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3.55/5 (sur 29 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1927
Mort(e) le : 30/10/2009
Biographie :

Né au Maroc, de parents d’origine limousine. Enfance passée dans le bled, études secondaires à Casablanca, école des Beaux-Arts, puis études de droit à Rabat, à l’issue desquelles il entre dans l’administration des Finances où il fait carrière, parallèlement à ses activités littéraires. Quitte le Maroc après l’indépendance de ce pays, en poste à Sarrebruck, avant son affectation à Paris. Collaboration à la revue Réalités secrètes, dirigée par René Rougerie et Marcel Béalu. Voyage en Chine, l’année précédant la Révolution Culturelle. Aux États-Unis, rencontre Carson McCullers, à laquelle il dédie un de ses livres, La Fenêtre. Nombreux autres voyages, notamment au Japon, en URSS, au Proche-Orient, en Ouzbékistan, en Europe Centrale. A été membre du PEN-Club. Membre fondateur de l’Association Noésis, pour le développement des cultures francophones et hispanophones. Pierre Silvain est mort le 30 octobre 2009 à Paris.
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Source : http://www.editions-verdier.fr
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Toutes les couvertures bleues sur le fond couleur sable étaient comme un attardement des beaux jours.
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Entre celles de toutes les autres femmes se remarquaient ses mains terreuses, écorchées par les fenaisons et les sarclages, qui aidaient aux enfantements comme aux vêlages, frottaient et lessivaient, s’ébouillantaient ou plongeaient dans l’eau glacée des ruisseaux, sans que jamais l’on sût si elles avaient caressé d’amour, mais on voyait ce geste quand avant de l’ouvrir elle touchait du bout des doigts le livre. L’enfant chaque fois attendait l’effleurement furtif de la couverture bleue comme s’il allait le ressentir sur sa peau, non pas rêche, irritant, ainsi qu’il aurait pu le craindre, il avait au contraire la légèreté d’un duvet. Après quoi, il n’avait plus conscience de rien d’autre, la femme avait quitté sa gangue de terre, sa condition miséreuse, la femme souverainement lisait.
Il faudrait cependant remonter, émerger dehors quand la voix se serait tue. Et c’était chaque fois pour l’enfant la même vision qui s’imposait à travers les dernières brumes de l’enchantement, celle du petit veau sanglant que les mains redevenues de fortes mains de paysanne retiraient d’une vulve. La main froide de la nuit l’extirpait sans douceur de sa caverne amniotique. Il refoulait, les dents et les poings serrés, le cri de sa première naissance, de son premier refus et de son abandon au coin d’un champ. En l’empêchant de redescendre l’échelle, en le poussant aux fesses rudement pour peu qu’il fît mine de manquer un barreau, la grosse femme qui soufflait derrière lui aidait de son côté à l’enfantement auquel, dans une informe prière, au moment où sa tête sortait de l’ouverture sous le regard moqueur de millions d’étoiles, il demandait à un dieu sourd de ne pas survivre.
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Il pénétra dans la ruelle des Chats. Le temps s’était fait de plus en plus menaçant. L’obscurité presque complète emplissait le passage resserré entre les maisons. Au-dessus d’une des portes, il parut chercher à tâtons la saillie d’un motif sculpté au coin d’un linteau qu’il savait être la tête hilare d’un démon. Il arriva dans la rue des Quinze-Vingts, puis dans celle de la Monnaie. Julien Letrouvé se rendait chez l’imprimeur Garnier pour se fournir en petits livres bleus. Les gouttes, avec violence, s’abattirent au moment où il atteignait le seuil de l’établissement.
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Longtemps elle continuerait de monter vers lui, cette voix tendrement bourrue qui savait se faire moqueuse ou apitoyée, fervente ou grave selon l'histoire qu'elle lisait, et s'était soudain enrouée de trop de peine contenue au moment de la séparation, lui, un pied sur le premier barreau de l'échelle, cachant ses larmes, elle, pressant le livre sur ses seins et lui disant de bien veiller à son salut et de ne pas l'oublier, cependant que les fileuses, en silence, les regardaient se quitter.
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A présent il n'était plus l'enfançon qui, tandis que les femmes filaient, que la liseuse reprenait, plus souple et chatoyant que le leur, le fil du récit interrompu la veille, jouait à la poupée avec l'épi de maïs aux longs cheveux pâles qu'on lui donnait pour l'occuper. Les mots aux mots s'ajoutant prenaient sens, il avait délaissé l'amusement puéril, une lumière, une pluie d'or allaient descendre sur lui, la fulgurance d'une révélation l'éblouir. Il écoutait.
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L’enfant chaque fois attendait l’effleurement furtif de la couverture bleue comme s’il allait le ressentir sur sa peau, non pas rêche, irritant, ainsi qu’il aurait pu le craindre, il avait au contraire la légèreté d’un duvet. Après quoi, il n’avait plus conscience de rien d’autre, la femme avait quitté sa gangue de terre, sa condition miséreuse, la femme souverainement lisait.
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Julien Letrouvé se rapprocha du soldat, inclinant la tête au point de toucher sa joue, ses yeux se déplaçant en même temps que les siens le long des lignes, douloureux à force d’attention. Il retrouvait le besoin inapaisable de comprendre ce que lui refusait son ignorance et qui, au temps de l’écreigne, le tenait blotti, retenant son souffle, contre la liseuse.
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Il s'attarde pour prolonger un moment de pur bonheur,ici le temps ne demande qu'à s'arrêter,c'est un filet mercuriel au coeur de la nuit froide,près de tarir,comme le grand fleuve bu par le sable.
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Un chemin s'amorçait devant lui, en direction de l'est; il s'y engagea. Après quelque temps, des paysans qui arrivaient en sens inverse et poussaient des vaches lui dirent sans autre explication d'un geste par-dessus l'épaule qu'il y avait péril à s'aventurer de ce côté-là. Il vit venir ensuite une femme tirant une voiturette de vivandière, elle fut bientôt à son niveau et déclara qu'il allait y avoir de l'ouvrage, là-bas, mais c'était un lieu imprécis qu'elle désigna au loin à travers l'écran de pluie en relevant le front, puis elle repartit, pliée par l'effort, dans les cahots du chemin.
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Ainsi est fait le voyage,de la répétition d'un protocole,d'un rituel,de gestes,de lenteur et de silence desquels il s'accommode d'instinct autant que par discipline,parce qu'il est plus à demi arabe et marin à la fois.
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