (Le surnom de la Russie soviétique, dans l’entre deux guerres était : « le pays du grand mensonge »).

Il note également que seul François Hollande était prêt à réagir…

Poutine escomptait bien de Joe Biden, démocrate, la même attitude passive que celle d’Obama, à l’annonce de l’invasion de l’Ukraine.



C’est donc aussi l’opposition de deux blocs : autocratie/ démocratie et Pierre Servent n’occulte pas les démons du populisme en Occident. Il l’évoque avec l’invasion du Capitole (« l’hystérie antidémocratique de leur maître) mais aussi de l’invasion du ministère des Relations avec le Gouvernement par les Gilets Jaunes en 2019.

« Dans l’histoire des hommes, l’hyper nationalisme a toujours été stimulé par les crises, les traumatismes nationaux, les chocs telluriques sécuritaires, guerriers, économiques, politiques, sociaux ou sociétaux. L’être humain qui a peur est une proie idéale pour le fantasme, l’envie de boucs émissaires, l’attente du sauveur, ce loup grimé en mouton. »



Pierre Servent est également très lucide sur « l’amitié » entre la Russie et la Chine : « Ces deux personnages cyniques ont en commun une envie de domination et de revanche, une inclinaison himalayenne pour le mensonge, une pratique rodée de la manipulation de leurs populations respectives et un goût prononcé pour la réécriture de l’histoire. »



Ce que j’ai compris et qui est parfaitement démontré dans cet excellent docu, c’est que nous, régimes démocrates occidentaux avons été bien naïfs et bien angéliques par rapport à ces régimes totalitaires.



C’est également une mise en garde : reconnaître la réalité, ne pas céder à la peur qui mène au populisme, à la reconnaissance d’un dictateur censé protéger les populations, accentuer significativement l’armement de l’Occident.

C’est vrai que cette analyse peut être considérée comme désespérante pour un avenir proche. Je pense le contraire : rien de pire que de minimiser les dangers ou de faire l’autruche dans le sable. Il faut au contraire réagir, se rassembler et avancer pour conserver nos démocraties.



C’est le livre d’un expert ( Pierre Servent est docteur en histoire, journaliste et spécialiste en géopolitique, ancien officier supérieur de réserve) et pourtant il est très facile à comprendre car très pédagogue.

J’ai aimé aussi le ton clair et net de l’auteur, qui ne mâche pas ses mots.

Un docu riche en enseignements et cette chronique résume très imparfaitement son contenu.

Car c'est une vraie réussite !


Lien : https://commelaplume.blogspo..
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Rudolf Hess : La dernière énigme du IIIe Reich

Le 10 Mai 1941 Rudolf Hess , homme lige d’Hitler s’envole seul vers l’Ecosse … pour quarante six années de captivité.

Pierre Servent, professeur émérite à l’école de guerre nous fait partager ses interrogations sur cet acte insensé qui ,aujourd’hui encore , quoi qu’on en dise, demeure une énigme.

À la lumière d’une documentation particulièrement fouillée composée essentiellement de lettres écrites par Rudolf Hess et de témoignages puisés dans les archives britanniques , l’auteur tente de faire le portrait psychologique de ce bien curieux personnage fanatisé, apparemment jusqu’à sa mort en 1987 ,par les idéaux mortifères d’Hitler consignés dans «  Mein Kampf ».

Dans ce contexte,l’écrivain nous replonge dans les heures sombres du III Reich dont Hess fut un artisan de premier plan.

On en apprend d’ailleurs beaucoup sur son rôle dans l’avènement d’Hitler au pouvoir et sur

les rivalités existant au sein du gouvernement en place en Allemagne dans les années 30.



Ce récit est passionnant jusqu’à la fin car l’auteur nous explique aussi les raisons d’une détention aussi longue dans la forteresse de Spandau mobilisant un personnel affecté à sa seule et unique personne depuis plusieurs années .
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Le complexe de l'autruche

Pierre Servent présente un essai historico-politique des plus intéressants.



Décortiquant les raisons des défaites françaises de 1870, 1940 et celle qui aurait pu en être une en 1914, s’il n’y avait pas eu de taxis, ce professeur à l’Ecole de guerre montre comment l’esprit français et notre attitude gauloise donnent le hoquet à notre histoire nationale.



Le complexe de l’autruche, c’est le conformisme français à travers les âges. Notre délectation du bon mot plutôt que du mot juste. C’est l’implicite qui prend le pas sur l’explicite. Vous comprendrez que la réalité est bien trop cruelle !



Le complexe de l’autruche, c’est l’individualisme qui prend le dessus sur le collectif. Homme de cours et de réseaux, le Français aime le pouvoir. Il se complait dans le paradoxe avec son attitude monarchiste, il apprécie ses avantages individuels, et révolutionnaire pour abolir ceux des autres.



Conséquence de notre attitude, catastrophe à l’arrivée. Ce ne sont pas les Cassandre qui vont nous dire que nous avons tort et que la défaite est au bout. Allons, c’est la France !



Alors dans le monde du XXIème siècle, dans ce village mondial en mouvement perpétuel, le Français, comme Astérix dans son village gaulois, continue sa vie en buvant une potion qui n’a rien de magique mais qui peut l’amener à de nombreuses défaites, militaire ou non, et à des déconvenues.



Tout n’est pas perdu affirme Pierre Servent. Notre pays a des atouts, nous le savons. Seulement ils ne peuvent nous être utiles que si nous changeons d’attitude pour accepter les (r)évolutions nécessaires pour sortir la tête du trou afin d’observer et d’analyser ce qui nous entoure, et pas ce qui nous arrange, faire les choix difficiles et enfin conserver une capacité d’anticipation. Nous quitterons alors notre attitude « autruchienne » qui nous fait croire que, comme le nuage de Tchernobyl qui ne passe pas notre frontière, la guerre et la crise sont partout sauf chez nous.



« Les Français arrivent tard à tout, mais enfin, ils arrivent ». Voltaire.
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De Gaulle et Pétain

Excellente mise en perspective des carrières de ces deux hommes qui ont chacun à leur manière imprimé leurs marques sur l'histoire.

Pas de grandes révélations mais ici et là des faits peu connus mis en lumière.

Très bien écrit cet essai se lit comme un roman et il n'est pas nécessaire d'être un grand connaisseur de l'histoire pour bien comprendre les faits .
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Extension du domaine de la guerre

Synthèse claire, intelligente, accessible à tous, du Pierre Servent comme on peut l'entendre sur les plateaux de télévision. Au-delà du panorama général de notre monde en guerre (Afrique du Nord, Europe de l'Est, Proche et Moyen-Orient), Pierre Servent propose aussi quelque pistes de réflexions sur le quoi faire face à Daesch, sans langue de bois.
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Mémoires

Le général von Manstein a la réputation d’avoir conçu l’offensive allemande de mai-juin 1940. Comment les Allemands de 1940 ont-ils accompli ce « coup de faux » que leurs pères de 1914-18 avaient raté ? Comment ont-ils su utiliser la puissance offensive des blindés couplés à l’aviation d’appui pour écraser l’armée française ?



C’est une des questions essentielles que se pose un Français passionné par la Seconde guerre mondiale. Bien sûr la meilleure réponse se trouve dans l’œuvre étincelante de Basil Liddell Hart (notamment « Les généraux allemands parlent »), mais la lecture des Mémoires de Manstein peut-elle apporter un éclairage supplémentaire ?



Dans une certaine mesure seulement, car Manstein avait des rivaux, comme Guderian, à la gloire desquels il ne veut pas contribuer. Toutes les Mémoires sont des plaidoyers pour soi-même, celles là comme les autres.



A noter, cependant, une confirmation utile sur Dunkerque : oui, Hitler a délibérément ordonné à ses blindés un arrêt de 3 jours pour permettre aux Britanniques de réembarquer leur Corps expéditionnaire, afin sans doute de leur éviter une humiliation alors qu’il comptait leur proposer une paix « honorable » après la défaite française.



De mai 1941 à mars 1944, Manstein a été le commandant de l’aile Sud du Front germano soviétique ; il y a connu un succès, la prise de la Crimée, et beaucoup de retraites : son témoignage est essentiel pour comprendre Hitler comme chef de guerre.



Première observation : le Führer s’est toujours refusé à nommer un quelconque général en chef : toutes les décisions lui revenaient directement. Keitel et Jodl, que l’on a vu apparaître au moment de la déroute, n’étaient que des secrétaires techniques et des courroies de transmission.



Le trait essentiel de sa personnalité et de son commandement semble avoir été l’incapacité à admettre les réalités : il lui fallait des semaines pour comprendre qu’un repli était nécessaire. D’après Manstein (qui bien sûr explique ainsi ses échecs), cette mauvaise réactivité est, avec les ressources humaines et matérielles illimitées de l’adversaire, la raison de l’effondrement allemand. Au surplus, Hitler, comme Staline, n’a jamais approché le Front, peut être pour ne pas être confronté avec la réalité.



Manstein a été condamné en 1947 à 18 ans de prison pour crimes de guerre et en a accompli 4. Des crimes commis sous ses ordres, il ne dit strictement rien dans ces Mémoires. Il décrit une guerre de chevaliers, saluant souvent le courage de ses adversaires. Les mots « juif » et « communiste » ne figurent dans aucune des 575 pages, pas plus que les conditions d’interrogatoires des partisans.



Un livre choquant, donc, mais utile.

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Mémoires

Von Manstein ne nous raconte pas sa vie, mais uniquement ce qu'il a vécu pendant la seconde guerre mondiale. De sa prise de commandement sur le front de Pologne, en passant par la France et le front de l'Est, jusqu'à son remerciement de ses fonctions. Il décrit les différentes stratégies mises en œuvre sur les fronts et analyse ce qu'il en pense que ce soit aussi bien du côté ennemi que du côté allemand. Il décrit ses relations avec ses collègues et notamment avec Hitler, avec qui le courant ne passera pas si bien que ça.



Ce livre, ce n'est pas que l'histoire d'un homme c'est l'Histoire. Son expérience est très enrichissante, c'est un vrai homme de terrain qui mérite pleinement ses galons. Le seul reproche que je pourrais lui faire c'est peut-être de trop détailler les stratégies militaires (ce qui n'est pas ma tasse de thé), mais heureusement il y a des cartes au début du livre fournies par l'éditeur qui aident pas mal à se représenter les choses.



On ressent à travers ce récit que face à un homme comme lui la guerre est perdue d'avance. Et pourtant, ce n'est pas le IIIème Reich qui sort "victorieux" de cette guerre. Car c'est sans compter Hitler qui se veut chef de tout et de tout le monde, alors qu'il n'en a pas toutes les capacités. Manstein essaiera à plusieurs reprises de l'aiguiller sur un autre chemin, mais sans succès et ça finira par mettre en froid les deux hommes. N'est pas stratège qui veut et ça coutera cher à l'armée allemande. Quand je pense au fait qu'au tout début de la guerre les militaires allemands voulaient pactiser avec la France et l'Angleterre et prévoyaient déjà de remplacer Hitler...



L'écriture n'est pas vieillotte du tout et ça se lit plutôt bien, même si les descriptions stratégiques sont un peu longues. On a vraiment l'impression de vivre l'Histoire.



Un récit très riche et très intéressant qui nous raconte l'histoire d'un bien bel ennemi de guerre. Un autre penchant de la guerre qu'on relate beaucoup moins en France, car comme elle a été très vite occupé on relate beaucoup plus la vie civile que la bataille ça tourne le plus souvent autour des chambres à gaz, de la résistance et du débarquement. Ici il n'est question que de guerres entres armées. Certains historiens pensent que Manstein essaye de dédouaner la Wehrmacht qu'on accuse souvent des choses les plus terribles auprès des populations en rejetant le plus souvent la faute sur Hitler, ainsi ils conseillent de garder en tête que dans une biographie personnelle on raconte ce qu'on veut bien dire.
Lien : http://unlivrepeutencacherun..
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Le complexe de l'autruche

Le grand intérêt de l'ouvrage est de mettre en parallèle les errements oubliés de 1870, avec ceux ceux, mieux connus de 1940, sans oublier ceux de 1914 où l'on a frôlé la catastrophe. A chaque fois, le même scénario semble de répéter : les élites politiques et militaires, sûres d'elles-mêmes et de l'incontestable "génie français" ne tirent aucune conséquence des erreurs passées, ignorent les évolutions survenues entre temps et reconduisent la même méthode vouée à l'échec dans un monde en mouvement. A chaque fois, quelques esprits rebelles et plus avisés avaient fait leur devoir d'alerte, et ne furent bien sûr pas écoutés. Cette partie du livre est sans doute la mieux étayée au risque d'ailleurs d'un déséquilibre aux dépends de l’analyse prospective qui ne survient que dans une seconde partie trop courte.



L'ensemble est agréable à lire.
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Le Monde de demain

Un livre intéressant bien sûr, mais en fait je me rends compte que je ne suis pas passionné par ce genre de lecture. Entre les romans que je lis, j'alterne de temps en temps un livre sur un sujet d'actualité (La guerre des métaux rares (actualité plus "spécialisées"), "La guerre de l'intelligence à l'heure de Chat GPT", ou "Le monde de demain" pour cette fois). Mon objectif est d'aller un peu plus loin dans un sujet et surtout de me poser sur un thème, loin de ce bavardage en continu qu'on nous sert à la télé ou à la radio (incroyable le nombre de spécialistes que nous avons sur des sujets aussi divers et variés !). Chacun semble vouloir son moment de célébrité mais on frise l'oversdose de l'inutile il me semble. Avantage néanmoins des émissions, elles invitent pour celles que je regarde des personnes qui ne sont pas forcément d'accord et donnent leur éclairage d'une situation. Finalement dans un livre, l'auteur nous tient durant 3 ou 400 pages. Et c'est une pensée à sens unique qu'il nous livre.

"Le monde de demain" m'a semblé ressembler à cela. On raconte une histoire dans un sens du début à la fin. Cela m'a permis de comprendre un peu mieux les enjeux de cette vilaine guerre contre l'Ukraine, mais je n'ai pas été vraiment captivé par cette lecture. Peut-être que notre monde est devenu beaucoup trop complexe pour expliquer une situation dans un livre... ou ailleurs également ?

J'ai emprunté ce livre à la médiathèque et cela me convient très bien car j'avoue que j'aurais regretté de mettre 20€ dans cet ouvrage. Je préfère un bon roman :)
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